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jeudi 9 mai 2013

Le piéton, la bicyclette et l'auto!

Montréal le 11 juin 2013
Le vélo est une merveille
Depuis plusieurs décennies maintenant, et sans doute grâce en partie aux efforts de Michel Labrecque, qui a laissé sa marque à Vélo Québec, avant de réorganiser la STM, le vélo occupe une place de plus en plus grande à Montréal. Il faut souligner ici l'implantation du BIXI, qui en rendant très visible le parti pris de Montréal pour le vélo, a donné en quelque sorte aux usagers du vélo une légitimité qui fut dure à acquérir. 

Autres temps, autres mœurs
Dans le contexte Québécois, pour ne parler que de nous, il n'y a pas si longtemps la bicyclette était perçue comme une nuisance. Par les automobilistes bien sur. Aussi par une frange significative de la population qui en faisait peu de cas. La bicyclette, avant qu'elle ne devienne un incitatif à faire de l'exercice, un vecteur de santé, restait en somme l'apanage de gens peu fortunés, de pauvres pour dire les choses crument. C'était le moyen de transport des écoliers, et un jeu pour enfants surtout. En fait la bicyclette n'a acquis ses lettres de noblesse au fil des décennies, que dans le domaine du sport où elle a fait merveille. On considérait qu'en somme elle n'avait pas sa place dans la circulation automobile. C'est le prix de son usage, magnifiquement avantageux comparé  avec celui de l'auto, qui lui donne maintenant un attrait incomparable. C'était pareil dans le passé mais ce n'était pas à la mode.

En vérité, les détracteurs de la bicyclette, faisaient un constat juste tout en tirant sur la mauvaise cible. Certes la bicyclette se tire mal d'une confrontation avec une automobile, mais là n'est pas la question. La vraie question en matière de transport, de pollution, de coûts reliés aux accidents, de l'encombrement de l'espace public, déconsidère mille fois plus l'automobile que la bicyclette, le transport en commun, ou la déambulation à pied. Le cas du taxi est un cas à part. 

La répression n'est pas de la sécurité bien au contraire
Il faut constamment rappeler aux promoteurs de la sécurité répressive tout azimut, qu'une bicyclette n'est pas une automobile, et qu'elle ne saurait être considérée de par sa configuration même, comme un véhicule qui devrait être soumis aux mêmes règles que l'automobile.
 
Le monde à l'envers
Pas plus que le piéton ne saurait être visé par une réglementation répressive, qui ferait de lui comme c'est le cas actuellement, un obstacle à la circulation (automobile). Un piéton soumis au code de la route c'est un non sens. C'est le code de la route qui doit être au service du piéton d'abord, de la bicyclette ensuite, puis dans l'ordre, aux transports adaptés, en commun, et à la toute fin à l'automobile et au camion. La priorité absolue doit être accordée en premier lieu au piéton. Puis ensuite en ordre décroissant aux autres usagers de la route selon leur taille, et l'importance de la place qu'ils occupent, tout en tenant compte rigoureusement de leur vulnérabilité, et à contrario de leur dangerosité en cas de rencontre

Erreur de jugement
Chaque année de bonnes âmes nous reviennent avec l'antienne de l'insouciance des piétons, de la témérité des cyclistes, qui seraient les artisans de leurs malheurs, lorsque les statistiques des accidents de vélos ou de piétons augmentent.

Tout le monde sait qu'une automobile, munie d'un moteur de 100 chevaux (+), qui pousse une masse de ferraille de plus d'une tonne, polluante, encombrante, bruyante, dispendieuse, pour en fin de compte ne déplacer qu'un seul individu, est une aberration. Mais l'habitude étant prise depuis maintenant 100 ans, on ne voit plus le jour où les humains deviendront raisonnables  et s'organiseront collectivement pour utiliser les voitures sans pour autant polluer la planète, faire de la vie en ville un cauchemar de tous les instants, provoquer plus de 400 morts annuellement (au Québec) et des dizaines de milliers de blessés avec des centaines d'handicapés à vie.

Jamais les imprudences des piétons ou des cyclistes, dussent-elles provoquer des embouteillages de cyclistes ou des carambolages de citoyens empilés les uns sur les autres (l'image est plaisante non?), avec ici et là des accrochages même violents, ne pourront égaler en dégâts, en coûts, en tragédies, les horribles bilans de l'automobile. C'est carrément impensable, voir impossible. Je me demande si en Chine ou aux Indes par exemples, où il y a des centaines de millions de cyclistes, si le bilan des accidents est un tant soit peu comparable aux horribles hécatombes annuelles sur nos routes, du fait de ces hordes de cyclistes? 

J'en doute fort. Là comme ailleurs l'automobile est en cause dans les accidents de la route. Que ce soit entre autos, autos et piétons, ou autos et cyclistes. Les rencontres brutales entre piétons ou entre cyclistes et piétons sont exaspérantes, mais elles ne sèment ni la mort ni même de blessures graves. Sauf rare cas d'exception.
 
Quand l'éducation fout le camp, la répression s'installe
Il y a de manière récurrente des appels à la coercition afin de mettre au pas ces cyclistes  ''enragés'', véritables dangers publics qui zigzaguent dans le trafic, et ne respectent pas les feux rouges, au risque de semer le désarroi dans le troupeau si bien discipliné n'est-ce-pas, des automobilistes, qui eux, bien évidemment respectent tous le code de la route hein?

Mon œil oui!  Et allez donc, qu'on sorte la panoplie inopérante des amendes pour le non port du casque, les arrêts qui n'en sont pas aux intersections, le manque de courtoisie. Bref  que l'on surveille ces ''malades'' du deux roues. Par contre pour ce qui est des automobilistes que l'on écrase depuis 100 ans sous les amendes pour le non respect du code de la route, vous pensez si à part remplir les coffres de la ville de tous ces montants, si cela a fait en sorte que depuis une génération ou deux, les conducteurs soient aujourd'hui plus prudents, plus respectueux des piétons et des cyclistes, hé bien non! 

Ils ne se respectent même pas entre eux, s'apostrophent grossièrement à la plus petite rencontre contraignante, se faufilent en bafouant les règles les plus élémentaires de sécurité. Il n'y a pas plus sauvage qu'un automobiliste frustré, et ils le sont tous. Un piéton ou un cycliste saoul est un inconvénient pour lui-même. Un automobiliste imbibé d'alcool est un criminel.

Les automobilistes furieux se foutent des amendes, ils ont un budget pour ces amendes. Et ma foi tant qu'ils ne perdent pas leur permis, ils conduisent sans ne jamais respecter le code de la route. Ils conduisent d'ailleurs même s'ils perdent leur permis. On aura compris que je parle ici des fous du volant, et non pas de cette majorité tranquille qui se conduit raisonnablement bien au volant de leur voiture.


La foire aux nonos
Pourquoi cette incurie généralisée? Mais parce qu'il y a des millions d'automobilistes contre quelques centaines de surveillants, et que statistiquement l'avantage dans ce jeu des souris et du chat, entre les délinquants de la route et le réprimant, va aux premiers. C'est d'abord une question de manque de formation, de civisme, de sensibilisation à l'Autre, puis c'est une complexe affaire de statistiques. De plus maintenant avec le téléphone portable, tout le monde sait où, quand et comment, reconnaître les lieux où la police les attend. Et ils s'ajustent le temps d'une pose, en conséquence. 

Une fois l'alerte passée, le barrage policier contourné, ils repartent de plus belle. Personne, je dis bien personne, ne respecte les avertissements de ralentissement près des chantiers. Personne ne respecte la distance de sécurité en vertu des lois de la physique, lorsque toutes ces autos se suivent à 10 mètres les unes des autres, à des vitesses de 120kms heure. Au moindre pépin, c'est l'empilage, la catastrophe, la mort, et on s'en fout.

Pendant ce temps, la bicyclette, qui prend vingt fois moins de place qu'une auto, qui ne pollue absolument pas. Qui ne fait pas de bruit, qui coûte des pinottes à coté de l'auto, tout en abaissant les coûts sociaux de la Santé du fait des bienfaits qu'elle procure à ses adeptes, va son petit bonhomme de chemin, en interprétant certes le code de la route d'une manière assez fantaisiste, mais sans que cela n'ait vraiment de conséquence alarmante pour qui que ce soit. À moins d'une rencontre avec une automobile ou un quelconque véhicule motorisé.

Dans un tel cas c'est la rencontre du pot de terre avec le tracteur motorisé qui pèse une tonne. 

La bicyclette y perd toujours, et c'est sa faute bien sur. N'avait qu'à pas se trouver là! Le pauvre automobiliste lui n'est pas responsable et ma foi, ça parait, lorsque l'on regarde sous ses roues le cycliste ou le piéton écrasé, au prix d'une éraflure sur la carrosserie de l'auto ou d'une bosse. Tu parles d'un drame hein!

Comment faire pour que ça change?
Interdire le vélo?
Rendre illégale la marche à pied?
Et faire des voitures blindées comme des tanks?
C'est une idée.
J'y reviendrai dans un prochain article.
Julien Maréchal

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