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lundi 28 mai 2012

Printemps Québécois? Résistance Généralisée! (XII)


Printemps Québécois? Grèves étudiantes? (XII)

Lundi le 28 mai 2012

Tâchons de comprendre, parce qu’il le faut.

Le choc des générations

Sans tomber dans le sensationnalisme, nous constatons tous ici au Québec, quelles que soient nos affinités sociopolitiques, qu’il se passe en ce printemps de 2012 des choses remarquables. Nos rues sont pleines de contestataires, on y trouve des régiments policiers, quelques casseurs pas si terribles que cela au fond, et dont les méfaits demeurent, malgré l’atmosphère survoltée et plutôt festive qui règne, du domaine de l’anecdote.
Bien évidemment et malheureusement faut-il le souligner, les responsables gouvernementaux montent ces quelques dérives aux saccages peu significatifs en épingles, et s’en servent abondamment afin de discréditer un mouvement de contestation populaire qui a tout d’un grand réveil générationnel.

Certes la hausse des frais universitaires sert de prétexte de fond à toute cette agitation, et les montants en jeu semblent peu significatifs, dans la mesure où on a souvent déjà vu des masses de contestataires descendre dans nos rues pour des raisons pécuniaires beaucoup plus importantes.

Il se trouve que tous les observateurs éclairés constatent (le moyen de faire autrement) que nous vivons maintenant une aventure collective comme nous n’en avons pas vue depuis fort longtemps. La ressemblance évidente avec l’époque de la Révolution Tranquille vient tout naturellement à l’esprit. Sauf que l’agitation actuelle est sans commune mesure avec celle des années soixante, où la violence, ‘’la vraie violence’’ avec force blessés, morts et emprisonnements autour de procès médiatisés à l’extrême, était beaucoup plus retentissante. D’ailleurs les échos de cette période agitée nous parviennent encore et servent d’étalon de mesure à la contestation actuelle.

On le voit, il y a dans la durée surtout de l’effervescence populaire actuelle la manifestation collective d’un ras-le-bol généralisé qui gagne toutes les couches de la population. Jusqu’ici le gouvernement Libéral de M. Charest n'a pu obtenir que les appuis de la classe économique, soucieuse de ses intérêts financiers et affairistes. Quant à l'appui de la population dite majorité silencieuse, comme elle se tait cette majorité silencieuse on peut bien en dire ce que l'on veut. Même les sondages n'en disent pas tant. Quant aux appuis réels des étudiants, ils dépassent maintenant le million de citoyens représentés par leurs associations qui contestent la loi 78.

De plus en plus dans les milieux conservateurs on s’interroge sur la pertinence de mettre ainsi en péril le climat social actuel, dont on dit qu’il est néfaste à court et à moyen terme pour les affaires.  Il y a fort à parier que d’ici peu les alliés de M. Charest vont le lâcher lui et ses ministres impuissants, et parce que ce sont des responsables qui n’arrivent pas à s’imposer, on leur montrera la porte comme on doit le faire avec des gestionnaires de toute évidence incompétents.

On craint vaguement, sans rien pouvoir prouver de sérieux, dans ces déclarations  plus ou moins catastrophiques sur ce qui se passe à Montréal depuis 4 mois, que cela va faire fuir les touristes, va ternir l’image internationale de la première ville du Québec, et que cette ‘’crise’’ devrait prendre fin le plus tôt possible afin que tout redevienne comme avant. Avant quoi ? Mais avant cette période de contestation étudiante dont le choc qui forme des cercles concentriques dans la société comme sur l’eau d’un grand plan, s’étend maintenant partout et se signale à l’attention de nombreux observateurs dans le Monde.

Contrairement à ces gens d’affaires plutôt inquiets et pusillanimes, il se trouve que Montréal ne souffrira probablement pas de  cette publicité qui lui est faite actuellement. Les chambres de commerces qui agitent le spectre du recul économique seraient bien mieux avisées de profiter de l’état des choses actuel afin de refaire leurs devoirs, de prendre de nouvelles initiatives plus responsables, enfin de se servir de ce climat festif  pour  faire savoir partout où cela est rentable de le faire, que Montréal est une ville allumée où les citoyens sont éveillés. Bref que ce qui se passe ici n’a rien d’une révolution menaçante, bien au contraire. 

On se prépare en somme à un changement de garde qui s’annonçait depuis plus de 5 ans déjà. Les fauteurs de troubles ne sont pas ceux qu’on montre du doigt. Regardez qui dénonce et vous verrez qui est nuisible.

Comme les vieux résistent devant la Jeunesse qui s’affirme, il va de soi que cet affrontement qui n’a pas sa raison d’être, ne se fait pas sans tapage. Il est assez navrant de devoir constater que les plus vieux (parmi la classe dirigeante) sont précisément ceux qui fustigent la Jeunesse, qui la dénoncent, alors qu’ils devraient au contraire l’entourer de toute la sollicitude requise.

De toute évidence les dirigeants ne sont pas à la hauteur de leur époque. Ils manquent le train et ma foi tant pis pour eux, ils resteront sur le quai alors que déjà le peuple des citoyens est en route pour un ailleurs meilleur dont ils seront exclus. Leur temps est fait.
Ces étudiants, ces étudiantes et ces citoyens qui sont chaque soir dans les rues à faire du tintamarre, à s’objecter pacifiquement contre la riposte autoritaire et menaçante (loi 78) de chefs dépassés par des événements qu’ils ont largement contribué à créer, ne font que réclamer du respect, à exiger que l’on tienne compte de la dignité humaine qu’ils représentent, et qu’en définitive chacun constate qu’il faut du changement, et que ce changement doit se produire maintenant. Les choses sont en train de changer, et nous ne retournerons pas en arrière où certaines forces obscurantistes voudraient nous ramener.

Depuis une bonne décennie la coupe est pleine, et déborde des frasques criminelles de ces cupides affairistes véreux qui puisent à pleine pelle dans les coffres de l’État, alors que comble de cynisme, au lieu de faire le ménage qui s’impose dans les gaspillages de l’argent public, on vient exiger des étudiants qu’ils contribuent ‘’ pour leur juste part’’ à ce gaspillage éhonté, scandaleux, obscène, qui coûte abominablement cher comme tous les gaspillages, mais qui au fond ferait partie du jeu politico-économique. 
Plus écarté que cela tu meurs !

Il y a dans ce discours du partage des iniquités et de la participation de toute la génération montante au dilapidage des ressources collectives, un surcroit de cynisme et de méchanceté administrative qui épouvante l’oreille et confond la raison. 
Et c’est à coup de lois matraques qui troublent l’ordre public, d’emprisonnements collectifs et de violations constitutionnelles que les pouvoirs en place prétendent ramener l’ordre et la paix ? Ce faisant ils se sont totalement discrédités alors que le temps est venu des comptes à rendre. Et ils le savent.

Que faut-il faire s’exclame-t-on partout où on ne comprend rien qui vaille ? 
Écouter la rumeur de la rue, lire avec attention les conseils de prudence et les appels à la modération qui sont légion, et montrer la porte au gouvernement actuel. 

Ensuite on verra. Le Gouvernement de M. Charest est en ce moment la pierre d’achoppement de toute sortie honorable au conflit étudiant. Que ces messieurs (Charest, Moreau, Lessard, Bachand, Fournier et al…) s’en aillent et tout ira bien mieux. Bien évidemment il convient aussi que les femmes qui travaillent dans ce gouvernement d’incapables, aient elles aussi la décence de tirer leur révérence. Elles ne font pas mieux que ces bonzes qui radotent les antiennes éculées de la Loi et de l’Ordre, et qui foutent la pagaille partout. 

On vous a assez vu ! Vous n’avez rien à dire ! Sortez !

Julien Maréchal

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