Translate

samedi 28 avril 2012

Printemps Québécois? Grèves Étudiantes? (IV)


Printemps Québécois? Grèves étudiantes? (IV)

Comme le problème persiste, il faut donc y revenir. Ce n’est pas tous les printemps que nous avons ainsi collectivement une telle occasion de nous parler, et d’accord ou pas, ce qui est sain c’est justement de se parler. 

Les médias dérapent

Dans l’ensemble leur opinion semble de plus en plus défavorable à la cause des étudiants, alors qu'aux débuts on faisait seulement preuve d'étonnement devant leur résolution, leur détermination qu'on a même saluée. Bien sur qu’ici et là on déplore le cynisme attentiste du Gouvernement de M. Charest, alors que celui-ci jouant la vierge offensée, vient clamer la main sur le cœur qu’il n’a pas d’agenda caché en matière d’élections. Ben voyons!
Il va jusqu’à dire que Mme Marois est ignoble (c’est là son choix de vocabulaire, avec grotesque et Cie) lorsqu’elle avance que le Premier Ministre laisse pourrir une situation qu’il a créé, et qu’il pense pouvoir utiliser à son avantage électoralement. M. Charest est un politicien habile personne n’en doute, mais il ne pouvait pas prévoir au début de la révolte étudiante jusqu’où elle irait. 
Qu’il tente maintenant d’en récupérer des effets pour tenter de se faire réélire ne surprendra personne. D’autant plus que des élections il y en à de prévues par la Loi d’ici un an au maximum. Comme d’autres l’ont souligné avant moi, je doute que M. Charest attende l’automne prochain pour les faire ces élections sur fond de Commission Charbonneau qui va forcément avoir de terribles révélations à faire sur sa gouverne et celle de son parti le P.L.Q. à moins qu’il n’arrive à la museler cette commission, pour le moins discrète depuis qu’elle existe.
Mme Marois peut être maladroite et elle aussi tenter de se faire du capital politique sur ce qui se passe, elle n’est pas ignoble ni grotesque, et ce choix malencontreux de mots de la part de M. Charest traduit bien son désarroi et ses calculs.
Les citoyens que nous sommes, ne sont pas tous dupes des sparages des politiciens, et nous pouvons  (pas toujours massivement il est vrai) faire la différence entre le vrai et le faux.
Les matamores de La Presse et les gérants d’estrades du Journal de Montréal devraient se garder une grosse gêne lorsqu’ils s’expriment en leurs pages, et pourfendent maintenant les actions des associations étudiantes. La Presse appartient au conglomérat Power Corporation de la famille Desmarais, et un de ses gestionnaires le plus notoire est précisément celui qui a fait perdre ''40 milliards de dollars'' à la Caisse de Dépôts et Placement du Québec, le ci-devant Henri Paul Rousseau.

Je me suis toujours demandé comment il se faisait en effet que Power Corporation ait engagé au prix fort ce gestionnaire notoirement incompétent, alors que les affaires étant les affaires on se surprend avec raison d’un tel choix ?
Il y a là matière à réflexion. Une enquête publique sur l’affaire de la Caisse de Dépôts et Placement du Québec à l’époque de la gestion d’Henri Paul Rousseau serait fort instructive, du moment qu’on mettrait le nez dans les affaires des participants à son portefeuille. Et plus précisément Power Corporation et ses filiales.
Alors les rodomontades des journalistes de La Presse  et du Soleil contre les étudiants, on en prend un peu et on en laisse beaucoup. Même chose pour le Journal de Montréal dont les affronts à la liberté de presse au nom d’une quelconque rentabilité, ont défrayé les chroniques pendant des années, lors du dernier lockout envers ses journalistes, sans parler des choses pas claires qui se sont passées à Québec autour du fameux Aréna de MM. Labeaume et P.K. Péladeau président de Québécor. Ceux qui écrivent actuellement dans ces feuilles devraient modérer leurs propos agacés devant les revendications des étudiants. Il n’y a pas si longtemps que ce sont eux ou leurs confrères en lockout qui demandaient aux citoyens de les soutenir dans leur ‘’grève’’. Et leur grève avec le lockout a duré bien plus longtemps que la révolte étudiante actuelle.
Je remarque aussi à quel point les médias insistent de plus en plus pour tenter de nous faire croire, nous les citoyens, que la majorité de nos semblables est d’accord avec l’augmentation des frais universitaires. Je suppose qu’à force de répéter ces approximations qui ne reposent sur rien de concret, qu’ils espèrent… mais quoi au juste? Ou bien ils ont des instructions pour affirmer ces choses douteuses ?
Autour de moi, alors que je me promène dans la ville et parle aux passants, l’écrasante majorité appuie les étudiants alors que les médias disent le contraire. 
Que se passe-t-il donc? Conflit de génération ? 
Ce sont ces mêmes médias qui il n’y a pas si longtemps dénonçaient la crise de la ''Dette'' afin de préserver l’avenir de la Jeunesse. Mais elle est précisément dans la rue cette Jeunesse, et elle ne veut pas se faire refiler des dettes générationnelles  Branchez-vous Mes. Dames les donneurs et donneuses de leçons !
Je trouve que les étudiants ( je parle bien sur ici de ceux et celles qui sont engagés dans le débat et mènent la contestation) font preuve de beaucoup de cohérence face aux manipulations ignobles (ici c’est le mot juste) de politiciens et de commentateurs qui cassent du sucre sur le dos de la C.L.A.S.S.E. et pourfendent son porte parole, Gabriel Nadeau Dubois. 

Un jeune de 20 ans qui semble bien seul contre cette horde hurlante de bien-nantis. Heureusement qu’il a aussi le soutien des siens et celui d’une frange non négligeable des citoyens qui sont tout aussi exaspérés que les étudiants devant les magouilles effarantes de tous ces entrepreneurs et gestionnaires incompétents (dont ceux qui administrent si mal les universités) qui nous volent depuis des lustres.

Il faut toutefois ici féliciter ces autres commentateurs et analystes qui prennent fait et cause pour la Jeunesse actuelle, nonobstant les dérapages, dont le pire est celui de cette  ‘’violence gouvernementale inouïe’’ qui méprise depuis 74 jours sa Jeunesse descendue dans la rue pour se faire entendre.
Tout se paye et M. Charest pourrait en avoir la preuve bientôt. Je propose à tous les étudiants actuels de se préparer aux prochaines élections, alors que généralement les jeunes ne votent pas massivement. 

Que le mot d’ordre pour les  étudiants et avec eux la Jeunesse toute entière au prochain appel aux urnes, en soit un de participation massive. 
Si vous ne le faite pas toutes vos actions n’auront pas servie à grand-chose. Il en va ici de la cohérence de votre démarche jusqu'ici exemplaire, et de votre sens politique. Votre heure est venue. Il était temps.
S’il fallait que M. Charest et le Parti Libéral soient réélus pour 4 ans, la preuve serait faite de l’immaturité politique, sociale et collective des Québécois.
Ils viendront ensuite se plaindre et on leur haussera les épaules de pitié et de dégoût.
Printemps Québécois ? Réveil de conscience ou balloune de mauvaise humeur passagère ?
Tenez bon !
Julien Maréchal

Et qu'on la fasse cette indépendance du Québec.

jeudi 26 avril 2012

Grèves Étudiantes: Printemps Québécois. (III)


Grèves Étudiantes, Printemps Québécois. (III)
Jeudi le 26 avril 2012
C’était écrit, les négociations entamées par la Ministre de l’Éducation Line Beauchamp et les représentants des trois organisations syndicales la F.E.U.Q., la F.E.C.Q. et la C.L.A.S.S.E. ont capoté, et ce au bout de 40 heures de palabres sur 48 heures de trêve exigée par la Ministre.

Sans surprise, étant donné la mauvaise foi absolue de la partie gouvernementale, les observateurs qui regardent ce gâchis, n’ont pas manqué de souligner avec force à quel point le Gouvernement du Québec, et plus particulièrement M. Jean Charest et Mme Line Beauchamp, sont complètement dépassés par l’ampleur de cette crise qui n’est en somme que l’expression d’un malaise (le mot est faible) d’un état des choses beaucoup plus grave que la simple augmentation des frais universitaires.

Je remarque surtout à quel point les juges autoproclamés de cette dérive sociale sont affolés devant son ampleur et devant ses conséquences appréhendées. Il ne se passe pas un jour sans qu’une foule de chroniqueurs, que ce soit au Journal de Montréal, à La Presse, à Radio Canada, à TVA et ailleurs - parce que je ne peux pas tous les nommer ici- paniquent totalement devant la solidité de la solidarité étudiante. On voit des intervenants insister auprès du représentant de la C.L.A.S.S.E. presque pour le supplier, avec des larmes aux yeux et surtout les traits tirés par l’exaspération, de dénoncer, de condamner et il le fait, mais en termes choisis. Le représentant de la C.L.A.S.S.E., a dénoncé en termes non équivoques et ce à maintes reprises (probablement plus de 100 fois depuis qu’on le lui demande) les dérives violentes et les saccages. Sans toutefois condamner l’expression exaspérée de manifestants plus trublions que d’autres, qui s’en prennent au mobilier urbain et privé. Dénoncer, condamner, petit débat sémantique, ‘’pas rapport’’ avec le problème actuel.

Les citoyens qui observent ce qui se passe dans les rues, et avec eux les policiers, les étudiants qui défilent, voient bien que les dégâts causés par les casseurs ne sont pas le fait des manifestants dans leur ensemble. Qu’il y ait parfois des débordements ici et là, des gestes malheureux d’exaspération, cela se conçoit, s’explique par le climat de confrontation qui est sciemment entretenu par le Gouvernement du Québec, sur lequel retombe la totale responsabilité de ces désordres.

Remarquons toutefois que lorsqu’il y a des émeutes 100 fois plus ravageuses que les manifestations qui se passent actuellement (et qui sont le fait d’une Coupe Stanley ratée ou acquise) les médias n’en font pas un tel plat. La poussière du désordre retombe rapidement. À les entendre aujourd’hui alors qu’ils se tordent les bras de désespoir devant quelques vitrines fracassées ou quelques voitures bosselées, on croirait que la nation est au bord du gouffre et qu’il faut sévir de toute urgence. Au fond ces commentateurs affolés se doutent bien que leurs jours de gloire satisfaite sont comptés, et c’est ça qui les terrifie. Ils n’ont certainement pas la conscience aussi tranquille que les étudiants.

Dans le cas actuel ces manifestations sont socioculturelles. Ce qui veut dire qu’elles sont l’expression d’une prise de la parole engagée et responsable (alors que les émeutes sportives sont uniquement de la frustration de supporters éméchés) et cette prise de parole citoyenne dure depuis des mois maintenant. Tout compte fait, les quelques dégâts constatés à date sont minimes comparés à d’autres, en d’autres temps, surtout si on tient compte que cette Grève Étudiante dure depuis plus de 70 jours, ce qui est absolument remarquable. A-t-on déjà oublié que l’an dernier à pareille date, c’est le mouvement des Indignés qui occupait le centre-ville et que des  manifestations il y en avait beaucoup?

Ce qui se passe actuellement dans nos rues est l’expression légitime et très saine d’une révolte citoyenne qui est portée à bout de bras par la Jeunesse du pays. Et il importe peu que cette Jeunesse ne soit pas présente à 50 ou 100%. Le Gouvernement de M. Charest a moins de pourcentage de représentation des électeurs, que les étudiants n’en ont des leurs pour justifier leur action. Déjà que plus de 200,000 jeunes descendent dans les rues pour protester contre des gouvernants totalement discrédités par leurs actions, leurs magouilles, leurs abominables prévarications qui durent depuis des décennies, a quelque chose de profondément significatif. Et j’ajoute de rafraichissant.

Il semblerait que pour le moment il n’y a que le Québec Solidaire qui veuille bien être avec la Jeunesse dans les rues, même s’il faut absolument reconnaître qu’au-delà des pleutres qui dénoncent les étudiants et veulent encourager la Police à les matraquer, il y a aussi des voix plus lucides qui s’indignent de la faiblesse du Gouvernement, de son entêtement, de son incapacité à écouter, à comprendre, bref à gouverner. 

Ne voit-on pas tous les jours cette pauvre Mme Line Beauchamp nous offrir le spectacle désolant d’une Ministre accablée, et qui tente de faire comprendre au bon peuple qu’elle a été blessé par certains propos, dits ou pas dits, alors qu’elle s’enfarge dans une rhétorique infantile où seul son égo est en cause?

Ce n’est pas le rôle de la C.L.A.S.S.E. de s’ériger en juge de ce qui se passe d’illégal lors de manifestations légales et légitimes. Ça c’est l’affaire des tribunaux, pas des associations syndicales étudiantes. Et la désobéissance civile en certaines circonstances n’est pas illégitime. C’est actuellement un devoir de protestation devant des abus flagrants.
Doit-on penser cyniquement ici que Mme Beauchamp et avec elle, le Premier Ministre Jean Charest, attendent le premier mort, et qui sait alors s’ils n'iraient pas jusqu'à  appeler l’Armée Canadienne ( après la Sureté du Québec) pour punir réprimer une révolte qu’ils auront largement contribué à créer ? 
Un Parti Libéral dépassé par les événements et qui appelle l’Armée Canadienne en renfort au Québec pour des motifs politiques, cela s’est déjà vu non ?

L’image télévisuelle est redoutable quand elle montre l’état de déroute faciale des commentateurs pro ‘’Loi et Ordre’’, alors que les visages des représentants syndicaux étudiants affichent la même sérénité, la même détermination, le même calme, et refusent de se laisser manipuler par toute une frange bien pensante qui veut leur faire porter le chapeau des désordres actuels.
Je pourrais les nommer ces commentateurs et chroniqueurs qui ont en leur temps profité largement du ‘’gel des frais universitaires’’ et qui maintenant installés dans des emplois juteux, crachent sur la génération actuelle en lui reprochant tout et son contraire. Les égoïstes en effet ne sont pas ceux qu’on pense et qu’on pointe du doigt.

Personne de sensé au Québec d’avril 2012 ne pense que 200,000 étudiants qui exigent d’être respectés ne sont que de la racaille, mais pour le moment je vais m’abstenir de nommer cette frange de nantis, confortable dans ses jugements si sévères contre les jeunes, qui s’émeut devant quelques vitres cassées, et qui voudrait qu’on assomme les jeunes dans les rues. Je me réserve ce devoir lorsque la situation s’envenimera, et elle va s’envenimer du train où vont les choses.

D’autres commentateurs expriment l’opinion qu’ainsi M. Charest pense que l’exaspération populaire va se retourner contre la Jeunesse, et que le parti Libéral du Québec en profitera pour se faufiler entre les sondages et s’arrachera un autre mandat au milieu  des désordres qu’il crée.
J'espère qu'ils se trompent. Il est impensable que les Québécois reportent au pouvoir encore une fois un parti politique discrédité dans les magouilles, les collusions, les détournements de fonds, les pertes épouvantables de la Caisse de Dépôts et Placements du Québec (plus de 40 milliards, soit 100 fois ce qu’on veut faire payer aux étudiants) en démolissant un acquis social dont toute cette classe d’arrivistes véreux actuellement au pouvoir, a largement profité. 

On a remarqué du bout des lèvres que pendant cette crise significative, M. Charest  se promène à l’étranger, s’occupe de son Plan Nord mal ficelé dénoncé dans les rues, et que notre bon Maire Gérald Tremblay, qui décidément n’en rate pas une, s’envole pour les Émirats Arabes.

Plus déconnecté que ça tu meurs! Tout cela en fin de compte est excellent. 
‘’Les Dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre.’’ 

La Fête Nationale cette année fera date. On gage?

Julien Maréchal.
Vive le Québec Libre!

Grêves Étudiantes: Printemps Québécois. (II)


Printemps Québécois, Grèves Étudiantes. (II)

Je voudrais commencer ici par rendre un hommage sincère à Mme Josée Legault dont les prises de positions éclairées depuis plus de 2 mois que la grève étudiante dure, tranchent avec l’amateurisme de tant de commentateurs ailleurs dans les médias, eux qui se contentent de réagir aux événements.

Pour l’essentiel, à lire les innombrables commentaires qui circulent abondamment à la fois sur les réseaux sociaux et les médias traditionnels, je constate que de toute évidence (et contrairement aux affirmations des représentants du Gouvernement) que la population appuie très majoritairement  la grogne étudiante. À moins bien entendu que les commentaires exprimés ne soient justement que ceux de la classe étudiante, sans jeux de mots. C’est improbable vue la diversité des opinions exprimées.

Je remarque aussi que la plupart des commentateurs (qu’ils nuancent leur position face au Gouvernement et sa façon de percevoir cette crise, de même que face aux positions des associations étudiantes) sont tous d’accord pour clamer bien fort que c’est au Gouvernement de régler cette crise. Que c’est le Gouvernement qui a créé cette situation malsaine, et que loin d’agir en tant  que responsables, les élus, à commencer par les ministres, se défilent, jettent de l’huile sur le feu, font preuve d’intransigeance, multiplient les appels provocateurs, bref que le Gouvernement ne gouverne pas.

Beaucoup déplorent avec raison cette dérive autoritaire et bornée qui s’enferme dans sa logique de pouvoir impuissant, de toute évidence dépassé par les événements. Je pense comme beaucoup de gens que la grève étudiante de ce Printemps 2012, loin d’être une manifestation d’enfants gâtés, en est une de prise de parole lucide. Cette  grande manifestation citoyenne de par son ampleur, ses diversités, témoigne éloquemment d’un profond malaise entre les différentes couches de la société. Ce qui se passe, c’est au rebours d’une simple crise passagère, un épouvantable abcès qui crève.

Ces manifestations ont de la solidité. Le débat autour du dégel des frais universitaires est un prétexte flagrant, utilisé des deux cotés, les pour et les contre.  Il représente une prise de la parole populaire, ma foi superbement éclairée, quant on lit l’ensemble des textes revendicateurs et leurs contreparties. Le débat est puissant, le choix des mots est remarquable, et au fond je me réjouis que ces sorties populaires soient si bien articulées dans leur ensemble. Quant au fond de cette crise, il s’articule autour de thématiques bien plus vastes que le simple rappel du respect d’un acquis qui nous est hautement favorable collectivement.

Le mouvement étudiant actuel dénonce les abus de toute sorte qui maculent nos quotidiens depuis des décennies. Il était temps !
Plan Nord mal ficelé, développement urbain livré aux appétits malsains d’entrepreneurs véreux, magouilles politiques sur fond d’électoralisme criminel.  Détournements de fonds publics, collusions de gangs de voleurs et de politicailleurs, paupérisation et je-m’en-foutisme arrogant, la liste est interminable des choses malsaines qui nous font vomir notre déjeuner au moment d’aller travailler au bien commun.

Pourquoi faire si c’est pour œuvrer continuellement à remplir les poches des crapules, à devoir subir chaque jour que le Soleil ramène, les discours effarants de mensonges, de toute cette clique affairiste qui nous vole au jour le jour?

En fait plus que nos dollars...ce qui est tout de même quelque chose...ce que nous nous faisons voler continuellement ce sont nos vies, nos quotidiens, nos espoirs, nos acquis. On se fait littéralement piller par des fripons accrédités par nos dirigeants, et qui se vautrent dans nos économies aux seules fins de satisfaire des dérivent malsaines d’accumulation de richesses qui ne profitent à personnes, et qui déshonorent la condition humaine. C'est comme la peste, tout le monde n'en est pas atteint, mais tout le monde en souffre.
Voilà des années qu'on nous rabat les oreilles et la cervelle au sujet de la médiocrité de notre éducation, et voilà qu’enfin, et ce depuis plus de 20 ans qu’on attendait cela, toute une jeunesse, appuyée par la frange la plus éclairée des adultes la prend cette parole, et quelle parole!

Les propos sont sensés. Les slogans revendicateurs sont colorés, imaginatifs, remplis d’espoirs et de bon sens, bref c’est la psyché Québécoise trop longtemps engourdie par le ronron débilitant d’un consumérisme idiot, qui prend d’assaut la rue, les médias, secoue les consciences dans leurs premiers retranchements, et tente de réveiller tous ces confortables attardés des temps nouveaux, comme il y en a à chaque génération.

Cette prise de parole telle un bélier, s’enfonce à chaque jour qui passe plus profondément dans les consciences, et il en faudra des manifestations afin de les forcer dans leurs derniers retranchements. La grève étudiante de ce Printemps Québécois de 2012 est la meilleure affaire collective que nous ayons vécue depuis des lustres. Profitez-en pleinement!

Quant aux quelques vitres brisées et aux prétendues dérives violentes qui accompagnent ces sorties trop rares, ma foi elles sont peu impressionnantes face aux véritables saccages que nous avons constaté dans un passé assez récent, et qui étaient le fait de supporters imbibés de bière et abrutis de scores, qui démolissaient la ville au prétexte que l’on avait (ou pas) gagné un quelconque trophée. Entre les ‘’casseurs’’ qui tentent de discréditer le mouvement étudiant, et la gang de malades qui mettent les rues à feu et à sang lors de manifestations sportives, il n’y a aucune commune mesure.

On peut aussi s’interroger sur les actions de la Police qui se range du coté des pouvoirs sans nuancer ses interventions. À quand un directeur de Police courageux qui apostrophera son ministre, pour lui dire haut et fort que les étudiants qu’il exige de mater sont aussi les fils et les filles des citoyens qu’ils doivent protéger, et non pas matraquer ? 

Ce serait bien si les policiers au lieu de brutaliser les étudiants, descendaient eux aussi dans la rue, se mêlaient aux contestataires (note du 2 mai 2012: il semble que depuis 2 jours c'est cette façon de faire qu'ont maintenant adopté les policiers) et qu’ainsi par leur présence intégrée au mouvement de contestation empêcheraient les débordements, et se feraient un remarquable capital de sympathie. Ils en ont bien besoin. Qui sait…? Ils doivent bien avoir eux aussi ces policiers, des jeunes dans cette foule qu’on leur demande d’assommer?
Et si nous allions tout simplement en élections comme il se doit chez un peuple civilisé? Tous ces amoureux de l’ordre et la sécurité, tous ces thuriféraires de la démocratie, ne peuvent quand même pas être tous contre un exercice si exemplaire de liberté constituée non?
Soyez raisonnable M. Charest, déclenchez des élections, même s’il est presque certain que vous allez les perdre. Depuis le temps que vous êtes au pouvoir, vous accepterez avec résignation (et peut-être avec élégance?) de céder votre place après 9 années de pouvoir. On vous en sera gré. 

Ménagez-vous une sortie digne avant que la rue ne vous flanque à la porte.
Les choses seront plus claires lorsque le Québec sera indépendant.
C'est pour demain!
                                                                                            
Julien Maréchal