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mercredi 16 juillet 2008

Le Québec dans le Canada. Bouchard Taylor (4)

Montréal 16 juillet 2008

Le Québec dans le Canada.

Avant propos.
Le principe de précaution s'applique à l'interprétation de tous les textes qui touchent la Commission Bouchard Taylor. Les analyses produites ici tiennent compte du contexte même de la Commission. Il faut distinguer dans ces analyses la part des jugements de valeur qui se greffent sur les préjugés, exprimés dans les mémoires présentés à la Commission, par les citoyens et les associations de citoyens.  
Certaines recommandations sont sociales, d'autres politiques, et beaucoup sont d'ordre psychologique. Cette Commission du fait qu'elle est hautement émotive, comporte des volets qui sont de nature à la discréditer, comme il y en a d'autres qui auront l'effet contraire. Il serait regrettable qu'elle soit oubliée trop rapidement. Quoiqu'il en soit de son avenir, soyez certains que son propos reviendra tôt ou tard sous les feux de l'actualité. Cette phrase à elle seule prophétisait le débat actuel sur la Charte des Valeurs ( note du 4 mars 2014).

Voir le rapport Bouchard-Taylor au site www.accommodements.qc.ca

Entreprendre la lecture critique d’un texte qui comporte plus de 300 pages, fait avec des moyens qui se chiffrent en millions de dollars, n’est pas une mince affaire. Si je disposais ne serait-ce que du dixième du budget de plus de 3 millions de dollars (d’autres disent 5 millions) dont les commissaires ont disposé, j’arriverais à l’analyser dans ses moindres détails. Comme ce n’est pas le cas, j’insisterai ici sur les limites de mes moyens pour me livrer à cette critique, en soulignant qu’avec des recherchistes et des correcteurs je pense que je pourrais moi aussi faire aussi bien, quant à la forme.

Le contenu du rapport
Pour ce qui est du contenu, l’argent ne rendant pas plus intelligent, j’arriverai à faire bonne figure. Contentons-nous donc ici de faire confiance à nos lumières personnelles, lors bien que ce rapport soit un projet aux prétentions pédagogiques parfaitement justifiées. Prétentions dont je veux m’inspirer ici.

C’est à titre de citoyen interpelé que j’ai voulu en faire la critique, certainement pas en me situant comme expert ''es accommodements''.
Si ces textes pouvaient être lus par les commissaires, probablement qu’ils n’auraient aucune réaction. Je ne peux pas savoir, maintenant que le rapport est sorti publiquement, dans quelle mesure MM. Bouchard et Taylor lisent les textes qu’ils ont suscités.

Ils répondront à quelques journalistes, quelques intellectuels renommés, mais certainement pas à de simples citoyens.
Ou alors il faudrait que ces citoyens-là fassent preuve d’une clairvoyance liée à une conjoncture de l’actualité tellement remarquable, qu’ils arriveraient à les émouvoir. En l’absence d’une telle éventualité je dois me contenter de parfaire ma réflexion, afin de peaufiner ma propre compréhension du monde que j’habite et qui me fait un peu plus chaque jour.

Et d’en faire profiter ceux que cela intéresse.
Si dans mes propos je me trompe ici et là, et que quelqu’un en réagissant à ceux-ci me fait voir les failles de mes raisonnements, je m’empresserai, une fois convaincu de mes errements, de redresser la barre de mon appréciation.
Il n’y a que les fous qui ne changent jamais d’idées.

La lecture que je fais du rapport est toute subjective, et comporte bien évidemment sa part de parti pris. Tout comme le rapport d’ailleurs lorsqu’il présume, en généralisant, du caractère des Québécois.

La très sotte polémique autour du crucifix de l’Assemblée Nationale, démontre d’une part la clairvoyance des commissaires dans la recommandation qu’ils ont fait de le déplacer dans un autre salon ou dans un corridor, à titre de morceau de patrimoine. Il faut déplorer la sottise collective de la totalité des élus, qui ont voté en insistant lourdement, sur la nécessité de laisser cette horreur défigurer pour longtemps encore la salle des délibérations de la nation.
Ce qui est embêtant dans cette résolution, c’est qu’ailleurs, dans certaines municipalités rétrogrades, on aura beau jeu de s’en inspirer pour perpétuer des rituels idiots qui indisposent la majorité. Geste dont s'inspireront nos adversaires pour nous ridiculiser sur la scène mondiale.

En déplaçant ce fichu emblème du catholicisme résiduel au Québec, on aurait envoyé un message clair aux autres adeptes de religions toutes aussi encombrantes. Celui de bien vouloir garder pour eux leurs préférences religieuses.
Mais non, par une sorte de réflexe de colonisé de l’intérieur, nos élus, tous plus pusillanimes les uns que les autres, se sont empressés de se porter à la défense d’un ancien symbole de notre aliénation collective, dont nous nous dépêtrons depuis maintenant 50 ans. Cela est d’autant plus choquant que la très grande majorité de ces élus n’est ni croyante et encore moins pratiquante.

Quand on pense que c’est Maurice Duplessis, qui avait mis là cet instrument de torture dans les années 30, on doit déplorer que les élus d’aujourd’hui en tiennent une telle couche de bêtise collective ! Misère !

Comme dans l’affaire Yves Michaud, ces braves gens ont réagi sans agir, et se sont empressés de faire montre de sottise plutôt que de jugement exemplaire.
À titre d’exemple de ce qu’est une véritable aliénation, je vais vous raconter ici à quel point le poids de la tradition malfaisante peut être lourd à porter pour un peuple. À quel point est ardue la tâche de se sortir des bourbiers culturels dans lesquels tous les peuples de la Terre pataugent depuis des siècles. Parce que bien évidemment si la culture véhicule ce qu’il y a de meilleur en nous, elle traine avec elle des archaïsmes embarrassants, dont il faut continuellement se désengluer, et les pieds et la tête.

La religion remplit un vide?
En dehors de la simple anecdote, j’ai entendu mille fois au moins depuis mon enfance, des gens me dire qu’en évacuant de nos vies la religion, nous nous étions retrouvés ensemble devant une sorte de vide angoissant, là où la religion catholique, aussi médiocre soit-elle, remplissait toutefois une fonction apaisante de l’âme. Les pauvres esprits qui me faisaient une telle remarque, regrettaient que cette spiritualité infantilisante ait ainsi été évacuée de leur cœur. Ils déploraient souvent en gémissant, d’avoir été ainsi abandonnés, seuls, face à leur détresse intérieure.

Ce à quoi je répondais qu’il n’y avait pas meilleure illustration de l’état d’aliénation dans lequel ils avaient été plongés depuis des siècles. Alors que maintenant à l’instar d’Averell Dalton, ils regrettaient le cher boulet qui leur servait de peluche lorsqu’ils s’endormaient.

Ces pauvres gens étaient et sont encore incapables de voir qu’en se libérant la psyché des niaiseries encombrantes des dictats religieux, loin de se retrouver devant un vide affreux, angoissant, ils étaient au contraire enfin face à un immense espace de liberté qu’ils pouvaient meubler de leurs plus fabuleuses rêveries, de leurs plus grandes aspirations. 
L’évacuation du religieux de leur vie n’ouvrait pas un abime sous leurs pieds, mais au contraire leur dégageait un immense espace d’envol favorable à tous les accomplissements. Au fond ce qui leur fait défaut c’est l’absence de cette imagination créatrice, qui est précisément le corolaire de l’esclavage intellectuel dans lequel ils ont été plongé dès leur naissance.
Ceux et celles qui voient la liberté comme une contrainte à subir plutôt qu’un défi à relever, doivent prendre rendez-vous avec le psychanalyste du coin. Leur problème n’en est pas un de vide spirituel, mais bel et bien de névrose sociale passagère.

Une maladie ça se soigne avec des bons soins.
Cela ne se soigne pas avec des patenôtres, des lectures de fables bibliques ou des visites à l’église (lieu où on gémit à genoux), mais avec de l’écoute bienveillante. Pour les cas les plus lourds on pourrait leur proposer un peu de chimie apaisante, en attendant qu’ils arrivent à se prendre en main.
Ils souffrent du syndrome du serf, qui une fois libéré de ses cruels maitres, se trouve tout bête avec une liberté dont il ne sait trop que faire.
Il s’empresse alors d’acquérir soit en les achetant (soit en se vendant mais de son plein gré alors), de nouvelles chaînes. Histoire de se fabriquer sur mesure un petit esclavage bien à lui qui l’empêche de penser (l’horreur), ou de réfléchir sur son destin.
Choses qui donnent mal à la tête comme on sait.

La Liberté s'acquiert avec le temps.
Depuis 50 ans que notre désaliénation collective se poursuit, nous avons parmi nos semblables des esprits parfaitement éclairés, qui ont tracé de nouvelles routes de liberté. C’est un travail de très longue haleine celui de libération de tout un peuple. Lequel doit d’abord prendre conscience de ses limites pour arriver ensuite à les dépasser ! Et qu’est-ce que le peuple sinon vous et moi ?
Regretter l’ancien ordre des choses parce qu’on est incapable d’envisager une nouvelle rhétorique de la liberté, et qu’on n’arrive pas à la conjuguer aux syntaxes créatives n’est absolument pas la chose à faire.

Certains des intervenants de la commission ont signalé avec pas mal de lucidité, qu’à partir du moment où nous avions choisi collectivement d’évacuer l’espace public de la religion catholique, ce n’était certainement pas pour laisser maintenant ce même espace être envahi, occupé, par d’autres religions tout aussi néfastes, et porteuses de misères sociales, de tabous antiques dont nous n’avons que faire.

Et de grâce fichez-moi la paix avec vos jugements sommaires qui veulent me faire passer pour ce que je ne suis pas, quand je dénonce les abus religieux. À croire et en entendre ces bons apôtres du respect absolu de tous les droits (à commencer par les plus funestes), les religions devraient toutes être défendues lorsqu’elles réclament à cor et à cris des accommodements. Alors que les agnostiques et les athées devraient se taire lorsque les furieux du divin vocifèrent sur la place publique.

Se tenir debout.  
Comment voulez-vous défendre et faire la promotion de la liberté de penser si vous vous taisez devant des sectateurs qui cherchent continuellement à vous intimider ?
N’est-ce que par pusillanimité viscérale, que vous vilipendez les incroyants, lorsqu’ils s’avisent eux aussi de réclamer, toujours modérément, le respect démocratique de l’espace public ?
Qu’avez-vous donc en tant que Québécois pour vous laisser constamment faire faire la leçon par ceux qui méprisent votre langue, vos droits et vos aspirations ?
Vous ne le savez donc pas que toutes les religions sont névrosées, intolérantes, menaçantes, intimidantes? Un peu de cran que diable! Notre liberté ne vaut-elle pas quelques risques, n'exige-t-elle pas un maximum de fermeté devant les chantages religieux ?
Poser cette question c’est y répondre !

Nos démagogues (ils sont nombreux) insistent depuis toujours pour nous faire passer pour des faibles à nos propres yeux. Ils font comme tous les démagogues. Ils vous lancent à la figure leurs seules limites à eux, et puisent dans leur psyché malade des craintes, des limitations, des doutes qui n’appartiennent qu’à eux, et vous font croire ensuite qu’ils parlent en votre nom.

D'abord se respecter.
Le Québécois du XXIe Siècle est un citoyen en perpétuelle mutation, ce qui rend impossible de pouvoir cerner son caractère en quelques clichés lapidaires. Il évolue à une telle vitesse qu’il est parfois pris de court devant ses propres réalisations intérieures. Il se doute à peine à quel point il est envié et admiré ailleurs sur Terre. Mais il y a de petits malins vicieux, qui savent jouer de nos hésitations, afin d’arriver à se tailler des places juteuses, et qui essaient de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Ne vous laissez pas faire et persistez dans la promotion de cette étrange liberté au goût si atypique qui partout se perd, et qui ici fleurit abondamment.
Ne laissons à personne d’autres que nous la responsabilité de notre liberté. Parmi les nouveaux arrivants des dernières décennies, l’écrasante majorité ne demande pas mieux que de participer à notre projet commun de liberté élargie.
Ils n’hésitent à nous suivre que lorsque nous hésitons à avancer.
Tenez-vous debout pour l’amour de l’humain et de ses enfants !
Vivement le Québec libre !

Pourquoi? 
Parce que tout au long du rapport Bouchard-Taylor, la question nationale au Québec, liée à l’élaboration de notre identité se pose à chaque page. On aura beau prétendre le contraire, la question de l’indépendance du Québec est la seule qui soit susceptible d’embrasser la somme de nos interrogations, et la seule en définitive capable d’élaborer le cadre général de tous les accommodements présents et à venir. Les succès depuis un demi-siècle d’une telle entreprise, ne se mesurent qu’avec la qualité des efforts que les Québécois mettent dans l’aménagement original de leur liberté élargie. Je leur fais confiance.

Le Québécois se font-ils confiance ?
Pour cela, il leur faut prendre leurs distances avec toutes ces voix qui clament depuis toujours que nous sommes des ci et des ça, sans qu’elles ne se soient jamais données la peine de chercher à nous connaître. 
Le concept des deux solitudes qui définit le Canada, ne vient pas du Québec.

Les voix qui veulent nous clouer au pilori de la disgrâce intolérante, sont les premières à affirmer bien haut qu’elles ne nous comprennent pas. Ce n’est pas étonnant, puisqu’elles ne nous connaissent pas, quoiqu’elles vivent avec nous en nous ignorant continuellement depuis toujours. 
Ces voix sont majoritairement au sein de cette frange canadienne anglaise qui fait de notre histoire commune une lutte à finir, et dont les arguments sont tous plus ou moins méprisants. Nous perdons notre salive, nous gâchons notre intelligence quand nous nous abaissons à leur donner la réplique, et nous y perdons notre temps. On ne discute pas avec la mauvaise foi.

Ce qui ne les empêche nullement de venir de temps en temps nous rabrouer, nous faire la leçon au nom de concepts malodorants peu rassembleurs, de dogmes de progrès aussi enthousiasmant que la désolation d’un lendemain de veille. Notre devoir est de quitter ces enceintes malpropres, et non pas celui de tenter d’y mettre de l’ordre, d’y faire du ménage.
Nous ne sommes pas les concierges du Canada.

Le Canada ne nous convient pas.
Il y a un autre inconvénient pour nous Québécois à rester dans ce Canada qui nous y désoblige constamment, et c’est précisément de devoir y exister avec une mentalité d’assiégé, constamment sur la défensive. Ce qui favorise le repli identitaire et donne des armes à nos adversaires, qui s’empressent alors de nous pointer du doigt, comme étant affligés de je ne sais quel complexe tribaliste, ou quoi que ce soit d’approchant, qui nous déconsidère, surtout à nos yeux.
Comme tous les peuples nous avons parmi les nôtres des individus plus faibles, plus inquiets que la majorité, et qui expriment parfois leur dépit. Lequel c’est bien connu, peut prendre pour cible des étrangers nouvellement arrivés, qui sont en quelque sorte pris à partie par les tendances antagonistes de notre politique, et qui n’ont pas ce qu’il faut pour choisir l’un ou l’autre camp.

C’est ainsi que l’on assiste parfois de manière épisodique, à des dérives absolument individualisées, totalement localisées, et qui nous font passer collectivement pour une bande de fous. Mais il est bien connu que ce qui fait la manchette ce n’est pas la vérité, mais l’actualité, le fait divers.

Un Québec indépendant sortirait de cet état malsain, et aurait la possibilité élargie de se mesurer culturellement avec les meilleurs éléments de la mouvance progressiste mondiale. Là où justement, on le voit depuis plus d’une génération, nous faisons notre plus grande marque quand on ne nous met pas de bâtons dans les roues.
Tant que nous resterons dans le Canada, nous serons en liberté surveillée. Le comble est que nous y sommes sous la gouverne d’une autorité qui cherche continuellement à nous assimiler, à nous intégrer dans une conception sociale qui nous indispose, et qui nous nie comme peuple. Ce n’est certainement pas avec des sparages et des simagrées déclaratoires, vides de pouvoir réel, que nous arriverons à nous épanouir collectivement.
Bien au contraire, notre identité, parfaitement capable de s’imposer sur la scène mondiale, ne pourra le faire que si nous sortons de ce carcan qui s’appelle le Canada, et que nous ne voulons surtout pas réformer. Mêlons-nous de nos oignons et tout le monde s’en portera mieux. 
Le Québec dans le Canada c'est le perpétuel repli sur soi. 
Le Québec indépendant c'est l'ouverture sur le Monde.

Pour ce qui est de la cohésion nationale au Canada on repassera, passez-moi l’expression. 
Le Canada est une foire de ghettos, un ensemble disparate de consciences qui se côtoient sans se connaître, dans lequel on trouve essentiellement des donneurs de leçons qui parlent à travers leur chapeau, et pour qui la politique est une affaire plus ou moins honteuse, une sorte de vice culturel, au mieux un mal nécessaire.

Avec une telle philosophie de la vie en société, il est impossible d’arriver à tisser finement la trame sociale qui fait les nations fortes et heureuses.

À vision du monde insignifiante, politique minable.
Le Canada est depuis toujours le lieu des apatrides mécontents d’eux, en rupture de ban avec leurs semblables. Ils sont légions dans ce grand territoire ceux qui ont fui des ailleurs maléfiques, et ont choisi d’y organiser tant bien que mal un espace public, où chacun se contente de voir à sa petite affaire en ignorant l’autre.
Le reproche totalement injustifié que l’on fait à certains Québécois, de vouloir vivre repliés sur eux-mêmes, est la marque même du Canada dans lequel nous sommes contraints d’exister, et qui encourage dans toutes ses communautés, les replis identitaires. Dans ce domaine le Québec est le meilleur intégrateur de tous ceux qui viennent ici chercher protection contre les abus du monde entier.

Le Canada table depuis des décennies sur ce communautarisme qui en fait est son talon d’Achille, et dont il se fait une gloriole. C’est le pays de la fausse sagesse qui ne parle pas, qui n’entend ni ne regarde, et qui juge sévèrement ce qu’elle ne comprend pas. C’est le monde merveilleux du refus généralisé d'être, qui n’a d’exemples à prendre qu’au pays de l’Oncle Sam.

Lorsque cette pathétique pseudo sagesse s’exprime, elle ne prend la parole que pour dénoncer ceux qui osent proposer des projets créateurs, des visions audacieuses et novatrices, des élans de générosité dont elle n’a que faire. Ses armes sont l’admonestation paternaliste, la réprimande hautaine et mesquine, les sempiternels rappels à une raison pécuniaire (qualifiée abusivement d'économique) qui puise ses arguments dans le refus de tous les changements.

Au moment où j’écris ces lignes, le gouvernement canadien est conservateur, et quoique minoritaire, puissant de la faiblesse de ses adversaires. L’opposition y navigue à l’estime sur l’océan des désarrois. L’économie vivote au milieu de ses pollutions, de ses bilans faméliques en avancement humain, aux pauvres comptabilités boursières et gestionnaires toutes plus frileuses les unes que les autres.
C’est le règne pitoyable et vantard de la bassesse contente d’elle-même, et qui s’assume comme telle.
Le plus navrant de cette triste saga est que cette ambiance ennuyeuse, ce climat culturel délétère, contamine aussi les gouvernements provinciaux. Celui du Québec comme les autres.
Pourtant sous la croûte des satisfactions béates, l’esprit créateur des Québécois tient sa place, et tout en rongeant son frein, patiente dans l’espoir des jours du renouveau, depuis si longtemps attendus.

Le rapport Bouchard-Taylor vient donc à point pour secouer les consciences engourdies, et malgré ses faiblesses évidentes, représente un honnête effort de compréhension des enjeux modernes qui nous interpellent.
Il faut continuer cet effort.
Le véritable progrès se mesure en termes humains d’abord, en création dans tous les domaines ensuite, en amélioration généralisée de la condition humaine, là où le bonheur des citoyens se calcule en espace de liberté bien plus qu’en bilans comptables. Ces derniers ne doivent refléter que ce qui précède.

Je dois déplorer ici, et même fustiger cette attitude attentiste chez trop d’indépendantistes mous, qui plutôt que de résolument faire l’indépendance de leur pays, espèrent convaincre leurs adversaires de la justesse de leur point de vue.
Au fond ces grands naïfs voudraient que ce soient leurs adversaires qui un jour, dans un élan de générosité impensable, finiraient par leur accorder ce qu’ils se refusent à eux-mêmes.
Ils peuvent toujours courir. Attitude de peureux qui se prennent pour des démocrates là où ils ne sont que des esprits inquiets, empêtrés dans leurs pauvres contradictions.
Pourquoi tant qu’à faire ne pas la quémander cette indépendance, la main droite tendue, la casquette dans l’autre, et le regard de chien battu pour dire :
‘’ L’indépendance s’il vous plaît, à vot' bon cœur mon bon Monsieur !’’

Tu parles d’une indépendance toé !

Pas d’avancement significatif au pays du Québec sans l’indépendance. 
Pas d’indépendance sans fierté !

Julien Maréchal