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lundi 18 juin 2007

Mémoire pour la Commission Bouchard Taylor.(1)

Mercredi le 29 août 2007
                                       Mise à jour du jeudi 6 mars 2014
Il n’y a pas d’accommodements raisonnables.


Qu'est-ce qu'un citoyen ?


Il y a maintenant des décennies qu’en Europe, plusieurs débats se tiennent au sujet de la définition de ce qu’est la citoyenneté. Les citoyens des pays de l’ensemble européen sont particulièrement sensibles aux problématiques d’intégrations culturelles. Dans l'espace Européen, les puissances nationales, farouchement animées d'indépendance et d'autonomie depuis qu’elles existent, ont toujours tiré le diable par la queue, lorsqu’il s’agissait de définir précisément lesquels parmi leurs habitants, étaient ou n’étaient pas des citoyens à part entière. En matière d’ouverture envers l’autre, l’expérience Européenne en est une d’intolérance généralisée et ce sur des siècles. 
Sur fond d'affrontements continuels, tous les accommodements ont été essayés avec des fortunes fortement controversées. L'histoire de la construction de l'Europe est plus souvent qu'autrement douloureuse.

La mondialisation et ses effets.
Dans le Monde d’aujourd’hui il se fait de très grands brassages de citoyens venus des quatre horizons de la Terre. Cette mouvance planétaire force des sociétés entières à se remettre en question.
Elles doivent constamment redéfinir leurs valeurs. En renforcer de très vieilles qui ont fait la grandeur de la nation, et en combattre d’autres, autrefois prisées, devenues au fil des âges des empêchements à évoluer. Ce tri des valeurs correspond au souci général de se préserver en tant que nation. Tout en intégrant progressivement, avec le moins de violence possible, les valeurs des nouveaux arrivants, qui cherchent à s’inscrire eux aussi au bottin des citoyens libres, fuyants des lieux malsains où ils sont les proies de sectateurs hallucinés.
Cela ne se fait pas sans frictions. La France, l’Angleterre et toutes les autres entités nationales qui forment aujourd'hui l'Europe, payent encore un prix assez élevé dans la confusion issue de ces puissants amalgames. La nation pourtant, émerge constamment des débats les plus houleux, avec un surcroit d’identité. Les changements se font, les gens se fondent dans une nouvelle identité nationale, qui s’élabore sous les yeux des protagonistes.
On observe de pareilles tendances un peu partout dans quantité d’autres pays. La plupart du temps les changements sont ardus, pénibles, marqués du sceau de bien des affrontements, généralement sanglants.

L'Europe ne s'est pas construite en un siècle.
Cependant, pour ce qui est de l’Europe, après deux millénaires de guerres et d’empoignades, un puissant courant de tolérance, couplé à un fort désir de vivre ensemble, se dessine enfin. Cela demeure fragile et les escarmouches sont nombreuses. Il convient de signaler toutefois, que malgré les dérapages l’intégration se fait, et une nouvelle identité Européenne, encore trouble et fortement marquée de préférences locales, s’élabore. Dans les faits, on remarque que c'est l'identité nationale propre à chaque pays membre qui se renforce dans le creuset Européen.
Au fond, en assumant de plus en plus sa propre identité on apprend ainsi à mieux respecter celle des autres.


Identité Québécoise ?
Notre identité Québécoise est elle aussi sollicitée par tous ces apports extérieurs qui vont et viennent comme le vent, et qui soufflent sur notre personnalité maintenant séculaire. Dont le ciment a d’autant mieux pris, que nous avons pu jouir d’une tranquillité qui a permis à celle-ci de s’enraciner fortement dans les mœurs.
Ici, c’est notre petit nombre relatif qui a joué en notre faveur, et le fait que le facteur langue, moteur essentiel de la communication dans un pays grand comme un continent, couplé à une religion monolithique, a lui aussi contribué à nous forger une âme collective assez facilement reconnaissable.

Depuis cinquante ans, un formidable ménage nous a débarrassé de vieilles valeurs religieuses et linguistiques, qui dénaturaient plus qu’elles ne connotaient favorablement, notre sentiment d’appartenance à un peuple. Le peuple Québécois est loin d’être figé. Son évolution est au contraire suffisamment spectaculaire pour qu’elle puisse être citée en exemple de ce qu’on peut faire de mieux en matière d’intégration et d’évolution progressiste.
Maintenant, on parle de nation. C’est beaucoup plus englobant et pas mal plus subtil à définir. Certains esprits parlent parfois ici et là de manière frivole de races humaines, là où cette idée ancienne a été taillée en pièces par la Science, qui nous apprend que des races humaines cela n’existe pas. Ou plutôt cela n'existe plus, depuis des millénaires.
Il y a des caractéristiques de tailles, de couleurs, de faciès, des différences morphologiques, qui témoignent de la formidable capacité des humains à s’adapter à d’innombrables circonstances de lieux, de climats, d’espaces variés. Qui se traduisent par des détails qui pour être spectaculaires, n’en sont pas moins que cela justement…des détails.
Faut-il encore une fois répéter qu’un noir, un jaune, un rouge, un blanc, sont tous des humains, et qu’ils sont tous issus de la même branche commune de l’évolution? Laquelle remonte à des milliers d’années. Bien avant l’apparition des civilisations. Il n’y a donc pas de races humaines, seulement des caractères typés, en fonction de différentes niches écologiques.
Le propos racial est de nos jours parfaitement odieux, et indéfendable. Il faut donc cesser de l’utiliser comme marqueur de préférences encore plus odieuses.
À plus forte raison si on accole au concept de race, des détails comme l’ethnie, la religion, le sexe, la nationalité, la langue, et tout ce qui entre et fait partie du domaine de la culture.


Ici il faut simplement prendre acte que tous les humains ont en commun un très fort penchant pour la culture. S’ils se distinguent entre eux dans le détail, leur souci de préserver leur culture, précisément parce qu’ils en ont une, est ce qui les rapproche et les signifie le plus en tant qu’espèce vivante si on veut.
Au Québec les valeurs sont maintenant plus sures que jamais. D’abord la langue, qui est et doit demeurer le français, et le débat à ce sujet doit être clos. Chacun décidera par lui-même s’il veut parler deux ou trois langues, mais il aura à cœur dans l’espace commun, celui de la république des esprits qui veulent s’entendre, de participer aux grands enjeux, en respectant et en enrichissant ce patrimoine général, qui est le ciment de notre société.

Société civile, laïque ou religieuse!

Quant aux religions quelles qu’elles soient, elles doivent toutes s’effacer devant la nécessité de préserver la vie publique dans un cadre civil, et non pas simplement laïc, comme je l’entends trop souvent dire.
La laïcité est connotée généreusement certes, comme s’opposant aux prétentions religieuses qui sont exclusives, là où cette laïcité est inclusive et rassembleuse. Cependant il convient de souligner ici que le caractère laïc, précisément parce qu’il s’oppose au caractère religieux, antagonise ce dernier. Il faut donc lui préférer la notion civile beaucoup plus riche.
Le cadre civil est bien plus vaste, bien plus englobant que les cadres religieux ou laïcs. C’est pourquoi dans une société moderne comme doit l’être le Québec, il faut lui accorder notre préférence.
Sinon on se retrouve avec une pseudo société civile qui n’a de civile que le nom, alors que ses membres sont tous retranchés dans autant de ghettos culturels, qui les rendent tous suspects les uns aux autres. Les lieux de la société civile sont d’abord et avant tout la rue, l’espace public, et tous les endroits où s’exercent les valeurs civiles. Écoles, marchés, commerces, lieux de loisirs, cours judiciaires, parlements, stades, piscines, rues et parcs, on devra faire la liste exhaustive de tout ce qui constitue l’enceinte de la vie en société.

Un vêtement n'en est pas toujours un.
Les ''extravagances vestimentaires'' surtout celles qui ont un caractère provocateur et revendicateur connoté religieusement, doivent être déconsidérées sur la place publique. Au profit d’une normalité créatrice et ingénieuse, ayant la possibilité de pouvoir afficher une légitime contestation quand le besoin se fait sentir. J’entends donc ici qu’une revendication religieuse, précisément parce qu’elle émane d’un individu ou d’un groupe qui prêche l’exclusivité, n’est pas légitime. En ce sens elle n’a pas voix au chapitre de l’expression civile, précisément lorsqu'elle nie cette société civile. Elle ne doit jamais au grand jamais, quand elle a pour objet d’investir le domaine public pour le contraindre, obtenir le droit parfaitement abusif dans son cas, de quelque accommodement que ce soit, pour des valeurs qui ont fait la preuve de leur nocivité sociale.

Sans même jamais devoir faire intervenir des milices ou des polices tracassières, il faut simplement donner au législateur la capacité d’exercer les pouvoirs qui lui permettront de mettre l’ensemble des citoyens hors de porté des fanatismes quels qu’ils soient. Ce genre d’exercice ne peut se faire qu’au fil des jours, des semaines, des mois et des années, voire des générations. C’est l’affaire de la politique, du social, pas celle du judiciaire, sauf en tout dernier recours. La société évoluant, ses citoyens doivent être en mesure de pouvoir, chaque fois que le besoin s’en fait sentir, intervenir contre des débordements jugés offensants ou dangereux. 
Est-il seulement besoin d'insister ici sur la nécessité de doser la règlementation et les sanctions en fonction des infractions ? Donc d'éviter de faire des délinquants religieux des martyrs. 

L’important ici n’étant pas de les condamner sans procès, mais au contraire qu’ils soient jugés sur la place publique, par un public participant qui aura le dernier mot, et devant lequel les partis pris particuliers devront accepter de s’incliner. En fait, autant de petites opérations politiques plutôt que judiciaires, et qui auront force coutumière, une fois l’exercice terminé démocratiquement. Il y a dans cette approche un élément évident de discrimination disons douce, mais elle est double. La personne qui affiche de manière provocante un accoutrement qui le signale comme religieux, se pose en discriminateur de tous ceux qui ne sont pas comme elle. cette personne s'attire à son tour une forme de discrimination qui n'est rien d'autre que le rejet de sa provocation. Ce serait la même chose si elle décidait de porter une vêture du Klu Klux Klan ou un uniforme de SS. C'est un exemple extrême mais il sert à ici à illustrer.
La loi est pour tout le monde.
Les mêmes lois s’adressant à tous, tous devront s’y conformer. Et chacun est susceptible de se voir ainsi interpelé, apostrophé, lorsqu’il voudra se livrer à des provocations d’un autre âge. Ceci étant dit, dans la société civile chacun garde en réserve la possibilité de contester les lois. Mais il y a la manière, et toute contestation est plus ou moins risquée.

Pas de signes ostentatoires!
Pas de voile religieux, pas de kirpan apparent, pas de soutane, pas de turban, pas de crucifix, rien de ce qui est ostensiblement, comme disent les français, religieux.
Rien à voir avec les chiens ou les cannes blanches des aveugles, les marchettes des vieilles personnes, les béquilles d’estropiés, les pansements des blessés, et les prothèses des handicapés. Rien à voir avec les uniformes des chauffeurs d’autobus, des facteurs, ceux des pompiers, des policiers, des majorettes, des scouts, des rassemblements qui sont de nature civile, et qui exigent comme signe de reconnaissance passagère, une distinction vestimentaire. 

Pilotes d’avions et hôtesses de l’air, équipes sportives, et tous ces groupes qui ont besoin d’un costume pour se faire reconnaitre et plus souvent pour se reconnaitre entre eux. Précisément parce que leur accoutrement n’est pas autre chose qu’une identification civile, il doit être accepté et reconnu pour ce qu’il est. Mais interdit chaque fois qu’il prend un caractère religieux sectaire. Dont l’intention première est d’intimider l’autre, de l’exclure, de l’avertir, de le mettre en garde. C’est épouvantablement nocif.

Rien à voir non plus avec les oripeaux bizarroïdes des jeunes, comme les tenues punks ou skins, du moment qu’elles ne servent pas à faire l’apologie de comportements outrageants. Dans les cas punks et skins justement, il s’est trouvé des groupes pour en revendiquer et en afficher ouvertement le caractère raciste et exclusif. Ils ont été et sont encore combattus et stigmatisés partout où ils se manifestent. Et c’est très bien que les choses se passent ainsi.

Il est très facile de distinguer les uns des autres. Il suffit de les écouter parler, de les regarder s’exprimer. Quelqu’un qui se promène avec un tatouage dans le front marqué White Power, est de toute évidence un imbécile provocateur, qui peut être emmené en clinique, où on lui donnera le choix entre porter un pansement en permanence sur son front, ou se faire enlever son tatouage imbécile. Le tout avec une bonne amende et le traitement à ses frais. Puis s’il veut récidiver, on augmentera les frais. Il finira bien par se tanner. Mais pas de prison ni de stigmatisation, genre dossier criminel. On reste toujours là dans le domaine très utile des tracasseries administratives, dont le pouvoir est grand quand il s’agit d’embêter des têtes de cochons. Bien évidemment il faut garder l’option prison ouverte, au cas où des excités  (des furieux) ne comprendraient pas à la longue.

Du discernement, du bon sens.
Il ne faut pas, sous motif d’ordre public et de paix sociale, être si pointilleux qu’on interdira la mode et ses extravagances, souvent sottes j’en conviens, mais encore plus souvent porteuses de changements, sans lesquels la vie serait bien terne. Dans le même esprit il va de soi que les préférences vestimentaires de chacun, du moment qu'elles n'ont pas ce caractère religieux ostentatoire, doivent être respectées et pourquoi pas encouragées.
Du bon sens et du jugement. Cela s’affine avec le temps et les cas, et ne peut que favoriser l’esprit créateur. Le meilleur des accommodements est encore celui qui invite tout un chacun à respecter la sphère publique, et à garder pour soi ses croyances et ses préférences religieuses. Par exemple aux périodes carnavalesques on peut presque tout permettre.

Avec une telle approche toujours conciliante mais ferme, susceptible d’évolution, l’État, gardien de l’ordre public, refusera les privilèges de la société civile à ceux et celles qui refuseront d’en accepter les responsabilités. Donc pas de condamnations sévères pour les délinquants, mais pas de subventions aux écoles religieuses, pas de financement, pas de dérogations fiscales pour les églises, et ainsi de suite. Pas de permis de conduire pour ceux et celles qui ne respectent pas la société civile et qui prennent la rue pour une piste de course.

Des droits restreints pour toutes celles et ceux qui affichent de manière provocante leur parti pris de dissidents hargneux, décidés à s’isoler plutôt que d’accepter de participer démocratiquement au processus social.
Avec à la clé des invitations répétées de faire preuve de civisme. On me dira qu’une telle approche ne pourrait qu’isoler davantage encore des gens qui au fond ne veulent faire valoir que leurs droits. Mais précisément, ces droits-là qui ne sont que de douteux privilèges, ne peuvent s’exercer que dans la vie privée, et leur légitimité s’arrête au seuil de la vie en public.
Je vous assure que s’il y a un jour une secte quelconque qui revendique haut et fort le droit absolu de se promener tout nu partout et toujours, qu’il y aura de nombreuses voix pour les contrer, droit ou pas. Promène-toi à poil dans ta maison avec tes parents et tes amis si c’est comme cela que tu conçois la liberté c’est très bien, mais ne viens pas embêter les autres avec ta haine des vêtements. On en a strictement rien à faire. Il y a des clubs de nudistes parfaitement légaux qui exercent leur choix naturiste, en des endroits choisis et personnalisés, et personne ne les ennuie pour leur préférence parfaitement légitime, du moment qu’elle ne trouble pas la vie en commun.

Les accommodements c'est pour les croyants.
Je m’étonne au plus haut point qu’il y ait trop peu d’esprits assez éclairés dans le domaine politique, pour faire remarquer le plus souvent possible, au sujet des accommodements ‘’raisonnables’’ qu’ils sont majoritairement revendiqués par des individus qui prétendent représenter des groupes religieux.
Or les gens qui pratiquent telle ou telle confession, sont pour la plupart des gens paisibles qui ne se soucient aucunement d’être reconnus et identifiés par leur religion. Les revendicateurs ne sont que des adeptes isolés, tapageurs, soucieux de notoriété, ayant quelque part un quelconque syndrome de martyr. Ils ont besoin de soins, surtout pas de publicité. D'autant plus que dans le lot il y a pas mal d'énergumènes.


Et ces soins-là ils doivent en supporter les frais, et doivent s’accommoder, puisqu’ils insistent sur le principe d’accommodement, de subir l’odieux de la situation qu’ils se font à eux-mêmes. Quand on se met volontairement le doigt dans la charnière d’une porte qui se referme, on ne doit pas se surprendre et s’indigner que ça pince et que ça fasse mal. Reconnaissons par ailleurs qu’on leur rendra tout de même service, puisque ayant une propension au martyr et aimant se dire persécutés, ils trouveront dans une pareille attitude largement généralisée chez tous les sectaires, de quoi nourrir leur sentiment d’exclusion.


La déraison dans la raison.
Par exemple il faut souligner ici avec force, puisque autrement nous ne serons pas écoutés, que le terme ‘’accommodement raisonnable’’ est parfaitement incongru parce que redondant. Surtout quand il s’agit d’accorder un quelconque espace personnalisé au nom de la Raison, à des groupes prônant des religions qui sont par essence irrationnelles. Qui sont issues de la pensée magique. Accommoder raisonnablement des illuminés qui nient la Raison et lui préfère l’extase de l’irrationnel, c’est véritablement se mettre dans une situation impossible.

On comprend qu’avec une telle approche, qui doit demeurer exemplaire pour ce qui est du respect de la personne humaine, les malheureux qui refuseront de s’intégrer, n’auront d’autre choix que d’aller porter ailleurs leur mécontentement, ou accepteront de renoncer à leurs extravagances. Ils auront toujours le loisir de partir.
Quant aux nouveaux arrivants, ils doivent être informés, avant de venir en cette terre d’accueil, des responsabilités auxquelles ils auront à faire face. Ils pourront alors décider de venir vivre avec nous en connaissance de cause. Quant aux réfugiés politiques, économiques ou autres, leur cas étant atypique et non pas exemplaire, il faut procéder au cas par cas.

Certes en tant que société nous devons évoluer, ce qui veut dire changer pour s'adapter collectivement, mais c’est un processus qui ne doit pas être forcé. Il implique de la patience, du discernement, de l’adaptation, à l’enseigne de l’expérience.
Les religieux étant tous sous l’emprise d’une idéologie qui les dépasse, et dont ils se disent des adeptes croyants et non pas savants, sont au départ et à l’arrivée d’une société qui se respecte, inaptes à occuper des postes de commandements, ou sont ineptes quand il s’agit d’organiser la vie civile en société. On doit calmement mais fermement faire remarquer à tous ceux qui exigent des accommodements raisonnables, que n’étant pas raisonnables eux-mêmes, ils ne peuvent exiger pour eux ce qu’ils refusent aux autres.
À quoi il conviendrait d’ajouter ici que ce n’est pas cette contradiction qui va les faire taire.
Se sachant déraisonnables, ils vont continuer à exiger des accommodements, précisément parce qu'ils sont déraisonnables. Il y a dans de telles démarches un quelque chose de tordu qui s’accorde avec une idéologie toute croche. 


Qui est intolérant?
Voudrait-on m’accuser ici d’intolérance envers les croyants, que loin de m’offusquer d’une telle remarque, au contraire j’en affirmerais la pertinence. Je n’ai pas à me montrer raisonnable avec des gens qui ne le sont pas. Je n’ai pas à être tolérant envers des sectateurs qui vomissent des imprécations. Que ce soit sous forme de prières ou d’incantations, et qui insistent pour que je me tiennent coi lorsqu’ils viennent envahir mon espace privé (ou public) afin de m’imposer des simagrées dont je n’ai que faire.
Je ne sais plus combien de fois il a fallu que j’élève la voix, pour dire haut et fort à tous ceux qui venaient à ma table réciter un quelconque bénédicité, qu’ils venaient ainsi cracher dans ma soupe avec leurs patenôtres suspectes qui indisposent tous les autres convives, et les forcent au silence.
Je trouve parfaitement lâche de la part des non croyants, qu’ils se laissent ainsi intimider d’une façon ou d’une autre, chaque fois qu’un de ces fanatiques vienne occuper l’espace d’une prière, un lieu de rassemblement quelconque, sans égard pour les sentiments particuliers qui eux aussi ont droit au calme et au respect. Je me fiche que les marmonnements des croyants soient bien intentionnés, ils sont toujours offensants parce que déplacés.

Venir prier à ma table, que ce soit en français, en chinois, en farsi ou autrement, c’est toujours un accroc que l’on fait à ma sensibilité. C’est non !
Je me ferai probablement expliquer par de bonnes âmes, que la religion est le fondement de la culture, qu’on ne peut pas empêcher les gens d’en pratiquer une, qu’il s’agit là de droit inaliénable, inscrit dans toutes les chartes qui protègent la dignité humaine et ainsi de suite.
Je connais assez la propension de certains lecteurs qui ne savent pas lire, à fonder leurs opinions sur un regard jeté de travers sur un texte qu’ils ne se donnent pas la peine de comprendre. Leur souci principal étant de vociférer, ils trouveront toujours matière à s’indigner vertueusement, du moment que quelqu’un ne sera pas de leur avis. D’ailleurs la vertu et l’indignation qui va de pair avec, est en quelque sorte la marque de commerce de tous les intolérants, les hallucinés, les sectaires, bref, de tous les croyants.


La liberté de penser inclut toutes les religions.
Il n’est jamais question dans le débat auquel je participe ici, d’interdire à qui que ce soit de pratiquer une foi quelconque. Le droit de penser est au fond bien plus un besoin qu’un droit. C’est quelque chose que chacun de nous pratique dans la mesure de ses lumières. Vouloir pratiquer une ferveur, relève de l’éducation particulière, d’un fonds commun à toutes les cultures. C’est précisément parce qu’il s’agit de droit humain qu’il faut que ces croyances, avec leurs particularismes, soient sévèrement encadrées dans des sociétés qui justement ne sont pas monolithiques ou totalitaire.

L’intolérance sur fond de totalitarisme a toujours été la grande affaire des religions. Elles ont eu des millénaires pour se civiliser, et leurs bilans en matière de protection de la personne sont abominables. Que de pogromes, de massacres, de nettoyages ethniques ! On ne compte plus les charniers où ont été enfouis les centaines de millions de victimes de tous ces abus, que l’on veut perpétuer encore aujourd’hui sous le prétexte de se montrer accommodant.
Comme il faut donner au temps le temps de tempérer les mœurs, et ma foi cela prendra encore des siècles, il faut au moins discipliner courageusement ces sectes ombrageuses qui adorent toutes des dieux maniaques, susceptibles et névrosés. Des dieux qui ont soif d’adoration parait-il, dont les qualités douteuses sont infinies comme leur méchanceté, et qui vont (au dire de certains croyants plus méchants que d’autres) jusqu’à insuffler leur volonté de domination dans les cervelles de prophètes auto proclamés, lesquels se mettent à vociférer des accusations, à lancer des menaces, à faire du bruit et à provoquer de la fureur partout où ils passent.
On devrait les écouter en baissant la tête devant leurs éructations maladives ? Alors qu’au contraire la réaction saine à leur égard serait de les mener immédiatement à la douche froide la plus proche.
Pratiquez donc toutes les religions que vous voudrez. Y compris les lucifériennes, les baasistes, les raéliques, les antipodistes, celle du cul et de la main, celle de l’oreille et de l’orteil en passant par celle du nombril. Mais faites-le chez vous, pas dans la rue.

Votre droit d’être ce que vous voulez, y compris celui d’être parfaitement ridicule si ça vous chante, ne peut pas, ne doit pas, et ne va pas interférer avec le mien, qui est de vivre paisiblement et librement, sans que j’aie à souffrir du harcèlement constant de tous ces énervés de la prière, qui ont compris quelque chose d’inexprimable, autrement qu’en adoptant des comportements singuliers, qui en disent long sur leur besoin maladif de notoriété.
Est-ce qu’un dieu tout puissant, créateur supposé d’un univers fantastique, aurait ainsi besoin des sparages de fidèles bizarrement accoutrés, qui marmonnent des incantations, balbutient des prières dans des buts intéressés, ou fomentent des crimes horribles au prétexte que c’est là sa volonté divine ?
Assez!
Maintenant, pour pouvoir changer les choses il faut que le Québec soit indépendant.
J'ai dit!

Julien Maréchal
                                     Réflexions sur le texte qui précède

Le ton de ce texte est celui que dans le cas d’accommodements, lorsque les demandeurs le font au nom d'une religion quelconque, il faut leur refuser l’accommodement qu’ils réclament, précisément parce qu’il est d’ordre religieux, et qu’il prétend contraindre l’Ordre Public Civil.
Au fond pour des motifs personnels, certains religieux et leurs semblables, posent à la société dans son ensemble une sorte d’ultimatum larvé, pour lequel ils utilisent la notion de droit général pour se l’approprier. En somme de s’inspirer du droit, pour revendiquer ce qui n’est au fond qu’un simple privilège.

Cela n’a rien à voir avec les revendications féministes des dernières décennies, qui avaient pour objet de faire valoir les droits de la moitié de la société qui étaient précisément violés, au nom de privilèges exorbitants, ou perçus comme tels, de la part des membres mâles d’une société essentiellement patriarcale.


Le féminisme n'est pas une religion. 
Les revendications féministes ne sont pas des stratégies pour obtenir des privilèges, mais bel et bien des entreprises de mise à jour de l’ensemble de la société, qui de religieuse qu’elle était, avait des lois qui surévaluaient la fonction mâle de la société et dévalorisaient sa fonction féminine. Les droits des femmes sont des droits humains au même titre que ceux des hommes.
Il aura fallu plusieurs générations de combats et de revendications pour enfin arriver à faire admettre cette chose, qui tombe aujourd’hui sous le sens.

Dans le contexte actuel où les revendications proviennent de la sphère religieuse, il est évident que certaines cultures ont des pratiques qui violent encore des droits féminins qui ici ne sont plus à négocier.
La réalité durement acquise (et toujours susceptible d’améliorations encore nécessaires) de l’égalité des sexes dans une société moderne comme la nôtre, exige la plus grande vigilance, lorsque des forces obscurantistes tentent de la pervertir, en invoquant le retour de privilèges qui ici sont devenus impensables, inadmissibles.


Le mobilier urbain
Quant aux accommodements qui touchent des cas précis, n’ayant rien à voir avec le religieux, le sacré, comme par exemple les rampes d’accès pour les chaises roulantes qui sont maintenant la norme partout, ou bien encore la nécessité de satisfaire des besoins pour des aveugles ou des sourds, nous entrons ici dans le domaine du droit commun tout simplement.
Chacun de nous est susceptible suite à un accident quelconque, de se retrouver handicapé peut importe son sexe, sa religion, sa couleur, son âge. Les accommodements pour les handicapés sont eux aussi des mises à jour de l’infrastructure civile pour favoriser la participation de tous et chacun, à la vie civile.

Ici même la pratique religieuse en profite, ne l’oublions pas. Les gens qui évoqueraient leur foi pour obtenir par exemple un accommodement à titre d’handicapé, se tromperaient tout simplement de porte. On accommode tous les citoyens parce que ce sont des citoyens, pas parce qu’ils pratiquent telle ou telle religion.

Les droits que les femmes enceintes ont maintenant, surtout celles qui travaillent dans un cadre légal peut importe sa fonction, s’appliquent à toutes les femmes enceintes indépendamment de leur religion, leur âge, leur couleur ou leur condition sociale (mariées, divorcées, séparées, conjointes de fait, mono parentales etc.). Dans ce contexte éminemment féminin, il est assez remarquable de constater que même les hommes peuvent bénéficier de congés semblables à ceux des femmes enceintes et mères allaiteuses, parce qu’ils sont des pères, des conjoints en plus d’êtres des mâles. Par ricochet, il y a une foule d’hommes qui bénéficient d’une mise à jour de la société civile envers les femmes, dont les revendications ont tout simplement fait avancer la condition humaine dans son ensemble.
Le port d’une tuque, d’une soutane, d’un turban, d’un voile, d’un kir pan, d’une calotte ou d’une tenue vestimentaire religieuse quelconque ne fait pas avancer l’ensemble de la société civile. Bien au contraire c’est la société civile qui est minée par ce genre de revendications.

Mais comme je l’ai expliqué plus haut dans le texte qui précède il faut faire preuve de jugement, et étudier les cas un par un, plutôt que légiférer des lois qui en devenant contraignantes constituent autant de freins à une intégration patiente et harmonieuse, où c’est l’exemple commun qui va agir plutôt qu’un néfaste sentiment d’exclusion. Ce qu'il nous faut en somme c'est une charte des droits de la personne qui tienne compte des revendications religieuses et qui puisse y faire obstacle, en affirmant le caractère laïque public inaliénable de la société dans son ensemble. Ne mêlons pas le public avec le privé.

Cependant il faut aussi faire en sorte que cette sphère civile ne soit pas une sorte de passoire où chacun pourra, comme dans une auberge espagnole, y apporter ses manies, ses préférences, ses dégouts et ses extravagances.
On tolère ici et là le port d’un attribut quelconque (bagues, collier, montre, amulettes ou crucifix par exemple et même le voile pourquoi pas, ainsi que la pratique du maquillage) dans la mesure où cela ne fait pas scandale et n’indispose personne.
Du moment que cela pose problème, il faut règlementer au mérite du bien commun. L’idéal ici on le voit bien étant, surtout dans les lieux institutionnels, d’interdire ce qui doit être interdit, pour des motifs raisonnables. C’est ce sentiment du bon sens qui inspire par exemple les commissions scolaires d’obliger leurs élèves à un code vestimentaire qui respecte le caractère égalitaire et intégrateur de l’école.

Du moment qu’on accorde à quelqu’un un privilège, surtout au nom de la religion, si on lui fait justice exceptionnelle, on fait une injustice à tous ceux et celles qui sont en quelque sorte conformes, et qui pourraient eux aussi se mettre à revendiquer des privilèges. Le désordre ne tarderait pas à s’installer, puis ensuite viendra le chaos.
La place publique est un lieu qui s’accommode mal des accommodements déraisonnables.

Le Québec, pays indépendant, jouissant de tous ses attributs de pays souverain et libre, est une nécessité qui s'impose et pas seulement pour les québécois d'origine française.
Julien Maréchal




1 commentaire:

JmL a dit...

Julien Maréchal dit :
Les extravagances vestimentaires connotées religieusement, doivent être déconsidérées sur la place publique. (...) (Une revendication religieuse) ne doit jamais au grand jamais, quand elle a pour objet d'investir le domaine public, obtenir le droit parfaitement abusif dans son cas, de quelque accommodement que ce soit pour des valeurs qui ont fait la preuve de leur nocivité sociale.
JmL ajoute :
On est bien d'accord. C'est pourquoi le port de la cravate devrait être interdit et les êtres serviles qui l'arborent ignorés, esquivés. Quand les adeptes du milieu corporatif ou financier voudront se faire des messes basses, ils se cravateront comme ils voudront, mais à huis clos, dans leur petit c.a. privé. Qu'ils ne viennent pas exhiber sur la place publique leur soumission de subordonnés.

Julien Maréchal :
Et chacun est susceptible de se voir ainsi interpelé, apostrophé, lorsqu'il voudra se livrer à des provocations d'un autre âge. Pas de voile religieux, pas de kirpan apparent, pas de soutane, pas de turban, pas de crucifix, rien de ce qui est ostensiblement, comme disent les français, religieux.
JmL :
C'est ça. Pointons du doigt et rions franchement. Faisons entrer dans les moeurs le pouvoir de plaindre celui qui affiche n'être pas un esprit libre. Ce n'est pas de l'ostracisme, c'est le contraire. Offrons notre compassion à ces âmes embrigadées, enchaînées à leur kippa, à leur casquette, à leur griffe. Avec un peu de chance ça ne devrait pas durer plus de soixante ans ; le temps de renouveler la population significativement active, une seule complète génération quoi.