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jeudi 21 août 2008

Québec Troisième Round (4)

1er Avril 2012
Mise à jour:
Ce livre sur l'Indépendance du Québec fera l'objet d'une autre publication entièrement révisée, vraisemblablement en 2012, selon les déroulements de la politique Québécoise.

Chapitre Quatrième (4)
La fameuse dette du Canada
Et autres considérations

'' Combien ça coute l’Indépendance?
Marcel Ticlin
Ben heuuu…c’est en vente cette semaine.
Mâame Chose ''

Regardons maintenant le cas de la dette canadienne, dont depuis trente ans on en brandit les chiffres pour nous faire peur.
D’abord, de quoi est faite cette dette qui avoisine depuis dix ans les 500 milliards de dollars? Chiffre pour le moins considérable. (Voir à la fin l’annexe sur la dette des États-Unis)

Il est dit et répété depuis bien trop longtemps (bien imprudemment d’ailleurs) que le Québec devenant indépendant devra obligatoirement en assumer sa part, soit plus ou moins 25%, ce qui représente sa population dans le Canada actuel.
Vous me permettrez de ne pas être d’accord. Je ne partage absolument pas ce point de vue, et je vais vous expliquer pourquoi.
C’est maintenant, du fait de notre présence dans le Canada que cette dette nous pèse. Elle est payée avec nos impôts. En plus de la dette du gouvernement du Québec.
Sachez tout d’abord si vous l’ignorez, que le Canada, ainsi que le Québec (en somme tous les états et tous les gouvernements de la Terre) contractent des emprunts auprès de toutes les institutions financières internationales. Il y en a partout de ces prêteurs emprunteurs.
Le Québec a déjà sa propre dette, qui est faite des sommes qu’il doit aux institutions bancaires internationales. Tout comme le Canada, les États Unis, la France et ainsi de suite. Dans les faits les emprunts du Canada et du Québec représentent des investissements, pas des créances.
Notre capacité de pouvoir au fil des ans emprunter et payer, est tributaire de nos moyens. Il existe des agences qui cotent et décotent, selon la santé financière des états, les tarifs de ces emprunts.
Il va de soi que le Canada est lui aussi coté et décoté selon ses politiques, ses revenus, ses actifs, ses capacités de remboursement.
D’autre part, tous les états ont des économies, des fonds non moins considérables, des acquis de toute sorte, des caisses de ceci et cela, qui entrent en jeu lorsqu’il s’agit de mesurer leur valeur. Le Canada et le Québec ne font pas qu’emprunter, ils sont également des prêteurs, et jouent le jeu de la finance internationale, dont ils sont des participants et non des moindres. Le bas de laine des Québécois est notoirement bien rembourré.

Il convient donc de relativiser cette dette qui, en chiffres brutaux est redoutable, mais moins épeurante qu’on ne le dit, lorsqu’on la considère dans l’ensemble des tractations financières.
Face aux institutions financières le Québec n’est responsable que des emprunts qui portent sa signature. C’est pareil pour le Canada.
Que ce dernier se retrouve privé des impôts du quart de sa population, n’empêchera nullement les institutions financières du marché des emprunts, de lui présenter les factures pour ‘’ses’’ engagements. Le Canada a l’obligation devant les marchés financiers de respecter sa signature.

Le Québec devenant indépendant devra lui aussi respecter sa signature, posée au bas de ses emprunts à lui. Sa position, une fois l’indépendance faite, bonifiée par le fait même que son budget va doubler, va lui donner une crédibilité accrue.
Quant au Canada, il devra composer avec le Québec s’il veut que celui-ci, en bon voisin, lui facilite la tâche. Il faut bien admettre ici, les affaires étant les affaires, que le Québec n’a pas d’obligation contractuelle ni même morale, envers la dette canadienne.

Il n’est pas automatiquement vrai qu’advenant son indépendance, il doit prendre en charge le quart de la dette canadienne. Ce n’est pas comme cela que les choses vont se passer. Cette dette, aujourd’hui épouvantail à nonos, va devenir au lendemain de l’indépendance un puissant outil de négociation pour le Québec. Dans la situation qui s’en suivra c’est bel et bien le Canada qui sera le demandeur, pas le Québec.
La dette canadienne est avant tout une affaire canadienne. Certes le Québec dans le Canada a son mot à dire sur la manière dont le fédéral endette la fédération dont il fait partie. C’est une toute autre paire de manches à partir du moment où le Québec n’en fait plus partie.
La réorganisation des dettes du Canada va de pair avec le partage de ses actifs. Il va de soi que si on pose comme postulat que le Québec doit être tenu responsable du quart des engagements du Canada (ce qui reste à démontrer et surtout à négocier) il va sans dire que suivant la même logique, il est également propriétaire du quart de tous ses actifs. Avez-vous seulement une idée de ce que peut représenter la valeur foncière, financière, mobilière et immobilière du Canada?
Avez-vous la moindre idée de ce que peut être le portefeuille mondial des actifs du Canada?

Si le Québec accepte éventuellement de prendre en charge dans un souci de bon voisinage, une partie de la dette canadienne, ce ne sera qu’après que les actifs actuels du Canada auront été mis dans la balance du partage de l’assiette au beurre. Rappelons que le Canada a plus de mille institutions qui brassent de l’argent dans toutes les entreprises et les officines, partout dans le monde où il y a une piastre à faire.
Il est inconcevable qu’un Québec Indépendant n’hérite que des passifs du Canada, sans qu’on considère qu’il a également droit à sa part des actifs. C’est là une réalité dont on ne parle pas souvent, mais tout aussi incontournable, et qui pèsera lourd dans les négociations.

Les Canadiens avec la couronne canadienne sont les propriétaires du Canada, dont les Québécois font partie. N’en déplaise à ceux qui disent n’importe quoi, rien n’empêchera les Québécois de conserver s’ils le désirent leurs actifs canadiens dans le Canada, et de les gérer au mieux de leurs intérêts. On prend la dette peut-être, mais on prend aussi les revenus qui vont avec. C’est comme ça et pas autrement.
D’ailleurs, même si le cas devait se produire, celui où le Québec refuseraitt catégoriquement de considérer la dette canadienne, cela ne l’empêcherait pas de continuer d’être le propriétaire légal de tous les actifs canadiens qui lui reviennent. Je le répète ici, c’est le Canada, plus précisément le gouvernement fédéral canadien, qui est signataire de la dette canadienne. Pas le Québec, ni l’Alberta, ni l’Ontario, ni les autres provinces et territoires.
Quant aux Canadiens qui possèdent des actifs au Québec, ils pourront les conserver, les vendre, les échanger que sais-je, selon leurs désirs. Ce sera ''business as usual''. C’est vrai pour le gouvernement du Canada, les particuliers et les institutions. C’est également vrai pour le dollar canadien…hé oui… c’est comme ça!
Une monnaie commune ? Ma foi je n’en sais rien, mais si ça se trouve on l’appellera l’Américo, pour la distinguer de l’Euro. Je n’en ferai pas une jaunisse.
Il n’y a donc pas lieu de brandir ici des menaces, de proférer des inexactitudes sur un ton revendicateur.
Il faut s’entendre, et on va s’entendre. D’autant plus que si des dettes ça coute des sous, cela en rapporte beaucoup…pour ceux qui les financent.
C’est là une façon de voir plus rassurante et surtout plus conforme à la réalité économique internationale. Je suppose que nos gestionnaires financiers qui s’y connaissent en portefeuilles, ici au Québec et ailleurs, sont en mesure de départager le vrais du faux dans ces poignantes considérations. On demandera aux Fortin, Parizeau et autres, de nous donner leur avis sur ces ‘’détails’’. L’économie du Québec est tissée dans la trame du monde entier, et notre indépendance aura surtout comme effet de donner à notre voix la place et l’importance qui lui sont dus.
Je pense que bien au-delà des rhétoriques culpabilisantes, les voix de la raison sauront se faire entendre. Les milieux financiers internationaux, les premiers intéressés à ce que tout se passe bien, feront comprendre à ceux qui ont la tête trop enflée, qu’ils devront se calmer le poil des jambes.
Quant aux autres avantages de l’indépendance, signalons ici la pleine maitrise de notre culture, le contrôle sur nos affaires extérieures, dont les pleins pouvoirs sur notre immigration, et la gestion intégrale de nos communications.
Notre langue est notre meilleur atout. Quant à notre capacité de nous débrouiller dans le marché anglophone mondial, notre situation est bien plus enviable que celle du Canada anglais. Étant donné que depuis toujours les Québécois sont bilingues, là où les anglophones ont fait preuve depuis deux siècles, d’une remarquable détermination à ne pas vouloir apprendre le français. Mais ça, ce n’est pas notre problème, c’est celui du Canada.
Devoir toujours se plier aux dictats et aux impératifs du Canada anglais, sous le prétexte éculé de vieux syndrome de conquête inaboutie. Trainer avec nous un vieux bagage de rancœurs encombrantes, dont les composantes ne sont plus de notre époque, ne représente qu’autant de boulets historiques rouillés. Dont nous devons nous débarrasser si nous voulons progresser.

Laissons aux exégètes des temps futurs le soin de démêler l’écheveau compliqué de ces vieilles dérives rancunières, qui n’intéressent plus la jeunesse actuelle, avide de réalisations nouvelles. L’histoire est utile à la compréhension du présent… à condition d’en sortir.
Je veux bien que nos prédécesseurs aient accomplis des actes, posés des gestes, dont on peut leur être reconnaissant. Avec toutefois une nuance de taille. À savoir que ces gens-là sont morts et enterrés, et que ce qui nous intéresse avant tout, c’est notre situation de vivants actuels.
Ces ancêtres nous ont également légué un héritage coupable dont nous n’avons pas à porter le poids. Encore moins de devoir en subir les conséquences, indéfiniment.

N’en déplaisent aux nationaleux, prompts à monter des barricades sitôt qu’on interroge le passé de façon critique (comme si on profanait un quelconque caractère sacré de la tradition), le passé ne doit pas être sacré. Tous les passés sont douteux, peuvent être remis en question, doivent être démystifiés, sous peine de s’y embourber à mort.
Le passé ne peut pas être notre maitre. Il est la somme des essais, des réussites, et des erreurs qui font les pays. On doit constamment en faire le procès. Hé bien oui je l’avoue, je suis un affreux révisionniste!
Cela étant dit, l’étude du passé est utile pour comprendre le sens de l’évolution de l’humanité, et en tirer des enseignements sans les déifier.
Considérez la lourde histoire des dieux et demandez-vous si les hommes ont si bien fait d’en trainer les chaines jusqu’à nos jours?
L’actualité est remplie des clameurs des suppliciés à ces vieilles traditions, dont on n’arrive plus à se dépêtrer.
***

Comment le Québec une fois devenu indépendant va-t-il aménager son espace politique, social et économique?
Tout indique qu’il va continuer à suivre la mouvance générale du progrès à l’occidental.
Il y a dans nos classes politiques des tendances capitalistes de droite (très peu d’extrême droite), essentiellement libérales, fortement connotées de social démocratie.
On y trouve une gauche centriste plus soucieuse de redistribution égalitaire des richesses, des biens et des services, que de faire valoir des remises en questions idéologiques radicales, communistes par exemple.
Ou se réclamant d’une dérive anarchisante quelconque. Je veux ici attirer votre attention sur les changements qui se sont produits dans l’organisation socioéconomique planétaire depuis cent ans. L’état de notre planète s’est extraordinairement modifié entre 1900,1950, et 2000.
À un point tel qu’entre ces dates, ce monde change radicalement de visage, et la vitesse de ces changements ne cesse de s’accroitre.
L’idée d’une économie de droite inspirée du model capitaliste du XIXe Siècle a elle aussi changée. Le monde actuel n’est pas unipolaire ou bipolaire, il est multipolaire. Depuis les années 60, les mouvances vertes, altermondialistes, écologiques, alternatives, donnent le ton aux politiques internationales.
La planète est devenue une réalité tangible, et ses habitants prennent conscience de sa fragilité. Il est bien évident que les politiques actuelles vont profondément changer dans les années à venir. Il est probable que les vieilles politiques arrivistes, basées sur un développement sauvage, vont s’éteindre peu à peu. Le Québec, tout en demeurant attaché à ses valeurs occidentales, pourrait fort bien développer une culture qui romprait avec des dogmes économiques, devenus malsains à force de gaspillages.
Que nous développions ici une société plus détendue, moins trépidante, dans laquelle l’idée d’une liberté individuelle élargie serait élaborée, n’est pas pour me déplaire, bien au contraire.
Au Québec, c’est le centre qui détermine le jeu politique. Plus à droite...plus à gauche, question de couleur du temps. Des mouvements de balancier qui ne vont jamais bien loin vers la droite ou la gauche extrémiste. C’est d’ailleurs ce qui frappe chez les Québécois, ce souci de tranquillité, ce besoin d’espace de réflexion, de méditation dirais-je, qui en font des gens imaginatifs et soucieux de paix.
Oui bon c’est un point de vue parmi d’autres, et j’en connais qui déplorent ce coté paisible qui nous singularise.
Ils le confondent par manque de jugement, avec une sorte de faiblesse de caractère, qui n’existe absolument pas ailleurs que dans une certaine littérature. Encore plus je constate qu'il y a chez nous une culture de la démission et de l'apitoiement sur soi-même qui est déplorable, et qui doit cesser.
Véhiculée surtout par la télévision et les médias.
Pas tous, bien évidemment.
D’autant plus que les jeunes sont plus surs d’eux que leurs parents.

En creusant la psyché des Québécois, on s’aperçoit qu’au fond ils sont tournés vers l’avenir. Ils ne savent pas de quoi cet avenir est fait, mais c’est là leur force il me semble. Cet avenir reste ouvert. Les Québécois me semblent assez peu conservateurs. C’est qu’au fond, ils se savent riches. Leur pays est immense, bourré de potentiel, de richesses, à faire crever d’envie des continents entiers. Pour faire bonne mesure, ils vivent à moins de huit millions dans un espace géographique capable de contenir l’Europe.
Je parle ici d'un ordre de grandeur évidemment.
Les Québécois savent cela. Ils savent aussi que leur situation économique, pour enviable qu’elle soit, demeure prisonnière d’un ensemble de facteurs qu’ils ne contrôlent pas. Ils déplorent collectivement qu’elle ne soit pas parmi les premières du monde, et c’est cela qui les scandalise.
Le Québécois moyen est, si je peux m’avancer ici, un être paradoxal qui se sait paradoxal, et qui ne tient pas trop à réduire ses contradictions.
Il regarde sa situation économique sur la scène mondiale, prend conscience de sa puissance et de ses possibilités, mais manque de certains moyens susceptibles de lui permettre d’en tirer le meilleur parti possible. On pourrait lui reprocher aussi un manque de détermination, laquelle est tributaire des moyens qui lui font défaut. C’est cela qu’il faut corriger.

Les Québécois savent qu’avec leur indépendance (et le plus tôt sera le mieux) il faudra réformer en profondeur tout le système d’éducation actuel, et le désaliéner des impératifs économiques auquel il est assujetti. Pourquoi ? Parce que les besoins ont changés. De réforme en réforme le système d'éducation n'arrive plus à former une jeunesse efficace, parce qu'il est devenu inadéquat et réformer un système inadéquat c'est comme réparer de la vieille machinerie devenue désuète. Je m’explique.
Dans un espace économique donné, fortement peuplé (comme l’Europe par exemple), aux richesses naturelles relativement limitées, comparativement à d’autres, l’économie, fille de l’éducation, prend un caractère distributif, qui doit tendre vers une sorte de justice sociale généralisée. De manière à désamorcer les mécontentements, susceptibles de déstabiliser l’ensemble. C’est là tout l’art de la politique dont l’exercice au quotidien freine les ambitions délirantes, qui s’expriment partout tout le temps.
Il faut donc chercher à satisfaire la majorité, et savoir contenter des minorités turbulentes, ombrageuses, tout en permettant au temps de gommer les disparités, causes de conflits et de guerres. Ce fut, et c’est encore le cas de l’Europe.
Dans un ensemble économique très riche et très peu peuplé comme le Québec, la priorité doit aller vers le mieux être maximum du plus grand nombre de citoyens. Un système d'éducation qui insiste pour fabriquer des clones ne vaudra jamais une Éducation Nationale qui encouragera le diversité et l'imagination.
Entendons-nous bien, j’ai personnellement une propension à considérer que l’État doit avoir une grande responsabilité dans l’élaboration des conditions du mieux être collectif. Je ne veux nullement dire ici que l’État doit tout faire. Un État fortement interventionniste devient vite tracassier, despotique.

Les citoyens, par des regroupements en associations multiples très diversifiées, se doivent de participer activement à l’amélioration de leurs conditions d’existences. Il importe beaucoup qu’un pays fort soit le fait de citoyens responsables. Il y va de leur liberté individuelle.
Je devrai souvent revenir sur ce point.
Arrimer continuellement, par réflexe conditionné, toutes les réalités culturelles et économiques d’un Québec souverain, aux impératifs commerciaux et culturels européens ou américains, est une façon certaine de limiter l’épanouissement des Québécois. Un État responsable doit protéger, favoriser, les manifestations artistiques (au sens très large du mot) qui font qu’une nation se distingue d’une autre. Un pays sans originalité artistique, est un pays sans personnalité. On s’y intéresse peu.
Les états américains au sein des États Unis ont des politiques économiques, sociales et culturelles, distinctes de la politique fédérale américaine. On pense à la Californie plus peuplée que le Canada, qui fait souvent la pluie et le beau temps dans l’opinion américaine. Souvent au grand dam du gouvernement central.
Puisque nous avons l’espace, les voies de communications, des richesses naturelles immenses et accessibles, des sources d’énergies pratiquement inépuisables si elles sont gérées intelligemment, que nous manque-t-il donc pour être à l’avant-garde des nations les plus développées de la planète?
La réponse est multiple.
Nous n’avons pas la gestion complète, le contrôle quoi…de ces richesses naturelles, qui sont exploitées par des intérêts majoritaires étrangers aux nôtres. Ce sentiment d’aliénation sape notre fierté, et gruge le sentiment d’appartenance qui fait les peuples forts.
Qu’on me comprenne bien ici. Je ne veux pas laisser entendre que les étrangers, du fait de leur caractère d’étrangers, sont nuisibles pour nous.
Point de xénophobie ici, un simple constat.
En prenant le contrôle majoritaire de nos richesses naturelles, en ne permettant jamais qu’elles soient aliénées (par des lois votées en ce sens), nous nous assurons que c’est nous qui en gérons la conservation, faisons les transformations, en ferons la distribution et les échanges avec les autres pays. C’est très important.
Nous devons composer avec les impératifs d’une économie mondiale dont nous voulons être des acteurs actifs, et non pas passifs. Nous voulons agir, pas seulement subir.
Il importe beaucoup que nous ayons la pleine maitrise d’une industrie hautement performante, capable de toutes les audaces innovatrices. Que nous puissions proposer au marché international des produits finis, prêt à être utilisés. Mais je ne pense pas que nous soyons dans l’obligation de concurrencer tout le monde dans tous les domaines.
Il serait plus louable et rentable pour nous, de développer des relations d’échanges complémentaires, plutôt que de se colleter interminablement à propos de marchés à conquérir, dans lesquels nous ne pouvons pas faire mieux que d’autres. Il faut donc distinguer notre marché intérieur du marché mondial. Que l’on produise chez nous tout ce qu’il nous est possible de produire et qui nous est nécessaire, et que l’on vende et achète ailleurs ce qui peut l’être. Mais faire de la concurrence pour prouver à d’autres que nous sommes meilleurs qu’eux, ma foi, je trouve cela infantile.
Il faut absolument que nous maitrisions notre économie, à partir du secteur primaire (l’extraction des matières premières) en passant par le secteur secondaire (la transformation des matières premières en biens), et l’acheminement partout sur la planète de nos réalisations, en les marquant du sceau de notre personnalité (secteur tertiaire qui est celui de l'administration).

Nous aurons impérativement besoin d’une marine marchande de classe mondiale qu’il faudra créer rapidement. Surtout des navires de moyen tonnage (entre vingt cinq et cinquante milles tonnes, plus susceptibles de pénétrer profondément dans les ports intérieurs, et qui se contentent d’infrastructures modestes et de moindres tirants d’eaux). L’avantage étant que nous aurions ainsi accès à beaucoup plus de lieux. D’autant plus que des petits navires exigent des équipages comparables aux gros. Ce qui permet de créer des classes de marins professionnels qui profiteront de ce développement. Au lieu de devoir en embaucher ailleurs à vil prix, avec tous les risques que ça comporte.
Il faudra aussi développer à la grandeur du Québec un vrai système ferroviaire moderne (à deux voies minimum) capable de fonctionner efficacement pour les passagers et les marchandises.
En corolaire donc, des ports de classe mondiale, là où ils se justifient, sur le pourtour de notre pays continent.
Il nous faut une industrie constamment renouvelée, qui laisse une très grande place à l’initiative locale, de manière à pouvoir la moderniser constamment.
Sans dépendre des autres dans la mesure de l’impossible. Il nous faut un puissant secteur de recherche et développement toujours remis à jour.
C’est indispensable à notre réussite collective.
Cette capacité de se réinventer, doit être exportable.
Du moment que nous ne bradons pas nos richesses intellectuelles et nos découvertes technologiques, à des intérêts susceptibles de les utiliser contre nous.

Au besoin, et je vais en étonner plusieurs ici, nous aurions intérêt à forger de toutes pièces une machinerie industrielle originale, complémentaire à celle qui existe actuellement dans toutes les usines du monde. Qui aurait pour nous l’avantage de n’être utilisable que par nous, ou en faisant appel à nos soins. Qui doit être si performante, qu’elle en devienne emblématique. En somme, nous devrions nous spécialiser dans l’innovation.
Pour cela il faut repenser notre Éducation Nationale et ne pas craindre d’en faire un exemple d’innovation permanente, qui tablerait sur la diversité.
En mettant l’industrie au service de l’éducation, et non pas comme nous le faisons actuellement, en mettant l’éducation au service des impératifs industriels. Il n’y a pas en terme de civilisation, de finalité industrielle et économique. La production n’est pas un idéal. C’est au mieux, un impératif passager d’organisation sociale. Ce que nous devons rechercher et trouver, ce sont les moyens d’abaisser considérablement la dépendance de nos citoyens, aux exigences et désirs des industriels et des marchands. Faire de notre commerce intérieur et extérieur des composantes de notre liberté collective.
Il faut donc aussi reconsidérer sans craindre d’innover radicalement, le temps de travail et ses lieux. Cela implique forcément de rationaliser les déplacements abusivement énergétivores.
Le temps de travail devrait être assujetti aux besoins des humains. C’est une approche supérieure à celle qui consiste aujourd’hui, à imposer aux gens des modes d’existences qui les contraignent à des horaires inhumains. Vecteurs de maladies nerveuses.
Ne plus faire ce que nous faisons actuellement; c’est-à-dire forcer les travailleurs à se déplacer jour après jours dans des embouteillages absurdes, puants et couteux, qui nous ruinent en temps de vie aliénante.
S’ils en ont l’opportunité, nos citoyens auront mieux à faire avec leurs existences que de les passer dans des embouteillages et des tours à bureaux.
Nous devons passer du XIXe Siècle au XXIe Siècle.
Donc repenser l’Éducation, les manières de créer et de produire. Reconsidérer originalement les façons de se déplacer.
Libérer les citoyens de corvées dévalorisantes, sans les priver de leurs moyens d’existence. Au contraire, les augmenter au fur et à mesure que leur temps de production diminuera. Je suis farouchement partisan d’une politique de mise en place d’un revenu décent garanti . Quant à la production de biens et de services, il faut en abolir les dogmes.
Je pense que la notion de croissance économique soutenue doit être maintenue, puisque c’est une façon de mesurer le progrès.
Cependant il faut bien admettre que l’idée de consommation pour elle-même, qui est aujourd’hui source de pollution, et qui menace les équilibres naturels, doit être repensée.
Je constate que la notion de développement durable a de plus en plus tendance à s’imposer chez nous.
Reste à discipliner maintenant cette idée plutôt vague, pour en faire un programme économique général souple et généreux, capable de maitriser les gaspillages et les dégâts.
Il faudra bien remplacer par des machines plus aptes à s’occuper de tâches répétitives, tout le travail qui déshonore la Condition Humaine. Je préfère quant à moi, une société composée d’artisans créateurs disciplinés, à celle de travailleurs employés, exploités, du fait de leurs compétences.
Fuir comme la peste tout système à tendance utopique, visant à fondre l’activité économique de secteurs entiers, dans des moules convenus d’avance. Tous les taylorismes sont à bannir.
Bons pour des machines.
Éviter les bouleversements radicaux, en se donnant le temps, (au moins une génération) pour ajuster constamment notre société aux impératifs d’un avenir qui se fait au jour le jour. Depuis des années qu’on insiste ici et là pour que les décideurs développent une vision de développement plus durable, qui s'appuie sur une philosophie dite de moyen terme, plutôt que de jouer les apprentis sorciers qui ne font que réagir aux évènements au lieu d’essayer de les anticiper. C’est très difficile à faire et d’autant plus nécessaire.

Investir dans le développement des sciences et technologies spatiales; les satellites et les navettes, les plates-formes génératrices d’énergies solaires en orbite, et le transport par micro ondes de cette même énergie. Directement de l’Espace à chaque maison ou bloc de maisons.
La production d’énergies de toute sorte, c’est notre affaire depuis toujours. Quand on a dans ses murs des créateurs comme Pierre Couture, inventeur entre autre du moteur-roue, on le traite avec tous les égards dus à son génie, et chapeau bas.
Faire de l’économie avec beaucoup de souplesse, loin des dictats des faiseurs de systèmes. Au fond les changements doivent être mis en place au fur et à mesure qu’ils font la preuve de leur aptitude à faire progresser le pays.
Pour mesurer ces progrès il faut se fier aux mouvements internes des sociétés, là où se font les débats cruciaux d’essence culturelle. Ceux qui déterminent avec les jeux politiques et sociaux, donc philosophiques, les tendances et les mouvances qui qualifient et quantifient les progrès dans tous les lieux de l’activité humaine. Encourager partout l’initiative.
Ne crachez pas sur les rêveurs, ils sont nos meilleurs portes paroles, ce sont les garants de notre avenir immédiat le mieux compris. Si vous entendez un conférencier quelconque insérer dans son discours qu’il ne rêve pas en couleurs, vous devez prendre la porte et le planter là. C’est tout ce qu’il mérite.
Le monde dans lequel nous vivons actuellement n’a presque plus rien à voir en fait d’organisation sociale, avec celui d’il y à peine cent ans. Il est le résultat confondant de rêves généreux souvent farfelus ou délirants, qui au fil des décennies en ont changé la face. Pourquoi devrions-nous arrêter maintenant ?
Pourquoi devrions-nous d’autre part continuer à nous essouffler, à nous stresser au mépris de nos existences, dans des voies de développement dont nous savons qu’elles sont néfastes ? Puisque je suis également poète à mes heures, je vous dirais que nous devons quitter les autoroutes actuelles d’un progrès frénétique dépassé, et nous engager dans de nouveaux tracés, plus paisibles, plus respectueux de l’écologie, et qui sont l’avenir. Là où ces chemins prometteurs n’existent pas encore, traçons-les.
N’avons-nous pas assez de ces enragés qui triment comme des possédés et qui s’éclatent comme des malades?
Si vous en doutez allez faire un tour dans nos hôpitaux, visitez nos cliniques, et jetez un œil sur les dépotoirs…édifiant non ? Prenez conscience de votre situation réelle.
Demandez-vous chaque jour si l’existence que vous vivez est bien celle que vous voulez. L’exercice vaut la peine d’être fait. Il est facile de vilipender la classe politique, trop souvent affairiste il est vrai. Il est bien plus difficile (et autrement plus valorisant) de se mêler de ce qui nous regarde tous. Nous avons les politiciens que nous méritons. S’ils nous dégoutent, à qui la faute ?
Il n’y a pas d’obligation à faire de l’action politique, il faut en avoir le goût et les moyens. Cependant il faut s’intéresser à la politique, et être conscient qu’en définitive c’est de nos existences qu’il s’agit. C’est notre vie de tous les jours qui est en cause chaque fois qu’une loi est votée. Si vous ne vous intéressez pas à la politique, vous pouvez agir dans une organisation à caractère social. L’idée chère à Buckminster Fuller qu’il faut penser globalement et agir localement est la plus intelligente qui soit. Pourquoi s’en priver ? Qui nous en empêche ?

Au Québec nous avons quelques dictons spécifiques dont celui-ci : ‘’Organisons-nous d’abord, nous les organiserons ensuite’’. C’est à la fois cynique et rigolo. C’est un exemple choisi de volonté d’être sérieux sans se prendre au sérieux, c’est très sain.

Maintenant quelques mises au point.
J’ai volontairement pris le ton pédagogique pour exprimer mon point de vue. Ce n’est pas sans y avoir réfléchi que j’ai aussi décidé de réfuter des arguments provocateurs, parce qu’un débat politique ce n’est pas innocent. Il vaut donc mieux que ce soit moi qui pose les colles, énonce les objections, et désamorce les poussées de mauvaise foi. Il y en a eu. Il y en a. Il y en aura.
Il est dit que la politique est l’art du possible. Proposer une Indépendance du Québec signifiée dans ses moindres détails serait bien évidemment une niaiserie. Ce que je cherche à faire dans ces pages c’est créer un climat de confiance.
C’est à chacun de nous de faire notre indépendance. Il y en a encore qui se cherchent des messies, et ma foi si le cœur leur en dit, qu’ils s’investissent dans ce rôle, avec les risques qu’il comporte.

Je trouve regrettable, qu’il y ait encore des gens qui hésitent à s’engager dans une voie de liberté élargie, parce que disent-ils, ils ne comprennent pas ceci ou cela. Parce que la tête du chef (n’importe quelle tête de n’importe quel chef) ne leur revient pas.

Hey les amis, faites donc l’indépendance pour vous-même.
Regardez au-delà de la personnalité du politicien du moment. Les défauts de celui-ci empêchent-ils les talents et les mérites du plus grand nombre?
Si vous pensez qu’en votant Oui à l’Indépendance de votre pays vous risquez de faire le jeu de quelques arrivistes, c’est que vous vous sentez manipulés et que cela vous déplait ?
Fort bien ! Maintenant que vous êtes avertis, vous êtes deux à pouvoir composer avec tous ces arrivistes que vous détestez tant. Qui vous empêche de les utiliser momentanément, alors qu’ils poussent dans la même direction que vous ? Même s’ils le font pour des motifs différents des vôtres ?
Un peu de confiance que diable ! Des politiciens ça se change non ?
Vous n’êtes pas au service des politiciens, ce sont eux qui sont à votre service…nuance.
Rêver un pays est à la portée de chaque esprit. Le tout est de savoir comprendre les grands courants qui fécondent la pensée humaine à un moment donné de son parcours. Dans un lieu donné.
Au Québec c’est le Parti Québécois, rassemblement de volontés politiques diverses des années soixante et soixante-dix, qui incarne depuis une génération l’idée de l’Indépendance du Québec. Pendant longtemps on a misé sur cette entité politique très dynamique, pour faire avancer et réaliser cette indépendance.
Reconnaissons que le Parti Québécois, s’il n’a pas réussi à la faire encore, a réussi à la rendre crédible. À lui donner contre vents et marées la dignité et la légitimité nécessaire à son accomplissement. N’eut été des magouilles de ses adversaires, notre indépendance serait faite depuis 1980, et plus encore depuis 1995. En fait, ces deux référendums ont eu pour effet jusqu’ici d’actualiser dans tous les esprits la séparation du Québec du reste du Canada. Il y en a qui veulent nier cette réalité, alors que d’autres s’en réjouissent.

Aucun des gouvernements du Québec, y compris ceux qui sont fédéralistes, n’a signé la constitution canadienne renouvelée, après l’échec relatif du référendum de 1980. Je dis relatif, parce que dans le jeu politique, un score de 60 à 40 annonce une différence entre deux tendances antagonistes d’à peine 10 %. C’est très significatif parce qu’il suffit d’un simple renversement de ce 10% dans une autre joute, pour égaliser le rapport de force.
C’est ce qui s’est passé en 1995, alors que le vote a été quasiment égal à quelques dixièmes de points près. Quelques milliers de voix sur des millions ont fait cette petite différence.
Les observateurs les plus lucides constatent qu’au fil du temps, la ferveur indépendantiste est passée de quelques fragments de pourcentages à la fin des années cinquante, à 49 1/2 % et des poussières en 1995.
Entre 1980 et 95, des gains de 20%. (Sic)
Au fil des élections, des référendums, la poussée vers l’indépendance s’est non seulement maintenue, elle est devenue inexorable. C’est une grande leçon de démocratie participative, dont les Québécois peuvent à juste titre s’enorgueillir.

C’est rare de nos jours dans un monde déchiré par des conflits ethniques et religieux, dont l’horreur le dispute à l’infamie obscurantiste la plus noire qui soit. En matière de respect des droits humains nous n’avons de leçons à recevoir de personne. C’est nous qui en donnons à tout le monde et son père, méditez cela. Est-il seulement nécessaire d'ajouter ici qu'il y a encore beaucoup à faire.
Un mouvement d’émancipation qui se fait dans un tel climat de respect des autres, a tout pour réussir sa gageure. Aussitôt que les Québécois auront réussi à passer le cap des 50 %.
C’est pour bientôt.
On nous enviera mondialement notre réussite une fois matérialisée. On aurait tort de dénigrer le Parti Québécois qu’on accuse de coupage de cheveux en quatre. De dérives matoises faites de ruses mesquines à base de platitudes intellectuelles. Il n’y a pas qu’au Parti Québécois qu’on trouve des idéalistes pétés, ou des grenouilleux de coulisses. On en trouve dans tous les partis.
Aucun rassemblement humain n’est à l’abri des parti-pris sectaires, des roublardises mesquines et des viles passions. On trouve en abondance des êtres retors et tordus dans le Parti Libéral du Québec, dans le Parti Libéral du Canada, dans les partis Conservateurs et Néo-Démocrates de toutes allégeances.
Il y en a chez les écolos, les communistes, et tous les autres. Sauf chez les Rhinocéros évidemment.
De même qu’il y en a dans les nouveaux partis politiques qui tentent de s’imposer à force ‘’d’ajustements’’ idéologiques, concoctés pour tenter de résoudre les contradictions de la politique québécoise.
Vous savez bien d’ailleurs que les partis politiques ne sont pas immortels. Le Parti Québécois va très probablement se décomposer une fois l’indépendance faite. Il a été fondé précisément pour réaliser l’article UN de son programme. Une fois le Québec indépendant, vous pouvez être sûr et certain que d’autres groupes, aujourd’hui marginaux, vont se lancer dans l'arène pour en découdre avec les dinosaures de tous les partis présent. On ne risquera pas de s’ennuyer au pays du Québec.
Mais occupons-nous d’abord du présent.
On pense ici à l’Action Démocratique du Québec et au nouveau parti socialiste Québec Solidaire. Pour l’essentiel, ces deux derniers partis politiques sont en faveur de l’Indépendance du Québec. Ce qui fait que maintenant nous avons trois partis politiques (4 avec le Bloc Québécois au fédéral) qui ont à leur agenda (avec des nuances pas si marquées que ça) cette indépendance souhaitée.
Ce n’est pas rien, et cela démontre à quel point cette idée est devenue une force dominante dans notre champ politique. Ainsi que dans le maquis politique canadien ne l’oublions pas. L’accession du Québec à l’indépendance va profondément affecter pour le mieux (on le veux sinon à quoi bon?) la politique des treize autres gouvernements canadiens. Les plus concernés seront sans contredit ceux du Québec, de l’Ontario et du Canada.

Pour les autres provinces du Canada, le départ du Québec va changer le rapport de force entre le gouvernement de l’Ontario et celui du Canada. De même également, les relations du gouvernement Canadien et ceux de la Colombie Britannique ainsi que de l’Alberta, qui vont prendre, relativement parlant, du galon.
Leurs populations respectives, du fait de leurs poids accrus dans la fédération canadienne, et l’abaissement budgétaire du gouvernement central vont certainement leur donner une nouvelle assurance. À cause de leur réelle puissance économique.
Autre détail comparatif amusant ici. Le Québec dans le Canada, c’est moins que le quart de la population du pays. Le Québec indépendant c’est 100% de sa population qu’il contrôle, et comparé à son voisin Canadien, il en représente alors un peu plus du tiers. C’est pas mal !
Il faut surtout insister ici qu’un Québec qui siège aux Nations Unies, a la même voix que celle du Canada. Il ne se contente plus comme c’est le cas actuellement, d’un quelconque strapontin d’observateur, où il est prié de se taire. À titre de pays, il peut s’exprimer comme bon lui semble et se faire connaitre, se trouver des alliés, et ainsi de suite.
C’est considérable.
Encore des gains, et pas seulement psychologiques.
***
Les puissances locales provinciales sont diluées dans un principe de péréquation (redistribution de la richesse générale) qui leur est défavorable.
Ce principe de péréquation qui se veut généreux, égalitaire, est un irritant constant dans les rapports entre le gouvernement du Canada, et ceux des provinces.
Dans l’état actuel des marchandages, les échanges économiques entre les provinces canadiennes se font plutôt mal. L’activité économique au Canada se fait entre le Nord et le Sud, soit entre les États Unis et les provinces, et plus précisément encore, entre les états américains et les provinces canadiennes.
Le Québec indépendant pourrait développer des politiques Est Ouest et Nord Sud, plus compatibles avec les intérêts respectifs des provinces et des états actuels et le sien. Étant devenu un pays il pourra discuter directement de ses intérêts avec le gouvernement central américain, et ceux de ses états.
Qu’on songe par exemple aux possibilités accrues d’utiliser la Baie d’Hudson comme porte sur le Monde, afin d’acheminer des biens à partir du Québec vers le reste du Canada, le centre et l’ouest des États Unis (ententes avec le Manitoba pourquoi pas ?).
Huit mois par année le Grand Nord est libre à la circulation maritime. Le Québec a déjà sur les rivages est de la Baie James de formidables équipements.
Avec un peu d’imagination et d’esprit d’entreprise, il pourrait se tailler des routes à travers le passage du Nord Ouest, et ainsi gagner des marchés en Asie sans avoir à utiliser le Canal de Panama. Il pourrait de gré à gré obtenir des accords pour faire du commerce avec l’ouest de l’Amérique. Forger avec les provinces canadiennes redéfinies, de nouvelles alliances, plus fécondes que celles qui sont emmêlées dans l’écheveau des relations fédérales provinciales actuelles. Là où le gouvernement fédéral joue les troublions.
C’est dans tous les journaux de tous les jours.
Le talon d’Achille du Canada c’est le gouvernement fédéral, qui depuis cinquante ans est devenu obèse. Il se mêle de tout, viole les responsabilités constitutionnelles de toutes les provinces, et son énorme pouvoir de dépenser, indispose tout le monde.
Il faut que ça cesse, et ce n’est pas avec des paperasses légalistes, engluées dans une dialectique constitutionnelle à faire vomir les honnêtes gens, que tout finira par s’arranger.
Depuis le temps que je me tiens au courant des politiques québécoises et canadiennes, j’ai développé le sentiment que les deux gouvernements qui ont le plus à perdre, du fait de l’Indépendance du Québec, sont ceux du Canada et de l’Ontario.
Pas celui du Québec, ni ceux des autres provinces moins riches, perpétuellement déconsidérées dans un ensemble qui les regarde de haut.
Quant aux nombreux gouvernements autochtones, depuis si longtemps maintenus dans des réserves sous des tutelles humiliantes, je pense que l’expérience d’un Québec indépendant pourrait leur donner cette légitimité accrue, cette volonté politique nécessaire à leur épanouissement, qui les pousserait eux aussi sur la voie de l’indépendance. Ils en ont bien besoin.
À cet égard je pense qu’un Québec souverain devrait prendre les devants et proposer aux Premières Nations d’ici, des programmes de coopérations sociales politiques et économiques, qui impliqueraient forcément qu’elles puissent jouir d’un vaste territoire qui leur serait propre. Qu’elles aient elles aussi leur pays ne serait que justice.
Un Québec qui ferait cela, se ferait une autorité morale et politique considérable dans le monde. Il y trouverait d’autant plus son compte qu’il favoriserait chez ces humains ingénieux et résistants, un puissant sentiment d’innovation créatrice, qu’ils pourraient utiliser pour mettre en valeur de grands territoires. Par exemple les rivages de la Baie d’Hudson, de l’Artique et de l’Ungava, où leur présence depuis des millénaires leur assure une bonne maitrise, une bonne compréhension de base des richesses qui s’y trouvent. Leur situation économique est cependant si effroyable qu'on se demande comment elles arriveront un jour à se sortir de leur misère. Il y a dans les rapports entre blancs et amérindiens d'ici et d'ailleurs des incompréhensions structurelles qui sont devenues inexplicables autrement qu'en employant des termes très durs, comme racisme apartheid et génocide. Pourtant ces peuples-là vivent sur ce territoire depuis des millénaires. Je dis cela tout en soulignant la nécessité d'éviter tout angélisme.
Leur expertise pourrait les pousser dans des voies de développement plus fécondes que celles qui sévissent partout sur la planète. Il y a là tout un potentiel de ressources humaines et naturelles à mettre en valeur. Il n’y a rien dans le développement territorial respectueux d’un lieu donné, qui ne puisse se faire. Surtout si on y implique les populations locales, et que l’on considère l’étendue des domaines à aménager. Je dis aménager, pas saccager.
Le Grand Nord Québécois c’est un territoire grand comme la France, et peuplé d’à peine quelques dizaines de milliers d’habitants.
Coté provinces, je pense plus particulièrement ici à Terre Neuve, qui a tout à gagner avec l’Indépendance du Québec.
Le départ du Québec de la fédération canadienne va considérablement renforcer les provinces restantes, du fait des ré alignements incontournables qui vont suivre. D’autant plus que le Québec, par sa position géographique, sera un acteur privilégié des échanges économiques entre les provinces restantes du Canada. Cela aussi est à considérer.
La position des Acadiens est plus complexe. Éparpillés qu’ils sont dans plusieurs entités administratives, du fait de leur histoire malheureuse. Histoire dont le Canada n’a pas à se vanter on se comprends hein !
Mais bon, c’est là l’affaire des Acadiens. Quant aux peuples des Premières Nations, il est à parier qu’il y en aura plusieurs qui voudront s’inspirer de l’expérience québécoise pour s’imposer politiquement, et qui voudront eux aussi redéfinir leurs appartenances, leurs partenariats. Au-delà des frictions que cela engendrera, et qui pourraient être moins lourdes que celles qui sévissent actuellement, un vent de liberté ne peut que profiter à tous. Les nations d’ici comme ailleurs se sentiront bien mieux dans un état de liberté accrue, que sous celui d’une tutelle, qui pour être bienveillante, n’en demeure pas moins dévalorisante. À cause de son paternalisme viscéral. À moins qu’il n’y ait ici des voix pour s’élever contre la liberté, et prétendre qu’elle n’est pas pour tout le monde. Je vous écoute !
Terre Neuve a besoin du Québec pour gérer ses ressources électriques et minières au Labrador par exemple, et entretient des velléités d’indépendance qui ne datent pas d’hier.
Il se pourrait même que Terre Neuve (dont l’entrée dans la confédération canadienne a laissé dans la mémoire de sa population un goût amer en 1949) décide aussi de reprendre ses billes, afin d’assumer son destin particulièrement original (culturellement parlant), et de devenir à son tour indépendant.
Tout est possible.
Si la France, l’Angleterre et les autres nations de l’Europe sont capables de coopérer dans une plus grande entité politique, essentiellement administrative, tout en gardant leurs originalités culturelles et politiques millénaires, c’est bien parce qu’elles sont souveraines, et peuvent ainsi décider de s’allier pour réaliser des objectifs communs plus généreux.
Dans lesquels ces nations unies européennes voient leur profit.
L’Europe actuelle se fait sous la pression de nécessités nouvelles, après des siècles d’affrontements sanglants dont elle commence à sortir.
Le temps dira dans quelle mesure les Québécois et les Canadiens décideront de s’aménager des espaces de coopération communs. Je parie pour du meilleur plutôt que pour du pire. Pas vous ? Il n’y a pas dans cette phrase le moindre souhait de réorganisation de la fédération canadienne, afin d’y faire au Québec une place prépondérante, ou quoi que ce soit de ce genre. Je pense tout simplement qu’un Québec Indépendant, du fait de son histoire et de sa position géographique, va coopérer avec le Canada, les États Unis, le Mexique et le reste du monde. Dans cette optique les Québécois chercheront avec les Canadiens des terrains d’ententes, là où leur intérêt mutuel dictera leur conduite. Rien de nostalgique, uniquement du bon sens. Les Canadiens ne sont pas et ne seront jamais nos ennemis. Tout au plus peut-on les considérer question commerce, comme des adversaires, ou des partenaires. C’est selon. J’ai déjà gagné mon pari.
Au cours de l’été 2006, le Premier Ministre du Québec, chef du Parti Libéral Jean Charest, lors d’un voyage officiel en France, a dit au cours d’une entrevue tout aussi officielle, que le Québec avait les moyens d’assumer son destin.
Sa déclaration, reprise par la presse et abondamment commentée, a eu l’effet d’une incongruité dans un diner officiel. Alors que c’était la première fois qu’un adversaire notoire de l’indépendance, reconnaissait maintenant que le Québec avait les moyens de s’assumer.
Venant d’un fédéraliste, la déclaration est pour le moins savoureuse, et ses vis-à-vis ont eu beau jeu de s’en emparer. Comme quoi il se fait dans tous les esprits un travail de réflexion qui va dans le sens ‘’historique’’ de la souveraineté.
Jean Charest sait qu’il est un Premier Ministre transitoire, au sens où sa position et celle de son parti représentent les ultimes atermoiements de cette frange indécise de plus en plus minoritaire de la population du Québec, qui hésite encore, qui branle dans le manche comme on dit chez nous. Il est le chef contesté d’une arrière garde essoufflée. Il me fait penser à feu Jean Jacques Bertrand, dernier chef d’une Union Nationale exsangue.
Quant au Parti Québécois, il demeure encore le plus puissant rassemblement politique du Québec capable de réaliser cette indépendance. Cependant, il rebute plusieurs franges de la population qui se méfient de ses idées toutes faites, de ses compromis, et de sa propension à constamment brouiller les cartes en utilisant une langue de bois qui agace. Le Parti Québécois est le plus chicanier de nos partis politiques. C’est sa force parce qu’ainsi il est moins monolithique moins dogmatique. C’est aussi sa faiblesse parce qu’il manque de cette cohésion qui fait les partis puissants (et aussi parfois tyranniques). À tel point qu’il y a au sein du Parti Québécois des forces contestataires qui sont capables de saboter l’effort nécessaire à la réalisation de l’indépendance, pour des motifs idéologiques particuliers.
C’est tout à fait regrettable et c’est aussi très représentatif de cet esprit compliqué qui singularise ces mêmes Québécois, imaginatifs, et prudents jusqu’à la bêtise parfois. Il faut bien faire avec.
Un rassemblement des trois partis politiques qui ont l’option indépendantiste fondue dans leurs programmes respectif, serait parfaitement capable de la réaliser cette indépendance. Il faudrait pour cela qu’ils en mettent l’idée commune au-dessus de leurs intérêts de classe. En sont-ils capables?
Je ne sais pas.
J’ai souvent l’impression en les écoutant, que leurs discours de classe sonnent beaucoup comme des querelles de clochers, avec des accents qui ressemblent aux empoignades religieuses d’antan. Ces chicanes sont loin ici d’atteindre la virulence qu’on observe ailleurs dans le monde. Sauf qu’elles ont pour effet de faire stagner contre tout bon sens, une démarche d’émancipation dont l’aboutissement est devenu nécessaire. C’est très agaçant, parce que trop souvent réducteur et immature.
Mais si c’est le prix à payer pour éviter des dérives sanglantes, je pense que nous n’en sommes pas à quelques années près. Ceci étant dit je pense vraiment que nous avons assez niaisé, et qu’il est temps de la faire notre indépendance.
Il vaut mieux que ce soit une majorité incontestable qui fasse cette indépendance, plutôt que de devoir composer avec une victoire à l’arraché, susceptible de fausser ensuite les prises de décisions qui s’imposeront. Encore là, en prenant pour exemple le score du référendum de 1995 où les fédéralistes ont gagné (malhonnêtement) par la peaux des dents, on voit bien qu'un résultat, si serrés soit-il, fait quand même l'unanimité pour ce qui est de la marche quotidienne des choses par la suite. ce n'est pas de la résignation, les gens d'ici sont très fair play.
Quoi qu’il en soit, une indépendance obtenue par une majorité simple (50% des voix plus une) est la seule voie démocratique envisageable. Il n’est pas indispensable que cette victoire du camp du Oui provienne d’un référendum. Une élection référendaire serait tout aussi acceptable, parce que légitime.
Du moment que les résultats soient tels qu’ils fassent taire les derniers rouspéteurs. (Voir note à la fin)
D’autant plus que les adversaires les plus acharnés de l’Indépendance du Québec, les radicaux haineux, ses ennemis absolus, ne resteront pas inactifs.

Ils savent qu’un troisième référendum perdu relèguerait la dynamique politique de cette indépendance aux calendes grecques. Il y a fort à parier qu’advenant un troisième référendum, les adversaires les plus radicaux, constatant qu’ils n’ont plus rien à perdre, pourraient bien y mettre le paquet, fomenter des troubles, user de rhétoriques malsaines aux dérives violentes.
Le procédé n’est pas nouveau, la peur a toujours accompagné le processus d’indépendance.
Et ses ennemis ne mettent pas de gants blancs quand il s’agit d’en démolir les arguments les plus féconds.
C’est cousu de câbles blancs, c’est généralement bête à mourir, mais ça marche encore. Plus c’est idiot, plus c’est efficace . On verra comment le gouvernement du Canada, avec sa douteuse loi sur la clarté référendaire, arrivera à contenir les dérives les plus dangereuses.
Pas évident! Les Québécois ont-ils assez de maturité pour ne plus se laisser influencer par cette propagande empoisonnée ? J’en suis certain.
Dans quelle proportion ? Je ne sais pas.
Avenant un autre référendum, il faudra insister avec tous les moyens possibles, pour faire comprendre aux Québécois, qu’un troisième refus de leur part de se voter librement un pays à eux, pourrait avoir pour conséquence de les faire mépriser ensuite par ces peuples libres qui ont conquis dans le sang le leur. Ou par ceux qui aspirent à s’en donner un.
C’est un pensez-y bien.
Ce serait la première fois dans la longue histoire des nations de la Terre qu’un peuple qui se prétend digne de ce nom, aurait choisie l’aliénation à la Liberté, et ce par trois fois lors de référendums libres et démocratiques. Quelle honte serait alors la nôtre !
Pourquoi la honte ?
Je vais vous le dire pourquoi.

En 1980 lors du premier référendum, les forces du Oui et du Non ne savaient pas de manière absolue de quel coté allait pencher la balance des votes. Le sort a voulu que le Non l’emporte.
Il s’agissait toutefois d’un premier test auprès d’un électorat sur un enjeu majeur. Il est rare qu’au Canada on fasse du référendum une arme de persuasion. On pense à la conscription de la guerre de 39-45.
L’Indépendance du Québec c’est un enjeu énorme. Il implique le destin du Québec et celui du Canada. On conçoit aisément qu’une telle épreuve politique ne puisse être résolue par une seule passe électorale. On a noté à l’époque que le résultat de 40% acquis par les indépendantistes, était assez étonnant. Depuis les débuts de l’option indépendantiste, on savait qu’elle avait fait des progrès, mais pas à ce point-là.
Il y a dans les détails de ce vote des éléments troublants qui font qu’une majorité (déjà) de francophones avait voté en faveur de l’indépendance. C’est d’ailleurs ce qui a incité les fédéraux à promettre des changements constitutionnels qui ne sont jamais venus.
Quinze ans plus tard, deuxième round, le Non l’emporte encore, mais il ne s’agit pas d’un K.O., à peine d’une décision partagée. C’est donc deux à zéro pour le Non, mais le Non a triché au deuxième round. Le jeu politique démocratique, a fait ici que les indépendantistes se sont inclinés, mais la rage au cœur d’avoir été ainsi volés. Cependant, ils sont venus à un ongle de gagner. Les fédéraux ont eu une frousse mortelle. Le prochain référendum aura donc une importance énorme. S’il fallait que le résultat se trouve en-dessous de celui de 1995, cela voudrait dire qu’une frange importante de la population québécoise se serait résignée à ne pas faire du Québec un véritable pays, et accepterait de demeurer une province.
Je vous assure que partout dans le monde on se dirait : ‘’ Soit! C’est ainsi que le peuple Québécois conçoit son destin.’’
Ce serait une faute, et le rideau de la scène mondiale où nous jouons notre partition tombera, et se fermera pour longtemps sur nos velléités de liberté. On nous plaindra sans doute, mais on ne nous respectera pas.

Peu importe ensuite les motifs, les explications que nous en donnerions, on nous regarderait de haut, avec pitié et compassion sans doute. Mais la pitié n’est jamais complètement exempte de mépris pensez-y.
‘’Ah vous êtes Québécois! C’est bien vous qui avez refusé de former un pays indépendant au cours de 3 référendums démocratiques ? Comme c’est curieux non ? Enfin…’’.
Vous voyez le genre ?
Quant à ce que penseront de nous nos descendants, j’aime autant ne pas y songer. Déjà qu’on a pris conscience depuis cinquante ans de l’aliénation politique et culturelle de nos ancêtres, qui avaient quelques excuses vu leur relative ignorance et leur isolement dans le monde.
Nous n’avons aucune excuse pour nous conduire de manière frileuse en ne pensant (mal) qu’à notre petit confort.
En refusant notre indépendance nous perdrions beaucoup plus que ce que nous croyons conserver. Et pour combien de temps encore mille tonnerres!
Ce sera ensuite à la communauté internationale d’entériner son support au nouveau pays en le reconnaissant officiellement. Beaucoup de pays le feront et le Canada aussi le fera. C’est dans son intérêt et il le sait.
***
Note : L’élection référendaire.
On imagine que le Parti Québécois lors d’une élection, proclame qu’il va unilatéralement faire l’indépendance s’il est élu. En ajoutant…avec l’accord majoritaire de l’Assemblée Nationale. Les élections se passent, le PQ est élu avec une bonne majorité de sièges, mais, (parce qu’il y a un mais) il ne compile que 48,2% des voix. C’est fâcheux !
Quoi qu’il en soit il propose sa loi sur l’Indépendance et la fait voter, sans référendum. Elle passe avec le support du Québec Solidaire, qui a mettons 2 sièges et 5% de représentation, et aussi avec l’aide de l’ADQ qui aurait une vingtaine de sièges et 17% de représentation. Le Parti libéral s’y oppose catégoriquement. Au décompte la majorité gagne en nombre de sièges, et écrase ses adversaire avec une représentation de 70,2% de support populaire exprimé par l’électorat. L’affaire est dans le sac. C’est l’élection référendaire qui l’emporte. Sans contestation sérieuse possible. Réglé !

Maintenant imaginons un vote libre sur cette question cruciale. Bien évidemment tous les élus du gouvernement vont voter pour. Il ne faudra qu’un tout petit nombre de députés de l’opposition pour voter avec le gouvernement, et ainsi l’aider à franchir allègrement la barre des 50% d’électeurs et plus. Disons 3 ou quatre milles votes de plus que le 50 % + 1 nécessaire. Pas assez pour faire 51% mais entre les deux. Ce serait suffisant.
Encore là il serait préférable d’avoir en bout de ligne un score plus significatif, mais légitimement ce serait O.K..
Et le processus politique, qui doit primer toute considération légaliste, l’emporte ici haut la main…vox populi…vox populi. D’autre part si deux des partis de l’opposition, qui ont (ou qui ont eu) l’Indépendance du Québec dans leurs programmes, refusaient pour des motifs partisans, de voter OUI à l’indépendance de leur pays, cela aurait pour première conséquence de retarder pour bien des années encore l’aboutissement normal d’un processus parfaitement légitime.
On aurait l’air fins en tant que Québécois. Quant à la crédibilité politique de ces partis incohérents elle serait réduite à néant. Mais avec l’indépendance ainsi discréditée, ce serait les adversaires de la liberté qui se frotteraient les mains.

Peut-on aussi faire l’indépendance sans référendum et sans élection référendaire? Oui certainement, mais pour cela il faut que le peuple tout entier descende dans la rue et réclame l’indépendance. Cela s’est fait récemment. Dans des pays autrefois membres de l’URSS.

mercredi 16 juillet 2008

Le Québec dans le Canada. Bouchard Taylor (4)

Montréal 16 juillet 2008

Le Québec dans le Canada.

Avant propos.
Le principe de précaution s'applique à l'interprétation de tous les textes qui touchent la Commission Bouchard Taylor. Les analyses produites ici tiennent compte du contexte même de la Commission. Il faut distinguer dans ces analyses la part des jugements de valeur qui se greffent sur les préjugés, exprimés dans les mémoires présentés à la Commission, par les citoyens et les associations de citoyens.  
Certaines recommandations sont sociales, d'autres politiques, et beaucoup sont d'ordre psychologique. Cette Commission du fait qu'elle est hautement émotive, comporte des volets qui sont de nature à la discréditer, comme il y en a d'autres qui auront l'effet contraire. Il serait regrettable qu'elle soit oubliée trop rapidement. Quoiqu'il en soit de son avenir, soyez certains que son propos reviendra tôt ou tard sous les feux de l'actualité. Cette phrase à elle seule prophétisait le débat actuel sur la Charte des Valeurs ( note du 4 mars 2014).

Voir le rapport Bouchard-Taylor au site www.accommodements.qc.ca

Entreprendre la lecture critique d’un texte qui comporte plus de 300 pages, fait avec des moyens qui se chiffrent en millions de dollars, n’est pas une mince affaire. Si je disposais ne serait-ce que du dixième du budget de plus de 3 millions de dollars (d’autres disent 5 millions) dont les commissaires ont disposé, j’arriverais à l’analyser dans ses moindres détails. Comme ce n’est pas le cas, j’insisterai ici sur les limites de mes moyens pour me livrer à cette critique, en soulignant qu’avec des recherchistes et des correcteurs je pense que je pourrais moi aussi faire aussi bien, quant à la forme.

Le contenu du rapport
Pour ce qui est du contenu, l’argent ne rendant pas plus intelligent, j’arriverai à faire bonne figure. Contentons-nous donc ici de faire confiance à nos lumières personnelles, lors bien que ce rapport soit un projet aux prétentions pédagogiques parfaitement justifiées. Prétentions dont je veux m’inspirer ici.

C’est à titre de citoyen interpelé que j’ai voulu en faire la critique, certainement pas en me situant comme expert ''es accommodements''.
Si ces textes pouvaient être lus par les commissaires, probablement qu’ils n’auraient aucune réaction. Je ne peux pas savoir, maintenant que le rapport est sorti publiquement, dans quelle mesure MM. Bouchard et Taylor lisent les textes qu’ils ont suscités.

Ils répondront à quelques journalistes, quelques intellectuels renommés, mais certainement pas à de simples citoyens.
Ou alors il faudrait que ces citoyens-là fassent preuve d’une clairvoyance liée à une conjoncture de l’actualité tellement remarquable, qu’ils arriveraient à les émouvoir. En l’absence d’une telle éventualité je dois me contenter de parfaire ma réflexion, afin de peaufiner ma propre compréhension du monde que j’habite et qui me fait un peu plus chaque jour.

Et d’en faire profiter ceux que cela intéresse.
Si dans mes propos je me trompe ici et là, et que quelqu’un en réagissant à ceux-ci me fait voir les failles de mes raisonnements, je m’empresserai, une fois convaincu de mes errements, de redresser la barre de mon appréciation.
Il n’y a que les fous qui ne changent jamais d’idées.

La lecture que je fais du rapport est toute subjective, et comporte bien évidemment sa part de parti pris. Tout comme le rapport d’ailleurs lorsqu’il présume, en généralisant, du caractère des Québécois.

La très sotte polémique autour du crucifix de l’Assemblée Nationale, démontre d’une part la clairvoyance des commissaires dans la recommandation qu’ils ont fait de le déplacer dans un autre salon ou dans un corridor, à titre de morceau de patrimoine. Il faut déplorer la sottise collective de la totalité des élus, qui ont voté en insistant lourdement, sur la nécessité de laisser cette horreur défigurer pour longtemps encore la salle des délibérations de la nation.
Ce qui est embêtant dans cette résolution, c’est qu’ailleurs, dans certaines municipalités rétrogrades, on aura beau jeu de s’en inspirer pour perpétuer des rituels idiots qui indisposent la majorité. Geste dont s'inspireront nos adversaires pour nous ridiculiser sur la scène mondiale.

En déplaçant ce fichu emblème du catholicisme résiduel au Québec, on aurait envoyé un message clair aux autres adeptes de religions toutes aussi encombrantes. Celui de bien vouloir garder pour eux leurs préférences religieuses.
Mais non, par une sorte de réflexe de colonisé de l’intérieur, nos élus, tous plus pusillanimes les uns que les autres, se sont empressés de se porter à la défense d’un ancien symbole de notre aliénation collective, dont nous nous dépêtrons depuis maintenant 50 ans. Cela est d’autant plus choquant que la très grande majorité de ces élus n’est ni croyante et encore moins pratiquante.

Quand on pense que c’est Maurice Duplessis, qui avait mis là cet instrument de torture dans les années 30, on doit déplorer que les élus d’aujourd’hui en tiennent une telle couche de bêtise collective ! Misère !

Comme dans l’affaire Yves Michaud, ces braves gens ont réagi sans agir, et se sont empressés de faire montre de sottise plutôt que de jugement exemplaire.
À titre d’exemple de ce qu’est une véritable aliénation, je vais vous raconter ici à quel point le poids de la tradition malfaisante peut être lourd à porter pour un peuple. À quel point est ardue la tâche de se sortir des bourbiers culturels dans lesquels tous les peuples de la Terre pataugent depuis des siècles. Parce que bien évidemment si la culture véhicule ce qu’il y a de meilleur en nous, elle traine avec elle des archaïsmes embarrassants, dont il faut continuellement se désengluer, et les pieds et la tête.

La religion remplit un vide?
En dehors de la simple anecdote, j’ai entendu mille fois au moins depuis mon enfance, des gens me dire qu’en évacuant de nos vies la religion, nous nous étions retrouvés ensemble devant une sorte de vide angoissant, là où la religion catholique, aussi médiocre soit-elle, remplissait toutefois une fonction apaisante de l’âme. Les pauvres esprits qui me faisaient une telle remarque, regrettaient que cette spiritualité infantilisante ait ainsi été évacuée de leur cœur. Ils déploraient souvent en gémissant, d’avoir été ainsi abandonnés, seuls, face à leur détresse intérieure.

Ce à quoi je répondais qu’il n’y avait pas meilleure illustration de l’état d’aliénation dans lequel ils avaient été plongés depuis des siècles. Alors que maintenant à l’instar d’Averell Dalton, ils regrettaient le cher boulet qui leur servait de peluche lorsqu’ils s’endormaient.

Ces pauvres gens étaient et sont encore incapables de voir qu’en se libérant la psyché des niaiseries encombrantes des dictats religieux, loin de se retrouver devant un vide affreux, angoissant, ils étaient au contraire enfin face à un immense espace de liberté qu’ils pouvaient meubler de leurs plus fabuleuses rêveries, de leurs plus grandes aspirations. 
L’évacuation du religieux de leur vie n’ouvrait pas un abime sous leurs pieds, mais au contraire leur dégageait un immense espace d’envol favorable à tous les accomplissements. Au fond ce qui leur fait défaut c’est l’absence de cette imagination créatrice, qui est précisément le corolaire de l’esclavage intellectuel dans lequel ils ont été plongé dès leur naissance.
Ceux et celles qui voient la liberté comme une contrainte à subir plutôt qu’un défi à relever, doivent prendre rendez-vous avec le psychanalyste du coin. Leur problème n’en est pas un de vide spirituel, mais bel et bien de névrose sociale passagère.

Une maladie ça se soigne avec des bons soins.
Cela ne se soigne pas avec des patenôtres, des lectures de fables bibliques ou des visites à l’église (lieu où on gémit à genoux), mais avec de l’écoute bienveillante. Pour les cas les plus lourds on pourrait leur proposer un peu de chimie apaisante, en attendant qu’ils arrivent à se prendre en main.
Ils souffrent du syndrome du serf, qui une fois libéré de ses cruels maitres, se trouve tout bête avec une liberté dont il ne sait trop que faire.
Il s’empresse alors d’acquérir soit en les achetant (soit en se vendant mais de son plein gré alors), de nouvelles chaînes. Histoire de se fabriquer sur mesure un petit esclavage bien à lui qui l’empêche de penser (l’horreur), ou de réfléchir sur son destin.
Choses qui donnent mal à la tête comme on sait.

La Liberté s'acquiert avec le temps.
Depuis 50 ans que notre désaliénation collective se poursuit, nous avons parmi nos semblables des esprits parfaitement éclairés, qui ont tracé de nouvelles routes de liberté. C’est un travail de très longue haleine celui de libération de tout un peuple. Lequel doit d’abord prendre conscience de ses limites pour arriver ensuite à les dépasser ! Et qu’est-ce que le peuple sinon vous et moi ?
Regretter l’ancien ordre des choses parce qu’on est incapable d’envisager une nouvelle rhétorique de la liberté, et qu’on n’arrive pas à la conjuguer aux syntaxes créatives n’est absolument pas la chose à faire.

Certains des intervenants de la commission ont signalé avec pas mal de lucidité, qu’à partir du moment où nous avions choisi collectivement d’évacuer l’espace public de la religion catholique, ce n’était certainement pas pour laisser maintenant ce même espace être envahi, occupé, par d’autres religions tout aussi néfastes, et porteuses de misères sociales, de tabous antiques dont nous n’avons que faire.

Et de grâce fichez-moi la paix avec vos jugements sommaires qui veulent me faire passer pour ce que je ne suis pas, quand je dénonce les abus religieux. À croire et en entendre ces bons apôtres du respect absolu de tous les droits (à commencer par les plus funestes), les religions devraient toutes être défendues lorsqu’elles réclament à cor et à cris des accommodements. Alors que les agnostiques et les athées devraient se taire lorsque les furieux du divin vocifèrent sur la place publique.

Se tenir debout.  
Comment voulez-vous défendre et faire la promotion de la liberté de penser si vous vous taisez devant des sectateurs qui cherchent continuellement à vous intimider ?
N’est-ce que par pusillanimité viscérale, que vous vilipendez les incroyants, lorsqu’ils s’avisent eux aussi de réclamer, toujours modérément, le respect démocratique de l’espace public ?
Qu’avez-vous donc en tant que Québécois pour vous laisser constamment faire faire la leçon par ceux qui méprisent votre langue, vos droits et vos aspirations ?
Vous ne le savez donc pas que toutes les religions sont névrosées, intolérantes, menaçantes, intimidantes? Un peu de cran que diable! Notre liberté ne vaut-elle pas quelques risques, n'exige-t-elle pas un maximum de fermeté devant les chantages religieux ?
Poser cette question c’est y répondre !

Nos démagogues (ils sont nombreux) insistent depuis toujours pour nous faire passer pour des faibles à nos propres yeux. Ils font comme tous les démagogues. Ils vous lancent à la figure leurs seules limites à eux, et puisent dans leur psyché malade des craintes, des limitations, des doutes qui n’appartiennent qu’à eux, et vous font croire ensuite qu’ils parlent en votre nom.

D'abord se respecter.
Le Québécois du XXIe Siècle est un citoyen en perpétuelle mutation, ce qui rend impossible de pouvoir cerner son caractère en quelques clichés lapidaires. Il évolue à une telle vitesse qu’il est parfois pris de court devant ses propres réalisations intérieures. Il se doute à peine à quel point il est envié et admiré ailleurs sur Terre. Mais il y a de petits malins vicieux, qui savent jouer de nos hésitations, afin d’arriver à se tailler des places juteuses, et qui essaient de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Ne vous laissez pas faire et persistez dans la promotion de cette étrange liberté au goût si atypique qui partout se perd, et qui ici fleurit abondamment.
Ne laissons à personne d’autres que nous la responsabilité de notre liberté. Parmi les nouveaux arrivants des dernières décennies, l’écrasante majorité ne demande pas mieux que de participer à notre projet commun de liberté élargie.
Ils n’hésitent à nous suivre que lorsque nous hésitons à avancer.
Tenez-vous debout pour l’amour de l’humain et de ses enfants !
Vivement le Québec libre !

Pourquoi? 
Parce que tout au long du rapport Bouchard-Taylor, la question nationale au Québec, liée à l’élaboration de notre identité se pose à chaque page. On aura beau prétendre le contraire, la question de l’indépendance du Québec est la seule qui soit susceptible d’embrasser la somme de nos interrogations, et la seule en définitive capable d’élaborer le cadre général de tous les accommodements présents et à venir. Les succès depuis un demi-siècle d’une telle entreprise, ne se mesurent qu’avec la qualité des efforts que les Québécois mettent dans l’aménagement original de leur liberté élargie. Je leur fais confiance.

Le Québécois se font-ils confiance ?
Pour cela, il leur faut prendre leurs distances avec toutes ces voix qui clament depuis toujours que nous sommes des ci et des ça, sans qu’elles ne se soient jamais données la peine de chercher à nous connaître. 
Le concept des deux solitudes qui définit le Canada, ne vient pas du Québec.

Les voix qui veulent nous clouer au pilori de la disgrâce intolérante, sont les premières à affirmer bien haut qu’elles ne nous comprennent pas. Ce n’est pas étonnant, puisqu’elles ne nous connaissent pas, quoiqu’elles vivent avec nous en nous ignorant continuellement depuis toujours. 
Ces voix sont majoritairement au sein de cette frange canadienne anglaise qui fait de notre histoire commune une lutte à finir, et dont les arguments sont tous plus ou moins méprisants. Nous perdons notre salive, nous gâchons notre intelligence quand nous nous abaissons à leur donner la réplique, et nous y perdons notre temps. On ne discute pas avec la mauvaise foi.

Ce qui ne les empêche nullement de venir de temps en temps nous rabrouer, nous faire la leçon au nom de concepts malodorants peu rassembleurs, de dogmes de progrès aussi enthousiasmant que la désolation d’un lendemain de veille. Notre devoir est de quitter ces enceintes malpropres, et non pas celui de tenter d’y mettre de l’ordre, d’y faire du ménage.
Nous ne sommes pas les concierges du Canada.

Le Canada ne nous convient pas.
Il y a un autre inconvénient pour nous Québécois à rester dans ce Canada qui nous y désoblige constamment, et c’est précisément de devoir y exister avec une mentalité d’assiégé, constamment sur la défensive. Ce qui favorise le repli identitaire et donne des armes à nos adversaires, qui s’empressent alors de nous pointer du doigt, comme étant affligés de je ne sais quel complexe tribaliste, ou quoi que ce soit d’approchant, qui nous déconsidère, surtout à nos yeux.
Comme tous les peuples nous avons parmi les nôtres des individus plus faibles, plus inquiets que la majorité, et qui expriment parfois leur dépit. Lequel c’est bien connu, peut prendre pour cible des étrangers nouvellement arrivés, qui sont en quelque sorte pris à partie par les tendances antagonistes de notre politique, et qui n’ont pas ce qu’il faut pour choisir l’un ou l’autre camp.

C’est ainsi que l’on assiste parfois de manière épisodique, à des dérives absolument individualisées, totalement localisées, et qui nous font passer collectivement pour une bande de fous. Mais il est bien connu que ce qui fait la manchette ce n’est pas la vérité, mais l’actualité, le fait divers.

Un Québec indépendant sortirait de cet état malsain, et aurait la possibilité élargie de se mesurer culturellement avec les meilleurs éléments de la mouvance progressiste mondiale. Là où justement, on le voit depuis plus d’une génération, nous faisons notre plus grande marque quand on ne nous met pas de bâtons dans les roues.
Tant que nous resterons dans le Canada, nous serons en liberté surveillée. Le comble est que nous y sommes sous la gouverne d’une autorité qui cherche continuellement à nous assimiler, à nous intégrer dans une conception sociale qui nous indispose, et qui nous nie comme peuple. Ce n’est certainement pas avec des sparages et des simagrées déclaratoires, vides de pouvoir réel, que nous arriverons à nous épanouir collectivement.
Bien au contraire, notre identité, parfaitement capable de s’imposer sur la scène mondiale, ne pourra le faire que si nous sortons de ce carcan qui s’appelle le Canada, et que nous ne voulons surtout pas réformer. Mêlons-nous de nos oignons et tout le monde s’en portera mieux. 
Le Québec dans le Canada c'est le perpétuel repli sur soi. 
Le Québec indépendant c'est l'ouverture sur le Monde.

Pour ce qui est de la cohésion nationale au Canada on repassera, passez-moi l’expression. 
Le Canada est une foire de ghettos, un ensemble disparate de consciences qui se côtoient sans se connaître, dans lequel on trouve essentiellement des donneurs de leçons qui parlent à travers leur chapeau, et pour qui la politique est une affaire plus ou moins honteuse, une sorte de vice culturel, au mieux un mal nécessaire.

Avec une telle philosophie de la vie en société, il est impossible d’arriver à tisser finement la trame sociale qui fait les nations fortes et heureuses.

À vision du monde insignifiante, politique minable.
Le Canada est depuis toujours le lieu des apatrides mécontents d’eux, en rupture de ban avec leurs semblables. Ils sont légions dans ce grand territoire ceux qui ont fui des ailleurs maléfiques, et ont choisi d’y organiser tant bien que mal un espace public, où chacun se contente de voir à sa petite affaire en ignorant l’autre.
Le reproche totalement injustifié que l’on fait à certains Québécois, de vouloir vivre repliés sur eux-mêmes, est la marque même du Canada dans lequel nous sommes contraints d’exister, et qui encourage dans toutes ses communautés, les replis identitaires. Dans ce domaine le Québec est le meilleur intégrateur de tous ceux qui viennent ici chercher protection contre les abus du monde entier.

Le Canada table depuis des décennies sur ce communautarisme qui en fait est son talon d’Achille, et dont il se fait une gloriole. C’est le pays de la fausse sagesse qui ne parle pas, qui n’entend ni ne regarde, et qui juge sévèrement ce qu’elle ne comprend pas. C’est le monde merveilleux du refus généralisé d'être, qui n’a d’exemples à prendre qu’au pays de l’Oncle Sam.

Lorsque cette pathétique pseudo sagesse s’exprime, elle ne prend la parole que pour dénoncer ceux qui osent proposer des projets créateurs, des visions audacieuses et novatrices, des élans de générosité dont elle n’a que faire. Ses armes sont l’admonestation paternaliste, la réprimande hautaine et mesquine, les sempiternels rappels à une raison pécuniaire (qualifiée abusivement d'économique) qui puise ses arguments dans le refus de tous les changements.

Au moment où j’écris ces lignes, le gouvernement canadien est conservateur, et quoique minoritaire, puissant de la faiblesse de ses adversaires. L’opposition y navigue à l’estime sur l’océan des désarrois. L’économie vivote au milieu de ses pollutions, de ses bilans faméliques en avancement humain, aux pauvres comptabilités boursières et gestionnaires toutes plus frileuses les unes que les autres.
C’est le règne pitoyable et vantard de la bassesse contente d’elle-même, et qui s’assume comme telle.
Le plus navrant de cette triste saga est que cette ambiance ennuyeuse, ce climat culturel délétère, contamine aussi les gouvernements provinciaux. Celui du Québec comme les autres.
Pourtant sous la croûte des satisfactions béates, l’esprit créateur des Québécois tient sa place, et tout en rongeant son frein, patiente dans l’espoir des jours du renouveau, depuis si longtemps attendus.

Le rapport Bouchard-Taylor vient donc à point pour secouer les consciences engourdies, et malgré ses faiblesses évidentes, représente un honnête effort de compréhension des enjeux modernes qui nous interpellent.
Il faut continuer cet effort.
Le véritable progrès se mesure en termes humains d’abord, en création dans tous les domaines ensuite, en amélioration généralisée de la condition humaine, là où le bonheur des citoyens se calcule en espace de liberté bien plus qu’en bilans comptables. Ces derniers ne doivent refléter que ce qui précède.

Je dois déplorer ici, et même fustiger cette attitude attentiste chez trop d’indépendantistes mous, qui plutôt que de résolument faire l’indépendance de leur pays, espèrent convaincre leurs adversaires de la justesse de leur point de vue.
Au fond ces grands naïfs voudraient que ce soient leurs adversaires qui un jour, dans un élan de générosité impensable, finiraient par leur accorder ce qu’ils se refusent à eux-mêmes.
Ils peuvent toujours courir. Attitude de peureux qui se prennent pour des démocrates là où ils ne sont que des esprits inquiets, empêtrés dans leurs pauvres contradictions.
Pourquoi tant qu’à faire ne pas la quémander cette indépendance, la main droite tendue, la casquette dans l’autre, et le regard de chien battu pour dire :
‘’ L’indépendance s’il vous plaît, à vot' bon cœur mon bon Monsieur !’’

Tu parles d’une indépendance toé !

Pas d’avancement significatif au pays du Québec sans l’indépendance. 
Pas d’indépendance sans fierté !

Julien Maréchal










vendredi 27 juin 2008

Le Rapport Bouchard-Taylor (3)

Le 26 juin 2008
Suite du 24 juin et du 19 juin 2008

Réponse au rapport Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables.
Suite (3)

Voir le rapport sur le site www.accommodements.qc.ca

Avant que ce rapport, remarquable entre tous ceux qui sont sortis ces dernières années, ne soit relégué aux oubliettes, il convient de s’y intéresser autrement qu’en en faisant une analyse négligente. Ne serait-ce que par respect pour les citoyens d’ici qui ont payé de leur poche les millions qu’on y a investis. 
La plupart des commissions d’enquêtes chargées d’étudier les problématiques qui débordent le cadre de la simple actualité, sont d’une grande utilité. Il est regrettable de voir certains de ces rapports être tablettés sans que les autorités ne leur accordent toute l’attention qu’ils méritent.  
Surtout lorsque ces mises au rancart prématurées sont le fait d’opportunismes politiques. Il y a eu dans le passé des études qui ne valaient pas le papier sur lequel elles étaient imprimées, mais le rapport de la Commission Bouchard-Taylor mérite un bien meilleur sort.  
C’est une lecture passionnante qui vaut le détour, et ce que cette lecture contient d’irritant ne lui enlève rien de sa saveur toute polémique. Pour une rare fois où on nous invite à réfléchir sur un propos controversé traité avec intelligence, il faut avoir aussi cette intelligence de le lire avec ouverture, et considérer que ses conclusions maladroites, ses errements sont porteurs d’ensei-gnements utiles.
D’ailleurs les commissaires disent dans leur rapport qu’ils sont conscients des limites de leur mandat, et ils proposent entre autre démarche, que le gouvernement, dont c’est le job de gouverner, prenne ses responsabilités et continue l’effort de réflexion qu’un si vaste sujet commande.

Je remarque, comme tous les citoyens que la problématique des accommodements raisonnables interpelle depuis des lustres, que ce qui saute aux yeux dans ces revendications, est qu’elles émanent essentiellement de groupes religieux. La plupart des demandes faites au nom de droits laïques, civils, comme les exigences de parité salariale entre hommes et femmes, ont suivi depuis 50 ans la filière politique ’’normale’’, et la mise à jour des infrastructures publiques nécessaires aux handicapés physiques, afin qu’ils puissent jouir de leurs droits de citoyens, se continue avec comme seules contraintes les budgets requis pour leur faciliter l’existence au lieu de la leur compliquer.  
C’est ainsi qu’il a fallu refaire les trottoirs, réserver des places de stationnement, installer des rampes pour fauteuils roulants, modifier les autobus et le matériel d’accès aux bâtiments publics et privés.

Bref tout le monde a pu constater depuis plus de 30 ans, que notre société s’est engagée dans une démarche de respect des différences, du moment que celles-ci étaient raisonnables, et surtout que cette démarche-là était économiquement et socialement profitable. 
Parce que bien évidemment dans nos sociétés où les considérations économiques dictent tout, c’est l’argent qui décide.Il valait mieux en effet permettre à tous nos éclopés, handicapés, et victimes d’accidents, d’être en mesure de se prendre en main, plutôt que de devoir faire subir la charge de leur bien-être au quotidien, à l’ensemble de la société. 
On a découvert avec le temps et les investissements, que loin d’être des frais morts, ces mises à jour des infrastructures avaient des effets positifs sur les finances publiques et privées. Nos handicapés, temporaires ou permanents, peuvent maintenant jouer des rôles très utiles, et leur apport à la société prouve que les investissements consentis pour les accommoder valaient largement la chandelle. Question de dignité pour les citoyens qui en bénéficient au premier degré certes, mais bénéfice aussi pour toute la société qui en profite.

Mais qu’en est-il des demandes d’accommodements qui émanent de groupes religieux, et qui ont des exigences basées sur une lecture du Monde qui tient de l’irrationnel ? Que vient faire la raison dans cette déraison ?
Accommoder des gens qui ont des exigences à la limite de la férocité parfois, sous des prétextes de signes religieux et uniquement de cela, m’apparait comme indéfendable et irrecevable au premier chef. Je nuancerai plus loin. Pour le moment, puisque ce qui fait problème dans la dérive des accommodements est le religieux, examinons cet aspect en nous situant sur le terrain de la société laïque et civile que nous défendons. Tout en tenant compte de certains critères à caractère hautement humain, comme ceux de fournir des services religieux dans les hôpitaux par exemple, pour des malades en fin de parcours.
 
Ne nous laissons pas intimider par les réclamations de gens qui pratiquent des religions exclusives, et qui exigent d’être inclus contre toute logique, dans une société civile dont ils contestent (ou méprisent) de toute évidence le caractère laïque. 
La société civile pour être accueillante rappelons-le, exige de ses membres qu’ils participent activement à son élaboration. Cette participation postule que chacun a le devoir de modérer ses exigences, et de ne pas considérer l’espace public comme une sorte de terrain commun où tout et son contraire est permis. S’il fallait que l’espace public soit uniquement le lieu de toutes les revendications, y compris les plus féroces, les plus délirantes, il porterait le nom de champ de bataille. Il serait constamment rouge de sang. 

Bien que le rapport Bouchard-Taylor ait dégonflé la baloune de la crise des accommodements, en démontrant statistiques en main, que cette crise-là était un dérapage médiatique, il n’en demeure pas moins que les réclamations les plus intransigeantes, susceptibles à la limite du judiciaire, émanaient de groupes ou d’individus qui prétendent imposer leur particularisme religieux partout dans notre société, au vu et au su de tous et de toutes. 
S’il arrive parfois que certaines demandes soient motivées par des considérations personnalisées, qui expriment une véritable atteinte à des droits, il n’en demeure pas moins que beaucoup de ces exigences reflètent une éducation typée, autoritaire, presque toujours exclusive, qui refuse de tenir compte de la susceptibilité d’autrui, tout aussi valable que la leur. 
En somme si les médias ont dérapé, c’est à cause du caractère religieux de la plupart des demandes qui interpelaient les journalistes. Ces professionnels de l’information connaissent la charge émotive inhérente à tout ce qui est religieux. Ils auraient dû être plus prudents avec leurs manchettes. Mais comment résister à des sujets qui font vendre de la copie ? 
Au-delà des exigences de l’objectivité journalistique il y a les impératifs de la rentabilité d’une entreprise. C’est humain.

Ceux qui ont des exigences religieuses qui tiennent à la pratique de rituels ou à l’affichage de signes religieux (ostentatoires), confondent leur liberté avec un sentiment d’appropriation du domaine public, qu’ils veulent investir abusivement, et qui ne leur appartient pas à eux seuls. 
L’idée même d’espace public s’oppose à celle d’occupation autoritaire de son enceinte.Puisque les croyants qui pratiquent une religion sont si certains de leur a priori intérieur, et qu’ils veulent ainsi témoigner de leur foi en dieu, qu’ils commencent par suivre l’exemple de leur déité, qui jamais ne se manifeste dans le visible, et préfère depuis le commencement des temps habiter la conscience de ses créatures, fidèles ou pas. 
Si le dieu tout puissant des croyants s’accommode de rester discret jusqu’à l’invisibilité, et au silence millénaire, et dont la vision du Monde qu’il propose témoigne de sa présence, ses fidèles devraient eux aussi suivre son exemple, et cesser d’ennuyer tout le monde avec des réclamations au sujet de pratiques ritualisées jusqu’à la simagrée. 
Si nous vivions dans un système politique qui niait la liberté de conscience je comprendrais et défendrais le droit des gens à penser selon leur conscience, et à l’exprimer. L’affichage publique dans un tel cas, de particularités vestimentaires ou autres, s’inscrirait dans l’expression d’une contestation légitime. Mais pour ce qui nous préoccupe ici, c’est loin d’être le cas. Nos chartes des droits et libertés, nos constitutions sur lesquelles s’appuie notre légitimité d’exister, insistent toutes sur le droit de penser et de vivre sa religion. 
La liberté de conscience est protégée dans notre pays.Sauf, là où cet exercice, qui est un droit, exige d’être un droit absolu. Il importe, faut-il le rappeler, que l’exercice d’un droit pour être légitime, procède du respect de la Chose Publique. Ce qui est contraire au droit des gens en général affecte les droits des individus en particulier. La liberté de conscience, comme son nom l’indique, est une liberté intérieure avant tout. Du moment que cette liberté-là n’est nullement brimée et qu’elle peut s’exprimer dans les lieux qui la représentent, sans qu’elle cherche à s’imposer à d’autres consciences tout aussi susceptibles sur leurs droits, les gens libres que nous sommes, toutes religions et athéisme confondus, doivent se garder comme on dit par chez nous, cette petite gène, qui vous empêche d’aller ennuyer vos voisins avec vos pratiques et vos manies personnelles.
 
Les dieux, tels qu’ils sont représentés dans toutes les religions, se fichent parfaitement et totalement des accoutrements, vêtures, amulettes et grigris que les fidèles inquiets et superstitieux s’accrochent, qui au cou qui au poignet, pour témoigner de la puissance qu’ils adorent.  
Dieu nous ayant, selon ces religions intransigeantes, créé à son image et à sa ressemblance, est vraisemblablement (peut importe sa forme supposée) nu comme un ver, et ne s’en porte pas plus mal que tous les êtres vivants qu’il a créés, et qui vivent également tous nus, sauf les humains. À plus forte raison les dieux se fichent des rituels et simagrées qui veulent sous peine de mort distinguer tel croyant de tel autre.

Dans l’ancien monde qui s’estompe un peu plus chaque jour sous nos yeux, les sociétés vivaient refermées sur elles-mêmes, et la religion après la langue, remplissait un rôle identitaire qui assurait la cohésion sociale. La religion n’était pas la seule à remplir ce rôle dans les sociétés anciennes, mais elle occupait, à tort ou à raison, une bonne place dans l’expression populaire qui faisait la culture. 
Si la religion locale cimentait la société qu’elle investissait et représentait, elle dressait les unes contre les autres toutes ces sociétés refermées sur elles-mêmes et qui s’entretuaient toutes, du moment qu’elles se rencontraient.
À commencer par MM. Bouchard et Taylor, les gens sensés savent que les signes extérieurs religieux ne sont pas anodins. Ils témoignent de projets discutables sur le plan de la conscience, et leur visibilité doit être tenue sous la coupe, j’allais dire sous la poigne bienveillante et sévère du pouvoir civil. Le seul à pouvoir accommoder tout le monde, et le seul capable d’arbitrer les conflits. 
Autant je suis favorablement impressionné par le rapport, autant je suis déçu par certaines de ses conclusions et recommandations. Il m’apparait que les commissaires, soucieux de faire œuvre pédagogique, ont voulu comme on dit, être plus catholiques que le pape. Les religions, du moins celles qui se targuent d’universalisme, ont eu 10,000 ans pour discipliner la violence humaine et la changer en harmonie universelle, ce qui était leur projet de départ. Elles ont toutes failli à leur idéal rassembleur universel, et toutes ont sombré à des degrés divers dans le refus de l’autre. Toutes se sont vautrées et se vautrent encore et encore dans les violences les plus atroces qui soient. 
Au XXIe Siècle ce qui caractérise toujours les antiques religions, est leur exclusivité indomptable. Leur refus dogmatique de l’autre. Leur totale incapacité à favoriser une paix générale quelconque. Les religions, particulièrement les monothéistes, sont toutes toxiques. Au XXIe Siècle, les religions n’ont plus qu’un seul devoir, puisqu’elles continuent à subjuguer tant de consciences, c’est celui de la discrétion la plus absolue, et la plus respectueuse de l’ordre civil qui leur permet encore d’exister. Au temps de leur puissance, ces mêmes religions qui viennent aujourd’hui par la voix de certains de leurs adeptes, réclamer le respect intransigeant de leur dignité formelle, n’ont pas eu envers les autres ces égards qu’elles exigent maintenant pour elles. 
Il est rafraichissant de constater que parmi les mémoires soumis à la Commission Bouchard-Taylor, beaucoup émanaient de groupes religieux modérés, qui mettaient en garde les commissaires contre les demandes abusives de certains de leurs coreligionnaires. Il faut les écouter puisque au sein de leurs communautés, ces groupes représentent la majorité tranquille, silencieuse, soucieuse de vivre sa foi sans indisposer les autres. Ajoutons que ce qui alourdit la gestion des problèmes d’ici, est que le Québec faisant toujours partie du Canada, voit ses lois constamment tiraillées entre les deux pouvoirs antagonistes qui se disputent toujours l’adhésion des citoyens.

Lesquels selon leurs gouts, leurs couleurs, plus souvent sous l’effet de leurs humeurs passagères, expriment dans leurs revendications leurs seuls intérêts du moment. Et pour arriver à leurs fins naviguent de l’un à l’autre pallier gouvernemental. Quand ils n’ont pas gain de cause en s’adressant aux tribunaux québécois, ils s’adressent aux tribunaux canadiens. Il s’ensuit un climat de confusion qui tient au caractère particulier de la place que le Québec occupe dans la fédération canadienne. C'est une situation malsaine à tous points de vue. C’est un état des choses qui entretient l’incohérence dans les prises de décisions, et qui exacerbe les replis identitaires. 

Le Canada est bien connu pour avoir depuis 50 ans favorisé ce communautarisme qui lui interdit toujours de se considérer comme une véritable nation. Pathos maladroit que l’on retrouve dans l’expression ''mosaïque canadienne''.
 
Ce qui n’est pas le cas au Québec, pas plus qu’aux USA, en France, en Angleterre, en Espagne, en Italie, au Portugal, et dans les pays européens, où la nation singularisée par une langue particulière, cimente les liens entre citoyens. Un Québec indépendant aurait les coudées plus franches et serait bien mieux à même de favoriser l’intégration à sa société de tous ses citoyens, quels qu’ils soient.

D’autant plus que sa langue française, unique en Amérique, lui confère une identité parfaitement originale. Un Québec Indépendant à la croisée linguistique de l’Europe et de l’Amérique, disposera d’un atout majeur dans la place qu’il veut, peut et doit se tailler dans le concert des nations du Monde.
Quitte à se faire contredire par son vis-à-vis anglophone et fédéraliste, dont la marque préférentielle pour le Canada est manifeste dans la trame du rapport, Gérard Bouchard à titre de souverainiste aurait pu faire état en insistant pourquoi pas, de sa préférence politique. Je comprends qu’à l’intérieur de son mandat, alors que le gouvernement qui l’a engagé est fédéraliste, il se devait d’être modéré. Au point de mettre totalement en veilleuse son option politique? 
Je ne peux pas parler pour lui. Il y a dans cette attitude d’un indépendantiste notoire, quelque chose qui indispose.Un peu de dissidence indépendantiste et d’affirmation en ce sens aurait mieux reflété l’état réel du Québec dans le Canada. C'eut été aussi faire preuve de courage.
Espérons que lorsqu’il s’exprimera sans la contrainte de son mandat de commissaire, M. Gérard Bouchard le citoyen, saura mieux se situer politiquement. Quant à M. Charles Taylor on sait à quelle enseigne il loge. C’est son droit.
Reconnaissons toutefois que les commissaires sont tous les deux d’accord pour que le Français langue officielle, soit renforcé au Québec.
C’est bien, mais c’est timide, insuffisant. Bref c’est trop peu.
Oui à la liberté de conscience, oui à la liberté de pratique religieuse, non aux intrusions du religieux dans la sphère civile.

Vive le Québec libre, ouvert, et laïque !

‘’ Ce qu’on donne aux méchants toujours on le regrette. Pour tirer d’eux ce qu’on leur prête Il faut que l’on en vienne aux coups, Il faut plaider, il faut combattre. Laissez-leur prendre un pied chez vous, Ils en auront bientôt pris quatre.’’ 
La Lice, ses petits et sa compagne.
La Fontaine
 
Julien Maréchal




lundi 23 juin 2008

Le rapport Bouchard Taylor est là

Rapport Bouchard Taylor sur les accommodements raisonnables.
Suite du 19 juin 2008
Voir le rapport lui-même au site www.accommodements.qc.ca


Nous sommes à la fin de juin 2008. Le rapport Bouchard Taylor sur la commission du même nom est sorti dernièrement, et les réactions n’ont pas tardé. Globalement elles sont négatives, parfois nuancées, et pour la plupart, presque toutes, marquées du sceau de l’opportunisme. Beaucoup de commentateurs, et pas parmi les plus sots, avouent candidement que leur réaction s’appuie sur une lecture extrêmement partielle du texte du rapport qui ne comprend pas moins de 350 pages.

Au risque d’énoncer ici des évidences, je soulignerai que ce rapport est cohérent, fait par des professionnels compétents, et bien que MM. Bouchard et Taylor, à titre d’intellectuels renommés n’aient fait là que le travail pour lequel ils avaient été engagés, on doit les remercier de s’être donné tant de peine, et d’avoir pris le temps qu’il fallait pour proposer un document honnête. A ce titre si le rapport a droit comme ses auteurs à l’estime des honnêtes gens, il doit être critiqué avec la même honnêteté intellectuelle. Autant dire ici sans gêne de se tromper, qu’il contient des irritants qui dénotent (pour ne pas dire qui trahissent) chez les auteurs un et même plusieurs parti-pris, dont quelques-uns s’expliquent par les personnalités en cause. Alors que d’autres sont extrêmement troublants, voire choquants.

Sautons immédiatement l’épisode loufoque des déclarations sensationnalistes du Journal ‘’The Gazette’’ de Montréal, qui n’en rate pas une quand il s’agit de mal faire, et qui a voulu pervertir le débat, en faisant paraitre des manchettes insultantes pour les Québécois francophones qui forment la majorité au pays du Québec. 

Chose qui agace depuis toujours cette feuille notoirement francophobe et raciste. Ses dirigeants, donneurs de leçons, n’ont pas eu cette décence élémentaire d’attendre que les auteurs du rapport sortent leur document pour, plusieurs jours avant cette sortie, en publier des extraits. Lesquels extraits, comme il fallait si attendre de la part de ces gens mal intentionnés, avaient l’air de jeter le blâme sur la majorité francophone du Québec. 
Jugée sommairement ainsi comme étant majoritairement intolérante, et sur le dos de laquelle devait retomber tout l’odieux (si odieux il y avait) d’un état de chose qui fait malaise ici comme ailleurs.

À savoir l’accueil et l’intégration des immigrants et le sort fait aux minorités. Notons en passant ici que le Journal ‘’The Gazette’’ est depuis toujours la voix de toux ceux qui ne se sont jamais intégrés au Québec Français.  Bien qu'il soit disparu de l'actualité, le Parti Égalité, ''défenseur'' des droits (lire ici des privilèges) de la minorité anglophone, finira bien un jour par renaître de ses cendres, pour entreprendre encore sa croisade contre le Français envers lequel ses membres rétrogrades entretiennent une haine viscérale.


La rédaction de cette feuille comporte néanmoins en son sein quelques exceptions pour faire bonne figure et donner le change, mais le ton de ce quotidien est carrément rhodésien quand il parle de façon condescendante et méprisante des Québécois. Le Monde entier sait que les Québécois sont les gens les moins racistes de la planète. Ces voix anglophones frustrées, qui ne représentent qu’elles-mêmes, persistent en dépit de toute intelligence, à publier des articles dont l’unique but est de tenter de déstabiliser les Québécois, en les faisant passer pour ce qu’ils ne sont pas. 

Oser ainsi donner des leçons de tolérance à quiconque quand ont est anglophone, canadien de surcroit, alors que les peuples issus de la Perfide Albion sont parmi les plus racistes de la Terre depuis des millénaires, faut avoir du culot. Le ridicule ne tue pas. 
Il faut donc éviter de se colleter avec ‘’The Gazette’’ puisque ce sont eux vraiment les racistes d’ici et les seuls vrais intolérants. Ce sont de grossiers manipulateurs, des menteurs qui se vautrent dans la propagande malsaine, et à qui on ne doit jamais accorder plus d’importance qu’ils n’en méritent. Oui en effet nous avons nos racistes, oui nous sommes embarrassés d'intolérants, et ils travaillent au journal ‘’The Gazette’’. Le journal ‘’The Gazette’’ est une immonde feuille de chou, un torchon, donc passons. Sa place est dans la poubelle au recyclage. Malheureusement cette publication haineuse est lue par une majorité d'allophones qui arrivent ici convaincus que l'anglais domine comme langue. Ils lisent donc ''The Gazette'' lequel journal est distribué gratuitement dans d'innombrables restaurants, de même que dans les collèges et universités, et ainsi pénètre profondément la psyché des nouveaux arrivants. Ses journalistes entretiennent la haine des francophones, et se font continuellement passer pour des victimes de l'intolérance française en Amérique. Un comble de perversion, de méchanceté et de manipulation.

Revenons au rapport des commissaires Gérard Bouchard et Charles Taylor.J’ai lu ce rapport dans sa version intégrale. Je l’ai trouvé fort intéressant, très instructif, rempli de détails quant au traitement que les médias font subir aux évènements. Cette partie du rapport qui jette une lumière crue sur la responsabilité des médias, quant aux causes de la crise des accommodements est lumineuse. Elle replace des évènements ayant fait l’actualité dans le passé dans leur contexte, et remet les choses dans une perspective éminemment plus juste. 

Les commissaires Bouchard et Taylor, appuyés par une équipe de recherchistes chevronnés, ont fait là du bon boulot. Toutefois, cette crise des accommodements, pour amplifiée qu’elle a pu être jusqu'à l'exagération, signifiait quelque chose du seul fait de son existence. Peu importe que le débat sur la place à faire aux immigrants ici comme ailleurs ait été dénaturé par des médias dont c’est le gagne pain que de faire des scandales. 
On peut certes déplorer que les médias de temps en temps dérapent, pour ma part cela ne m’étonne pas outre mesure. Si la Commission Bouchard Taylor n’avait comme résultat pour l’avenir que d’avoir su nous mettre en garde contre ces dérives médiatiques malsaines, elle aurait droit à notre reconnaissance. Cependant je dois ici à mon tour déplorer que cette même commission ait elle aussi dérapé. Pas tant dans son analyse de la situation des immigrants face aux citoyens d’ici et vice-versa, que dans ses conclusions et recommandations. La bêtise disait Gustave Flaubert, consiste à conclure. 

Je reproche donc aux commissaires Bouchard et Taylor, qu’après avoir fait un excellent travail d’analyse d’une situation appréhendée de conflit qu’ils ont su assez finement décortiquer dans ses mécanismes, ils en soient arrivés à des recommandations qui contredisent leur propre analyse.
Il est probable que mon analyse, venant d’un quelconque citoyen, moins bête qu’un autre, pourrait éclairer ces messieurs. Las, je sais fort bien qu’ils ne liront jamais mon texte. Ce pourquoi je le mets sur Internet en souhaitant que d’autres québécois en prennent connaissance. Ceci est ma contribution au débat passionnant que ce rapport nourrit.
Je remarque tout d’abord que le choix des deux commissaires est en lui-même assez révélateur de son esprit mi-figue mi-raisin. On a pris un souverainiste indépendantiste québécois notoire, auquel on a jumelé un fédéraliste canadien tout aussi notoire. C’était déjà provoquer, plutôt que de tenter une pédagogie civile, dans laquelle le débat sur l’indépendance du Québec aurait été le fait des citoyens, plutôt que celui des commissaires. 
Il était inévitable, voire souhaitable, que la commission itinérante qui s’est déplacée aux quatre coins du Québec, soit inondée de témoignages, de mémoires, qui devaient faire état des inquiétudes légitimes de la majorité francophone. Le contraire aurait été étonnant face aux défis qu’elle a à surmonter dans la sauvegarde de son identité. Et surtout dans l’amélioration de sa culture générale enrichie de nombreux apports extérieurs. Dans ce domaine, je l’affirme ici hautement, le Québec non seulement n’a de leçon à recevoir de personne, je parle ici du Québec Français, mais peut être cité en exemple dans le Monde entier, sur ce qu’il y a de mieux à faire lorsqu’il s’agit de préserver les droits de la majorité et ceux des minorités. Les maladresses des commissaires reflètent surtout leurs soucis personnels de se situer, tant le souverainiste que le fédéraliste, dans le contexte canadien. 

D’autant plus que cette commission n’a suscité aucun intérêt ailleurs au Canada. Preuve que cette problématique-là est bien québécoise et pas du tout canadienne. Or s'il y a un ailleurs qui aurait besoin de s'interroger sur ses travers d'intolérance raciste c'est bien le Canada Anglais. 

Au pays du Québec on a l'intelligence de se regarder, de se parler, de se critiquer. Certes au cours des audiences de la commission Bouchard Taylor il y a eu des défoulements, mais cette thérapie collective fut, est, et sera salutaire, enrichissante. Encore une fois, les québécois sortent grandis de cette expérience d'examen général. Insister, comme l'ont fait certains commentateurs trop prompts à discréditer la commission à cause de quelques témoignages discutables, sur des travers parfaitement locaux, absolument anecdotiques, ne fait que discréditer leurs auteurs.

Dans l'ensemble la Commission Bouchard-Taylor reconnait dans son rapport que les québécois sont accueillants, très ouverts à l'immigration, parfaitement respectueux des autres cultures, et résolus à préserver leur identité collective. En somme la Commission Bouchard-Taylor fait le constat clinique d'une société en santé qui s'interroge légitimement, comme toute société adulte, sur ses problématiques. 

Ce sont les conclusions du rapport je le répète ici, qui sont bancales, pas le rapport, et encore moins la société québécoise. Au fond c'est Gérard Bouchard le souverainiste et non pas l’intellectuel, qui s’est fait avoir par Charles Taylor non pas l’intellectuel, mais le fédéraliste. Je n'en veut pour preuve que depuis que le rapport est sortit, M. Charles Taylor pourtant signataire, ne s'exprime pas du tout, et laisse son confrère se débrouiller avec les critiques. Fi de la rigueur intellectuelle donc. Pas trop trop édifiant comme attitude, et pour ce qui est de la solidarité dans la tempête, ce pauvre Charles Taylor fait ici bien piètre figure. Mais c'est son affaire. Revenons au rapport et à ses conclusions.

L’affaire m’apparait comme étant plutôt cocasse si on ne s’en tient qu’aux deux commissaires. Elle est beaucoup plus déconcertante si on constate le sort qui est fait à la majorité française du Québec. Les portes-parole les plus respectés et les plus éclairés de chez nous, ont raison de dénoncer ce poids de la responsabilité des accommo-dements, que les commissaires ont voulu, maladroitement peut-être, mettre sur le dos de la majorité francophone.


Avoir réinvestit leur discours du concept éculé de canadien français, et s’être ainsi enfargés dans les fleurs du tapis de la sémantique politique québécoise, ne plaide pas trop en faveur de leur capacité de jugement. Comme quoi quand on est partisan d’une cause il vaut mieux défendre celle-ci et le faire sincèrement, plutôt que d’essayer de ménager, comme ils l’ont fait dans ce débat, le chou de la discorde linguistique, la chèvre de l’appétit des accommodements, le loup des fauteurs de troubles, le berger de la politique qui n’en peut mais, d’essayer de comprendre une situation complexe, et qui s’arrache les cheveux de désespoir, incapable qu’il est d’agir.

Le tout sous l’œil goguenard des observateurs étrangers qui restent perplexes à juste titre devant un débat, une problématique, aussi surréaliste. Ils sont fous ces Québécois! N’empêche, ils sont vachement sympathiques.


J’aime autant vous dire qu’ailleurs dans le Monde on ne prend pas autant de précaution qu’ici face à des problèmes semblables. Dans les Balkans, on l’a vu depuis vingt ans, la solution aux problèmes culturels, c'est le mur aux fusillés, le charnier aux opposants, les expulsions massives dites de nettoyages ethniques des mécontents de toute sorte. Et que ceux qui ne sont pas contents aillent se faire voir ailleurs. Comme au Québec par exemple ? Pourquoi pas ? C’est le pays par excellence des gens accommodants, celui des braves gens, pas trop regardants sur la couleur des mains de ceux qui viennent réclamer à leurs portes, une protection contre la brutalité de leurs semblables chez eux. 

En y regardant bien, les Québécois si bonasses d’ici, verraient bien que parmi ces réfugiés aux yeux remplis de larmes, il s’en trouve plusieurs qui ont les mains rouges du sang de leurs semblables. Méfiez-vous de ceux qui se posent en victimes et qui réclament à grands cris le respect de leurs droits. J’en ai vu dans ma vie des vraies victimes d’exactions. Elles étaient toutes silencieuses, modestes dans leurs attentes, reconnaissantes de l’accueil qu’on leur faisait. Contentes d’avoir échappé à un sort funeste. Il n’y a qu’au Québec que la majorité accepte ainsi de se faire faire la leçon par de grandes gueules qui ailleurs seraient tout simplement exterminées.

Tout cela pour dire simplement ici que c’est précisément parce que nous sommes des gens raisonnables qu’il faut refuser de se laisser intimider par des abuseurs. Nous n’avons pas choisi, pour régler nos différents, les voies de la violence et de la brutalité. Nous sommes des gens paisibles et civilisés et nous devons sévir avec justice, contre ceux qui cherchent à nous entrainer dans des débats malsains, comme il s’en trouve précisément dans de nombreux pays desquels émanent des demandeurs d’asile. Nous les recevons avec bonté et humanité. Qu’ils se gardent bien de venir nous insulter. Nous leur demandons de s’adapter à nos us et coutumes. C’est légitime et parfaitement honorable, pas du tout extravagant, et certainement pas intolérant. 

Avec le temps, comme nous en avons la saine habitude depuis des siècles, nous enrichirons notre culture de ce que les autres ont de meilleur à offrir. C’est une affaire de temps et de patience. Très peu une affaire de droits farouches susceptibles et blessés.La fausse crise de perception des accommodements raisonnables dénote un vrai malaise, et c’est là tout le mérite de la Commission Bouchard Taylor que de l’avoir mis en évidence.
À suivre…Les choses iront bien mieux aussitôt que le Québec sera indépendant. 
Bonne fête nationale à tous.24 Juin 2008
Julien Maréchal

jeudi 19 juin 2008

Le rapport Bouchard Taylor

La commission Bouchard Taylor

Pourquoi, Gérard Bouchard, n'a-t-il pas dit dans son rapport que le premier des accommodements raisonnables était l'indépendance des Québécois ?

La suite au 23 Juin 2008, veille de la Fête Nationale des Québécois.

Julien Maréchal