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lundi 18 février 2008

Québec Troisième Round (1)

JULIEN MARÉCHAL
Québec
18 février 2008

Troisième Round (1)

Voir la suite (2) au 1er avril 2008,
et (3) au 8 mai 2008,

L’Indépendance pour les 15/35
Pour les nuls…et les autres
Essai


Toute reproduction, en tout ou en partie, par quelque moyen que ce soit y compris l'Internet,

est strictement interdite sans la permission de l'auteur ou de son éditeur.

Tous droits réservés :
Julien Maréchal et l’éditeur A.M.C.H. RALLYE 2000, Québec Inc. (1998)
Dépôt Légal : date 2007 (3e trimestre)
Bibliothèque Nationale du Québec
ISBN 02-92231404-9
Les Éditions de l’ A.M.C.H. RALLYE 2000, Québec

La Liberté, l’Indépendance, la Souveraineté
d’une Nation, d’un Pays, d’un État et de ses
citoyens, ne sont pas des choses ennuyeuses.
Elles sont exaltantes et amusantes.

Chapitre Premier
Québec 101
C’est ben d’ valeur!
Un cinéaste de chez nous a qualifié le Québec ''de pays sans bon sens'' (voir le film de l’O.N.F. de Pierre Perrault en 1970) ce qui est d’une justesse profonde. Le Québec, province du Canada en plein XXIe Siècle, c’est une survivance d’un passé qui s’attarde. S’il y a un endroit dans le Monde qui possède tous les attributs d’un peuple, d’une nation, d’un pays moderne, c’est bien ici.
Le lecteur comprendra ici qu’une lecture critique du texte qui lui est ici proposé ne peut que favoriser une prise de conscience de sa part. Celui-ci trouvera dans ces pages de quoi le faire réfléchir.
Vous cherchez des slogans pour vous engager? Vous avez besoin de raccourcis simples pour comprendre les enjeux qui vous interpellent? Vous êtes de ceux qui veulent qu’on leur explique l’Univers en deux mots?
Vous ne trouverez pas dans ces pages de quoi satisfaire votre raison si simpliste. Mais de grâce, avant de vilipender un auteur qui s’efforce de communiquer avec ses semblables, demandez-vous si vous êtes capable d’en faire autant, et surtout, oui surtout…faites-le. Qui sait? Peut-être ferez-vous mieux ?
Je vais tout de suite être clair et affirmer que je suis pour l’Indépendance du Québec. Je suis pour toute émancipation, liberté ou souveraineté, partout où ces notions éminemment humaines au sens noble du terme peuvent éclore. Ceci est valable non seulement pour les peuples et les nations, mais plus encore pour les individus.
Encore mieux, je vous affirme ici qu’au point où nous en sommes nous les Québécois, cette indépendance n’est plus à revendiquer, encore moins à expliquer sauf à nous-mêmes. L’Indépendance du Québec est une affaire québécoise pas canadienne. Pourquoi? Parce que les Canadiens sont contre et que pour eux c’est comme ça et c’est tout. Il n’y a pas de mouvement canadien favorable connu, à notre indépendance. On trouve ici et là des individus qui en acceptent le principe, mais leurs voix ne comptent pas.
Comme si nous avions des comptes à rendre à qui que ce soit, des permissions à demander, à justifier notre position et quoi encore? En fait, le droit, et plus encore le besoin, la volonté du Québec et de ses citoyens d’accéder à l’indépendance (qu’on peut tout aussi bien appeler la souveraineté, la liberté) n’est plus à démontrer. C’est maintenant bien plus qu’un besoin, un droit, c’est devenu une nécessité.
D’autant plus que quand on a des droits, on ne les revendique pas, on les exerce. C’est ça la liberté.
Il reste à faire cette indépendance. Donc à convaincre une majorité de Québécois de voter démocratiquement pour cette option politique, sociale, et économique. Nous savons que c’est l’aspect culturel qui détermine le social, le politique et l’économique. Pourquoi? Parce que des notions sociales, politiques, et économiques, sont d’abord de la culture.
Il n’y a plus personne de bien élevé de nos jours, qui puisse contester la légitimité absolue de l’option indépendantiste au pays du Québec. On peut être pour ou contre, on ne peut pas s’y opposer sous prétexte que ça n’aurait pas de sens, que ce serait monstrueux, contre nature, je ne sais quoi. Les arguments pour ou contre ont pris depuis trente ans un caractère résolument économique, qui délimite les champs politiques et socioéconomiques.
On peut s’en affliger, le déplorer, être d'avis que l’autonomie d’une nation, est bien plus qu’une simple (d’autres diraient vulgaire) affaire de commerce ou de niveau de vie. Il y a dans cette considération des opinions variées qui doivent être coordonnées ensemble, si nous voulons arriver quelque part.
Ce quelque part-là, c’est l’Indépendance du Québec. En somme il y a d’innombrables raisons d’être pour, et l’une n’empêche pas l’autre. On peut se chamailler sur les conséquences d’une telle démarche, on ne peut pas s’y opposer simplement parce que le mot nous déplait, que ça ne fait pas notre affaire du point de vue sous et gros sous. L’argent n’est pas une grossièreté on va donc en parler. L’idée exaltante de Liberté qui doit précéder la démarche économique et qui la transcende, est incontournable.
Comprenons-nous bien ici, on peut certainement faire de la liberté avec des bilans d’argent, même si ce n’est pas tout. D’ailleurs la question économique ‘’financière’’, inséparable de celle d’indépendance, définit celle de souveraineté. Vous pouvez avoir toute la liberté possible, si vous n’avez pas les moyens d’en jouir, vous demeurez impuissant.
Cette liberté est dans l’histoire générale de tous les peuples devenus souverains depuis la chute de l’Empire Romain. Pour ne pas affoler ceux qui craindraient ici que je ne leur fasse une épouvantable leçon d’histoire, disons que pour l’essentiel je m’en tiendrai aux références historiques les plus convenues, lorsque j’aurai besoin d’appuyer tel ou tel dire. S’il le faut je puiserai selon mon bon plaisir partout dans l’histoire, mais je ne vais pas surcharger ma démonstration. Quoi qu’il en soit, je mets en annexe un choix de lectures pour quiconque voudra approfondir ses connaissances sur le sujet.
Ce qui nous intéresse avant tout c’est l’actualité, prise dans son acception d’époque. Un climat général qu’on puisse définir comme l’air du temps, ce qui s’en vient, ce qui se prépare, ce qui est souhaitable pour nous tous, dans un avenir immédiat.
J’ai donc conçu ce livre avec l’esprit de l’homme de la rue que je suis. C’est le propos de Monsieur et Madame Toulemonde. J’ai donc volontairement mis de coté les longues thèses élaborées dans un parti pris universitaire, qui indisposeraient le lecteur. Surtout celui qui n’a pas de formation universitaire et qui s’en passe fort bien.
Maintenant je voudrais ajouter ici que je suis parfaitement capable de vous pondre des centaines de pages sur la plupart des considérations qui sont énumérées dans ce livre. Si je ne le fais pas c’est bien parce que je pense que la plupart d’entre vous, êtes parfaitement capable d’en faire autant.
Si vous ne le faites pas c’est simplement parce que ce n’est pas nécessaire. Vous avez à l’intérieur de vous tout un ensemble de connaissances qui émergent parfois sous l’effet de l’actualité, et vous ne ressentez pas le besoin de vous expliquer constamment sur vos prises de positions. Il y a en effet en chacun de nous, une forme de détermination, de prise de conscience, qui échappe à l’analyse.
On ressent des choses, on a son quant à soi, ses opinions, et finalement on vote en fonction de ses valeurs. C’est ainsi que j’ai voulu que ce livre soit perçu. Nos hésitations, nos approximations et nos certitudes sont limitées, marquées d’un parti pris volontaire de ne pas tout dire, qui vient du fait que la plupart d’entre nous ne sommes pas des spécialistes. Cependant nous sommes des citoyens, et que l’on soit parfaitement ou moyennement ou pas vraiment au courant des enjeux sur lesquels nous sommes appelés à voter, nous avons le droit de voter, et nous votons en tant que citoyens. Pas en tant que spécialistes.
Regardons avec une saine appréhension l’horizon probable de la prochaine génération, soit une vingtaine ou une trentaine d’années. Prétendre faire de la prospective au-delà d’une telle limite m’apparait hautement acrobatique. Déjà vingt ou trente ans, c’est une fichue gageure.
Contrairement à ce que de bonnes âmes pourraient affirmer, nous ne voulons pas faire l’indépendance d’abord pour nos enfants, nous voulons la faire pour nous qui sommes vivants actuellement.
Personnellement, je ne crains pas d’affirmer ici sans crainte de me tromper qu’une fois mort, l’indépendance du Québec, du Vermont, ou de la République des derniers humains, vous pensez si je vais m’en ficher complètement. Étant vivant, j’ai des préoccupations de vivant et je m’adresse aux vivants.
Nos descendants recueilleront cet héritage et en feront ce qu’ils voudront. Cela étant dit, s’il y en a parmi vous qui voulez faire l’Indépendance du Québec d’abord et avant tout pour vos enfants, ce n’est pas moi qui vais vous le reprocher.
Je pense simplement que les problèmes actuels doivent être abordés avec un esprit actuel. Les biens pensants, soucieux de faire vibrer des cordes sensibles, utilisent très souvent les arguments larmoyants des enfants à venir et des générations futures, pour repousser en avant des prises de décisions qui s’imposent maintenant. Je suis comme vous tous, membre de cette génération d’anciens enfants à qui on avait promis un avenir brillant, meilleur. Constatation faite cinquante ans plus tard, les problèmes s’accumulent, ceux d’hier se sont aggravés au point de mettre la planète en danger, et on se fait proposer en guise de politique éclairée, de travailler maintenant au profit d’un avenir douteux. Mettons que ça va faire les platitudes.
Mais bon, hein! Je vous dis ce que j’en pense et vous faites comme vous voulez. Du moment que l’indépendance se fait, il y a place pour un vaste éventail de raisons et de moyens. Vive la diversité !
Ce livre s’adresse avant tout à ces hésitants, qui pensent que oui peut-être…non je ne sais pas…que faire ? C’est compliqué ! Pourquoi changer ?
Il interpelle ceux et celles qui ne demandent qu’à être convaincus. Qui sont plus ou moins à l’aise dans le confort convenu du statut quo, vêture gênante aux entournures dont ils ont appris à s’accommoder, et dans laquelle ils se sentent coincés tout de même.
L’Indépendance du Québec n’est pas une aventure risquée[1]. Elle s’inscrit dans la logique incontournable de ce qui est appelé à évoluer. Ici au Québec comme partout ailleurs.
Quant aux prétendus risques que nous prenons en optant pour cette indépendance, ils ne font pas le poids, face à ceux qui s’accumulent dans notre hangar de rêves et d’espoirs déçus. Avec une pareille approche, même les aventuriers, les impatients de tous les lendemains, y trouveront leur compte.
Cela dit, il faut et on doit faire la démonstration de sa valeur, puisqu’il reste des gens à convaincre. S’il faut expliquer, alors expliquons. S’il faut rassurer, alors rassurons. Je vous le répète ici, un pays du Québec ne se justifie pas. Il doit s’imposer comme allant de soi, comme étant dans la mouvance d’une normalité attendue qui n’a que trop tardé à se manifester. Tout le monde ainsi convaincu s’en portera mieux, et la transition vers cette liberté élargie en sera d’autant plus facilitée, et sera encore plus enthousiasmant.
Or, comment se fait-il que cet endroit qui est politiquement mature, économiquement viable au point qu’il devrait être dans le peloton de tête des pays les plus avancés, traine ainsi la patte aux palmarès économiques? Soit englué dans des polémiques complètement dépassées depuis plus de cinquante ans? Alors que beaucoup de pays, et pas seulement ceux du tiers monde (pourtant moins bien armés que le Québec), ont réussi à se libérer des jougs coloniaux qui les enserraient dans des corsets culturels étrangers. Dont ils n’ont pu se défaire qu’après des guerres sanglantes.
Au Québec, il nous suffit de voter pour notre indépendance et personne ne nous fera la guerre pour une pareille décision, attendue par la plupart de nos partenaires culturels et économiques. Et pour laquelle dans le monde civilisé, on s’étonne qu’elle ne soit pas encore faite. Qu’est-ce qu’ils attendent donc ces branleux de Québécois?
Deux référendums à demi ratés, donc à moitié réussis, lourds de significations révélatrices, ont marqué les 26 dernières années. Malgré quoi on se demande encore avec anxiété si la prochaine fois cela va passer ou pas ?
Torchons tout de suite une objection qui revient parfois au sujet de notre liberté. Il parait que le Québec dans le Canada est libre. Que le Canada n’est pas un bagne. Que nous y sommes traités respectueusement. Mieux que ne sont traités ailleurs d’autres groupes d’humains. Outre que l’argument est spécieux (mot pour ceux qui l’ignorerait qui veut dire ambigüe au sens négatif du terme) il convient de signaler que nous y sommes pour beaucoup.
Notre liberté dans le Canada n’est pas une faveur qu’on nous fait. Cette liberté toute relative qu’elle soit, nous l’avons gagné plus souvent qu’autrement de haute lutte. Ce n’est pas un quelconque privilège qu’il nous faudrait continuellement mériter. Ce n’est pas une raison non plus pour s’en contenter. J’ai l’outrecuidance de penser que de la liberté, nous n’en avons jamais assez. Je vais même plus loin, jusqu’à affirmer que s’il y a en effet de la liberté dans le Canada, c’est bien parce que nous en sommes les partisans les plus émérites.
Un Québec Indépendant sera donc plus libre encore qu’un Québec dans le Canada. Pour ce qui est de la liberté canadienne, je la laisse aux Canadiens. Moi ce qu’il me faut, c’est une liberté québécoise.
Les canadiens n’ont jamais voulus, et ce d’une manière majoritairement écrasante reconnaitre la nation, le peuple Québécois[2].
Au fond les partis politiques le voudraient bien, mais leurs bases, essentiellement anglophones, sont contre. Et ma foi je ne peux pas les blâmer. Mis à part pour un courant éclairé représenté par des minorités avant-gardistes, un Québec dans le Canada, reconnu comme peuple, ou comme nation, c’est une sorte de désaveu du Canada. Cependant je veux insister ici, et dire à tous ceux et celles qui souhaitent que tous les Canadiens nous reconnaissent pour ce que nous sommes, qu’une pareille demande est quelque peu gênante, pour ne pas dire humiliante.
Pourquoi vouloir absolument être reconnu comme peuple ou comme nation, par des gens qui nous refusent cette distinction ? Faut être masochiste pour vouloir une telle chose. Pourquoi ne pas aller demander aux Bretons, aux Papous, aux Celtes, aux Basques, aux Catalans, aux Parisiens, ou aux Chinois de nous reconnaitre tant qu’à faire ?
Céty assez bête ça comme démarche de miséreux? S’ils proposaient eux-mêmes cette démarche par courtoisie élémentaire, on pourrait les en féliciter, mais en mendier le principe, franchement, cela m’indispose. De toute façon c’est sans grande importance. C’est une démarche qui s’inscrit dans un cadre beaucoup plus vaste de réclamations politiques, qui n’aboutiront qu’avec l’indépendance du Québec. La première reconnaissance des Québécois comme peuple et comme nation doit venir d’eux-mêmes.
Si les Québécois sont incapables de se donner un pays qui ait comme raison d’être de favoriser leur identité à la fois comme peuple et comme nation, je vois mal comment on pourrait alors continuellement insister pour que ce soient les autres qui nous accordent ces distinctions, si essentielles à notre identité. Dans une affaire aussi porteuse de qualités identitaires, la barre de la cohérence doit être très élevée.
En plus de ça, aller demander une telle chose à des albertains, des ontariens, des manitobains ou des colombiens britanniques! Incroyable!
Est-ce que cela existe un peuple Ontarien, Albertain ou Manitobain? Ces gens-là ont en horreur l’idée même de peuple. Ils vivent dans un Canada où cette notion est quasiment une injure. Ils la reconnaissent du bout des lèvres pour les acadiens et les autochtones, qu’ils méprisent ouvertement, à moins que ces ‘’peuples’’ ne se présentent comme tels que fortement folklorisés. Un peu comme aux États Unis où les nations indiennes et les descendants des français de la Louisiane, sont reconnus d’utilité publique, parfaitement localisée, dans la mesure où ils sont pittoresques. Nullement parce que ce sont de vrais peuples ayant de vrais droits qui représentent du capital culturel précieux. Ils sont au contraire tous plus ou moins déconsidérés comme des survivances d’époques révolues.
Dans l’esprit des intellectuels canadiens anglais, je parle de ceux qui parviennent à imposer leur point de vue, le peuple est une notion vaguement péjorative ayant un sens archaïque. Les ‘’vrais’’ kanadians (en anglais) veulent se considérer comme les premiers humains à ne pas se réclamer d’appartenir à une de ces vieilles peuplades qui sont choses du passé.
Les canadiens anglophones bien intentionnés sont des utopistes qui s’ignorent.
Ils veulent vivre dans un univers aseptisé et insipide, incolore et inodore, où l’idée d’humanisme doit être dépouillée de tout ce qui en fait la saveur et la spécificité. Ils rêvent d’un monde mécanique, acculturé, fondé sur la négation d’identité. Ils veulent effacer les cultures afin de vivre dans un milieu désincarné, qui ressemble à s’y méprendre au Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley.
Paradoxalement ils ont toujours à la bouche la nationalité de leurs ancêtres (Irlandais, Ukrainiens, Allemands, Polonais, Sikhs, Chinois (etc. etc.). Bref le Canada oui, mais un Canada dans lequel ils sont Canadiens du moment que ça ne veut rien dire. Une identité neutre et drabe qui témoigne de leur passé ancestral sans plus.
C’est platte à mourir. C’est vide et nul. Pourtant ils sont très souvent aliénés par des réflexes conservateurs, qui puent les vieux concepts religieux plus anciens encore. Cent fois plus archaïques que la notion moderne de nation, comme les Québécois la conçoivent. C’est nous seuls qui pouvons et devons décider de notre identité planétaire.
Quêter à d’autres la reconnaissance de ce que l’on est c’est se mépriser. Il y a des gens, d’une naïveté pathétique, qui voudraient que l’on rassemble toutes les énergies afin de construire ce beau et grand Canada qui ferait l’admiration de tous. Dans lequel nous les Québécois serions comme au paradis. Mais qu’est-ce que ces gens-là pensent que les générations précédentes ont tenté de faire?
Nous sommes si tant tellement loin du compte, que lorsque le Canada sera ce beau et grand pays que tous ces grands naïfs appellent et espèrent de tous leurs vœux, le peuple Québécois lui n’existera plus, et les poules auront des dents. Cette vision idyllique canadienne, outre qu’elle est une niaiserie qui ne tient pas compte des réalités, ne pourrait se réaliser sans que d’abord tous ses citoyens acceptent (comme par enchantement) de renoncer à leurs distinctions particulières, pour enfin se fondre harmonieusement dans un quelque chose d’ineffable, ayant un semblant de caractère universel indéfinissable, indescriptible autrement qu’en termes angéliques. L’universel c’est l’alibi des gens qui ne sont rien et qui voudraient être tout. C’est insupportable d’insignifiance.
***
Je reprends. Les commentateurs de l’actualité ont une lourde responsabilité dans ces échecs référendaires qui n’en sont pas. Bien au contraire chaque élection, chaque référendum, a fait progresser le projet d’indépendance. Le Québec est déjà virtuellement indépendant depuis le mois de novembre 1976, alors que le Parti Québécois prenait le pouvoir. Après 113 ans dans la confédération canadienne, après 217 ans de colonialisme anglais, le ‘’Canada Français’’ (donc le Québec de mes parents) prenait conscience de sa singularité, et se votait un gouvernement majoritaire indépendantiste. Dont l’article premier était la souveraineté du Québec. Je ne vous parle pas d’une quelconque patente à gosses d’il y a deux ou trois cents ans. Je parle d’évènements qui sont d’une brulante actualité, et qui s’élaborent fièrement depuis un demi siècle. Qu’est-ce que c’est cinquante ans dans le développement d’un pays ?
Comment ose-t-on commenter le débat sur le statut politique du Québec comme étant une affaire du passé qui piétine dans le présent ? Passé qui, que, quoi ?
Le Canada c’est quand même pas la fin du monde, ni le ''boutte du boutte'' coudons !
Nous sommes en 2007, et cette indépendance n’est pas encore inscrite dans les documents officiels. Plus extraordinaire encore, depuis le référendum de 1980, tous les gouvernements du Québec, (y compris ceux qui sont fédéralistes) ont refusé de signer le nouveau pacte confédéral suite au rapatriement de la constitution canadienne (loi anglaise votée par le parlement Britannique).
Le Québec ne fait plus partie de façon volontaire du Canada, et pourtant nous sommes toujours dans le Canada. C’est quoi le problème ?
Cela tient d’abord à ce que nous y soyons minoritaires. S’il avait fallu que les deux référendums de 1980, et de 1995, eussent été tenus seulement par les descendants directs d’un des deux peuples fondateurs (Français), nul doute que nous serions indépendants.
Une telle approche n’était pas souhaitable, les Québécois l’ont compris dès le départ.
Nous aurions été taxé d’ethnocentrisme, alors que depuis cinquante ans que nous agissons avec un esprit démocratique exemplaire, on se fait quand même traiter de racistes. Font chier à la fin!
Le Québec d’aujourd’hui à partir des apports extérieurs depuis plus de 100 ans, n’a plus la forme française essentiellement rurale, qu’il avait à ses débuts.[3] Il faut donc que notre émancipation politique soit le fait d'une majorité républicaine civile, et non pas ethnique. Il faut que notre indépendance passe du domaine de l’émotion, à celui de la raison légale. En somme de faire d’une option légitime, une réalité légale. Nous y sommes presque.
Je vais vous amuser ici en vous en racontant une bien bonne.
Vous avez peut-être remarqué que pour beaucoup d’entre nous, la notion de légalité est embrouillée. D’abord il faut dire que pour ce qui est du Droit, inscrit dans des lois, la plupart des gens n’y connaissent à peu près rien. On croît (sans vraiment s’arrêter à y penser, dans de nombreuses sphères sociales, peu importe le degré d’éducation) que les actes que nous pouvons poser doivent d’abord avoir un caractère légal. On pense souvent à tort, qu’une action qui n’est pas soumise à une législation quelconque, est entachée d’illégalité.
Elle est donc présumée interdite.
J’ai entendu ça mille fois.
‘’Si ce n’est pas légal c’est illégal, voire criminel, interdit d’une façon ou d’une autre, point ! ‘’
Question de degré bien évidemment mais qu’importe, c’est cet esprit-là, très répandu, qui s’exprime trop souvent dans les controverses.
Dans les faits, rien n’est plus faux.
Le gros de l’activité humaine ne tombe pas sous la férule des lois. Tout le domaine créatif, celui de la spontanéité, en est exclu. Vous pouvez légitimement vous livrer à toutes les activités que vous voulez (légales ou pas) du moment que vous ne commettez pas de crimes. Du moment où vous ne faites de tort à personne.
Une activité est soumise aux lois lorsque le législateur intervient sous la poussée de la nécessité pour l’encadrer, la règlementer, au motif de l’Ordre Public. En dehors de ça tout est permis.
Or ici, beaucoup de gens m’ont dit et répété qu’un geste, un acte, qui n’est pas inscrit dans une loi quelconque, est au départ interdit, entaché d’illégalité. Ce qui lui confère une odeur de souffre, ayant un caractère dissuasif. Ce qui n’a pas de bon sens. Une pareille approche de la vie sociale est une négation de la liberté. Cela revient à obliger les gens (et à s’obliger soi-même) à ne vivre que selon des règles approuvées par le législateur.
En dehors des lois, pas de salut! C’est une vision infantile de la vie en société, et c’est un épouvantable frein à toute créativité, à tout progrès. Réfléchissez à cela.
Il faut comprendre ici que la plupart des gens sont au départ intimidés par la notion de droit. La loi, parce qu’elle est la loi, impose une sorte de sourde tyrannie, toujours imprécise, qui exige d’être démystifiée avant de pouvoir être apprivoisée. Le problème étant que l’idéal des lois n’est jamais enseigné dans les écoles dès la petite enfance. Nous sommes tous contraints de nous y référer par la nécessité lorsque nous devenons adultes. Nous avons alors affaire à un principe, qui au lieu d’être bienveillant est arrogant, et se trouve entre les mains de ceux et celles qui sont familiers avec le concept du légal. Cela revient à dire que pour l’essentiel, les citoyens sont immatures, face aux lois. Ce sont des enfants qui réagissent comme des enfants devant n’importe quelle autorité. Ou bien ils s’en méfient parce qu’ils la craignent, ou bien ils la déconsidèrent comme valeur négligeable parce qu’ils la méprise pour cause d’ignorance.
Cette façon de voir est typique de beaucoup de gens d’ici. Bien qu’on retrouve ce trait chez beaucoup de citoyens d’autres pays, c’est un élément du caractère hésitant de trop de Québécois, longtemps aliénés par l’Église Catholique. C’est maintenant du passé, mais il en subsiste encore des réflexes, conditionnés par des siècles de domination psychique. Nous avons gardé dans la vie de tous les jours, des tics de cathos.
Il est très facile de s’en débarrasser, il faut simplement en prendre conscience. Et le vouloir bien entendu. Cependant il convient d’ajouter que cette façon de voir les choses et de vivre ainsi son existence fait l’affaire des pusillanimes, qui y voient un prétexte à ne pas s’engager dans une démarche de dépassement de soi.
Il y a encore un pourcentage significatif (plus ou moins 30% ?) d’entre nous qui ne savent pas qu’ils sont Québécois. Ils trainent avec eux comme dans les farces d’Elvis Gratton de Falardeau, plusieurs identités parmi lesquelles ils n’arrivent pas à choisir la bonne.
La bonne identité c’est la plus pratique, pas nécessairement logique. L’identité d’un individu lorsqu’elle dépasse sa petite personne, lorsqu’elle devient un signe d’appartenance à un peuple, ne relève pas immédiatement de la psyché personnelle. Elle procède d’un sentiment extérieur, le nationalisme. Ce n’est pas un sentiment logique, c’est émotionnel, magique, irrationnel. Vous pouvez avoir deux ou quatre identités qui tiennent aux accidents politiques, aux multiples expériences qui jalonnent votre existence, il y en a une qui vous tient le cœur chaud. C’est celle-là qu’on appelle nationalité.
C’est un choix que chacun de nous doit faire, et pour curieux que cela puisse paraitre, cela n’exclue absolument pas que vous conserviez également toutes les identités qui l’auront précédé, et qui aboutissent en somme à cette dernière.
Prenez un Français par exemple, un Anglais, un Américain ou un Néo-Zélandais. Ce sont les descendants de vieilles nations qui se sont fait la guerre pendant des siècles, avant d’arriver à se forger collectivement une identité élargie. Il y a du Gaulois, de l’Occitan, du Savoyard, du Breton, du Franc, du Picard, du Poitevin, du Normand, du Parisien chez les Français, (dedans les Français pour ainsi dire). On y trouve également d’innombrables individus qui sont originaires d’Afrique et de toutes les parties du monde.
Tous ces citoyens de la République Française sont également Européens, avec tout ce que cela implique de contradictions.
Il en va de même avec les Anglais ou les Américains. Ils sont également Celtes, Saxons, Gallois, Navajos, Sioux. Leurs ascendants viennent des vieux pays européens, d’Indes, de Chine, d’Afrique, d’Océanie, de partout sur la planète. Ainsi les Anglais sont anglais, les Américains sont américains, et les Français sont français.
Ils portent en eux un assemblage contradictoire de valeurs culturelles, qui sont directement branchées sur tous les passés. Dépendant de leur humeur du moment, ils se réclament de leurs anciennes origines ou des plus récentes. D’une manière acceptée par tous, ils sont français n’en doutez pas, anglais c’est incontournable, américains cela ne se discute pas. Dans cent ans ils seront tous européens ou mondialistes que sais-je ?
Ils le sont déjà, s’y préparent, ont scellés dans des accords pacifiques (et plus souvent encore dans le sang d’innombrables victimes) ce nouveau statut rassembleur qui gêne comme un costume neuf. Ils vont s’y faire. Ce nouvel habit culturel va s’assouplir, deviendra au fil des décennies un emblème, un motif supplémentaire de fierté identitaire. Dans cinq cents ou mille ans si vous voulez, nos descendants porteront tous l’habit d’humain, de terrien, et garderont aussi les signes distinctifs de leurs appartenances d’origines. Cela sera, bien entendu, si nous n’avons pas fait péter la planète d’ici là.
Le petit problème des Québécois hésitants, c’est qu’ils n’ont pas encore saisi que pour accéder à une nouvelle identité plus élargie que la précédente, il leur faut d’abord assumer celle qu’ils ont. En ce qui concerne l’identité canadienne, (forgée ici au Québec d’abord ne l’oublions pas, sur plus de quatre siècles) la plupart des Québécois l’ont parfaitement intégrée. Sauf pour cette frange inquiète, traditionaliste.
Les Québécois sont probablement les seuls vrais Canadiens existant sur le globe, dont l’identité ne relève pas seulement d’une reconnaissance administrative. Dans le cheminement identitaire des peuples, la dernière version englobe les précédentes, et les incorpore en les transcendant. Ainsi l’identité québécoise contient ‘’naturellement’’ une part de l’identité canadienne, alors que l’inverse relève d’un réflexe défensif de protestation. Cela veut dire qu’un Québécois qui s’affirme comme Québécois sait parfaitement qu’il a été Canadien et qu’il en conserve des traits marquants. Il est devenu Québécois par sentiment d’appartenance, par identification culturel-le, la seule qui soit significative lorsque l’on parle de peuple.
Mais le Canadien qui se dit parfois Québécois, le fait par protestation. Et pour l’essentiel ce sont ceux qui habitent le territoire du Québec et qui s’identifient prioritairement au Canada. Ils veulent revendiquer eux aussi leur qualité de Québécois, mais c’est pour occuper un terrain politique qui les exaspère plus qu’il ne les inspire. Ce n’est pas pour eux un motif d’identification fière, mais plutôt une revendication administrative du genre : ‘’Moi aussi j’habite ici. ‘’
Il faut insister ici au risque de se répéter, que le terme Québécois est une modernisation du terme ‘’canayen’’ comme on disait autrefois. Comme l’identité française transcende celle de gauloise (de la Gaule). Ou bien celle de l’identité anglaise qui contient celle de galloise (du pays de Galle). Cette identité québécoise s’est construite à partir d’un ensemble de valeurs choisies, qui lui confère une véritable originalité. Je veux dire ici qu’il y a beaucoup de citoyens dont le statut de Canadien tient plus à leurs papiers officiels, qu’à un attachement viscéral, terre à terre, comme c’est le cas pour les Québécois
Le Québec étant le berceau de la nation canadienne, il n’est pas étonnant qu’il y en ait parmi nous qui refusent d’abandonner cette identité pour la remplacer par une identité québécoise. C’est tout à fait compréhensible. Est-ce donc si déchirant que cela?
Ce n’est là qu’un aspect mineur identitaire. C’est un faux problème. Personne ne demande vraiment aux Québécois d’abdiquer leur prime identité canadienne. Pas plus qu'on ne demande aux Portugais de renoncer à être des Portugais parce qu'ils sont devenus des Canadiens, du moment qu’ils ont choisi d’immigrer ici. Ou que le Portugal est entré dans l’Europe. Vous me suivez?
De même que chaque individu a plusieurs noms pour le distinguer des autres, les peuples ont également plusieurs noms rattachés à leur passé, qui leur font chacun une personnalité particulière.
Le problème de ces citoyens inquiets de leur identité, tient aussi au fait que le Canada est un ensemble géographique beaucoup plus vaste que la plupart des pays de la planète. Au fond ces Canadiens sont également incertains de leur identité canadienne. Le souci presque névrotique que beaucoup d’entre eux ont de toujours vouloir s’affirmer comme Canadiens, indique à quel point cette identité est fragile, et repose bien plus sur des documents officiels, que sur un sentiment d’attachement territorial.
C’est un étrange réflexe que celui-là.
Compréhensible chez de nouveaux arrivant, mais incongru chez des gens qui font parti du paysage depuis des générations.
Ce souci de clamer son identité canadienne comme s’il existait une volonté malveillante de la détruire, n’existe pas chez les Amérindiens, ni chez les Acadiens ni chez les Québécois. Combien de fois n’a-t-on pas accusé les indépendantistes Québécois de vouloir détruire le Canada?
Il s’agit là de rhétorique malsaine, là où les Québécois veulent s’aménager un pays à eux, en le séparant bien sur du Canada, mais où il n’existe aucune volonté politique ou autre de détruire le Canada. Mais lorsqu’on utilise un argument aussi malsain et agressif, le but recherché n’est pas de sauver un Canada (qui de toute façon n’est pas en danger) mais bel et bien de discréditer un mouvement d’émancipation légitime qui se manifeste en son sein. Après des décennies de tentatives répétées d’assimiler un peuple qui refuse de disparaître.
De plus, le Canada est à toute fin pratique, inhabité. Le sentiment d’appartenance à son immense territoire y est vague, comme dilué. C’est beaucoup plus dans l’esprit des gens une image, une carte géographique rose, un très grand lieu physique, qu’excepté les adeptes sectateurs des lointains horizons, l’écrasante majorité des citoyens en ignore tout ou presque.
Comme on ignore les manies et préférences culturelles qui distinguent les voisins les uns des autres. Parlez-moi donc de voisins qui habitent à cent lieues de chez vous hein? On parle ici de frontières quasiment incommensurables, mesurées à l’aune d’une communauté participante. Cela défie l’enten-dement. L’idée de mosaïque canadienne s’oppose dans le détail, à celle d’une nation comme elle se conçoit aux États Unis, en Angleterre et en France. De même que dans la plupart des pays du monde.
Les Canadiens s’ignorent entre eux, sont trop loin à la fois dans l’espace et dans l’actualité, et s’imaginent à partir de clichés désolants. Ils se font les uns des autres des idées qui ne correspondent à rien de significatif ou si peu.
Les Montréalais ignorent tout des gens de Calgary ou de Saskatoon, et l’inverse aussi est vrai, palpable. Encore que je soupçonne qu’il y a plus de Montréalais qui connaissent le Canada dans le détail, qu’il n’y en a ailleurs dans le Canada qui connaissent les Montréalais.
On parle parfois en se gaussant des deux solitudes, mais vraiment le Canada est fait de beaucoup plus que de deux solitudes. Si on y ajoute les Amérindiens, les immigrants depuis plus de 100 ans, on pourrait parler de dizaines de solitudes. Sans caricaturer on pourrait dire que le Canada c’est de la solitude qui végète dans des espaces vides.
Le Québec déjà culturellement différent du reste du Canada, en s’affranchissant politiquement et administrativement de cet ensemble ne va pas le détruire voyons donc. Le départ administratif du Québec (parce que c’est bien de cela qu’il s’agit) va surtout forcer le Canada à repenser sa situation en Amérique du Nord. Il est plus que probable que l’Indépendance du Québec va provoquer chez tous les peuples du Canada des prises de consciences qui vont en changer les couleurs.
Cette nouvelle dynamique sera-t-elle aussi significative que celle de l’Europe actuelle, alors que ses pays indépendants, décident maintenant de s’en réclamer pour des motifs de gestion d’un plus vaste ensemble?
Personne ne peut le dire. Notons cependant que c’est précisément parce qu’ils sont tous indépendants que les pays de l’Europe peuvent se regrouper en une entité administrative agrandie, limitée à des champs de compétences spécifiques, dont le but est de faciliter leurs mouvements, leurs échanges.
Au fond, l’Europe est bien plus un espace de libre échange qu’elle n’est une identité collective.
L’Europe est un lieu géographique, pas un espace identitaire…ou si peu.
L’Europe est-elle moins européenne parce qu’on y trouve des Allemands, des Belges, des Lituaniens, des Hollandais, des Grecs, des Italiens des Espagnols, des Roumains, des Hongrois et j’en passe? Allons donc !
Le Canada est fait de quatorze entités politiques distinctes qui n’ont que très peu de rapports entre elles. Partout on est farouchement provincial. On s’identifie à son niveau de gouvernement, du moment qu’il se réclame d’un sentiment d’appartenance très local. Ce sentiment existe aussi au Québec c’est entendu, mais la langue y fait toute la différence.
De par sa spécificité en Amérique, elle représente un ciment unitaire et identitaire qui n’a comme pendant que celui du Brésil, seul pays de langue portugaise dans les deux Amérique. En Amérique le seul lieu véritable où l’Anglais est identitaire est aux États Unis. Et ce sont eux qui donnent le ton aux autres anglophones du continent. Qu’ils soient d’accord ou pas.
L’identité canadienne on le sait est très floue, et tient à des signes plutôt pathétiques. Un drapeau qui n’a pas cinquante ans, des attributs géographiques sublimés qui n’ont rien d’exceptionnels, parce qu’il y a en de semblables partout sur tous les continents. Un dollar copié sur le dollar américain. Un passeport comme il y en a des centaines partout ailleurs. Une langue Anglaise qui ne se distingue en rien de celle des États Unis, mis à part quelques petits travers anodins impossibles à répertorier, et que l’on signale pour la forme.
Bien sur, l’Himalaya a très certainement contribué à forger le caractère des Tibétains, des Indiens, des Pakistanais et de toutes ces entités aux caractères si marqués qui en investissent les vallées et les contreforts depuis des millénaires. C’est pareil pour les peuples de la Cordillère des Andes. On retrouve le même phénomène en Océanie.
Cependant, ces peuples ont des identités qui ne tiennent pas seulement à des accidents géographiques, si imposants soient-il.
Ici au Canada nous avons encore des gens qui veulent demeurer Canadiens parce qu'il y a les Rocheuses, les Plaines de l’Ouest, le majestueux fleuve Saint Laurent, les chutes du Niagara, et que sais-je? Tout cela est enfantin, parfaitement insignifiant.
Les Rocheuses sont là où elles sont depuis des dizaines de millions d’années, et ne vont pas disparaître comme par enchantement, parce que le Québec aura décidé de devenir indépendant.
En voilà une niaiserie!
Si vous aimez les Rocheuses, la toundra ou la mer de Beaufort, le Saguenay ou l’Île Sainte Hélène, le Rocher Percé ou le monstre du lac Pohénégamook, le territoire du Sasquash ou les trous des lemmings du Grand Nord, la Peace River ou le Lac Louise, vous pouvez y aller et vous laisser séduire, envouter par ces splendeurs dans le Soleil couchant. Ces endroits d’un pittoresque naturel sont accessibles à pied, en auto, à cheval, en motoneige et aussi par avion. Plus souvent qu’autrement c’est la télévision ou le cinéma qui vous permet de les visiter.
Idem pour les forêts du Mato Grosso, le Grand Canyon, l’Amazone, le bassin de l’Orénoque; pour le Sahara ou les champs de blés de l’Ukraine. Ces caractéristiques physiques de la morphologie terrestre bougent très peu. Pensez-vous sérieusement que les Parisiens sont parisiens à cause de la Seine, de la butte Montmartre ou de la tour Eiffel ?
Bien au contraire, c’est la ville de Paris qui est tributaire du caractère des Parisiens. L’exemple est ici bien choisi, parce que nous savons tous que si les Parisiens sont indiscutablement Français, ils sont d’abord et avant tout Parisiens. C’est bien évidemment là un grand malheur, mais que voulez-vous que j’y fasse? (C’est une blague).
Dans la mesure où on ne vous tirera pas dessus si vous avez le désir de contempler les merveilles du monde, elles sont là qui vous attendent.
En dehors du fait que temporairement on leur confère des noms issus d’un patrimoine linguistique local, cette accessibilité n’est limitée que par d’obscures et temporaires volontés administratives.
La nécessité de faire du Québec un pays ne peut pas être contrariée par de telles inepties. Le fait qu’il y ait eu dans le passé le plus récent, des politiciens qui ont osé proférer de telles platitudes, prouve abondamment que le Québec a tout intérêt à prendre ses distances avec des partis politiques qui recrutent de tels personnages.
Que de pareilles pauvretés aient été martelées par un politicien venu du Québec, est une affaire suffisamment honteuse pour qu’on n’ait pas à en payer le prix encore longtemps ! Tournons la page.
Voilà c’est fait, cette génération est maintenant derrière nous.
Ouf ! Pfiouuu !

À suivre dans le Deuxième Chapitre le 1er avril 2008

Julien Maréchal





[1] Au sens où on ne va pas jouer notre liberté à quitte ou double. L’Indépendance du Québec est une affaire de ré aménagement de pouvoirs politiques, à l’enseigne d’une nécessité culturelle.
[2] Au 27 novembre 2006, une motion visant à reconnaitre la nation Québécoise, est votée majoritairement par la Chambre des Communes à Ottawa où le Parti Conservateur gouvernemental est minoritaire. Un gouvernement minoritaire au Canada est une chose rarissime. La reconnaissance de la nation Québécoise est ici une affaire de stratégie. Ce n’est pas une raison pour s’en plaindre. Ce qui est bon à prendre…est bon.
[3] N’oublions quand même pas qu’en 2007 le français est la langue officielle du Québec, et que sa population est majoritairement francophone à plus de 85%.

dimanche 27 janvier 2008

Le Phénomène Humain Chapitre Deuxième. Tiré du livre Espaces et Espèces.

Dimanche le 27 janvier 2008
''Espaces et Espèces''


Chapitre deuxième (2)
La physique considérée comme une mystique amusante.
Suite du chapitre premier (1) Le Phénomène Humain
en date du 13 septembre 2007.
La suite, Le paradoxe Fermi, chapitre troisième (3)
le 23 avril 2008


N'oubliez pas de réagir et de nous faire part de vos commentaires.
Bonne lecture.

L’éditeur A.M.C.H. de Julien Maréchal

CHAPITRE DEUXIÈME

La Physique considérée comme une mystique amusante.

‘’ J’aime ça moi les simplicités complexes, et je déteste les complications simplistes.’''
Nous allons maintenant nous aventurer dans le domaine étrange de l’astrophysique, dans celui de la mécanique quantique, bref dans le domaine extraordinaire vraiment, de l’infiniment petit et celui de l’infiniment grand. Qu’on se rassure ici, l’astrophysique étant une discipline très ésotérique (vraiment), je ne vais m’en servir que comme toile de fond.
On remarquera tout de suite, pour ceux et celles qui aiment les précisions, qu’en fait, la physique et l’astrophysique relèvent du même domaine de recherche. Puisque bien évidemment, quand on parle d’infini, il ne saurait y avoir de distance autre que relative, entre les extrémités du monde des particules et celles du cosmos étoilé. Je ne suis nullement un spécialiste de ces questions. Je me situe d’emblée du coté de l’amateur éclairé.

La physique n'est pas une religion.
Bien que j’arrive depuis des décennies, à me tenir au courant des derniers développements en matière d’astrophysique et de mécanique quantique, je ne me gargarise pas vraiment avec le vocabulaire spécialisé essentiel à la compréhension des phénomènes qui se manifestent lorsqu’on explore les confins de la matière.
Il existe des ouvrages spécialisés pour qui veut approfondir ses connaissances dans ces domaines. Ils sont incontournables pour comprendre l’aventure humaine. La mystique, en quelque sorte, (bien que je me méfie de ce mot) qui transpire de la matière dès qu’on en pénètre les secrets les plus intimes, est plus fascinante, et aussi plus redoutable pour l’esprit et l’intelligence, que toutes les mièvreries qui constituent le fonds de commerce des croyances populaires, religieuses ou prétendument occultes. Comme on en trouve encore dans les églises, les sectes, et autres comptoirs dit ésotériques.
Quand je dis redoutable, j’utilise ce terme à bon escient. Pour croire, lieu commun ici, il suffit d’avoir la Foi. C’est une lapalissade.
Pour comprendre vraiment, pour que l’esprit se sente saisi par le vertige de la connaissance, il faut travailler très fort du bonnet, et cette activité-là, loin d’être accablante, est extrêmement tonique. Je dirais que la réflexion dans ce domaine est une sorte de sport extrême de l’esprit.
Tiens c’est pas mal ça.

Démission intellectuelle
Tandis que dans le domaine de la croyance, peu importe la manière de s’y conduire, surtout quand on agit machinalement, nous sommes entrainés malgré nous, et aussi souvent avec notre complicité passive, dans les sentiers les plus communs de la démission intellectuelle.
Les croyances une fois bien ancrées, devenues certitudes, sont rassurantes…très rassurantes. Pas au point cependant, d’arriver à évacuer le sentiment contraignant, le besoin de savoir, qui, au contraire, s’amplifie de jour en jour, de mois en mois, d’année en année. 
De saine angoisse si je puis dire qu’il est au départ, ce besoin de savoir se transforme en méditation, arrive au stade de l’agacement, se change en petite névrose d’abord, et finalement en psychose.
Plus souvent qu’autrement, l’esprit, continuellement subjugué par des subtilités mensongères présentées sous forme de vérités, finit par protester contre les agressions dont il est l’objet, et se venge en rendant tout l’être malade. Vous seriez surpris par la quantité de gens, par ailleurs croyants sincères et pourquoi pas éclairés, instruits, éduqués et tout ça… qui souffrent de crises de paniques, d’allergies de toute sorte, de malaises intraitables, parce que pour la plupart psychosomatiques.
Pas vraiment imaginaires, ce n’est pas ce que je veux dire. L’angoisse maladive, due à l’accumulation de fantasmagories qui se présentent comme étant autant de vérités invérifiables ayant la prétention d’être néanmoins solides, et qui se construit sur ces mensonges au cours de toute une existence, est bien réelle.
D’ailleurs les croyants de toute tendance sont de fameux névrosés. À force de répétitions, de prières, de mantras à n'en plus finir, l’esprit se trouve englué dans une toile de mensonges qui, en eux-mêmes sont plutôt ridicules, mais pas du tout innocents. Croire et croire encore, tout le temps toujours, finit par faire du croyant (forcément) un individu crédule. Une sorte de sujet pitoyable, engourdi et aliéné.
Au-delà d‘un certain seuil critique, chez des individus plus sensibles ou plus assoiffés de vérités, l’être se change en fanatique ou se détériore en dévot. Apparaissent alors, des comportements malsains, qui dégénèrent rapidement en maladies apparemment incurables ou qui s’exaspèrent en affrontements violents, sanglants, lorsque ces croyances sont le fruit de siècles, de millénaires d’errements, et qu’elles abrutissent des peuples entiers.

Violence
On est alors en face d’une sédimentation de croyances maniérées et raffinées, précipitées en une véritable solidification stratifiée qui se dépose sur l’âme, autant celle d’un peuple que celle de l’individu, et d’ailleurs c’est la même chose, et qui se change littéralement en pierre. Laquelle forme un dépôt, une croute solide qui enferme l’esprit dans une gangue quasiment impossible à briser, sinon par la violence la plus humaine qui soit. La pire de toutes.
Je n’ai pas dit inhumaine. La violence humaine doit se reconnaitre pour ce qu’elle est vraiment, i.e. une composante intrinsèque à la Condition Humaine. Penser le contraire c’est faire de l’angélisme. C’est nono ! J’ai depuis toujours le sentiment profond, exaltant, que la Liberté est en quelque sorte aérienne. Ce n’est pas un concept qui peut être enfermé dans une gaine, un corset idéologique quelconque.
Lorsque l’esprit est enfermé, il bouillonne et comme le gaz d’un volcan trop longtemps retenu, il s’émancipe dans le fracas des explosions. La prétendue sauvagerie animale à côté de celle-ci, fait figure de pétard pour fête d’enfant.
Guerres, pogromes, massacres, sont les résultats de ces horreurs. Le XXe Siècle en est farci, et dégouline dans le grand cahier de l’Histoire, du sang des innombrables victimes, sacrifiées sur les autels abominables de toutes les croyances. Toutes plus infâmes les unes que les autres. Heureusement que le XXe Siècle n’a pas été seulement un amoncellement d’horreurs. Tant s’en faut.
La Liberté fuit ces chantiers de destructions, ces charniers méphitiques, où son nom même est accablé de blasphèmes horribles. Non plus contre les dieux (inexistants, donc sans intérêt réel) mais contre la condition humaine. C’est beaucoup plus grave. 

Le cœur de la matière est le support de l'esprit
Étudier l’astrophysique donc, pénétrer au cœur de la matière, c’est d’abord y découvrir l’esprit qui nous habite. Pas celui qui cherche un dieu quelconque ou bien encore, qui fouille comme un maniaque dans l’espoir maladif vraiment, de débusquer dans les plus fins replis de la matière, cette ultime manifestation qui prouverait enfin son existence.
Je parle ici de cet esprit, commun à tous, qui témoigne de la grandeur de l’âme l’humaine. Il faut bien évidemment ici faire attention à tous ces termes d’esprit, et d’âme, qui sont fortement connotés religieusement, j’en suis conscient.
Il faudrait, naïvement sans doute, réinventer le vocabulaire. Un peu comme Georges Lucas le fait dans Star War par exemple, avec la Force. C’est un exemple, et pas autre chose.
Absolument ! D’autant plus que franchement, une ultime confrontation manichéenne sur le thème de la condition humaine n’a pas sa place dans l’Univers. Passe encore au cinéma, dans les romans et le théâtre.
Je le dis ici avec conviction, le bien et le mal n’existent pas dans le Cosmos. Quand nous en trouverons, c’est parce que nous les humains, en aurons mis. Ceux qui voudront me chercher querelle sur cette thématique, n’ont qu’à aller se faire cuire un œuf. Il n’y aura pas d’affrontement ici avec ces excités.
Qu’ils croient ce qu’ils veulent, c’est leur affaire et pas la mienne. Au diable tous ces fanatiques convaincus, déchirés, maniaques et ergoteurs!
Je n’aurai jamais le dernier mot avec ces malades, et n’ai nullement l’intention de faire des adeptes, des convertis, des disciples. Je veux bien parler avec des amis, des humains curieux et ouverts. Il en existe suffisamment pour que je me passe de tous ceux qui, de toute façon, veulent absolument croire à quelqu’un ou quelque chose.
J’ai amplement de temps à partager ou même à perdre comme je veux. La richesse véritable de nos jours c’est d’avoir du temps en masse. Il se trouve justement que j’en ai. J’en profite quoi! C’est mon capital à moi. Vous pensez si cela fait des jaloux, parmi tous ceux qui galèrent au jour le jour, à poursuivre des chimères. Grand Bien leur fasse!
Je n’ai pas de plan particulier au moment d’écrire ce texte. Il faudra de longues heures, beaucoup de redites et de ratures, pour arriver à structurer une réflexion qui s’étend sur bien des années. Il est certain que tout au long de cette écriture, je suis rempli de doutes et c’est très bien comme ça. Mon expérience personnelle n'a pas plus ni moins d'importance que celle des autres.

Réfléchir tout haut
Ce qui fait que je me suis souvent fait des réflexions toutes particulières lorsque je lisais tous les livres que j’ai lus. Des réflexions du genre, qu’est-ce qui pousse celui-ci à dire ce qu’il dit? Puis cet autre là… pourquoi un jour s’est-il mis à écrire son bouquin? Pour obéir à une pulsion de communication? Pour se faire valoir? Pour avoir le sentiment, par la reconnaissance littéraire, d’exister plus? Probablement un peu de tout ça, et bien plus encore.
Chaque livre, chaque texte, comme autant de tissus, proposent des couleurs, des formes d’arrangements dans l’imaginaire de l’écrivain et du lecteur, qui sont en eux-mêmes leurs propres justifications. On écrit pour témoigner. On écrit pour exister. On écrit pour vivre.
On écrit aussi beaucoup pour gagner sa croute. Ce qui n’est pas mon cas au moment où j’écris. Je le fais en somme pour passer le temps. Depuis le temps que j’écris, j’ai l’impression d'avoir fait quelques progrès. Mais bon… hein !
Je suis certainement le plus mauvais juge en cette matière. Sauf qu’il se pourrait bien que tout ce temps passé à m’instruire, à vivre de manière désintéressée, gratuitement, sans calculs, et en ne cherchant jamais à subjuguer mes semblables pour pouvoir les exploiter d’une façon ou d’une autre, m’a donné un avantage qu’il me reste encore à évaluer correctement. J’espère que mes quelques qualités transpireront à travers mes textes. Si bavards qu’ils soient. Sinon, ce n'est pas grave.

Les contes
J’ai été, il y a bien des années, un croyant rempli de doutes. Déjà, enfant, je n’arrivais pas à gober les stances malsaines de l’éducation qu’on m’infligeait. J’avais le sentiment qu’on me mentait.
Puis, je ne comprenais pas pourquoi, des adultes qui de toute évidence voulaient sincèrement me faire du bien (enfin je le pensais à l’époque), s’y prenaient de telle manière que je ne pouvais à la longue que les regarder avec apitoiement.
Pourquoi me racontait-on des tas de sornettes, de fables insensées, en essayant de me les faire avaler comme étant des vérités? On m’aurait raconté des tas de mensonges en me disant que c’en était, que ce n’étaient que des contes, je ne pense pas que je m’en serais offusqué, ou bien qu’étant donné mon jeune âge que ça m’aurait dérangé. Enfin je ne sais pas et je dis ça comme ça.
Il m’arrive souvent de raconter des tas d’histoires à mes fillettes. J’invente jusqu’à plus soif, et elles en redemandent. Jamais je ne leur dis que mes affabulations sont des vérités. Les contes, les histoires, comme tout ce qu’on aime raconter aux enfants et qu’ils aiment entendre, ne sont que des façons de leur stimuler l’imaginaire. Pourquoi vouloir dévoyer de jeunes esprits en leur faisant prendre des vessies pour des lanternes?
On ne dénoncera jamais assez l’effet corrosif des croyances. Toutes les croyances! Grattez un peu la surface de n’importe quel croyant qui se dit sincère et libre, et vous découvrirez un fanatique en puissance. Puis un jour, cette foi trouble qui m’encombrait l’esprit, s’est évaporée comme une brume se lève sous l’effet du Soleil. Non, je ne me suis pas retrouvé devant du vide.

Rêver intelligemment? Est-ce possible?
Je me suis retrouvé devant de l’espace, beaucoup d’espace. Tellement que j’en avais le vertige. Puis, je n’ai pas cherché à remplir tout cet espace avec d’autres concepts rassurants. Je me suis retrouvé pendant des années, avec une sorte d’ennui brumeux justement, qui n’était pas douloureux, mais qui me portait à dormir beaucoup. Alors j’ai dormi et j’ai rêvé. J’ai découvert les très grandes vertus du rêve, et je ne suis pas encore arrivé à utiliser tous les avantages réels que véhiculent les rêves.
Malheureux ceux qui ne rêvent pas! Encore plus malheureux sont ceux qui rêvent et qui dénoncent les rêveries. Surtout celles qui sont en couleurs. 
Je m’enorgueillis de rêver, et de rêver surtout en couleurs vives, panoramiques et en Dolby stéréo multiphoniques, et je vivrais maintenant difficilement une existence qui vaille, sans toutes mes rêveries? Je suis ici, dans ces pages pour en partager quelques-unes avec ceux qui voudront bien. Les autres font ce qu’ils veulent.
Donc, revenons à l’astrophysique et à la mécanique quantique. Depuis 50 ans, grâce à des chercheurs dont l’intelligence est absolument remarquable, la physique a fait des progrès si considérables que pour arriver à saisir l’ensemble des études qui en constituent maintenant les fondements, il a fallu que cette physique se divise en une multitude de disciplines qui s’alimentent aux mathématiques hautement spécialisées pour les décrire, de même qu’il a fallu faire une littérature accessible aux profanes que nous sommes tous, et ainsi arriver à rendre compte des nouvelles découvertes, des nouvelles percées.
Alors qu’il faut bien aussi mettre au point des méthodes d’enseignement pour former de nouveaux chercheurs. Pendant longtemps la physique n'a pu s’exprimer que par des formules mathématiques extrêmement complexes, qui exigeaient de ses adeptes une formation parfaitement redoutable, agissant comme repoussoir auprès de postulants plus romantiques que véritablement conscients des efforts nécessaires à sa compréhension.
La physique, contrairement à ce qu’on pourrait penser, n’est pas une science totalement exacte. Il existe des écoles de pensée au sein de la profession. Là comme ailleurs les antagonismes sont féroces. Seulement, il se trouve que dans ces domaines pointus, l’expérience doit nécessairement rendre compte de la théorie. On fait des hypothèses bien sur, mais elles doivent être vérifiables et vérifiées, pour atteindre le statut de théorie acceptée par l’ensemble de la communauté scientifique mondiale.
Chaque pays avancé a ses universités, ses instituts, et son système complexe de subventions, extrêmement généreuses et convoitées. Il faut donc que le langage de la physique, tout en demeurant celui d’une science difficile quoique très enrichissante, soit parfaitement accessible.
Les mondes scientifiques, autant ceux de la physique, de l’astrophysique, de la mécanique quantique, sont fait de confréries puissamment structurées, où les antagonismes sont parfois assez virulents, et où la collaboration est absolument incontournable. C’est un monde où il n’est pas vraiment permis de se tromper. La sécurité des états dépend de la recherche en physique. L’industrie, et pas seulement l’industrie militaire, investit des sommes colossales dans la recherche scientifique.
La compétition est grande. À la fois entre les universités d’un même pays, les universitaires qui hantent ces réfectoires du savoir, et les institutions des autres pays qui sont tous engagés dans une sorte de course à la connaissance. Où les premiers arrivés sont comblés d’honneurs, et parfois aussi de richesses. Les enjeux sont formidables!
Le profane n’imagine même pas les innombrables ramifications qui plongent au cœur des sociétés, lorsque l’on évoque la recherche fondamentale sur tout ce qui touche la matière et ses secrets. On parle ici de centaines de milliers d’emplois parmi les mieux rémunérés. De commerce, de fabrication d’instruments gigantesques, qui demandent à la fois pour leur mise au point et leurs réalisations des sommes fabuleuses, et exigent l’apport de milliers de cerveaux.
Un accélérateur de particules par exemple, occupe des kilomètres d’espace, nécessite des milliers de tonnes d’instruments, pour étudier des particules élémentaires souvent plus théoriques que réelles. Toute cette quincaillerie, comme les télescopes et les radiotélescopes, avec leurs gigantesques panoplies d’ordinateurs sur puissants, sont pensés, construits et payés essentiellement avec des fonds publics. Alors qu’en fait, s’il existe dans ce même public une curiosité manifeste pour tout ce déploiement de talents parfaitement et réellement ésotériques, au vrai sens de ce mot (réservé aux initiés, qui possèdent les connaissances pour pouvoir en comprendre les sens), le grand public en général, ignore tout ou presque de ce qui se mijote et se fricote dans ces laboratoires parfaitement occultes.
Pourtant c’est dans ces laboratoires-là que s’élabore la compréhension de ce que nous sommes, à partir de ce que nous sommes fait. La matière est d’une infinie complexité. La Vie, qui pousse sur cette matière fille du cosmos, est pour nous l’ultime raffinement sur lequel se déploie notre conscience. 

Qu'est-ce que la Vie?
C’est une certitude maintenant que la Vie est une composante universelle de la matière, et qu’elle se manifeste partout, là où les conditions de son éclosion sont réunies. Cette certitude comporte encore beaucoup de zones d’ombres, mais nous sommes mieux à même d’en saisir l’extatique complexité, maintenant que nous avons réussi à nous désaliéner des anciens dogmes religieux. En plus de commencer à comprendre qui nous sommes nous nous interrogeons légitimement sur la Vie, ailleurs que sur notre planète.
Ce qui ne veut pas nécessairement dire que nous trouverons ailleurs, dans ce vaste espace qui nous baigne de ses rayonnements puissants (sans lesquels nous ne serions rien) d’autres êtres qui nous ressembleront, au point qu’on arrivera un jour à communiquer, et échanger avec eux. 
Les conditions d’éclosions de la Vie sont certainement tributaires, partout où cette éclosion peut se produire, de phénomènes qui doivent avoir entre eux des similitudes profondes. Pourquoi? Pourquoi pas? Malgré quoi, la notion de communication, d’échanges, est une affaire de culture, et nul ne sait si ce concept-là a un sens quelconque, ailleurs dans le cosmos.
D’abord parce qu’au plus loin, dans les profondeurs de cet espace que nous sondons à l’aide de nos instruments, les «lois» de «notre» physique, sont les mêmes. Mais la physique ne sonde pas les anomalies «culturelles» qui peuvent très bien exister ailleurs dans le cosmos. La physique est une méthodologie humaine, issue de cultures humaines. Elle procède à partir de considérations analytiques qui sont parfaitement locales. Ces considérations-là sont «nous» ici et seulement ici, puisque nous ne sommes pas «ailleurs».

La complexité de l'Univers.
Néanmoins il existe au sein des amas d’étoiles une curieuse homogénéité. Cette homogénéité n’entre pas en contradiction avec la répartition plus ou moins aléatoire des amas au sein d’un cosmos infini, là où les «vides» sont parsemés de continents galactiques.
On ne découvre pas, dans tel ou tel coin du cosmos, des agglomérats de galaxies et d’étoiles qui diffèrent les unes des autres. Certes les formes sont infinies, de même que les volumes, et il existe d’innombrables étoiles dont la chimie varie considérablement de l’une à l’autre. C’est surtout parce qu’on en trouve des millions d’exemplaires qui sont à différents stages d’une évolution, qui est fondamentalement la même partout où on regarde. 
Si les formes sont infinies, les principes qui les animent sont peu nombreux. Curieusement, comme notre ADN qui est composé de quatre éléments fondamentaux, le Cosmos lui aussi semble régi par quatre grandes forces. Amusant non ?
Il n’y a pas vraiment d’anomalies monstrueuses, au sens de contre nature dans le cosmos. On y observe plutôt une extraordinaire homogénéité. La Vie est, à date, la seule véritable «anomalie» que nous y observons, et bien évidemment uniquement dans notre petit (infiniment petit) secteur d’univers. On a pourtant découvert, dans les nuages de poussières galactiques, des preuves chimiques d’éléments de base de cette Vie. Tout cela se fait à l’aide de spectroscopes extrêmement sophistiqués, ultimes raffinements de la technologie astronomique.
Il y a, actuellement de connues, quatre grandes manifestations, dites «forces» qui régissent l’ensemble des phénomènes observables dans le cosmos.
A l’échelle de l’atome, là où les infimes particules forment la matière proprement dite, existe une puissance de cohésion entre ces particules, qui fait que la matière est solide et immuable (ou presque) depuis que l’Univers existe. C’est la force Forte.
Puis à un autre étage en quelque sorte, celui-ci également atomique dans l’enceinte des sous particules, on observe une modification lente mais inexorable de cette matière qui aurait tendance, après sa synthèse au sein des étoiles, à retourner à son état premier. Il y a là, dans certaines particules beaucoup d’entropie. C’est la force dite Faible. Elle se manifeste surtout par la radioactivité. Après quoi vient l’électromagnétisme, très grande puissance universelle, qui est responsable entre autres phénomènes, de la chimie, des amalgames complexes entre les atomes pour former des molécules. C’est par l’électromagnétisme que s’élabore la Vie.
La Vie pour le physicien le chimiste, et l’astrophysicien… c'est de l’électromagnétisme.
Vient ensuite la gravitation qui est la plus faible des forces. C’est elle qui fait se tenir ensemble les planètes autour des étoiles, les étoiles au sein des galaxies, et les galaxies au sein de leurs amas. Cette gravitation peut paraitre au contraire la plus grande force de l’Univers, elle est surtout spectaculaire, alors que les liens gravitationnels entre les astres sont sujets à des bouleversements catastrophiques assez fréquents, relativement parlant. Bien entendu la gravitation s’exerce partout au sein des étoiles et de tous les corps célestes. Des plus minuscules aux plus gigantesques.

Et les dieux dans tout cela?
Il existe actuellement une tendance lourde au sein de la communauté scientifique, une sorte de quête ultime du Graal cosmique (le fameux boson de Higgs) qui cherche à «unifier» entre elles les théories qui traitent à la fois séparément et conjointement, de ces quatre grandes forces de la Nature. On aborderait ici la théorie des cordes si je ne craignais pas d’épouvanter le lecteur avec un propos de spécialistes. Il y aurait là une sur nécessité théorique que je m’explique mal.
Sinon en y voyant comme je l’évoquais plus haut, au début de ce chapitre, une sorte de besoin, ici culturel et vaguement métaphysique je ne sais pas trop comment le qualifier, de débusquer dans les plus fines structures de la matière, ce quelque chose d’ineffable que les croyants appellent Dieu. 
Ne riez pas c’est très sérieux. C’est aussi passablement pathétique. La science a aussi ses angoissés du divin. Ses tourmentés du mystère, qui à la limite de l’expérimentation scientifique, retombent dans de vieux travers culturels archaïques, et qui refont surface, tout à coup, dans la tête surmenée de chercheurs, à bout d’arguments. Pourquoi font-ils cela ?
Plusieurs raisons, probablement boiteuses, pourraient expliquer le phénomène. Les croyances sont encore répandues. Elles sont intrinsèques aux cultures. Sans oublier de mentionner que la science est un avatar de ces mêmes cultures. Elle participe à la grande quête d’absolu. La science ne parvient pas toujours à garder ses distances avec la magie, l’irrationnel. 
Pourtant, elle devrait. Il y a beaucoup de savants qui sont d’affreux athées. Or, curieusement, ces athées-là sont de fabuleux originaux. Ils ne croient pas en Dieu certes, mais par une sorte de travers qui leur vient de leur éducation, ils prétendent trouver eux aussi du divin ou une sorte d’équivalent «matérialiste», au cœur de la matière. Ils veulent ainsi «expliquer» Dieu.
Rendre compte aux foules ébahies par tant de perspicacité (j’vous jure!) de la phénoménologie divine. Rien de moins. C’est pas mal coton pour parler populairement. La culture est la plus puissante manifestation de la pensée.

La pensée...
La culture fait de la pensée et vice versa. Les religions étant elles aussi de la culture, elles existent et durent depuis si longtemps qu’elles ont acquis la dureté de la pierre. Je devrais plutôt dire, parlant du sentiment religieux, qu’il est un raffinement monstrueux de l’imaginaire. C’est une sorte d’alliage culturel qui a été affiné pendant des millénaires. C’est une dérive aliénante sans doute, mais absolument fascinante. Le sentiment religieux est obsédant.
Dante disait, en parlant de sa propre pensée, qu’elle était comme un puits sans fond, d’où sortaient les images qu’il mettait en mots. Il disait que ces images-là lui étaient dictées par Dieu. On retrouve chez bien des chercheurs cette sorte de conviction trouble qui les pousse à rechercher du connu dans de l’inconnu. C’est le problème stupéfiant (qui rend stupide) de la quadrature du cercle. Le sentiment divin est passablement collant si je puis dire. Je reviendrai plus loin sur ces notions de «connu» et «d’inconnu».
Tout au long de l’histoire on trouve des hommes sincères, épris de religion, qui ont formulé des tentatives d’explication au sujet de la condition humaine et de sa place dans l’univers. Plusieurs d’entre eux étaient profondément croyants.
Copernic, Kepler, Galilée, Descartes, Newton, Pascal(1) et tant d’autres, qui au fil des siècles ont ajouté leur pierre à l’édifice de la science. Il serait très imprudent d’affirmer que c’était justement à cause du fait qu’ils étaient croyants convaincus, qu’ils ont pu ainsi changer le cours de l’histoire. Examiner leurs écrits (tout ce qui reste d’eux), au moyen d’une quelconque psychanalyse actuelle, me parait extrêmement périlleux comme exercice. Il y a tant de facteurs qui entrent dans la formation d’une personnalité qu’il faut se méfier des études réductrices.

Et l'astrologie encore?
J’ai lu un jour au sujet de Newton qu’il était mordu d’astrologie. Après tout pourquoi pas? Il y a un lien évident entre l’astrologie et l’astronomie. Kepler aussi faisait des cartes du ciel pour gagner sa vie. De nos jours, l’astrologie est une survivance maniérée, exsangue, de très antiques croyances. C’est devenu un insignifiant fourre-tout, qui sert à exploiter des gogos et des gougounes. C’est vide, bavard, compliqué et totalement impertinent.
Quant aux ravages que ces pratiques font auprès de personnes fragiles, qui cherchent ainsi maladroitement à donner du sens à leurs existences, c’est bouleversant.
Bien que je me demande parfois s’il n’y aurait pas lieu de sévir contre tous ces charlatans qui exploitent la détresse humaine. Probablement que le remède à tous ces abus serait pire que le mal.
Il vaut mieux s’abstenir d’envenimer les choses et faire de l’éducation. Lorsque mes amies (ce sont surtout des femmes qui marinent dans cette soupe ‘’ésotérique ‘’, dite occulte) me font la leçon, et me disent à quel point elles trouvent mon attitude méprisante, je leur réponds bien au contraire que c’est parce que je respecte leur intelligence, que je m’étonne et me désole de les voir empêtrées dans une telle glu, (ceci est valable pour les hommes aussi, il y en a énormément qui consultent secrètement). 

J’ajoute par ailleurs que du moment où elles voudront bien considérer l’astrologie comme un divertissement amusant, comme les cartes, le monopoly, les échecs, les dames, les tarots, bref, les jeux de société, mots croisés ou autres, (qu’il s’agit au fond de simples passe-temps), que non seulement je ne vais pas les dénoncer comme niaiseuses, mais je participerai.
J’aime bien rigoler moi aussi.
À partir du moment où les braves gens s’excitent la psyché, en évoquant les passages croisés des astres, et veulent en extraire des augures sur la conduite à prendre au sujet des soucis de leur existence, ils deviennent ces malheureux angoissés du chakra absolument insupportables de platitudes magiques, et là je décroche. Pas intéressant!
Ennuyeux et simplet! Allez hop! Je fiche le camp. 
La religion astrologique? Pouah! À la poubelle!
Le sentiment religieux n’a certainement pas toujours été mauvais. On lui doit probablement des progrès réels quand on compare la condition humaine antique à celle d’aujourd’hui. 
Cependant il est impossible de faire la part des choses et de séparer l’héritage religieux progressif, de celui de tout ce progrès social inventif qui depuis toujours le suit ou le précède comme son ombre. Au risque d’énoncer ici une platitude, je dirais que le sentiment religieux mène au dépassement, à condition d’en sortir.
Tout au long de l’histoire le sentiment religieux s’élabore avec celui de l’art. Peut-on penser que si ce sentiment-là devait un jour ne plus être qu’une sorte de folklore de l’âme, que ce serait la fin de l’art? La fin des civilisations?

Il y a quantité de civilisations, qui se sont construites avec et sur un art religieux. La religion a longtemps été un facteur politique et un élément de socialisation indiscutable. Ce l’est encore d’ailleurs. Ce qui n’a nullement empêché ces mêmes civilisations de tomber en ruines. Puis parlant d’art justement, les religions sont toutes iconoclastes quand il s’agit de démolir l’art de ceux qui ne sont pas d’accord.
Quand Aménophis IV, Aknaton, institua le culte du dieu unique, le grand dieu soleil Aton dispensateur de toute vie, il commença par mettre bas les icônes et idoles du culte d’Amon.
Quand après sa mort les prêtres d’Amon purent avec le faible Tout Ank Amon, fils (neveu) d’Aménophis IV reprendre le pouvoir, ils détruisirent à leur tour les représentations du dieu Unique Aton.

Les religions aiment le feu, la souffrance, la mort!
Les religions sont de très grandes consommatrices d’art. Soit dit en passant, nul prêtre qui se respecte ne fait fi de la bonne vieille épée et du bon vieux bûcher purificateur pour instaurer sa vérité. Des monceaux de cadavres pour annoncer les temps nouveaux, ça vous a un petit caractère exemplaire je ne vous dis que ça.
N’en doutez pas un instant, nos civilisations actuelles s’anéantiront elles aussi en poussière. Ce n’est pas vraiment que je le souhaite, mais je dirais ici pour nuancer, et ne pas m’aliéner les optimistes pour lesquels j’ai beaucoup de tendresse, qu’il est certain que la civilisation telle que nous la connaissons ne va pas durer éternellement. 
Elle pourrait certainement se changer en une sur civilisation qui s’élancerait pour la première fois depuis l’histoire de l’humanité et la naissance de la raison, vers les étoiles.
J’aime autant vous dire que ceux qui travaillent au développement d’une telle vision ont toute ma sympathie, et je ne veux pas leur compter chichement mes encouragements. Je leur demande d’être prudents et de ne pas faire en sorte que ce rêve là s’anéantisse lui aussi dans une autre dérive encore plus sanglante qui le rendrait odieux à tous pour toujours.
Le progrès certainement, mais pas au prix du malheur général pour satisfaire les ambitions délirantes de quelques imbéciles. Pourquoi pas une civilisation à visage humain pour une fois? Ça nous changerait. 
Il serait très exagéré de prétendre que les religions ont été les seules à produire de l’art ou qu’elles ont été les seuls facteurs civilisateurs déterminants tout au long de l’histoire de la socialisation des individus et des peuples.
C’est loin d’avoir toujours été le cas. Certes, la religion connote fortement le caractère identitaire des peuples, et par conséquent celui des individus. Cela vient surtout de ce que de tout temps, les religions phagocytent et récupèrent les mouvements socioculturels qui suintent de l’activité culturelle, essentiellement économique. Les religions ont aussi été pendant longtemps des empêcheuses de progrès, et à tous points de vue encore.

De l'erreur à l'horreur
Quant à ce qu’on observe aujourd’hui, toutes ces dérives criminelles qui s’élaborent sur fond de vieilles croyances, le portrait général qui s’en dégage est suffisamment éloquent pour qu’on se détourne de ces pratiques avec horreur. D’autant plus que de nos jours avec les médias, chacun peut se défendre.
Nous ne sommes plus isolés, cantonnés. L’expérience de la modernité, fait de celui qui le veut, un observateur considérablement plus averti qu’autrefois.
Une grande part des problèmes sociaux émane encore, comme je l’écrivais plus haut, de cette équation religion identité qui est toujours manifeste chez tous les adeptes de toutes les religions. C’est pas demain la veille que ça va changer. Il faut donc favoriser le développement d’une puissante société civile, quitte à militer dans ce sens s’il le faut.
La Société Civile 
Elle doit, non seulement prendre le relais des religions en matière d’identité, mais à son tour avaler en quelque sorte, les religions. Les faire rentrer dans le rang de la normalité sociale. Les religions jouissent partout dans le Monde, de privilèges et de droits séculaires exorbitants. Par la seule fiscalité on pourrait considérablement endiguer leur onctueuse arrogance. J’admets pour ce faire qu’il faudrait un courage politique peu commun. Je pense toutefois que la pression populaire, pourrait faire la différence.
Au Québec, pour ne parler que de ce qui m’est vraiment familier, une puissante commission d’enquête, de préférence permanente (une génération) qui se pencherait sur le phénomène religieux et ses incidences sur la vie civile (du moment qu’elle serait très médiatisée) favoriserait un tel débat public. Il y a lieu de penser que cela amènerait des changements favorables. 
Très probablement aussi des réactions révélatrices quant à la vraie nature des religions. Je sais bien que les dupes semblent moins nombreuses aujourd’hui, mais je pense qu’il s’agit largement d’une illusion.
Il y a moins de pratiquants j’en conviens, mais autant sinon plus de croyants. Ce qui n’est pas sans danger. J’admets qu’il y a progrès en ce qui concerne la liberté, du moment que de plus en plus d’individus décident de prendre eux-mêmes le contrôle de leur vie spirituelle.
Si c’est simplement pour changer le visage de l’aliénation religieuse et la présenter sous un jour plus «libéré», fait de consentement apparent, on se dirige tout droit vers un monde où la liberté sera bafouée au sein de chaque conscience, avec cette fois-ci la complicité des victimes.

Quand je dis commission d’enquête, je ne pense absolument pas à une créature gouvernementale. S’il y a un organisme qui ne doit jamais au grand jamais s’immiscer dans les affaires religieuses c’est bien le Gouvernement. 
Avec ses lourdes structures fonctionnarisées, il ferait autant d’effet qu’un troupeau d’éléphants dans un entrepôt de faïence.
Une telle commission devrait émaner de la société civile actuelle, de préférence laïque. En attendant que le mal passe, on doit prendre ses distances avec les religions.
Refuser sans s’énerver pour ne pas faire le jeu des fanatiques, de se laisser entrainer dans des débats stériles au sujet de croyances malsaines. S’efforcer plutôt de faire un peu d’éducation autour de soi. Loin, très loin, de toute nouvelle tentative de faire des adeptes.
Il n’y a pas de vérité, seulement des valeurs. Elles sont toutes passagères, donc mortelles. Dans tous les sens du mot. Elles disparaitront, et elles peuvent vous tuer. Prenez garde ! Pensez-y.
De toute façon, vous n’arracherez pas un fanatique à ses convictions. Vous pouvez refuser de l’écouter, de discuter ou de vous disputer avec. Mieux vaut ne jamais lui répondre. Ceux et celles qui veulent croire comme des forcenés, cherchent avant tout à s’intégrer à un groupe. Les croyants sincères sont passablement querelleurs. Ils sont souvent pris par le démon du prosélytisme.
Les religions sont éminemment accueillantes. C’est leur grande force. Sauf celles qui prêchent l’exclusion bien évidemment. Avec celles-ci c’est encore plus facile. Elles se condamnent à l’isolement, et sont vouées à plus ou moins long terme, à disparaitre. C’est généralement le sort des sectes.
J’ai bien dit généralement hein! Il y a des exceptions je le sais bien. Les sectes aussi sont dangereuses. Ce sont les embryons des religions.
Les puissantes églises actuelles qui prônent des religions monothéistes, ont commencé par être des sectes. Au fond ce sont des sectes qui ont réussi.
Maintenant, comme le dit si bien Richard Desjardins, posons-nous la question un peu torvis.
Dieu existe-t-il ?
La réponse est non.
C’est exactement comme le Père Noël. Une représentation patriarcale et autoritaire. C’est tout! C’est une invention d’homme (de mâle), pour contrôler sa tribu.
C’est une vieillerie (d’ailleurs on représente toujours Dieu en vieillard), et il faut que ça cesse.

En fait le Père Noël a bien plus de substance que tous les dieux actuels et passés.

Comme le Bonhomme Carnaval, le Baron Samedi ou le Grand Lustucru.

Très amusant comme nom ce dernier. (L’eus-tu cru?). Par exemple, au sujet du Père Noël, son existence en est une à éclipse. Il apparait comme ça, à l’époque des fêtes, parce que le commerce le décide. Ainsi le Père Noël existe bel et bien, et exactement sous la forme qu’on lui connait. Mais c’est une invention humaine. 

Pas céleste ou divine…humaine! C’est un personnage de théâtre.

Tous les dieux sont des personnages de théâtre.

C’est exactement la même chose pour le Dieu de tous les chrétiens. Réfléchissez (en en faisant la liste), aux incommensurables sornettes qui sont en fait le fonds des croyances chrétiennes, et qui constituent ses attributs. Le Dieu unique, je dis bien unique, est triple. Le Père, le Fils, le St-Esprit.

Mettons que ça commence mal. Pourquoi ce Dieu unique, qui est triple, est-il un père, qui a un fils? Pourquoi pas une mère qui aurait six enfants, dont quatre filles et deux garçons? Les chrétiens sont tenus, obligés, sous peine de damnation éternelle, de croire que ce fils-là est avec son père, et qu’il est assis, je dis bien assis, à sa droite !

Pourquoi diable ne serait-il pas debout, et ne pourrait-il pas être parfois à droite, à gauche, en haut, en bas ou ailleurs? Dans un paradis situé dans de telles hauteurs célestes, on imagine mal qu’il peut y avoir là de la droite, de la gauche, du haut et du bas.

Par rapport à quoi? Jésus serait assis de toute éternité à cette douteuse droite? Sur quelle fesse se tient-il? 

Bref, continuons…

Quant à sa mère? Une terrienne mortelle comme tous les humains, mais franchement atypique. Tellement atypique en fait, qu’elle en est monstrueuse. Dieu aurait créé la race humaine, comme tous les animaux et les plantes selon des principes reproducteurs communs, typiques de chaque espèce, mais pour incarner son fils, il aurait violé ses propres règles de reproduction?

Puis d’abord, d’où vient-il pour commencer ce fils-là? Quand Dieu a créé l’Univers, il était seul, oui ou non? À un moment donné, sans qu’on ait jamais su ni comment ni pourquoi, Dieu a un fils.

Pas une fille! Pas une famille! Non! 

Un fils! Voilà! Dans la bible, quand on nous raconte les aventures d’Adam et Ève au paradis terrestre on apprend, complètement médusé, qu’ils ont eu deux garçons, Caïn et Abel. Dont l’un a tué l’autre. On doit bien ensuite expliquer qu’Adam et Ève ont eu d’autres enfants, dont des filles (qui connaît les noms des filles d’Adam et Ève ?)

Ne répondez pas à cette question, c’est absolument sans importance, et qu’ensuite toute cette gentille petite famille s’est reproduite entre membres de la même espèce rapprochée. Le moyen de faire autrement!

Sans cela on voit mal comment l’espèce humaine aurait pu s’étendre. 

C’est une affaire assez compliquée, passablement scabreuse, et vous pouvez prendre toute une vie pour tâcher de débrouiller l’écheveau de ces généalogies trafiquées et tarabiscotées à l’extrême. Que dis-je une vie… mais ça vous en prend au moins deux ou trois mille. Pour aboutir à quoi en fin de compte? A des tissus d’extravagances toutes plus inqualifiables les unes que les autres et toutes, vous me lisez bien ici, toutes absolument et parfaitement méchantes et sanglantes.

Donc le Dieu de la bible se trouve un moment ou l’autre à avoir un fils. Bien. Pas de sexe, pas de copulation... ouache! Non, pas de ça Ninon!
D’où vient-il ce grand garçon? C’est déjà étrange qu’il soit apparu dans le Ciel! C’est encore plus extravagant quand il a fallu l’incarner (mot qui veut dire devenir chair, viande) sur Terre, au milieu des humains, puisque sa mère, après sa naissance, est restée vierge. Ben dis donc! Je demande à voir!

Elle l’a accouché par le nez? Ou par le cul? Faut lire l’histoire de la naissance d’Hercule pour se rendre compte à quel point toute cette fantasmagorie, au sujet de la mère de Jésus, est franchement à se tordre, tellement c’est insignifiant.

À l’époque de ce Jésus (je suis certain qu’il y en avait des flopées de messies, j’ai jamais compris pourquoi le mot messie s’écrivait avec un e comme dans musée) et le messianisme était probablement dans l’air du temps, alors que chaque village, chaque ville, chaque quartier ou coin de pays, ça et là dans l’Empire Romain avait son illuminé local.
Probablement plus d’un, mais je dis ça comme ça alors qu’au fond, vraiment, je m’en tape de cette archie vieille problématique sur le thème de la naissance du Christ, autrement que pour en souligner ici le coté extravagant qui angoisse encore tant de malheureux.
Il y avait beaucoup de théâtre à cette époque. Témoins ces centaines d’amphithéâtres, d’arènes et de Colisée dont les ruines sont disséminées partout dans le paysage de l’ancien empire Gréco Romain.
Deux cents ans, avant la présumée naissance du Christ, (si contre nature) un auteur comique du nom de Plaute, un latin, avait écrit une pièce loufoque au sujet de la naissance d’Hercule, Amphitryon. 
Je vous signale en passant que Plaute est considéré comme celui qui annonce à presque 2000 ans d’avance, les auteurs comiques de la bouffonnerie italienne de la comédia d’el arte. Ce n’est pas moi qui le dit mais le Petit Larousse.
Roi de Thèbes, Amphitryon part guerroyer sur ses frontières avec son fidèle serviteur Sosie.
Pendant son absence, Zeus ou Jupiter comme on voudra, le père des dieux de l’Olympe (encore un vieux qui habite les nuages, et pas mal vicieux par-dessus le marché) se présente au palais déguisé en Amphitryon avec son complice Hermès qui se fait passer pour Sosie, baise la Reine et lui fait un marmot. Lequel marmot, moitié dieu et moitié homme, deviendra Hercule.
Quand le vrai Roi revient chez lui et apprend qu’il est cocufié par Zeus en personne, il se résigne, et accepte cet enfant qu’il élèvera comme le sien. Cadeau de dieu.

Faite les parallèles.

Zeus et le Dieu des chrétiens.

La Reine, et la Vierge Marie.

Hermès déguisé en Sosie, et l’Archange Gabriel. Ce sont tous deux des messagers des dieux et d’éminents bons serviteurs exécutants.

Zeus et le Roi Amphitryon. Tous deux sont des pères, et peuvent aimer une femme, ici la même. Le dieu Zeus a de toute évidence un penchant certain pour la bagatelle.

Le Roi et Joseph? Ce sont deux pères adoptifs et deux cocus. Et cocufiés par des dieux. Et contents de l’être finalement. La Reine et la Vierge Marie, toutes deux dupes et résignées. Figures pathétiques et exemplaires de résignation. Sauf que la femme du Roi elle, a été trompée. Elle a couché avec le dieu de bonne foi, le prenant pour son légitime époux. Elle a quelque excuse d’avoir été ainsi abusée.  

Hercule et Jésus. Deux enfants illégitimes en somme, deux demi-dieux au statut trouble, et qui auront des existences très compliquées et très dures.

Le dieu de l’Olympe qui viole les règles de «sa » création, et le dieu des chrétiens qui fait de même. Les deux dieux sont des tricheurs, et baisent la femme d’un mortel. Ces dieux-là trompent tout le monde.

Le Roi et Joseph, les pères adoptifs d’Hercule et de Jésus, sont deux pauvres types ou deux bons bougres assez poires au fond, qui se résignent à leur sort. Comment en effet faire autrement, du moment que tu as affaire à des dieux. C’est pas évident.

Ou plutôt si ce l’est, c’est même assez comique. Cette pièce de théâtre était connue à l’époque. Elle devait être notoire, partout dans le monde romain, et probablement ailleurs aussi. Dans quelle mesure? Ça, on ne sait pas. Ce n’est pas moi qui ai fait ce parallèle, c’est Michel Tournier.

Les chrétiens auraient donc récupéré cette fable, pour en faire le fondement de leur religion? Au fond il est impossible de savoir s’il y a un rapport de cause à effet entre la pièce de Plaute et l’affaire Jésus. 

Michel Tournier n’a pu faire ce parallèle que pour illustrer un climat culturel d’époque probable. Les farces de Plaute sont tributaires d’un courant culturel, conditionné par le climat social d’alors. Cela ne prouve rien, mais donne à réfléchir. Le rapport tout de même, entre la pièce de Plaute et l’histoire de Jésus est embarrassant pour les croyants.

Ce qu’on relève comme contradiction en faisant de nos jours ce rapprochement, fait encore plus ressortir le caractère niais de ces prétendues vérités évangéliques qu’on peut tout également considérer comme porteuses de grands dépassements absolument impossibles à qualifier, ou encore les prendre pour ce qu’elles sont, soit de sottes dérives hallucinées.

Et c’est ce tissu de sornettes qui obnubile depuis deux millénaires les chrétiens? Quand on s’arrête à penser que cette pitoyable dérive accable des milliards d’individus de nos jours, on est confondu devant le pathétisme navrant vraiment de l’intelligence humaine et de sa sensibilité!

Deux millénaires à croire des niaiseries! Voilà qui donne le vertige et surtout la nausée. Ajoutez-y l’enfer, absolument calqué sur celui des grecs et des romains. Le paradis c’est du pareil au même. Le purgatoire serait une invention relativement récente, apparu quelque part au moyen âge. C’est une sorte d’antichambre au paradis, qu’il a fallu construire assez rapidement, pour rendre compte de la mansuétude divine, et l’incorporer à l’imaginaire chrétien à grand renfort de glose, pour l’intégrer ensuite à la liturgie populaire.

Après quoi par l’exégèse, on en a fait l’historicité, en y ajoutant au fil des écrits, tout ce qui devait en renforcer la trame sacrée(2) et le tour est joué. Il y a tant de pécheurs qui au fond, sont plus bêtes que méchants.

Pour subjuguer des masses ignorantes et corvéables il fallait leur proposer des schémas simples pour les garder dans un état de soumission. C’est bien connu que le mythe de la rédemption est bien pratique pour consoler les réprouvés. D’autant plus qu’on a créé au fil des siècles un paradis peuplé d’exemples édifiants.(3)

Que voilà donc un ciel encombré de saints et de saintes, qui sont en quelque sorte les fonctionnaires de Dieu. Il y a des saints pour tout. Comment retrouver ses bottines et ses clefs? Invoquez St-Antoine de Padoue. Pourquoi lui?

Sais pas!

Tu t’intéresses aux animaux? Invoque donc St-François d’Assise. Pourquoi faire?

Parce que François d’Assise aimait les petits oiseaux et les animaux. Que veux-tu savoir de plus? On ne te demande pas de comprendre, mais de croire! Est-ce assez clair ça?

Pose pas trop de questions petit gars. Tu vas avoir mal à la tête.

Quant à toi fillette, si tu fais seulement mine de penser, c’est le fouet qui t’attends. T’as intérêt à marcher les fesses serrées. Pis montre pas ta face à tout le monde ! C’est indécent!

Tiens, v’la un foulard!

Cache-toi!

Je veux bien qu’il y ait des tas de laiderons qui ont intérêt à se voiler la face, mais les femmes sont loin d’être toutes des crapets et des pichous ! Même chez les musulmans. Il y a toujours un sacré bout’, à se payer ainsi la tête des gens.

Quant aux hommes, particulièrement l’assemblée de vieux branleurs couverts d’or et d‘oripeaux clinquants et tapageurs, qui autoproclament gardiens de la foi du coté de Rome en ce qui nous concerne occidentaux, je demande qu’on les mette à poil et qu’on les fasse défiler entre deux foules, pour qu’on ait un peu de fun.

Pour ce qui est du Vatican, on en fera un musée Juste pour Rire II. Cela amusera les touristes. Quant aux ayatollahs et autres imams, qui font chier la moitié de la planète avec leurs foutues sourates, et leurs maudites charrias….c’est pas mes oignons !

Ils ne voient pas ce qui leur pend au bout du nez, et c’est aussi bien comme ça. Le jour (qui s’en vient, très très vite) où les peuples qui plient sous leur abominable joug se libèreront…ils vont la sentir passer (la colère), je vous le jure! Ils ne l’auront pas volé! Maintenant je voudrais revenir un peu sur cette physique des particules, et les disciplines connexes qui explorent la structure de l’univers. 

Je doute fort que l’étude de la physique devienne un jour tellement à la mode, qu’il y ait à son sujet un engouement populaire. C’est bien trop complexe, et cela exige une formation qui, au moment où j’écris mon texte, n’est l’apanage d’au plus une vingtaine de cerveaux capables d’en saisir les nuances les plus fines. Au contraire des exégètes qui s’acharnent à approfondir les mystères de la foi et qui sont légions. La différence étant que dans le domaine de la physique, la communauté scientifique veut faire l’unanimité parmi ses membres, et les découvertes de la physique ne sont contestables qu’à partir de règles universelles, universellement partagées par tous.

Au contraire, quand il s’agit de foi et de religion, les écoles de pensée sont antagonistes, adversaires, ennemies la plupart du temps. Leurs vues, qui s’appuient sur la pensée magique, sont irréconciliables. Jamais en 2000 ans, il ne s’est manifesté entre elles, le moindre œcuménisme digne de ce nom. Les grandes religions sont campées, retranchées derrières leurs dogmes et n’en bougent pas depuis des siècles. Leurs différends sont d’ordres divins. Ils ne peuvent absolument pas être fondus en un alliage transcendant qui rallierait tous les esprits. C’est absolument impossible. Il suffit de regarder la réalité, de suivre l’actualité religieuse pour s’en rendre compte. Ce n’est pas le cas pour ce qui est de la physique.

Celle-ci se penche sur des réalités tangibles, aux extrêmes limites du compréhensible. Au cœur de la matière pensent plusieurs chercheurs, se tient l’esprit et ils le trouvent. Sauf que cet esprit-là ne ressemble à rien qui s’apparente aux fantasmagories religieuses. Lesquelles n’ont aucun fondement qui s’appuierait sur un quelconque début d’explication réelle du phénomène vivant, et partant sur l’être humain, son esprit, sa conscience.

Tout le fatras des dogmes séculaires repose sur autant d’impostures fanatisées, empilées les unes sur les autres, et qui écrasent l’entendement. Jamais rien ni personne ne tirera de cet amoncellement de mensonges, le plus petit commencement de début d’explication du phénomène humain. Jamais!

Les religions sont condamnées à se fossiliser, justement à cause de leur durée même, qui est la preuve la plus éclatante de leur échec à remplir leur programme fondateur. La paix dans le monde et le bonheur des humains. Elles sont devenues si hideuses de violences et d’atrocités, qu’elles sont à tout jamais discréditées aux yeux de ceux et celles qui veulent comprendre ce qui est accessible à l’intelligence humaine. La seule que nous connaissions, la seule qui existe vraiment.

On ne trouvera pas de conscience au cœur des atomes. L’esprit n’est pas réductible à des particules énergétiques infinitésimales.

La connaissance en tant qu’idée, ne se conjugue pas avec une syntaxe mathématique, si lumineuse qu’elle soit. Parce qu’il s’agit dans un cas comme dans l’autre (l’esprit et la matière) de deux dérives essentiellement culturelles, qui ne traitent pas du même problème. Bien entendu, l’esprit a des liens avec la matière et vice versa, mais ces liens n’ont pas à être du parti de l’évanescence ou au contraire de celui du tangible, du moment qu’ils sont simplement manifestes.

Le vent est une manifestation des gaz chauffés et refroidis par l’action du Soleil. Le vent n’a pas de réalité dissociée de la matière gazeuse. C’est un mot pour quantifier, des noms pour qualifier des phénomènes météorologiques locaux.

De même l’esprit est le mot poétique qui rend compte de l’ensemble des manifestations liées à l’état de vivant, et qui ne peuvent être décrites qu’avec des mots. Les mots sont de la culture humaine. Ce sont ces mots-là qui font de nous des humains. Notre langage, avec toutes ses variantes depuis des millénaires, est justement ce qui fait notre conscience.

Qu’est-ce donc que la conscience alors ? 

C’est de l’esprit (fait de mots) qui se regarde et qui regarde les autres, et qui regarde le Monde. C’est encore bien plus fabuleux que l’explication religieuse qui dépouille l’humain de sa grandeur, pour en faire ce jouet de forces obscures, malveillantes, même quand elles sont définies avec des paramètres bienveillants.

Mais me dit-on parfois, si vous dépouillez l’humain de son sentiment religieux, vous allez provoquer des détresses catastrophiques au sein des masses croyantes et sincères. Qui risquent de dégénérer en violences encore plus apocalyptiques qui…

Minute, minute, minute! On se calme! D’abord je ne veux rien faire de tel. Il me parait extravagant de prophétiser des désastres, simplement parce que quelqu’un s’interroge sur une problématique actuelle. Ne perdons pas les pédales. La conscience n’est pas un privilège réservé à de quelconques élites. A des degrés divers, chaque humain en a une. Sa conscience c’est son esprit, c’est son âme. Il peut, et c’est mon propos ici, il doit s’en servir. De préférence avec d’autres. A date, ce sont les églises, évidemment publicistes du sentiment religieux, qui ont des comptes à rendre sur leur gestion millénaire de la conscience. Leur bilan est parfaitement éloquent, il est calamiteux, atroce.

Affirmer péremptoirement que des masses libérées de leur esclavage malsain, se précipiteraient les unes sur les autres en des affrontements effroyables, parce qu’ainsi on aurait libéré des forces au départ absolument méchantes, relève justement du discours névrosé, culpabilisant, qui fait le fonds de commerce de toutes les religions depuis qu’elles existent.

D’ailleurs je n’ai fait cette objection, que pour donner un exemple du genre de polémique dans laquelle on risque de se faire embarquer, si on accepte de débattre d’un sujet aussi susceptible que celui du sentiment religieux. Je dénoncerais quiconque partirait une croisade de la liberté en déclarant la guerre aux religions, à partir de ce que j’écris ici.

C’est très exactement ce qu’il ne faut pas faire. Bien au contraire, par l’éducation, l’action civile responsable, se poser des questions au sujet de tout, et rester ouvert. La Nature est bien faite. En quelques décennies, une mouvance éducatrice qui serait issue d’un non moins puissant mouvement culturel d’essence artistique (pourquoi pas) pourrait provoquer l’effondrement de ce qui reste des vieilles velléités religieuses et de leurs superstitions absurdes.

Le processus n’a pas à être provocateur ni violent. Le temps fera son œuvre. Les humains sont mortels. En 100 ans, les vieilles survivances du passé pourraient disparaitre avec les derniers croyants. Laissons-les mourir de mort naturelle. Qui donc a dit un jour que la vérité ne s’imposait jamais, mais que ses adversaires finissaient par mourir? A titre d’exemple je citerais prudemment ici celui de la Chine.

Voilà un monde vraiment, qui aura évolué pendant des millénaires, arborant une culture extrêmement complexe, et pour nous occidentaux fabuleusement exotique. La Chine, traditionaliste depuis 5000 ans, en moins de 100 ans a balayé le gros de son passé, pour embrasser maintenant des valeurs occidentales. À commencer par le communisme et, contradiction significative, plus récemment, une forme de libéralisme économique entièrement importé de l’étranger.

Voilà un peu plus d’un milliard de chinois qui demeurent chinois certainement, avec leurs langues et leurs cultures locales typiques, mais qui collectivement sont sous l’emprise d’une manière de faire les choses, qui ne doit rien à leur évolution séculaire, millénaire. L’objection de la dictature d’un parti politique unique ne change rien au fait. Le changement d’attitude dans l’esprit des chinois n’est probablement pas aussi profond qu’il y parait, et pourrait connaitre des retours. Quoiqu’il en soit enfin, le phénomène de la transgression culturelle au sein des masses chinoises, même s’il ne doit être qu’épisodique, demeure remarquable à plus d’un titre. Il mérite qu’on s’y attarde quand on s’interroge sur les possibilités humaines.

On peut donc changer individuellement et collectivement.

De façon formidablement spectaculaire, profonde, et cela ne prend pas des millénaires. Quelques décennies, deux ou trois générations suffisent. Méditez cela.

J’aurais pu tout autant prendre comme exemple de ce qu’il est possible de faire en matière de changement des mentalités, en faisant simplement remarquer à quel point nous sommes actuellement en l’an 2013, divorcés des intérêts qui étaient ceux d’il y a 100 ans, et ce dans notre propre pays. Ici au Québec, nous étions une société rurale, paysanne, comme l’étaient d’ailleurs la plupart des sociétés européennes et américaines.  

L'Occident n’est devenu franchement citadin qu’après la Deuxième Guerre Mondiale. Cette tendance a été plus spectaculaire que tout ce qui avait été observé comme déplacement de population depuis 1000 ou 2000 ans. Notre monde actuel est absolument méconnaissable si on s’efforce de le regarder avec les yeux des gens qui vivaient au début du XIXe siècle. Mais le monde du XIXe siècle n’aurait pas paru si fabuleusement différent aux yeux des contemporains de Jules César par exemple que le XXIe actuel.

On peut parier que le monde du début du XXe siècle aurait donné un certain choc aux contemporains du moyen âge, mais celui dans lequel nous vivons actuellement dépasse absolument les imaginations les plus débridées des siècles précédents. Les changements vécus au cours du dernier siècle seulement enfoncent les siècles précédents au grenier des idées et des modes de vie parfaitement dépassés et pour toujours.

On pouvait encore il y a 100 ans se reconnaitre dans les soucis des siècles précédents et on pouvait sympathiser psychologiquement avec ses prédécesseurs.

À peu près rien de ce qui fait aujourd’hui le propre de nos préoccupations ne serait compréhensible à nos ancêtres immédiats.





(1) Tous ces noms et bien d’autres se retrouvent dans le premier traité d’astronomie venu.
(2) Il faut prendre ce mot au sens large de critique des textes, l’exégèse s’applique surtout à la bible et je pense que tous les écrits, pour ou contre l’ordre religieux, légitimisent en fait le paradoxe religieux. L’important, quand il s’agit de donner corps à une doctrine c’est justement d’en parler, de gloser à son sujet. En bien ou en mal, ce qui compte c’est d’en parler.
(3) Jean Paul II a créé au cour de son pontificat, plus de saints que n'en comportait tout le calendrier depuis son invention. Au XXIe Siècle la population des saints a triplée. Pis après!