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jeudi 24 mai 2012

Printemps Québécois? Grèves Étudiantes ? (XI)

Têtes dures !

Ça n’est pas nécessairement un défaut que d’avoir la tête dure. Il faut savoir tenir son bout, tenir son terrain, refuser l’intimidation, ne pas se laisser marcher sur les pieds. Puis lorsque les égos peuvent enfin admettre qu’à force de se faire front sans broncher, sans dévier de sa ligne directrice, ils ont comme on dit au Japon su sauver la face, il faut savoir se montrer raisonnable. 

Jusqu’ici le gouvernement de M. Jean Charest et ce depuis plus de 100 jours, se distingue par sa remarquable incapacité à faire preuve de souplesse. Il a accumulé les gaffes, les bévues, et la plupart des entrevues avec les ministres qui se sont présentés aux micros des médias et aux conférences de presse ont été navrantes, marquées du rictus et de la grimace de gens de toute évidence totalement dépassés par ce qui arrive aux Québécois en ce printemps 2012.

Tout le monde ou presque, disons ici les gens sensés et les observateurs conciliants et éclairés, ont remarqué à quel point les étudiants et plus particulièrement leurs porte-paroles se sont eux montré cohérents, articulés, solidaires, alors que leurs propos sont remplis de bon sens, et qu’ils s’expriment dans une langue très bien articulée qui en somme fait honneur au Québec.

Tout le contraire des ministres du Gouvernement qui ânonnent sempiternellement des clichés désolants au sujet de la ‘’Loi c’est la Loi’’ ‘’ le Gouvernement a été légitimement élu et ne se laissera pas dicter sa conduite par la rue’’ le ‘’désordre a assez duré’’, alors que lorsqu’ils s’expriment devant les caméras, ils sont tendus, à bout de nerfs, les visages crispés par cette sorte de fausse indignation vaguement courroucée qui s’expriment en phrases malhabiles construites avec des arguments d’une pauvreté exaspérante pour des gens qui sont tout de même comme ils le disent, le Gouvernement légitimement élu. Ce que par ailleurs personne ne conteste !

On leur demande justement d’exercer le pouvoir qu’ils détiennent, de comprendre en sains gestionnaires, le courroux et l’exaspération montante de plus en plus de Québécois, et au lieu de cela ils passent des lois illégitimes impossibles à appliquer, et appellent la Police pour régler par la force un problème politique qui doit et qui va (éventuellement) se régler par la négociation.

On évoque des sondages maladroits, improvisés on ne sait trop comment et par qui et pourquoi, au sujet des appuis des uns versus les autres, mais le problème reste entier. Chaque soir des manifestations qui de plus en plus tournent au vinaigre. Chacun attend le premier mort, les amendes données aux contestataires des rues sont absolument disproportionnées avec le fond du sujet. Personne ne redoute la loi spéciale 78, qui sera abrogée, ou qui prendra fin sans que personne ne paie ces stupides amendes. Et tout cela nous mène où ?

À plus de manifestations, plus d’émeutes anticipées, plus de citoyens emprisonnés, plus de Paix Sociale bafouée, un climat encore assez bon enfant mais qui selon certains analystes très inquiets, pourrait dégénérer et nous emmener…bon pas besoin d’en dire plus et d’augmenter l’inquiétude… le gouvernement fait tout pour cela.

Mais qu’est-ce qu’il cherche enfin ce Gouvernement qui ne gouverne pas? Veut-il vraiment provoquer une crise sociale d’une telle ampleur qu’il ne lui restera plus qu’à faire appel à l’armée? Après des mois de silence relatif voilà qu’enfin quelques députés fédéraux commencent à se manifester et s’interrogent sur ces droits collectifs et individuels mis en périls avec une loi carrément subversive. Il s’agit d’une contestation étudiante massive tout à fait exemplaire et remarquable de ténacité, qui pour être légitime peut elle aussi avoir comme dit l’Autre son coté sombre c’est possible, mais on s’accorde pour remarquer que ce Printemps Québécois tranche radicalement avec l’endormitoire politique des dernières décennies.

Toute une Jeunesse qui se réveille, qui clame haut et fort son souci d’être respectée. Qui s’annonce aux portes des lendemains avec une fierté qui ne se laissera pas écraser, et le Gouvernement fait quoi ?
Il appelle la Police !!!
Il parle de négocier du bout des lèvres avec un argumentaire pénible, qui nous est présenté aux micros par des séniors (des ministres responsables) avec en arrière plan d’autres ministres silencieux qui hochent la tête selon des directives reçues, et nous offrent l’image consternante de bénis-oui-oui, qui font tapisserie, l’air empesé, grave, égaré. 

‘’La gravité sied bien aux sots’’ disait Sacha Guitry.

Que faire devant un tel étalage d’impuissance et de mauvaise foi, d’ignorance et d’entêtement ?

Exiger maintenant haut et fort, mais paisiblement dans le tintamarre général des casseroles indignées, que le gouvernement, incapable de gouverner démissionne, et que l’on aille en élections. 
Pour le reste, cela regarde le prochain gouvernement.

Quant à ce qui se passe actuellement dans nos rues je suis de ceux qui pensent qu’il y a quelque chose d’admirable mais d’encore vaguement étrange qui nous arrive, et qui ressemble à une sortie de coma.
Il était temps.

Nous devons une fière chandelle à notre Jeunesse.

Sortez M. Charest, sortez!
Partez! On vous attend probablement sur quelques Conseils d’Administration (dans le Grand Nord par exemple, je dis ça comme ça) qui voudront utiliser votre exemplaire sens gestionnaire.

Je leur souhaite bien du plaisir!

Julien Maréchal

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