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mardi 23 février 2016

La trêve en Syrie ?

Montréal le 23 février 2016
La trêve en Syrie.
Bien évidemment elle ne tiendra pas la route. Des trêves pendant les guerres et/ou les escarmouches violentes entre opposants, ne font pas l’arrêt des hostilités. Toutes les trêves sont toujours brisées, alors que les parties s’accusent mutuellement de ne pas les respecter.
Il y a cependant de l’espoir. Jusqu’ici et ce depuis plus de 5 ans, la guerre en Syrie a fait entre 250,000 et 500,000 morts…le désordre est tel qu’il est impossible de tout compter…et déplacé des millions de réfugiés, maintenant éparpillés partout sur la planète, surtout en Occident.
Je ne connais pas tous les engagements de la communauté internationale envers les syriens, mais je serais curieux de savoir combien de réfugiés la Russie…qui est l’alliée de Bachar Al Assad… a recueillie sur son territoire? Ne serait-ce qu’en attendant un éventuel retour à une non moins éventuelle et problématique normale dans ce pays en ruine ?
Cette trêve, qui ne sera pas respectée j’en suis certain, sera suivie d’autres. Parce que les pires guerres finissent par finir. On devrait se dire avant d’en commencer une, que ça ne vaut pas la peine, puisque de toute façon il faudra bien l’arrêter cette guerre.
Mais il y a dans la dimension guerrière des considérations qui n’ont rien à voir avec le bon sens et la logique. D’autant plus qu’il y a beaucoup d’humains qui adorent carrément s’entretuer, et en tuer d’autres même s’ils ne sont pas d’accord. La guerre permet sur une très grande échelle le meurtre, l’assouvissement des passions les plus funestes, lesquelles se déchainent comme une marmite qui explose sous trop de pression, après de longues périodes de retenues plus ou moins (certainement moins que plus) civilisatrices.
En Syrie, maintenant que le pire a été fait, et que la misère dans la violence est générale, on commence à se tanner de cet état des choses. On ne peut pas dire que cette guerre n’a rien donnée, au contraire. Elle a tout détruit, des millions d’êtres humains ont vu leurs existences saccagées, l’Ordre Mondial est perturbé à la limite du supportable, comme il se fait toujours en temps de guerre. Il y a du sang et des chairs éclaboussées partout sur les murs qui restent debout.
La population restante, haletante, qui végète dans cet enfer, n’a rien d’autre à attendre que d’être à son tour anéantie. Bref ici et là dans les chancelleries internationales on se dit qu’assez c’est assez, et qu’il faut mettre un terme à cette aventure sanglante. On s’est bien amusé, on s’est bien défoulé, on a fait beaucoup de dégâts, la place est prête pour de nouvelles aventures, de nouveaux investissements. Il se prépare ici et là une sorte de plan Marshal de reconstruction de la Syrie. Ce sera juteux !
Au fond il y aura maintenant dans le début de désengagement qui s’amorce, des voix plus raisonnables pour arguer que les occasions d’affaires seront excellentes, avec tout ce qu’il faudra rebâtir. Vous allez voir ce sera très chouette et beaucoup plus moderne !
Des villes entières sont à terre, il n’y a plus de services, plus d’éducation, plus d’infrastructures, plus rien qui vaille, et pas d’autre économie que celle de la haine. Il faut donc passer à autre chose.
Alors une trêve, suivie d’une deuxième, puis d’une troisième, et finalement une certaine accalmie va s’installer. Les canons vont se taire, les avions vont rentrer dans leurs hangars, la soldatesque va se reposer et laver ses vêtements tachés de sueur, de boue, de sang. Puis viendra le temps des règlements de comptes devant la communauté internationale, qui devra départager pendant 20 ou 30 ans les responsabilités, punir les méchants, enterrer les morts, rapatrier les exilés, et panser toutes ces plaies hideuses. L a Syrie reconstruite de demain aura beaucoup d’éclopés qui vont béquiller dans le paysage.
Toute cette violence aura servie à quelque chose. Les misérables qui en ont été les principaux protagonistes en retirent des fortunes colossales, certaines économies de vente d’armes raffinées par cette expérience exceptionnelle, vont pouvoir diriger leurs affaires vers d’autres foyers d’infections potentiels.
Comme il n’y a plus rien à saccager en Syrie, ils iront ailleurs. Il y a toujours de bonnes affaires à faire avec les guerres.
Avant pour les préparer, pendant pour les mener, et après pour reconstruire. Tout ça est finalement très sain n’est-ce pas ?
Oui mais les morts qu’est-ce qu’on fait des morts ? Ben on les enterre, on les comptabilise, on les pleure, on leur fait des monuments, puis on fait d’autres enfants pour les remplacer. La roue tourne !
Julien Maréchal