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mardi 14 avril 2015

Le choix des mots: La liberté, l'Indépendance, la Souveraineté.


Montréal Québec le 13 avril 2015
Le choix des mots : La Liberté, l’Indépendance, la Souveraineté.

C’est M. Jacques Parizeau qui devrait être content. Lors de sa campagne pour l’indépendance au début des années 90, sa stratégie on s’en souvient, était que de l’indépendance il fallait en parler avant qu’elle n’arrive. D’en faire la promotion et la pédagogie, afin de remporter le prochain référendum. D’en parler avec abondance pendant la tenue de la campagne référendaire, ce qui bien évidemment allait de soi. Et aussi d’en parler après…de cette indépendance.
Cette approche se justifiait encore plus dans un climat électoral. Il faut en parler avant les élections, pendant les élections, puis après les élections. De manière à établir dans les esprits un climat hautement favorable au OUI. Depuis plusieurs années, que ce soit pour la vilipender ou la porter aux nues, l’indépendance défraie quotidiennement toutes les chroniques.
Finies donc les tergiversations autour du ‘’bon’’ gouvernement. Cette seule notion a quelque chose d’infantile, parce que bien évidemment dans des pays démocratiques, où la règle veut que ce soient les électeurs-citoyens qui décident du gouvernement, il ne saurait être question de voter pour ou contre un mauvais gouvernement. Chaque parti politique qui brigue le pouvoir affiche bien évidemment dans sa propagande, le souci de véhiculer qu’il sera forcément un bon, voir un excellent gouvernement. Le gouvernement Libéral actuel est brouillon, et c’est pas mal la cour du Roi Pétaud à l’Assemblée Nationale. Mais toute l’agitation qui s’y manifeste, si elle est de toute évidence très confuse, demeure légitime. À époque confuse, débats confus.
Au Québec que le parti au pouvoir soit indépendantiste, fédéraliste ou franchement autoritaire, il va de soi qu’il doit se présenter comme agissant dans l’intérêt de tous. Ou du moins dans l’intérêt de cette majorité qui forme le peuple.
L’approche de Lucien Bouchard succédant à Jacques Parizeau, était qu’il fallait tenir un référendum, uniquement si les conditions favorables à l’obtention d’un OUI étaient réunies. Autrement, après 3 défaites on enterrait l’idée d’indépendance pour au moins une génération. Ce risque-là est toujours présent.
Et puis à bien y penser y a-t-il une seule politique qui ne soit pas risquée ? Quant à avoir ce caractère définitif en cas de faillite, je ne pense pas qu'une telle approche soit sérieuse. On peut toujours se reprendre,et autant de fois qu'il est nécessaire. Faut avoir une sérieuse croute de vaincu sur la couenne, pour s'aplatir devant une, deux,ou trois défaites. On imagine le Canadien tiens, qui raccrocherait ses gants après trois match perdus, et qui irait bouder dans son coin en pleurnichant sur un destin qui lui fait de la petite pépeine ! Pauvre chou!
Celle de Bernard Landry était que ces conditions favorables, et ce climat propice à l’obtention d’un OUI, il ne fallait pas l’attendre, mais le créer de toutes pièces. D’où cette idée, souvent avancée mais jamais vraiment appliquée, de se servir des leviers de l’État (entendre ici l’argent) pour faire la promotion tout azimut de l’indépendance. On a crié à l’Hérésie ! Au Sacrilège ! Et certains péquistes qui ont jonglé avec cette notion marchaient sur des œufs.
Ce sont là des pratiques dignes du gouvernement colonialiste de sa Majesté ! Au P.Q. on ne mange pas de ce pain-là !
Ben oui…ben c’est ça qu’est ça !
Les fédéraux eux n’ont pas de ces scrupules. Pourquoi ? Ben c’est parce qu’eux ils sont à la tête d’un pays indépendant. Ils savent ce que ça veut dire être indépendant.

Or il se trouve qu’à part Jacques Parizeau qui a été cohérent avec lui-même, les autres, ses successeurs, n’ont pas fait ce qu’ils ont avancé. Et pourtant ils ont eu tout le pouvoir nécessaire à la mise en place de leurs politiques.
Certes dans une démocratie parlementaire il faut tenir compte de l’Opposition, des majorités, des sondages, des tendances, du contexte national, des fractures à l’intérieur du parti, et ainsi de suite. Il faut surtout avoir le courage de ses convictions, et faire œuvre de dynamisme et de créativité, si on veut un jour arriver à des résultats concrets. Il ne faut pas seulement de bonnes intentions et quelques bonnes idées, il faut aussi avoir de l’envergure ! Et ça c’est rarissime dans un pays de colonisés.

M. Couillard parle haut en dénonçant emphatiquement l’idée que les québécois soient encore et toujours des colonisés, ce qui serait selon lui, une vision dépassée. Il est lui-même un extraordinaire colonisé, et ne semble pas s’en rendre compte. Comment peut-on clamer à tous les horizons, que l’Indépendance d’un Peuple, d’un État, d’une Nation, d’un Pays, ou la Liberté des individus, puissent être des choses d’un autre âge, si on n’est pas soi-même foncièrement colonisé ?
Jamais personne de sensé n’admettra que l’idée de Liberté, celle d’Indépendance ou celle de Souveraineté puissent être de quelque manière que ce soit des idées dépassées ! L’actualité mondiale dans ses moindres recoins, hurle le contraire mille fois par jour ! Le pauvre homme ne se rend pas compte de l’énormité de ce qu’il dit, et c’est lui le chef de l’État. Ouf !
Ses prédécesseurs, de Robert Bourassa à Jean Charest, sont allés dire sur toutes les tribunes urbi et orbi, que le Québec avait les moyens d’assumer son destin. Pourtant ceux-là n’étaient pas indépendantistes dans leur quotidien. Ils n’étaient toutefois pas assez insensés pour ne pas voir que la notion d’Indépendance, même s’ils avaient le mandat de la combattre au Québec, fusse une notion dépassée. Ils tenaient tout de même dans cette fédération canadienne qui les dominait, à se garder une bonne marge de manœuvre. Et comme on dit, une petite gêne.
Je n’irai pas jusqu’à dire que leurs successeurs péquistes ont manqué de vision, ce qui est pourtant le cas, ni qu’ils ont manqué de courage, ce qui est également le cas, je m’en voudrais ici de généraliser. Ils ont surtout manqué de cette envergure. Le climat favorable à l’indépendance ils ne l’ont pas créé. Il se fait tout seul, du fait d’une conjoncture économique mondiale qui force les esprits. Or ils ont tous pratiqué l’attentisme.
Un peu de pédagogie ici, beaucoup de pragmatisme fédéral là, et attendons que l’idée d’indépendance fasse son chemin dans ces grosses cervelles frileuses, que sont celles de beaucoup trop de québécois, il faut bien le déplorer.

Le projet d’indépendance est donc toujours vivant, mais il est embourbé dans les compromis, les tractations, les petites ruses économico avantageuses, qui finalement, lorsqu’elles apportent un peu de bien-être en créant de l’emploi par exemple, sont illico mises au profit du fédéralisme. genre :
‘’Vous voyez-bien que ça marche le fédéralisme !’’… ‘’Pourquoi changer ?’’ Ben oui au fait, pourquoi ?
Quand on est frileux avec ses convictions, on rassemble autour de soi un électorat de frileux qui attendent des jours meilleurs, un messie, une conjoncture favorable, et on se pelotonne dans un petit confort mesquin fait de quotidiens résignés.
C’est là que nous en sommes.

Et pourtant… et pourtant… jamais les conditions favorables n’ont été si présentes. La dette qui sert à faire peur, et qui au fond n’est pas importante, a tout de même un effet de douche froide sur les cœurs pusillanimes. Il faut donc avant toute chose (c’est le discours libéral actuel) l’endiguer.
Sauf que le discours sur le déficit, la dette, ça commence à faire plus de 30 ans qu’on le remet à la une du jour. Son règlement ne se fera pas, malgré les éclats de voix, et les effets emphatiques larmoyants au sujet des lendemains sinistrés des enfants à venir. Nous sommes les enfants venus des 30 dernières années, et ma foi si les choses vont mal on en convient, ce n’est pas le bagne pour autant.

Chaque génération hérite des avantages, des progrès et des inconvénients légués par ses parents, et c’est comme ça depuis cent mille ans. Le discours sur la dette et le déficit est creux, et ceux qui le psalmodient sont vraisemblablement des cruchons !
Puis la confusion électorale qui divise tout-le-monde-et-son-père…et sa mère…et son frère, et sa sœur...dans des champs d’affrontements pseudo-idéologiques,
où chacun réclame à cor et à cris la mise en place de mesures qui doivent impérativement...redresser...la…situation…économique…écologique…environnementale…linguistique…démographique…féministe…énergétique…culturelle…éducationnelle…Santé…emploi... recyclage…paix dans le Monde…conservation de nos acquis…avancement des sciences…sauvegarde de notre mode de vie…dans la préservation du patrimoine…des forêts…des ressources de la mer…le tout dans un esprit de concertation qui n’existe absolument pas. Le plan d’ensemble existe pourtant, sauf qu’il est éparpillé dans les programmes de tous les partis politiques qui s’affrontent devant un électorat médusé, lequel ne sait plus à quels saints se vouer.

Chaque proposition est prioritaire, et c’est par celle-là qu’il faut commencer. Avant même de penser à toutes les autres. Le drame des élites actuelles, si on peut appeler ça des élites, est qu’elles ne savent pas penser globalement. Ce sont des spécialistes de très petite taille, formées aux dictats de normes déshumanisées, qui font dans la statistique compartimentée, et jamais dans une approche éclairée, visionnaire, large, ouverte sur un début de grandeur. S’ils avaient de très grandes idées, ils auraient la frousse qu’on les pointe du doigt, et qu’on les ridiculise comme étant suspects de dépassement. Dans la médiocrité ambiante normale, il est très mal vu de s’y sentir mal à l’aise.
‘’ Non les braves gens n’aiment pas que,
L’on suive une autre route qu’eux !’’ (bis) Brassens

On tire à hue et à dia dans ‘’sa’’ direction. On fait la promotion de ‘’sa’’ préférence et que les ’’autres’’ sachent bien qu’ils ont tous tort et que moi seul ai raison.
Voilà !
On ne fait pas un pays avec un programme. On fait un pays avec de la Fierté, de la Grandeur, parce qu’un pays c’est un rassemblement d’esprits disparates, qui ensemble forment quelque chose de plus grand que les individus que nous sommes tous.
Le Québec indépendant doit être le Québec de tous les québécois, et les nouveaux arrivants doivent absolument prendre fait et cause pour cette cause-là.
Je parle de toutes ces ethnies, ces immigrants qui se sont joint à nous depuis 50 ans (bon choix, on les en félicite ici) qui disent vouloir être des nôtres, et qui votent Canada, parce que l’immigration est une prérogative fédérale.
Certainement que pour le moment c’est toujours une prérogative fédérale, mais cela doit changer et cela changera avec un Québec indépendant. Vivre à contre courant au sein d’une majorité qui cherche son indépendance dans un ensemble qui la dévalorise, comme c’est le cas du Québec français dans un Canada anglais arrogant et méprisant, c’est ça être raciste.

C’est rhodésien, et si vous ne savez pas ce que c’est que d’être rhodésien, prenez le dictionnaire et instruisez-vous.
Nos immigrants ne sont certes pas tous racistes voyons donc… ce n’est pas le cas, mais il y en a ça c’est certain. Curieusement ce sont chez les grandes gueules qu’on en retrouve le plus. Et j’entends beaucoup trop de ces quelques grandes gueules malhonnêtes qui prétendent parler pour toutes les communautés immigrantes, insinuer que nous les québécois francophones le sommes. Et ça c’est drôlement insultant venant de gens qui jouissent chez nous au Québec d’une liberté qu’ils n’avaient pas dans leurs pays d’origine. Pays qu’ils ont fuit pour se réfugier sous le parapluie réconfortant de nos valeurs profondément ancrées, d’éternels résistants.
Les immigrants sont les otages ou les victimes d’une fausse perception qu’ils ont du Québec dans le Canada, et cela les dédouane en partie de leurs doutes. Mais cela ne les dispense pas de l’obligation dans laquelle ils sont de faire l’effort de comprendre ceux dont ils sont les hôtes. Et qui les reçoivent avec générosité et bienveillance.
Les droits des uns sont des choses importantes je n’en disconviens pas, mais le respect des autres c’est encore là que se trouve la fondation de tous les droits.

Julien Maréchal

1 commentaire:

Frédéric a dit...

Bon texte Clément,

Je suis un fervent adepte du projet positif. C'est pas avec un bâton pis une poche de carottes qu'on vas bâtir un pays.

http://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/la-presse/200810/28/01-33696-suzuki-un-rhodesien.php