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lundi 18 février 2008

Québec Troisième Round (1)

JULIEN MARÉCHAL
Québec
18 février 2008

Troisième Round (1)

Voir la suite (2) au 1er avril 2008,
et (3) au 8 mai 2008,

L’Indépendance pour les 15/35
Pour les nuls…et les autres
Essai


Toute reproduction, en tout ou en partie, par quelque moyen que ce soit y compris l'Internet,

est strictement interdite sans la permission de l'auteur ou de son éditeur.

Tous droits réservés :
Julien Maréchal et l’éditeur A.M.C.H. RALLYE 2000, Québec Inc. (1998)
Dépôt Légal : date 2007 (3e trimestre)
Bibliothèque Nationale du Québec
ISBN 02-92231404-9
Les Éditions de l’ A.M.C.H. RALLYE 2000, Québec

La Liberté, l’Indépendance, la Souveraineté
d’une Nation, d’un Pays, d’un État et de ses
citoyens, ne sont pas des choses ennuyeuses.
Elles sont exaltantes et amusantes.

Chapitre Premier
Québec 101
C’est ben d’ valeur!
Un cinéaste de chez nous a qualifié le Québec ''de pays sans bon sens'' (voir le film de l’O.N.F. de Pierre Perrault en 1970) ce qui est d’une justesse profonde. Le Québec, province du Canada en plein XXIe Siècle, c’est une survivance d’un passé qui s’attarde. S’il y a un endroit dans le Monde qui possède tous les attributs d’un peuple, d’une nation, d’un pays moderne, c’est bien ici.
Le lecteur comprendra ici qu’une lecture critique du texte qui lui est ici proposé ne peut que favoriser une prise de conscience de sa part. Celui-ci trouvera dans ces pages de quoi le faire réfléchir.
Vous cherchez des slogans pour vous engager? Vous avez besoin de raccourcis simples pour comprendre les enjeux qui vous interpellent? Vous êtes de ceux qui veulent qu’on leur explique l’Univers en deux mots?
Vous ne trouverez pas dans ces pages de quoi satisfaire votre raison si simpliste. Mais de grâce, avant de vilipender un auteur qui s’efforce de communiquer avec ses semblables, demandez-vous si vous êtes capable d’en faire autant, et surtout, oui surtout…faites-le. Qui sait? Peut-être ferez-vous mieux ?
Je vais tout de suite être clair et affirmer que je suis pour l’Indépendance du Québec. Je suis pour toute émancipation, liberté ou souveraineté, partout où ces notions éminemment humaines au sens noble du terme peuvent éclore. Ceci est valable non seulement pour les peuples et les nations, mais plus encore pour les individus.
Encore mieux, je vous affirme ici qu’au point où nous en sommes nous les Québécois, cette indépendance n’est plus à revendiquer, encore moins à expliquer sauf à nous-mêmes. L’Indépendance du Québec est une affaire québécoise pas canadienne. Pourquoi? Parce que les Canadiens sont contre et que pour eux c’est comme ça et c’est tout. Il n’y a pas de mouvement canadien favorable connu, à notre indépendance. On trouve ici et là des individus qui en acceptent le principe, mais leurs voix ne comptent pas.
Comme si nous avions des comptes à rendre à qui que ce soit, des permissions à demander, à justifier notre position et quoi encore? En fait, le droit, et plus encore le besoin, la volonté du Québec et de ses citoyens d’accéder à l’indépendance (qu’on peut tout aussi bien appeler la souveraineté, la liberté) n’est plus à démontrer. C’est maintenant bien plus qu’un besoin, un droit, c’est devenu une nécessité.
D’autant plus que quand on a des droits, on ne les revendique pas, on les exerce. C’est ça la liberté.
Il reste à faire cette indépendance. Donc à convaincre une majorité de Québécois de voter démocratiquement pour cette option politique, sociale, et économique. Nous savons que c’est l’aspect culturel qui détermine le social, le politique et l’économique. Pourquoi? Parce que des notions sociales, politiques, et économiques, sont d’abord de la culture.
Il n’y a plus personne de bien élevé de nos jours, qui puisse contester la légitimité absolue de l’option indépendantiste au pays du Québec. On peut être pour ou contre, on ne peut pas s’y opposer sous prétexte que ça n’aurait pas de sens, que ce serait monstrueux, contre nature, je ne sais quoi. Les arguments pour ou contre ont pris depuis trente ans un caractère résolument économique, qui délimite les champs politiques et socioéconomiques.
On peut s’en affliger, le déplorer, être d'avis que l’autonomie d’une nation, est bien plus qu’une simple (d’autres diraient vulgaire) affaire de commerce ou de niveau de vie. Il y a dans cette considération des opinions variées qui doivent être coordonnées ensemble, si nous voulons arriver quelque part.
Ce quelque part-là, c’est l’Indépendance du Québec. En somme il y a d’innombrables raisons d’être pour, et l’une n’empêche pas l’autre. On peut se chamailler sur les conséquences d’une telle démarche, on ne peut pas s’y opposer simplement parce que le mot nous déplait, que ça ne fait pas notre affaire du point de vue sous et gros sous. L’argent n’est pas une grossièreté on va donc en parler. L’idée exaltante de Liberté qui doit précéder la démarche économique et qui la transcende, est incontournable.
Comprenons-nous bien ici, on peut certainement faire de la liberté avec des bilans d’argent, même si ce n’est pas tout. D’ailleurs la question économique ‘’financière’’, inséparable de celle d’indépendance, définit celle de souveraineté. Vous pouvez avoir toute la liberté possible, si vous n’avez pas les moyens d’en jouir, vous demeurez impuissant.
Cette liberté est dans l’histoire générale de tous les peuples devenus souverains depuis la chute de l’Empire Romain. Pour ne pas affoler ceux qui craindraient ici que je ne leur fasse une épouvantable leçon d’histoire, disons que pour l’essentiel je m’en tiendrai aux références historiques les plus convenues, lorsque j’aurai besoin d’appuyer tel ou tel dire. S’il le faut je puiserai selon mon bon plaisir partout dans l’histoire, mais je ne vais pas surcharger ma démonstration. Quoi qu’il en soit, je mets en annexe un choix de lectures pour quiconque voudra approfondir ses connaissances sur le sujet.
Ce qui nous intéresse avant tout c’est l’actualité, prise dans son acception d’époque. Un climat général qu’on puisse définir comme l’air du temps, ce qui s’en vient, ce qui se prépare, ce qui est souhaitable pour nous tous, dans un avenir immédiat.
J’ai donc conçu ce livre avec l’esprit de l’homme de la rue que je suis. C’est le propos de Monsieur et Madame Toulemonde. J’ai donc volontairement mis de coté les longues thèses élaborées dans un parti pris universitaire, qui indisposeraient le lecteur. Surtout celui qui n’a pas de formation universitaire et qui s’en passe fort bien.
Maintenant je voudrais ajouter ici que je suis parfaitement capable de vous pondre des centaines de pages sur la plupart des considérations qui sont énumérées dans ce livre. Si je ne le fais pas c’est bien parce que je pense que la plupart d’entre vous, êtes parfaitement capable d’en faire autant.
Si vous ne le faites pas c’est simplement parce que ce n’est pas nécessaire. Vous avez à l’intérieur de vous tout un ensemble de connaissances qui émergent parfois sous l’effet de l’actualité, et vous ne ressentez pas le besoin de vous expliquer constamment sur vos prises de positions. Il y a en effet en chacun de nous, une forme de détermination, de prise de conscience, qui échappe à l’analyse.
On ressent des choses, on a son quant à soi, ses opinions, et finalement on vote en fonction de ses valeurs. C’est ainsi que j’ai voulu que ce livre soit perçu. Nos hésitations, nos approximations et nos certitudes sont limitées, marquées d’un parti pris volontaire de ne pas tout dire, qui vient du fait que la plupart d’entre nous ne sommes pas des spécialistes. Cependant nous sommes des citoyens, et que l’on soit parfaitement ou moyennement ou pas vraiment au courant des enjeux sur lesquels nous sommes appelés à voter, nous avons le droit de voter, et nous votons en tant que citoyens. Pas en tant que spécialistes.
Regardons avec une saine appréhension l’horizon probable de la prochaine génération, soit une vingtaine ou une trentaine d’années. Prétendre faire de la prospective au-delà d’une telle limite m’apparait hautement acrobatique. Déjà vingt ou trente ans, c’est une fichue gageure.
Contrairement à ce que de bonnes âmes pourraient affirmer, nous ne voulons pas faire l’indépendance d’abord pour nos enfants, nous voulons la faire pour nous qui sommes vivants actuellement.
Personnellement, je ne crains pas d’affirmer ici sans crainte de me tromper qu’une fois mort, l’indépendance du Québec, du Vermont, ou de la République des derniers humains, vous pensez si je vais m’en ficher complètement. Étant vivant, j’ai des préoccupations de vivant et je m’adresse aux vivants.
Nos descendants recueilleront cet héritage et en feront ce qu’ils voudront. Cela étant dit, s’il y en a parmi vous qui voulez faire l’Indépendance du Québec d’abord et avant tout pour vos enfants, ce n’est pas moi qui vais vous le reprocher.
Je pense simplement que les problèmes actuels doivent être abordés avec un esprit actuel. Les biens pensants, soucieux de faire vibrer des cordes sensibles, utilisent très souvent les arguments larmoyants des enfants à venir et des générations futures, pour repousser en avant des prises de décisions qui s’imposent maintenant. Je suis comme vous tous, membre de cette génération d’anciens enfants à qui on avait promis un avenir brillant, meilleur. Constatation faite cinquante ans plus tard, les problèmes s’accumulent, ceux d’hier se sont aggravés au point de mettre la planète en danger, et on se fait proposer en guise de politique éclairée, de travailler maintenant au profit d’un avenir douteux. Mettons que ça va faire les platitudes.
Mais bon, hein! Je vous dis ce que j’en pense et vous faites comme vous voulez. Du moment que l’indépendance se fait, il y a place pour un vaste éventail de raisons et de moyens. Vive la diversité !
Ce livre s’adresse avant tout à ces hésitants, qui pensent que oui peut-être…non je ne sais pas…que faire ? C’est compliqué ! Pourquoi changer ?
Il interpelle ceux et celles qui ne demandent qu’à être convaincus. Qui sont plus ou moins à l’aise dans le confort convenu du statut quo, vêture gênante aux entournures dont ils ont appris à s’accommoder, et dans laquelle ils se sentent coincés tout de même.
L’Indépendance du Québec n’est pas une aventure risquée[1]. Elle s’inscrit dans la logique incontournable de ce qui est appelé à évoluer. Ici au Québec comme partout ailleurs.
Quant aux prétendus risques que nous prenons en optant pour cette indépendance, ils ne font pas le poids, face à ceux qui s’accumulent dans notre hangar de rêves et d’espoirs déçus. Avec une pareille approche, même les aventuriers, les impatients de tous les lendemains, y trouveront leur compte.
Cela dit, il faut et on doit faire la démonstration de sa valeur, puisqu’il reste des gens à convaincre. S’il faut expliquer, alors expliquons. S’il faut rassurer, alors rassurons. Je vous le répète ici, un pays du Québec ne se justifie pas. Il doit s’imposer comme allant de soi, comme étant dans la mouvance d’une normalité attendue qui n’a que trop tardé à se manifester. Tout le monde ainsi convaincu s’en portera mieux, et la transition vers cette liberté élargie en sera d’autant plus facilitée, et sera encore plus enthousiasmant.
Or, comment se fait-il que cet endroit qui est politiquement mature, économiquement viable au point qu’il devrait être dans le peloton de tête des pays les plus avancés, traine ainsi la patte aux palmarès économiques? Soit englué dans des polémiques complètement dépassées depuis plus de cinquante ans? Alors que beaucoup de pays, et pas seulement ceux du tiers monde (pourtant moins bien armés que le Québec), ont réussi à se libérer des jougs coloniaux qui les enserraient dans des corsets culturels étrangers. Dont ils n’ont pu se défaire qu’après des guerres sanglantes.
Au Québec, il nous suffit de voter pour notre indépendance et personne ne nous fera la guerre pour une pareille décision, attendue par la plupart de nos partenaires culturels et économiques. Et pour laquelle dans le monde civilisé, on s’étonne qu’elle ne soit pas encore faite. Qu’est-ce qu’ils attendent donc ces branleux de Québécois?
Deux référendums à demi ratés, donc à moitié réussis, lourds de significations révélatrices, ont marqué les 26 dernières années. Malgré quoi on se demande encore avec anxiété si la prochaine fois cela va passer ou pas ?
Torchons tout de suite une objection qui revient parfois au sujet de notre liberté. Il parait que le Québec dans le Canada est libre. Que le Canada n’est pas un bagne. Que nous y sommes traités respectueusement. Mieux que ne sont traités ailleurs d’autres groupes d’humains. Outre que l’argument est spécieux (mot pour ceux qui l’ignorerait qui veut dire ambigüe au sens négatif du terme) il convient de signaler que nous y sommes pour beaucoup.
Notre liberté dans le Canada n’est pas une faveur qu’on nous fait. Cette liberté toute relative qu’elle soit, nous l’avons gagné plus souvent qu’autrement de haute lutte. Ce n’est pas un quelconque privilège qu’il nous faudrait continuellement mériter. Ce n’est pas une raison non plus pour s’en contenter. J’ai l’outrecuidance de penser que de la liberté, nous n’en avons jamais assez. Je vais même plus loin, jusqu’à affirmer que s’il y a en effet de la liberté dans le Canada, c’est bien parce que nous en sommes les partisans les plus émérites.
Un Québec Indépendant sera donc plus libre encore qu’un Québec dans le Canada. Pour ce qui est de la liberté canadienne, je la laisse aux Canadiens. Moi ce qu’il me faut, c’est une liberté québécoise.
Les canadiens n’ont jamais voulus, et ce d’une manière majoritairement écrasante reconnaitre la nation, le peuple Québécois[2].
Au fond les partis politiques le voudraient bien, mais leurs bases, essentiellement anglophones, sont contre. Et ma foi je ne peux pas les blâmer. Mis à part pour un courant éclairé représenté par des minorités avant-gardistes, un Québec dans le Canada, reconnu comme peuple, ou comme nation, c’est une sorte de désaveu du Canada. Cependant je veux insister ici, et dire à tous ceux et celles qui souhaitent que tous les Canadiens nous reconnaissent pour ce que nous sommes, qu’une pareille demande est quelque peu gênante, pour ne pas dire humiliante.
Pourquoi vouloir absolument être reconnu comme peuple ou comme nation, par des gens qui nous refusent cette distinction ? Faut être masochiste pour vouloir une telle chose. Pourquoi ne pas aller demander aux Bretons, aux Papous, aux Celtes, aux Basques, aux Catalans, aux Parisiens, ou aux Chinois de nous reconnaitre tant qu’à faire ?
Céty assez bête ça comme démarche de miséreux? S’ils proposaient eux-mêmes cette démarche par courtoisie élémentaire, on pourrait les en féliciter, mais en mendier le principe, franchement, cela m’indispose. De toute façon c’est sans grande importance. C’est une démarche qui s’inscrit dans un cadre beaucoup plus vaste de réclamations politiques, qui n’aboutiront qu’avec l’indépendance du Québec. La première reconnaissance des Québécois comme peuple et comme nation doit venir d’eux-mêmes.
Si les Québécois sont incapables de se donner un pays qui ait comme raison d’être de favoriser leur identité à la fois comme peuple et comme nation, je vois mal comment on pourrait alors continuellement insister pour que ce soient les autres qui nous accordent ces distinctions, si essentielles à notre identité. Dans une affaire aussi porteuse de qualités identitaires, la barre de la cohérence doit être très élevée.
En plus de ça, aller demander une telle chose à des albertains, des ontariens, des manitobains ou des colombiens britanniques! Incroyable!
Est-ce que cela existe un peuple Ontarien, Albertain ou Manitobain? Ces gens-là ont en horreur l’idée même de peuple. Ils vivent dans un Canada où cette notion est quasiment une injure. Ils la reconnaissent du bout des lèvres pour les acadiens et les autochtones, qu’ils méprisent ouvertement, à moins que ces ‘’peuples’’ ne se présentent comme tels que fortement folklorisés. Un peu comme aux États Unis où les nations indiennes et les descendants des français de la Louisiane, sont reconnus d’utilité publique, parfaitement localisée, dans la mesure où ils sont pittoresques. Nullement parce que ce sont de vrais peuples ayant de vrais droits qui représentent du capital culturel précieux. Ils sont au contraire tous plus ou moins déconsidérés comme des survivances d’époques révolues.
Dans l’esprit des intellectuels canadiens anglais, je parle de ceux qui parviennent à imposer leur point de vue, le peuple est une notion vaguement péjorative ayant un sens archaïque. Les ‘’vrais’’ kanadians (en anglais) veulent se considérer comme les premiers humains à ne pas se réclamer d’appartenir à une de ces vieilles peuplades qui sont choses du passé.
Les canadiens anglophones bien intentionnés sont des utopistes qui s’ignorent.
Ils veulent vivre dans un univers aseptisé et insipide, incolore et inodore, où l’idée d’humanisme doit être dépouillée de tout ce qui en fait la saveur et la spécificité. Ils rêvent d’un monde mécanique, acculturé, fondé sur la négation d’identité. Ils veulent effacer les cultures afin de vivre dans un milieu désincarné, qui ressemble à s’y méprendre au Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley.
Paradoxalement ils ont toujours à la bouche la nationalité de leurs ancêtres (Irlandais, Ukrainiens, Allemands, Polonais, Sikhs, Chinois (etc. etc.). Bref le Canada oui, mais un Canada dans lequel ils sont Canadiens du moment que ça ne veut rien dire. Une identité neutre et drabe qui témoigne de leur passé ancestral sans plus.
C’est platte à mourir. C’est vide et nul. Pourtant ils sont très souvent aliénés par des réflexes conservateurs, qui puent les vieux concepts religieux plus anciens encore. Cent fois plus archaïques que la notion moderne de nation, comme les Québécois la conçoivent. C’est nous seuls qui pouvons et devons décider de notre identité planétaire.
Quêter à d’autres la reconnaissance de ce que l’on est c’est se mépriser. Il y a des gens, d’une naïveté pathétique, qui voudraient que l’on rassemble toutes les énergies afin de construire ce beau et grand Canada qui ferait l’admiration de tous. Dans lequel nous les Québécois serions comme au paradis. Mais qu’est-ce que ces gens-là pensent que les générations précédentes ont tenté de faire?
Nous sommes si tant tellement loin du compte, que lorsque le Canada sera ce beau et grand pays que tous ces grands naïfs appellent et espèrent de tous leurs vœux, le peuple Québécois lui n’existera plus, et les poules auront des dents. Cette vision idyllique canadienne, outre qu’elle est une niaiserie qui ne tient pas compte des réalités, ne pourrait se réaliser sans que d’abord tous ses citoyens acceptent (comme par enchantement) de renoncer à leurs distinctions particulières, pour enfin se fondre harmonieusement dans un quelque chose d’ineffable, ayant un semblant de caractère universel indéfinissable, indescriptible autrement qu’en termes angéliques. L’universel c’est l’alibi des gens qui ne sont rien et qui voudraient être tout. C’est insupportable d’insignifiance.
***
Je reprends. Les commentateurs de l’actualité ont une lourde responsabilité dans ces échecs référendaires qui n’en sont pas. Bien au contraire chaque élection, chaque référendum, a fait progresser le projet d’indépendance. Le Québec est déjà virtuellement indépendant depuis le mois de novembre 1976, alors que le Parti Québécois prenait le pouvoir. Après 113 ans dans la confédération canadienne, après 217 ans de colonialisme anglais, le ‘’Canada Français’’ (donc le Québec de mes parents) prenait conscience de sa singularité, et se votait un gouvernement majoritaire indépendantiste. Dont l’article premier était la souveraineté du Québec. Je ne vous parle pas d’une quelconque patente à gosses d’il y a deux ou trois cents ans. Je parle d’évènements qui sont d’une brulante actualité, et qui s’élaborent fièrement depuis un demi siècle. Qu’est-ce que c’est cinquante ans dans le développement d’un pays ?
Comment ose-t-on commenter le débat sur le statut politique du Québec comme étant une affaire du passé qui piétine dans le présent ? Passé qui, que, quoi ?
Le Canada c’est quand même pas la fin du monde, ni le ''boutte du boutte'' coudons !
Nous sommes en 2007, et cette indépendance n’est pas encore inscrite dans les documents officiels. Plus extraordinaire encore, depuis le référendum de 1980, tous les gouvernements du Québec, (y compris ceux qui sont fédéralistes) ont refusé de signer le nouveau pacte confédéral suite au rapatriement de la constitution canadienne (loi anglaise votée par le parlement Britannique).
Le Québec ne fait plus partie de façon volontaire du Canada, et pourtant nous sommes toujours dans le Canada. C’est quoi le problème ?
Cela tient d’abord à ce que nous y soyons minoritaires. S’il avait fallu que les deux référendums de 1980, et de 1995, eussent été tenus seulement par les descendants directs d’un des deux peuples fondateurs (Français), nul doute que nous serions indépendants.
Une telle approche n’était pas souhaitable, les Québécois l’ont compris dès le départ.
Nous aurions été taxé d’ethnocentrisme, alors que depuis cinquante ans que nous agissons avec un esprit démocratique exemplaire, on se fait quand même traiter de racistes. Font chier à la fin!
Le Québec d’aujourd’hui à partir des apports extérieurs depuis plus de 100 ans, n’a plus la forme française essentiellement rurale, qu’il avait à ses débuts.[3] Il faut donc que notre émancipation politique soit le fait d'une majorité républicaine civile, et non pas ethnique. Il faut que notre indépendance passe du domaine de l’émotion, à celui de la raison légale. En somme de faire d’une option légitime, une réalité légale. Nous y sommes presque.
Je vais vous amuser ici en vous en racontant une bien bonne.
Vous avez peut-être remarqué que pour beaucoup d’entre nous, la notion de légalité est embrouillée. D’abord il faut dire que pour ce qui est du Droit, inscrit dans des lois, la plupart des gens n’y connaissent à peu près rien. On croît (sans vraiment s’arrêter à y penser, dans de nombreuses sphères sociales, peu importe le degré d’éducation) que les actes que nous pouvons poser doivent d’abord avoir un caractère légal. On pense souvent à tort, qu’une action qui n’est pas soumise à une législation quelconque, est entachée d’illégalité.
Elle est donc présumée interdite.
J’ai entendu ça mille fois.
‘’Si ce n’est pas légal c’est illégal, voire criminel, interdit d’une façon ou d’une autre, point ! ‘’
Question de degré bien évidemment mais qu’importe, c’est cet esprit-là, très répandu, qui s’exprime trop souvent dans les controverses.
Dans les faits, rien n’est plus faux.
Le gros de l’activité humaine ne tombe pas sous la férule des lois. Tout le domaine créatif, celui de la spontanéité, en est exclu. Vous pouvez légitimement vous livrer à toutes les activités que vous voulez (légales ou pas) du moment que vous ne commettez pas de crimes. Du moment où vous ne faites de tort à personne.
Une activité est soumise aux lois lorsque le législateur intervient sous la poussée de la nécessité pour l’encadrer, la règlementer, au motif de l’Ordre Public. En dehors de ça tout est permis.
Or ici, beaucoup de gens m’ont dit et répété qu’un geste, un acte, qui n’est pas inscrit dans une loi quelconque, est au départ interdit, entaché d’illégalité. Ce qui lui confère une odeur de souffre, ayant un caractère dissuasif. Ce qui n’a pas de bon sens. Une pareille approche de la vie sociale est une négation de la liberté. Cela revient à obliger les gens (et à s’obliger soi-même) à ne vivre que selon des règles approuvées par le législateur.
En dehors des lois, pas de salut! C’est une vision infantile de la vie en société, et c’est un épouvantable frein à toute créativité, à tout progrès. Réfléchissez à cela.
Il faut comprendre ici que la plupart des gens sont au départ intimidés par la notion de droit. La loi, parce qu’elle est la loi, impose une sorte de sourde tyrannie, toujours imprécise, qui exige d’être démystifiée avant de pouvoir être apprivoisée. Le problème étant que l’idéal des lois n’est jamais enseigné dans les écoles dès la petite enfance. Nous sommes tous contraints de nous y référer par la nécessité lorsque nous devenons adultes. Nous avons alors affaire à un principe, qui au lieu d’être bienveillant est arrogant, et se trouve entre les mains de ceux et celles qui sont familiers avec le concept du légal. Cela revient à dire que pour l’essentiel, les citoyens sont immatures, face aux lois. Ce sont des enfants qui réagissent comme des enfants devant n’importe quelle autorité. Ou bien ils s’en méfient parce qu’ils la craignent, ou bien ils la déconsidèrent comme valeur négligeable parce qu’ils la méprise pour cause d’ignorance.
Cette façon de voir est typique de beaucoup de gens d’ici. Bien qu’on retrouve ce trait chez beaucoup de citoyens d’autres pays, c’est un élément du caractère hésitant de trop de Québécois, longtemps aliénés par l’Église Catholique. C’est maintenant du passé, mais il en subsiste encore des réflexes, conditionnés par des siècles de domination psychique. Nous avons gardé dans la vie de tous les jours, des tics de cathos.
Il est très facile de s’en débarrasser, il faut simplement en prendre conscience. Et le vouloir bien entendu. Cependant il convient d’ajouter que cette façon de voir les choses et de vivre ainsi son existence fait l’affaire des pusillanimes, qui y voient un prétexte à ne pas s’engager dans une démarche de dépassement de soi.
Il y a encore un pourcentage significatif (plus ou moins 30% ?) d’entre nous qui ne savent pas qu’ils sont Québécois. Ils trainent avec eux comme dans les farces d’Elvis Gratton de Falardeau, plusieurs identités parmi lesquelles ils n’arrivent pas à choisir la bonne.
La bonne identité c’est la plus pratique, pas nécessairement logique. L’identité d’un individu lorsqu’elle dépasse sa petite personne, lorsqu’elle devient un signe d’appartenance à un peuple, ne relève pas immédiatement de la psyché personnelle. Elle procède d’un sentiment extérieur, le nationalisme. Ce n’est pas un sentiment logique, c’est émotionnel, magique, irrationnel. Vous pouvez avoir deux ou quatre identités qui tiennent aux accidents politiques, aux multiples expériences qui jalonnent votre existence, il y en a une qui vous tient le cœur chaud. C’est celle-là qu’on appelle nationalité.
C’est un choix que chacun de nous doit faire, et pour curieux que cela puisse paraitre, cela n’exclue absolument pas que vous conserviez également toutes les identités qui l’auront précédé, et qui aboutissent en somme à cette dernière.
Prenez un Français par exemple, un Anglais, un Américain ou un Néo-Zélandais. Ce sont les descendants de vieilles nations qui se sont fait la guerre pendant des siècles, avant d’arriver à se forger collectivement une identité élargie. Il y a du Gaulois, de l’Occitan, du Savoyard, du Breton, du Franc, du Picard, du Poitevin, du Normand, du Parisien chez les Français, (dedans les Français pour ainsi dire). On y trouve également d’innombrables individus qui sont originaires d’Afrique et de toutes les parties du monde.
Tous ces citoyens de la République Française sont également Européens, avec tout ce que cela implique de contradictions.
Il en va de même avec les Anglais ou les Américains. Ils sont également Celtes, Saxons, Gallois, Navajos, Sioux. Leurs ascendants viennent des vieux pays européens, d’Indes, de Chine, d’Afrique, d’Océanie, de partout sur la planète. Ainsi les Anglais sont anglais, les Américains sont américains, et les Français sont français.
Ils portent en eux un assemblage contradictoire de valeurs culturelles, qui sont directement branchées sur tous les passés. Dépendant de leur humeur du moment, ils se réclament de leurs anciennes origines ou des plus récentes. D’une manière acceptée par tous, ils sont français n’en doutez pas, anglais c’est incontournable, américains cela ne se discute pas. Dans cent ans ils seront tous européens ou mondialistes que sais-je ?
Ils le sont déjà, s’y préparent, ont scellés dans des accords pacifiques (et plus souvent encore dans le sang d’innombrables victimes) ce nouveau statut rassembleur qui gêne comme un costume neuf. Ils vont s’y faire. Ce nouvel habit culturel va s’assouplir, deviendra au fil des décennies un emblème, un motif supplémentaire de fierté identitaire. Dans cinq cents ou mille ans si vous voulez, nos descendants porteront tous l’habit d’humain, de terrien, et garderont aussi les signes distinctifs de leurs appartenances d’origines. Cela sera, bien entendu, si nous n’avons pas fait péter la planète d’ici là.
Le petit problème des Québécois hésitants, c’est qu’ils n’ont pas encore saisi que pour accéder à une nouvelle identité plus élargie que la précédente, il leur faut d’abord assumer celle qu’ils ont. En ce qui concerne l’identité canadienne, (forgée ici au Québec d’abord ne l’oublions pas, sur plus de quatre siècles) la plupart des Québécois l’ont parfaitement intégrée. Sauf pour cette frange inquiète, traditionaliste.
Les Québécois sont probablement les seuls vrais Canadiens existant sur le globe, dont l’identité ne relève pas seulement d’une reconnaissance administrative. Dans le cheminement identitaire des peuples, la dernière version englobe les précédentes, et les incorpore en les transcendant. Ainsi l’identité québécoise contient ‘’naturellement’’ une part de l’identité canadienne, alors que l’inverse relève d’un réflexe défensif de protestation. Cela veut dire qu’un Québécois qui s’affirme comme Québécois sait parfaitement qu’il a été Canadien et qu’il en conserve des traits marquants. Il est devenu Québécois par sentiment d’appartenance, par identification culturel-le, la seule qui soit significative lorsque l’on parle de peuple.
Mais le Canadien qui se dit parfois Québécois, le fait par protestation. Et pour l’essentiel ce sont ceux qui habitent le territoire du Québec et qui s’identifient prioritairement au Canada. Ils veulent revendiquer eux aussi leur qualité de Québécois, mais c’est pour occuper un terrain politique qui les exaspère plus qu’il ne les inspire. Ce n’est pas pour eux un motif d’identification fière, mais plutôt une revendication administrative du genre : ‘’Moi aussi j’habite ici. ‘’
Il faut insister ici au risque de se répéter, que le terme Québécois est une modernisation du terme ‘’canayen’’ comme on disait autrefois. Comme l’identité française transcende celle de gauloise (de la Gaule). Ou bien celle de l’identité anglaise qui contient celle de galloise (du pays de Galle). Cette identité québécoise s’est construite à partir d’un ensemble de valeurs choisies, qui lui confère une véritable originalité. Je veux dire ici qu’il y a beaucoup de citoyens dont le statut de Canadien tient plus à leurs papiers officiels, qu’à un attachement viscéral, terre à terre, comme c’est le cas pour les Québécois
Le Québec étant le berceau de la nation canadienne, il n’est pas étonnant qu’il y en ait parmi nous qui refusent d’abandonner cette identité pour la remplacer par une identité québécoise. C’est tout à fait compréhensible. Est-ce donc si déchirant que cela?
Ce n’est là qu’un aspect mineur identitaire. C’est un faux problème. Personne ne demande vraiment aux Québécois d’abdiquer leur prime identité canadienne. Pas plus qu'on ne demande aux Portugais de renoncer à être des Portugais parce qu'ils sont devenus des Canadiens, du moment qu’ils ont choisi d’immigrer ici. Ou que le Portugal est entré dans l’Europe. Vous me suivez?
De même que chaque individu a plusieurs noms pour le distinguer des autres, les peuples ont également plusieurs noms rattachés à leur passé, qui leur font chacun une personnalité particulière.
Le problème de ces citoyens inquiets de leur identité, tient aussi au fait que le Canada est un ensemble géographique beaucoup plus vaste que la plupart des pays de la planète. Au fond ces Canadiens sont également incertains de leur identité canadienne. Le souci presque névrotique que beaucoup d’entre eux ont de toujours vouloir s’affirmer comme Canadiens, indique à quel point cette identité est fragile, et repose bien plus sur des documents officiels, que sur un sentiment d’attachement territorial.
C’est un étrange réflexe que celui-là.
Compréhensible chez de nouveaux arrivant, mais incongru chez des gens qui font parti du paysage depuis des générations.
Ce souci de clamer son identité canadienne comme s’il existait une volonté malveillante de la détruire, n’existe pas chez les Amérindiens, ni chez les Acadiens ni chez les Québécois. Combien de fois n’a-t-on pas accusé les indépendantistes Québécois de vouloir détruire le Canada?
Il s’agit là de rhétorique malsaine, là où les Québécois veulent s’aménager un pays à eux, en le séparant bien sur du Canada, mais où il n’existe aucune volonté politique ou autre de détruire le Canada. Mais lorsqu’on utilise un argument aussi malsain et agressif, le but recherché n’est pas de sauver un Canada (qui de toute façon n’est pas en danger) mais bel et bien de discréditer un mouvement d’émancipation légitime qui se manifeste en son sein. Après des décennies de tentatives répétées d’assimiler un peuple qui refuse de disparaître.
De plus, le Canada est à toute fin pratique, inhabité. Le sentiment d’appartenance à son immense territoire y est vague, comme dilué. C’est beaucoup plus dans l’esprit des gens une image, une carte géographique rose, un très grand lieu physique, qu’excepté les adeptes sectateurs des lointains horizons, l’écrasante majorité des citoyens en ignore tout ou presque.
Comme on ignore les manies et préférences culturelles qui distinguent les voisins les uns des autres. Parlez-moi donc de voisins qui habitent à cent lieues de chez vous hein? On parle ici de frontières quasiment incommensurables, mesurées à l’aune d’une communauté participante. Cela défie l’enten-dement. L’idée de mosaïque canadienne s’oppose dans le détail, à celle d’une nation comme elle se conçoit aux États Unis, en Angleterre et en France. De même que dans la plupart des pays du monde.
Les Canadiens s’ignorent entre eux, sont trop loin à la fois dans l’espace et dans l’actualité, et s’imaginent à partir de clichés désolants. Ils se font les uns des autres des idées qui ne correspondent à rien de significatif ou si peu.
Les Montréalais ignorent tout des gens de Calgary ou de Saskatoon, et l’inverse aussi est vrai, palpable. Encore que je soupçonne qu’il y a plus de Montréalais qui connaissent le Canada dans le détail, qu’il n’y en a ailleurs dans le Canada qui connaissent les Montréalais.
On parle parfois en se gaussant des deux solitudes, mais vraiment le Canada est fait de beaucoup plus que de deux solitudes. Si on y ajoute les Amérindiens, les immigrants depuis plus de 100 ans, on pourrait parler de dizaines de solitudes. Sans caricaturer on pourrait dire que le Canada c’est de la solitude qui végète dans des espaces vides.
Le Québec déjà culturellement différent du reste du Canada, en s’affranchissant politiquement et administrativement de cet ensemble ne va pas le détruire voyons donc. Le départ administratif du Québec (parce que c’est bien de cela qu’il s’agit) va surtout forcer le Canada à repenser sa situation en Amérique du Nord. Il est plus que probable que l’Indépendance du Québec va provoquer chez tous les peuples du Canada des prises de consciences qui vont en changer les couleurs.
Cette nouvelle dynamique sera-t-elle aussi significative que celle de l’Europe actuelle, alors que ses pays indépendants, décident maintenant de s’en réclamer pour des motifs de gestion d’un plus vaste ensemble?
Personne ne peut le dire. Notons cependant que c’est précisément parce qu’ils sont tous indépendants que les pays de l’Europe peuvent se regrouper en une entité administrative agrandie, limitée à des champs de compétences spécifiques, dont le but est de faciliter leurs mouvements, leurs échanges.
Au fond, l’Europe est bien plus un espace de libre échange qu’elle n’est une identité collective.
L’Europe est un lieu géographique, pas un espace identitaire…ou si peu.
L’Europe est-elle moins européenne parce qu’on y trouve des Allemands, des Belges, des Lituaniens, des Hollandais, des Grecs, des Italiens des Espagnols, des Roumains, des Hongrois et j’en passe? Allons donc !
Le Canada est fait de quatorze entités politiques distinctes qui n’ont que très peu de rapports entre elles. Partout on est farouchement provincial. On s’identifie à son niveau de gouvernement, du moment qu’il se réclame d’un sentiment d’appartenance très local. Ce sentiment existe aussi au Québec c’est entendu, mais la langue y fait toute la différence.
De par sa spécificité en Amérique, elle représente un ciment unitaire et identitaire qui n’a comme pendant que celui du Brésil, seul pays de langue portugaise dans les deux Amérique. En Amérique le seul lieu véritable où l’Anglais est identitaire est aux États Unis. Et ce sont eux qui donnent le ton aux autres anglophones du continent. Qu’ils soient d’accord ou pas.
L’identité canadienne on le sait est très floue, et tient à des signes plutôt pathétiques. Un drapeau qui n’a pas cinquante ans, des attributs géographiques sublimés qui n’ont rien d’exceptionnels, parce qu’il y a en de semblables partout sur tous les continents. Un dollar copié sur le dollar américain. Un passeport comme il y en a des centaines partout ailleurs. Une langue Anglaise qui ne se distingue en rien de celle des États Unis, mis à part quelques petits travers anodins impossibles à répertorier, et que l’on signale pour la forme.
Bien sur, l’Himalaya a très certainement contribué à forger le caractère des Tibétains, des Indiens, des Pakistanais et de toutes ces entités aux caractères si marqués qui en investissent les vallées et les contreforts depuis des millénaires. C’est pareil pour les peuples de la Cordillère des Andes. On retrouve le même phénomène en Océanie.
Cependant, ces peuples ont des identités qui ne tiennent pas seulement à des accidents géographiques, si imposants soient-il.
Ici au Canada nous avons encore des gens qui veulent demeurer Canadiens parce qu'il y a les Rocheuses, les Plaines de l’Ouest, le majestueux fleuve Saint Laurent, les chutes du Niagara, et que sais-je? Tout cela est enfantin, parfaitement insignifiant.
Les Rocheuses sont là où elles sont depuis des dizaines de millions d’années, et ne vont pas disparaître comme par enchantement, parce que le Québec aura décidé de devenir indépendant.
En voilà une niaiserie!
Si vous aimez les Rocheuses, la toundra ou la mer de Beaufort, le Saguenay ou l’Île Sainte Hélène, le Rocher Percé ou le monstre du lac Pohénégamook, le territoire du Sasquash ou les trous des lemmings du Grand Nord, la Peace River ou le Lac Louise, vous pouvez y aller et vous laisser séduire, envouter par ces splendeurs dans le Soleil couchant. Ces endroits d’un pittoresque naturel sont accessibles à pied, en auto, à cheval, en motoneige et aussi par avion. Plus souvent qu’autrement c’est la télévision ou le cinéma qui vous permet de les visiter.
Idem pour les forêts du Mato Grosso, le Grand Canyon, l’Amazone, le bassin de l’Orénoque; pour le Sahara ou les champs de blés de l’Ukraine. Ces caractéristiques physiques de la morphologie terrestre bougent très peu. Pensez-vous sérieusement que les Parisiens sont parisiens à cause de la Seine, de la butte Montmartre ou de la tour Eiffel ?
Bien au contraire, c’est la ville de Paris qui est tributaire du caractère des Parisiens. L’exemple est ici bien choisi, parce que nous savons tous que si les Parisiens sont indiscutablement Français, ils sont d’abord et avant tout Parisiens. C’est bien évidemment là un grand malheur, mais que voulez-vous que j’y fasse? (C’est une blague).
Dans la mesure où on ne vous tirera pas dessus si vous avez le désir de contempler les merveilles du monde, elles sont là qui vous attendent.
En dehors du fait que temporairement on leur confère des noms issus d’un patrimoine linguistique local, cette accessibilité n’est limitée que par d’obscures et temporaires volontés administratives.
La nécessité de faire du Québec un pays ne peut pas être contrariée par de telles inepties. Le fait qu’il y ait eu dans le passé le plus récent, des politiciens qui ont osé proférer de telles platitudes, prouve abondamment que le Québec a tout intérêt à prendre ses distances avec des partis politiques qui recrutent de tels personnages.
Que de pareilles pauvretés aient été martelées par un politicien venu du Québec, est une affaire suffisamment honteuse pour qu’on n’ait pas à en payer le prix encore longtemps ! Tournons la page.
Voilà c’est fait, cette génération est maintenant derrière nous.
Ouf ! Pfiouuu !

À suivre dans le Deuxième Chapitre le 1er avril 2008

Julien Maréchal





[1] Au sens où on ne va pas jouer notre liberté à quitte ou double. L’Indépendance du Québec est une affaire de ré aménagement de pouvoirs politiques, à l’enseigne d’une nécessité culturelle.
[2] Au 27 novembre 2006, une motion visant à reconnaitre la nation Québécoise, est votée majoritairement par la Chambre des Communes à Ottawa où le Parti Conservateur gouvernemental est minoritaire. Un gouvernement minoritaire au Canada est une chose rarissime. La reconnaissance de la nation Québécoise est ici une affaire de stratégie. Ce n’est pas une raison pour s’en plaindre. Ce qui est bon à prendre…est bon.
[3] N’oublions quand même pas qu’en 2007 le français est la langue officielle du Québec, et que sa population est majoritairement francophone à plus de 85%.