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mercredi 2 mai 2012

Printemps Québécois? Grèves Étudiantes? (VI)

Les choses se Corsent!

On devrait inventer un nouveau mot pour exprimer que les choses se complexifient dans le durcissement, quand on regarde la situation du Québec par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le Monde.

D’autant plus qu’en examinant…je devrais dire en scrutant…le courant social politique actuel, je ne lui trouve que peu d’affinités avec ce qui se passe ailleurs lorsque les citoyens descendent dans les rues pour manifester. 

Bien sur que ce sont tout de même des manifestations, mais on s’entend pour remarquer qu’entre le Printemps Arabe, donc ce qui s’est passé et se passe encore en Tunisie, en Libye, en Égypte, au Yémen, au Bahreïn, et en Syrie, et notre façon de faire ici au Québec, les comparaisons ne tiendraient pas longtemps, quant au ton et à la violence des affrontements.

Même qu’il y a quelques jours j’émettais l’avis que les policiers, au lieu de se présenter face aux étudiants, casqués et bardés de boucliers et de masques, seraient mieux avisés de se mêler à la foule, et ainsi d’accompagner les cortèges. Ce qui leur permettrait d’écarter les fauteurs de trouble. Et j’ai vu hier mardi soir, que c’était exactement ce qu’ils faisaient.  Du moins si je m’en tiens aux images télévisuelles.

Il y a eu cet affrontement avec la C.L.A.C. à cause de la Fête des travailleurs, …mais bon… pour le moment à part des arrestations il ne semble pas que notre ‘’Printemps Érable’’ doive se changer en bain de sang. C’est une bonne chose.

Mais attention, il y a de plus en plus de voix qui s’élèvent contre ces ‘’désordres’’ et il y a de plus en plus de bonnes âmes, chauffées par les médias…surtout ceux de la droite riche de ses privilèges…qui montent le ton, et voudraient que l’on aille reconduire ces étudiants pas mal dérangeants à grands coups de pieds au derrière, dans leurs classes.

D’ici à ce qu’on les charge avec des motos, des chevaux, des balles de plastique, des gaz lacrymogènes, qu’on les tabasse et qu’on les enfourne à grands coups de matraques dans les paniers à salade, ou vers les hôpitaux les plus proches, il n’y a qu’une décision ministérielle pour ce faire.

Espérons que M. Parent (le chef de la police de Montréal) saura de son coté modérer ses troupes, et refusera de se faire le complice de cette classe dirigeante, qui au fond ne dirige plus grand-chose.

On peut très bien penser que le Gouvernement, qui dénonce la violence inexistante à date des étudiants, ne se gênerait pas pour en blesser, et qui sait en estropier plusieurs de ces jeunes qui l’exaspèrent. 
Cette prétendue 'violence'' des étudiants (pas même verbale) et qui tient dans de confondants débats sémantiques serait donc aux yeux du Gouvernement quelque chose d’intolérable? Alors que de son coté ce même Gouvernement pourrait fort bien ordonner à ses troupes de sbires d’assommer, de maltraiter, de violenter physiquement des jeunes, garçons et filles ?

Ils n’osent pas encore, mais ce n’est pas la tentation qui leur manque. Et avec ces voix affolées et autoritaires qui exigent maintenant la fin de la récréation, le pire est possible.

À écouter ces voix de la raison (la leur) qui veulent que tout ce tapage s’arrête parce que ça nuit aux affaires (mon œil), j’ai comme le sentiment que si ça tourne mal, ce sera de par la volonté du Gouvernement actuel et de ses maîtres. 
Ensemble ils en rejetteront tous la faute sur des étudiants dont la moyenne d’âge ne dépasse pas 20 ans. Dont les manifestations jusqu’ici, si elles dérangent la circulation, ne sont pas violentes, mais pas du tout, chacun peut s’en rendre compte de visu.

Voilà maintenant que ce bon Lucien Bouchard fronce son gros sourcil, et exige en père tonitruant que l’on fasse cesser ce désordre. Et avec lui l’ineffable Joseph Facal, et tous ceux et celles qui viennent maintenant  prêter voix forte au Gouvernement. Pas mal pour d’ex-péquistes entre autres!

J’écoutais hier ces défenseurs de la Loi et l’Ordre, s’indigner que les étudiants au carré rouge bafouent les injonctions de retour aux cours, pour ces étudiants au carré vert qui les ont demandées. La police devrait intervenir et ouvrir le passage à ces étudiants qui ne contestent pas ! 
Oui Monsieur! Faites cesser ce scandale! 
N'importe quoi!
Bien que les étudiants qui ne veulent pas participer aux démonstrations contre le dégel des frais soient absolument dans leur droit, le problème de ces injonctions à laquelle personne n’obéit n’est pas une affaire de législation méprisée. 
Depuis le début de cette crise qu’on dénonce le recours au judiciaire pour juguler un conflit qui doit demeurer politique, la faute du discrédit qui s’attachera désormais aux ordres de la Cour, retombera forcément sur ceux qui en font un si mauvais usage.

Dans le monde judiciaire d’ailleurs il y a des voix de juristes, d’avocats et même de juges qui s’élèvent contre ces accrocs fait à la démocratie, dont celui du droit de manifester. Que les étudiants contestataires aient torts d’empêcher les autres de se rendre aux cours est une affaire qui se règlera éventuellement dans les associations étudiantes, et leurs congrès internes.

Les tribunaux n’ont rien à faire dans cette histoire, mis à part que de juger les voyous qui cassent du mobilier, et qui ne sont pas membres des associations étudiantes.

Faudrait-il donc au nom d’une certaine conception affolée du respect des lois à tous crins, transformer les rues de Montréal et d’ailleurs en champs de batailles rangées? Ajouter à la provocation, l’arrogance et l’incompétence pathétique de Mme Line Beauchamp, l’ignominie de voir les enfants du Québec maltraités dans nos rues, trainés ensanglantés par des brutes officielles vers les fourgons de déblaiement?

Ce qui se passe dans nos rues actuellement n’est pas une sotte saute d’humeur de jeunes dévoyés mais bel et bien l’expression, contestable sans doute, d’un mécon-tentement historique qui prend sa source et sa motivation dans le pourrissement des élites autoproclamées. 
Leurs épouvantables délits à ces voleurs, ces ‘’collusionneurs’’, ces trafiqueurs de la légalité, qui donc va s’en occuper?
Réponse? 
Les étudiants contestataires actuels.

Ils font un remarquable brassage de cage et il faudra bien les en féliciter un jour. Quant aux autres étudiants, majorité ou pas, qui veulent que tout cela s’arrête parce qu’ils vont perdre leur job d’été, on peut et on doit leur dire qu’étudier ce n’est pas seulement se préparer à faire exactement comme les générations qui les ont précédés.

Ils ont eux aussi des responsabilités civiques. S’ils ne veulent pas en prendre parce que c’est trop risqué, ils doivent bien s’attendre dès lors que les choses changeront, à ce qu’ils n’auront pas le choix, ni voix au chapitre. 
C’est un pensez-y bien mes enfants, toutes tendances confondues.

Julien Maréchal

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