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vendredi 14 février 2014

La Vie Privée dans tous ses états. 2e partie.



Deuxième partie

La pulsion sexuelle

Il y a plusieurs mécanismes qui veillent à la continuité de notre espèce. Il faut respirer, boire et manger, dormir et se reproduire. Puis il faut se protéger des intempéries et des accidents. Nous partageons bien évidemment beaucoup de ces contingences incontournables de la vie avec tous les animaux. Mais qu’en est-il de notre sexualité ? On entre ici dans un domaine où il faut distinguer entre reproduction et organisation sociale.

Chez les humains la reproduction est sans doute la fonction qui est la plus civilisée, la plus ritualisée, la plus balisée qui soit. C’est un domaine bourré d’interdits qui n’existent pas chez les espèces animales. Il y a des exceptions comme ces couples d’oiseaux qui demeurent ensemble toute leur vie, et que seule la mort sépare. Mais ici nous en sommes toujours à une interprétation du comportement qui expose nos propres préjugés anthropocentristes. Je le répète ce n’est pas un tort, c’est une limite qui doit nous inciter à la retenue.

Il faut cependant remarquer ici que chez les animaux, la fonction sexuelle joue plus qu’un effet mécanique de reproduction, là où certaines espèces animales ont de toute évidence une hiérarchisation qui implique des rôles de dominants sur des dominés. Ces manifestations plutôt spectaculaires, comme ces danses de séductions, et ces confrontations possessives entre mâles, ou femelles dominantes, nous informent que la sexualité chez les animaux ne s’arrête pas aux seuls mécanismes reproducteurs. Sauf que chaque espèce a son rituel figé dans ses démonstrations.

Dans les relations humaines, les interventions sexuelles sont légions. Chez les humains modernes c'est d’abord une affaire culturelle, économique. Il y a maintenant des milliers d’années que notre sexualité ne joue plus le rôle exclusif de fonction reproductrice. Et que dire de sa fonction fantasmatique ?

C’est devenu une fonction civilisatrice dans laquelle se mêlent progrès sociaux et individuels, facteurs religieux, économiques, artistiques, contraintes et libertés, préjugés, croyances, et tabous. Bref la sexualité, surtout celle des autres, c’est de la politique.

Nous en sommes maintenant au point où la fonction reproductrice peut être totalement évacuée de l’expérience sexuelle humaine. Dans un avenir proche, le rôle reproducteur des mères porteuses d’enfants, pourra lui aussi être évacué du destin des femmes. On fera comme dans le ‘’Meilleur des Mondes’’ des humains en flacons.

‘’ Oh mon flacon, si doux si bon si merveilleux, oh mon flacon… etc.’’

                                                            Sur l’air de ‘’Oh mon papa.’’



Cela ne se fera peut-être pas sur une grande échelle, mais déjà avec toutes les façons artificielles de concevoir des enfants, il faut reconnaître que nous sommes allés très loin dans le domaine. Il n’y a qu’à examiner toutes les méthodes de conception assistée pour s’en convaincre. Cela demeure marginal certes, mais cela existe, et en matière de choix c’est la liberté, notion éminemment philosophique, qui entre en jeu. Qui sait où cela mènera éventuellement l’humanité ? Et que dire de la contraception qui vient encore une fois complexifier toutes les données sexuelles ?

L’internet comme facteur de déstabilisation citoyenne.

Depuis l’arrivée d'’Internet, tout ce qui touche de près ou de loin à la sexualité est remis en question. Il faut bien se rendre à l’évidence que sur Internet les tabous n’existent pas. Les interdits sont tous contournés, au grand dam des moralistes, qui s’affolent devant de si profonds changements. Là où si tout n’est pas permis, tout est essayé avec des bonheurs et des malaises  impossibles à répertorier.

On avance que l’Internet dans son ensemble c’est pour plus de 50% de la sexualité (essentiellement de la pornographie). On pourrait même dire que c’est de la sexualité révolutionnaire, au sein d'un média où ses expressions minent les fondements de civilisations qui existent depuis des millénaires.

Il suffit d’écrire pornographie sur Google pour voir apparaître plus de 600 millions de sites qui traitent de sexualité. Ajoutez-y tous les moteurs de recherche et vous dépasserez le milliard. Avec maintenant quelques milliards d’internautes (?) c’est l’ensemble du domaine de l’Internet qui est affecté par la pornographie. Je ne sais absolument pas combien il y a d’internautes et encore moins combien il y a d’utilisateurs d’ordinateurs, qu’ils soient branchés ou pas.

Pour le meilleur et pour le pire.

En fait j’avancerais ici que pour ce qui est de la pornographie et de ses aspects voyeurs, tout cela n’est pas bien grave. Ce qui l’est par contre c’est l’aspect ‘’contrôle des masses’’ qui implique de nombreuses atteintes aux libertés.

Il n’y a pas si longtemps, à l’époque où l’Internet n’existait pas du tout, chaque individu pouvait garder ses fantasmes, sa culture, son éducation sexuelle pour lui (ou elle). Ceux et celles qui s’aventuraient en marge des zones de la bienséance ritualisée, et fréquentaient ses lieux d’ombres, pouvaient le faire avec pas mal de liberté. Du moment qu’elles prenaient des précautions de discrétion susceptibles de les mettre à l’abri de toutes les inquisitions.

Parlant d’ombres justement, on remarquera que pendant longtemps la sexualité plus ou moins interdite se passait surtout la nuit. Le Night-life reflète justement le caractère plus ou moins louche, plus ou moins délinquant et interdit des pratiques sexuelles marginales, qui préfèrent la nuit au jour. On se cache pour jouir.

Avec Internet ce n’est plus possible. Il n’y a pas un seul ordinateur qui n’ait été touché, lié, atteint, d’autres diront infecté, contaminé, par le virus de la pornographie. Même l’ordinateur du Pape contient des images pornographiques n’en doutez pas. Alors présidents, députés, politiciens et policiers, chefs de sectes, parents, éducateurs, hein ! Citoyens du monde entier, tout le monde est concerné. Internet c'est la bibliothèque de référence mondiale. C'est l'encyclopédie du savoir et des activités humaines, animales, végétales et minérales de la planète. Pas un seul secteur du savoir et de l'activité humaine qui n'y échappe.
Bref les citoyens en matière de sexualité sur Internet, sont tous potentiellement susceptibles d’être traités en délinquants. Si la sexualité s’est largement libérée dans le théâtre, la peinture, la littérature, le cinéma et la télévision, de même que dans l'ensemble des activités humaines, cela n’est absolument rien en face des débordements inouïs de la Toile.

En matière de répression par exemple, domaine privilégié des moralistes, il est rigoureusement impossible de distinguer le ‘’délinquant’’ de son observateur qui le suit dans ses navigations. Autant le citoyen qui s’aventure dans l’expérience pornographique sur Internet peut être considéré comme ‘’suspect’’ que celui qui le traque pour le surveiller.

Depuis quelques décennies existent en location libre, et ce à tous les coins de rues partout dans le Monde (ou presque) des clubs où on loue des vidéos pornographiques. C’est tout-à-fait légal et encadré par des règles de contrôle dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles sont très souples.

Tout le monde (y compris les enfants) y ont accès. Les pouvoirs publics en tirent par ailleurs de juteuses redevances. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges. Maintenant que l’Internet a pris le relais, ces centres de distributions libres de pornographie, ferment tous leurs portes les uns après les autres. Pourquoi en effet, aller louer des films pornos quand on peut se rincer l’œil gratuitement sur Internet sana payer de droits, ou de taxes ? D'autant plus que l'Internet étant privé, cela épargne à ses utilisateurs cette gène qui accompagne les clients qui louent des films de sexe. Maintenant quand est-il de la qualité de ces films ?


La différence ici, très subtile, tient à ce que les films pornos dans les clubs, sont censurés et étiquetés en fonction de leur audace cinématographique. Dont l’accès est réservé aux adultes. Fragiles barrières contre des dérives qualifiées de criminelles, impossibles à circonscrire juridiquement dans un tel contexte. En fait quiconque un jour ou l’autre s’est aventuré dans le local réservé des films XXX d’un club vidéo quelconque, a pu constater qu’on pouvait y louer à peu près n’importe quoi. En toute légalité.

Sur Internet les films pornos sont eux aussi classés, mais on ne sait ni par qui ni comment ? Certains sites sont étiquetés ‘’surs’’ mais on ne sait pas de quelle sureté il s’agit ? Est-ce parce qu’ils sont légaux, ou bien parce qu’ils mettent les utilisateurs à l’abri de poursuites criminelles éventuelles ? Il ne se passe pas un jour sans qu’on ne lise dans les journaux qu’Untel a été arrêté pour possession et distribution de matériel pornographique ‘’juvénile’’.

Mais de quelle possession s’agit-il ?

De films pris sur Internet qui ont été téléchargés pour être ensuite copiés et distribués contre espèces à des mineurs ? Ou bien s’agit-il de productions de ce genre de films, où le prévenu est accusé d’avoir incité des mineurs à la débauche ?

Ou un mélange de tout cela ? En somme quoiqu’il y ait plus d’un milliard de sites pornographiques sur Internet, le fait de les regarder, de les télécharger et de les partager serait donc un crime dans certains cas ? Diable…cela fait plus d’un milliard de criminels potentiels qui produisent des films de cul, et plus ou moins cinq ou six milliards d’individus qui regardent ces scènes de baise et d’enculage, et qui sont eux aussi autant de délinquants susceptibles d'être un jour interpellés, du fait qu’ils aiment regarder des scènes de baise, de sexe.

Alors qu’il y en a des millions de ces scènes qui sont projetées tous les jours dans autant de films, parfaitement reconnus dans autant de festivals. Il est vrai que pour ce qui est des films avec des scènes de nus, on se contente plus de suggérer que d’entrer dans les détails ? Et c’est sans parler de ces clubs de danseuses, danseurs nus, qui s’exhibent dans toutes les villes et villages, pour le délassement des passants et des habitués.

Où tirer la ligne entre ce qui est suggestif et ce qui est explicite ? Et surtout, oui surtout, pourquoi faire de si subtiles distinctions, si ce n’est pour justifier des budgets de police, entretenir une peur des autorités, faire planer sur chaque individu une sorte de menace sourde ? 

S’il fallait compiler les effets de cette répression, on constaterait qu’il y a chaque année au Canada, pour ne prendre que cet exemple, quelques centaines, au plus quelques milliers d’individus, qui sont accusés à des degrés divers, de production, de possession et de distribution de films pornographiques. 

Principalement des films mettant en cause des mineurs. Parce qu’étant donné les lois canadiennes, on ne peut accuser quiconque du moindre délit, du moment qu’il s’agit de pornographie faite, distribuée et regardée par des adultes. Cependant on constate aussi que dans le domaine de la pornographie juvénile, les amendes y sont minimes, les condamnations peu sévères. En somme qu’il s’agit de comportements qui sont sanctionnés certes, à cause de leur caractère outrancier, dégradant, mais qui ne sont pas vraiment considérés comme étant des abominations, punissables des pires sentences. Dans beaucoup de pays, les amendes et condamnations ne sont pas comptabilisées avec un dossier criminel. On se contente d'interpellations pénales, comme c'est le cas pour les infractions au code de la route, ou les arrestations pour manifestations plus ou moins interdites.


On parle de quelques mois de prison, d’amendes de quelques milliers de dollars, et au pire que le récidiviste soit inscrit sur une liste plus ou moins infamante, s'il a fait l'objet d'une condamnation en vertu du code criminel. Bref on met dans ces opérations des budgets considérables, des moyens extraordinaires, pour financer des entreprises de dissuasions qui s’apparentent bien plus à des chasses aux sorcières qu’à une campagne d’assainissement des mœurs.

D’abord ça ne fonctionne absolument pas comme toutes les prohibitions. Cela crée par contre un climat de méfiance et de peur chez les usagers, les internautes, qui est autrement plus malsain que la pornographie elle-même. Parce que chacun va être à un moment donné soumis à une investigation dont il n’aura pas conscience. Les pouvoirs policiers vont s’introduire dans son ordinateur, vont violer son intimité, et s’ils n’y trouvent pas de téléchargements pornographiques, ils trouveront autre chose mais quoi ? Et de quel droit et pourquoi faire ? 
On pense immédiatement, sans tomber dans la paranoïa du complot, que les services de surveillance, qu'ils soient policiers ou privés, peuvent parfaitement et très facilement, investir n'importe quel ordinateur ciblé, et non seulement fouiller la vie privée de la personne que l'on viole ainsi, mais en plus, si on ne trouve rien de répréhensible dans son ordinateur, en introduire frauduleusement, assez pour discréditer cette personne-là si c'est là le but recherché. Bien évidemment les services de surveillance vous jureront que jamais ces choses-là ne se font, alors qu'elles sont monnaie courante.

Pour ces corps policiers protégés contre toutes les poursuites, absous inconditionnellement de tous les abus qu’ils commettent, y compris des meurtres et des homicides, le prétexte pornographique est une formidable aubaine. Ils peuvent s’en servir pour soutenir des causes de délations abominables. Ils peuvent sur commande déstabiliser quiconque prétend à une carrière politique. Les compagnies privées peuvent se servir de cet outil pervers pour espionner à leur tour leurs employés.

Les ravages au contrat explicite entre le citoyen et son État, au sujet de la protection dont il doit jouir en matière de liberté, sont effroyables. C’est toute la société qui par de telles atteintes, bascule dans la dictature étatique, l'État Policier. C’est l’installation d’un climat de peur, de suspicion, avec son cortège de délations. En outre, cela favorise bien sur la clandestinité, domaine le plus lucratif qui soit en matière d’exploitation sexuelle ou autre.

Nous entrons ici est en réalité dans le domaine du contrôle des masses et de l'intimidation envers les citoyens sur une très grande échelle. Ce genre de surveillance est dévastateur. Il s'apparente à ce qui se faisait de pire au Moyen-Âge sous l'Inquisition. Au point qu’il doit être patent qu’il y a des groupes policiers qui doivent certainement produire eux-mêmes des films pornos au caractère offensant, et avec en plus des mineurs (ou des individus pouvant se faire passer pour des mineurs). De manière à piéger des ‘’coupables’’ (entrappement, piègement) et ainsi justifier des budgets parfaitement nuisibles.

Les salopards dans un tel contexte ne sont pas ceux que l’on croit. Ce genre de pratique souvent dénoncée par des juges plus éclairés que d’autres (en matière de drogue notamment) doit certainement être très répandue dans les corps policiers. On pousse au crime pour justifier des budgets répressifs. Le prétexte moral, utilisé ici comme argument protecteur contre des influences néfastes, devient du fait des contradictions qu’il implique, la plus ignoble couverture pour justifier des atteintes contre les libertés d’exister, de penser, de choisir.

D’autant que depuis plus de 50 ans la lutte aux drogues n’a rien réglé. Elle est un échec total. Toute cette répression n’a fait qu’aggraver le problème. Les états progressistes se tournent maintenant vers la légalisation de ces mêmes drogues, de manière à les encadrer plus efficacement. Sans pour autant criminaliser des franges importantes de la population.Dans un tel contexte les dernières trouvailles du Gouvernement de Stephen Harper en matière de prostitution sont un recul de plus de 50 ans.

Il est certain que des corps de police, craignant de voir fondre leurs budgets de répression, vont tout faire pour se trouver de nouvelles croisades vertueuses. Histoire de garder la main haute sur leurs juteuses affaires.

Tout ce qui traite de sexualité humaine étant depuis des millénaires entaché de soupçons malveillants, on voit bien ici que la pornographie, représente une aubaine pour ces croisés de la bienséance. Lesquels se frottent les mains de contentement, face au potentiel énorme de si fructueuses affaires. Encore une fois sous le couvert d’assainissement des mœurs, du prétexte de la vertu poussée au délire.

Dans le domaine des libertés encadrées ou pas, le poursuivi ne se distingue du poursuivant que par sa vulnérabilité sociale et financière, et leurs motivations sont très proches. Seuls les différencient les raisons de ceux qui agissent sous l’effet d’un mandat (que la plupart du temps ils se sont accordés) de ceux qui agissent par goût ou besoin personnel. Bien évidemment en cette matière il convient de distinguer le simple voyeurisme, d’une volonté malfaisante qui poursuit des buts ignobles.

Il n’existe pas un seul humain ayant un ordinateur, ou ayant accès à un ordinateur branché sur Internet, qui n’ait été en contact avec une forme ou une autre de pornographie. Et ces formes-là sont innombrables. A coté d’Internet le Kamasoutra peut aller se faire voir.

En matière de sites pornos, le citoyen utilisateur est logé à la même enseigne que ceux et celles qui en font la surveillance, au prétexte d’en débusquer des coupables. Vous ne pouvez pas accuser qui que ce soit de voyeurisme coupable sans en être un vous-même. C'est-à-dire d'être suspecté de voyeurisme.
Je fais cette distinction pour dire ici que celui qui regarde des films pornos, n’est pas obligatoirement ''coupable'' de voyeurisme. Il y a dans le mot voyeurisme un effet d’atteinte aux libertés individuelles. Personne ne songerait à stigmatiser un amoureux des nus de musées de voyeurisme. En matière de lois, de droits et d’Internet, tout est flou, bizarre, inquiétant et surtout très nouveau. Au fond le terme de voyeur, péjoratif à l’extrême, est ici inapproprié pour désigner en vrac tous ceux et celles qui fréquentent la Toile, pour y regarder des sites à contenus sexuels.

On comprend ici qu’à moins d’être totalement bouché ou d’une mauvaise foi impudente à l’extrême, qu’il y a une différence profonde entre celui ou celle qui espionne ses semblables avec des jumelles, ou des téléobjectifs branchés sur des caméra vidéos, et cette  autre personne qui visionne à l’occasion des films sexuels mis en ligne de façon volontaire, par des participants qui savent ce qu’ils font, et qui agissent de leur plein gré, que ce soit gratuitement ou contre rémunération.

Que ce soient des sites pornographiques ou artistiques, ou encore ayant des vocations d’études générales ou spécialisées au sujet des comportements humains étranges, atypiques aux limites du supportable.

Je pense ici à ces films de scènes cannibales, ou ces abominables ‘’snuff movies’’ qui montraient d’effroyables opérations de torture et de mises à mort réelles d’humains. On entre ici dans les souterrains les plus immondes du comportement humain. 

Dans les films d’horreur, on y élabore aussi des scènes de carnage qui sont insupportables. Elles sont toutefois permises et très répandues, parce qu’elles sont du domaine de l’expression artistique, et qu’on sait bien qu’il s’agit de trucages. Il n’en demeure pas moins que ces ‘’horreurs’’ ont leurs publics, et qu’on ne les interpelle pas pour leurs goûts si curieux.

Pas plus qu’on ne fait grief à quiconque de regarder tous ces films extrêmement violents, dans lesquels des individus de tous âges, des deux sexes, de toutes les classes sociales s’interpellent le pistolet au poing, et où on ne fait pas plus de cas d’une vie humaine qui si c’était celle d’une fourmi.

Pourtant la mise à mort d’un humain quel qu’il soit, est en matière d’interdit moral, le crime le plus effroyable qui soit. Malgré tout, les films violents sont tous autorisés par les censeurs, qui n’y voient que du divertissement. En somme le meurtre est dans le monde cinématographique un art subtil, et l’expression sexuelle qui pourtant tue rarement, une perversion innommable. Le fin du fin en matière de divertissement, est d'accoler ensemble des meurtres crapuleux sur fond d'exploitation sexuelle totalement déviante.

Une part importante du problème de la surveillance du web étant ici que les subjectivités des surveillants constituent autant d’atteintes aux droits et libertés si elles ne sont pas sévèrement encadrées. De manière à prévenir des dérives à connotations moralistes dont on ignore la place qu’ils tiennent dans un débat aussi vaste. Il y a tant et tant de morales dans ce domaine, qu’on peut tout y interpréter d’une façon ou d’une autre, avec son contraire. Ajoutons ici qu'un encadrement législatif rigoureux, capable de prévenir toutes les dérives et tous les débordements, est absolument impossible.

On doit bien aussi admettre que les policiers qui font de la surveillance Internet, ne sont pas nécessairement formés pour distinguer et départager les intentions de ceux qu’ils surveillent. Pourquoi des policiers devraient-ils se charger d’une telle besogne ? En quoi un policier représenterait-il une sorte de citoyen, dont la formation le mettrait en matière de jugement moral, dans une classe à part, privilégiée, qui le situerait au-dessus des lois ? 
Ça ne tient pas debout.

Il faut que les lois interdisent rigoureusement à toute personne en autorité, de se servir des sites pornos sur Internet pour espionner, piéger et/ou accuser, des citoyens qui s’adonnent à un passe-temps parfaitement normal et naturel. À savoir la contemplation du corps humain dans ses ébats intimes. Il n’y a rien de répréhensible dans cela. 

La mère du Pape elle-même s’est fait engrosser de manière parfaitement naturelle. Elle a copulé, baisé, entretenu des désirs charnels, et très probablement pris des poses érotiques lors de ses ébats. Elle en a probablement tiré quelques satisfactions épidermiques, lorsque son conjoint lui faisait l’amour. Tous les  pape, et tous les pourfendeurs de la moralité, sont des produits du péché originel.

En quelque sorte, ces sites de surveillance, annoncent exactement leurs choix (leurs préjugés moraux) et représentent des clientèles religieuses ou civiles qui insistent de manière vicieuse, sur des nécessités ‘’morales’’ spécialisées.  Leur rôle trouve sa légitimité par exemple en publiant des filtres parentaux. Ou encore en avertissant les éventuels visiteurs qu’ils doivent s’identifier ou reconnaître qu’ils sont majeurs. Ce sont de piètres barrières on le conçoit, parce que personne ne peut raisonnablement savoir que tous les visiteurs sont exactement ce qu’ils prétendent être. Mais de là à ce que les ''surveillants'' soient investis de pouvoirs quasi judiciaires, il y a une marge.

Ces filtres sont là pour tenter de limiter d’éventuels dégâts, parfaitement impossibles à décrire de manière objective. Personne ne prend ces mises en garde au sérieux. On entre ici dans le domaine de l’hypocrisie la plus plate qui soit. 
L'informatique étant le domaine de toutes les expériences, il faudrait que ces groupes qui œuvrent dans la morale, cette sorte d'entreprise de salubrité publique au caractère si subjectif, se forgent des outils qui leur permettrait de verrouiller, sans attenter aux libertés individuelles, les sites  qui contiennent des éléments outrageants pour la dignité humaine.Le moteur de recherche Google fait de la censure et insiste dans ses pages de sexe pour signaler que des pages ont été retirées à la suite de dénonciations, de plaintes ou de signalements. Il y a donc une armée de citoyens qui visionnent constamment des sites pornos et signalent les plus offensants. Comment qualifier cette armée, ces vigiles de la bienséance et, quel rôle tiennent-ils dans ces  occupations. On peut prudemment suggérer ici qu'ils agissent comme une sorte d'antidote au pire. Mais là, qui donc départagera les uns des autres?
Les ordinateurs, pour avoir envahi les moindres recoins de notre intimité, sont devenus à la fois un extraordinaire moyen d’élargir le spectre de notre liberté (ce qui est une excellente chose) mais aussi un formidable outil pour des pouvoirs totalitaires soucieux de subjuguer des masses, de surveiller tous les citoyens. 
Cet aspect ne touche pas seulement les sites pornos et leurs clientèles. Il  y  une autre sorte de surveillance aigüe qui compile les tentatives de gens qui s’approchent des sites gouvernementaux, surtout s’ils sont légaux et mis en ligne pour informer. Pour informer seulement ? Voire…oh mânes de Kafka!

Il y a des mots, des expressions, toute une nomenclature stratégiquement  significative, qui peut mettre  la puce à l'oreille de grands ensembles de surveillance, qui ont les moyens et l'outillage requis, pour écouter chaque humain qui se sert d'un ordinateur. Débat très actuel.
En matière de protection des libertés individuelles, les pouvoirs publics sont actuellement complètement dépassés par la puissance de l’Internet qui pénètre profondément au cœur même des existences, et dévoile à des degrés divers tout un chacun. 
Avec Internet, les plus grands délinquants en matière d’atteintes aux libertés individuelles ne sont pas les citoyens, mais bel et bien les pouvoirs publics (voir les tribulations de Julian Assange et celles d’Edward Snowden, deux exemples connus de dénonciateurs de ces atteintes au droit des gens). Mais dans leurs cas précis, la question se pose aussi de savoir de quel droit ils se sont eux-même investis de celui de dénoncer leurs employeurs ? La réponse qu'ils offrent est que leur conscience les a poussé à mettre en garde les citoyens, contres des pratiques gouvernementales, la plupart du temps illégales, et qui s'élaborent au nom de la sécurité nationale.


On ne se contente pas d’espionner les gens pour savoir s’ils se livrent à des débauches d’ordre sexuelle, ou pour des raisons plus pointues en matière de sécurité. On les espionne aussi pour connaître leurs goûts de consommateurs, pour les analyser dans leurs désirs et tendances. De façon à pénétrer leur psyché, histoire de les exploiter, de les circonscrire. Bref de limiter leur liberté pour des raisons pécuniaires. La plupart du temps parfaitement grotesques, et plus ou moins ignobles. Comme les faire chanter par exemple. Le plus souvent pour les harceler.

Dans les cas de ceux qui surveillent les autres, il y entre un ingrédient de viol des consciences et d’atteintes aux libertés, lequel n’existait pas ou si peu, du temps de l’avant Internet. Cette remarque est valable pour les profiteurs de l’Internet,  exploiteurs, surveillants plus ou moins bien intentionnés, ou policiers.

Dans nos pays démocratiques où sont inscrites dans les constitutions des lois pour protéger l’intimité et le libre arbitre des citoyens, l’Internet vient remettre en question l’idée que l’on se fait de la liberté comme valeur fondamentale de nos sociétés.

Avec Internet, n’importe qui en situation de pouvoir a le moyen de s’attaquer à l’intégrité d’un citoyen. Avec en prime, la possibilité extraordinaire (c’est le mot) de pouvoir le faire en toute impunité, tout en mettant le citoyen visé sur la défensive.

En matière de sexe, peu importe comment on aborde le sujet, nous sommes tous, du moment que nous opérons un ordinateur, des délinquants potentiels, voir des coupables, jugés avant même d’avoir été entendus.

Contrairement aux préceptes généraux qui fondent nos codes de lois, où l’individu est présumé innocent lorsqu’un soupçon pèse sur lui, avec Internet et la pornographie, le seul fait de lier un citoyen à de la pornographie le discrédite au départ. Il n’est pas nécessairement considéré comme coupable d’un éventuel crime, mais il est toujours suspect, parce qu’il est louche et surtout parce qu'il a été mis en cause, qu'on l'a pointé du doigt. C'est la même chose que le voisin qui regarde son voisin d'un œil malveillant, et qui le dénonce aux autorités au moindre soupçon. Lequel ? On ne sait pas !
Même s’il doit par la suite être reconnu non coupable, ou totalement innocenté de tout crime, les dommages faits à sa réputation, à sa qualité de citoyen, s’apparentent à ceux que subit toute personne (surtout une femmes ou uns enfant) qui est violée. On remarquera ici qu’en fin de compte, alors que la notion de viol mettait en cause des femmes comme victimes, et des hommes comme agresseurs, sur la Toile la donne change radicalement. En effet sur le Net même les hommes peuvent se faire violer, du fait qu’on va s’attaquer maintenant à leur intégrité à la fois physique et citoyenne.

On peut se remettre d’un viol, on peut en effacer les conséquences physiques, on se remet difficilement des séquelles psychologiques de telles atteintes. Il suffit qu'une auto patrouille s'arrête devant votre porte et que des policiers viennent y sonner, pour que la machine à rumeurs du voisinage élabore sur votre compte des soupçons malveillants.

Il en va de la pornographie comme de toute expérience humaine. Elle comporte ses zones d’ombres et de lumière. La pornographie comme expérience sexuelle individuelle et collective, remet en question des diktats millénaires, et repense les rapports humains. Cette pornographie comporte un immense espace de libéralisation des mœurs, au même titre que des progrès ont été obtenu (de longue lutte) dans des domaines de tous temps controversés, tabous, contre l’homosexualité par exemple. 

Quant à la prostitution, aussi vieille que le Monde, c’est probablement le domaine le plus inextricable en matière de contrôle, qui soit. Après des millénaires de tentatives d’en civiliser les mœurs, la prostitution semble être partout une expérience incontrôlable, impossible à réglementer, à civiliser.

Il existe toujours deux clans qui s’affrontent, les pour et les contres. Pas moyen de séparer les uns des autres. Dans le domaine de la prostitution, les tenants d’une pratique encadrée sous la rubrique de ‘’travail’’ du sexe, travail réglementé comme toute autre activité commerciale, les pour, sont constamment mis en échec par les contre. La frontière qui les sépare n’est pas une question de santé, de salubrité publique, mais bel et bien une affaire morale. Surtout une affaire politique.

C’est là que subsistent tous les malentendus. Les pour voudraient, puisque la prostitution est un fait millénaire de société, la discipliner dans un cadre légal qui en civiliserait les effets. Sans pour autant en faire une promotion provocatrice qui indisposerait les bien-pensants. Mais ces derniers ne l’entendent pas de cette oreille. Ils exigent, justement parce qu’ils sont des bien-pensants, non seulement de vivre leurs existences selon leurs préceptes, mais tiennent mordicus à imposer leur sens des valeurs à tout le monde. Y compris ces délinquants du sexe qui les indisposent. Au fond les moralisateurs sont les intolérants dans ce débat. Et ce sont les ‘’délinquants’’ du sexe libre qui sont les défenseurs des libertés et pas seulement la leur. Dans tout moralisateur il y a un taliban qui sommeille.

La pornographie comporte aussi sa part inquiétante d’abus, lorsqu’elle s’engage dans les domaines de l’exploitation des plus faibles par les plus forts, plus rusés, et plus malins, dont les motivations sont sordidement intéressées.

Le problème ici étant que lorsqu’il s’agit d’exploiter ses semblables, il existe tout un droit coutumier qui encourage cette exploitation, en quelque sorte balisée par l’acceptation générale.  

Les gens de gauche politiquement engagés, vous diront avec ferveur et une certaine justesse, que les ‘’affaires’’ quelles qu’elles soient, sont toutes plus ou moins ignobles, parce qu’elles encouragent l’exploitation de l’homme par l’homme. Ce qui n’empêche absolument pas que l’on fasse ici et là à gauche comme à droite des ''affaires''. Et que les promoteurs soient traités comme des gens parfaitement convenables et honorables. 

Il y a dans ces domaines affairistes autant de dispositions légales nécessaires afin de protéger et même de favoriser des façons de se conduire qui font (justement) l’affaire de groupes bien organisés. 

Lorsqu’on y mêle du sexe la donne change, parce que là on pénètre sur les territoires du contrôle des masses et des individus. En matière de sexualité, tout un chacun est plus ou moins regardé de travers. Il n’y a pas de sexualité parfaitement saine. Toute sexualité comporte une part extravagante d’interdits, de frontières élastiques qui tiennent à autant de cultures qui s’affrontent au soleil de la légitimité.

Si on pouvait soupeser le sentiment, la fonction, la pulsion sexuelle, on y trouverait quelques pincées d’amour et d’échanges de fluides corporels aux fins d’accomplissement de soi, qui flotteraient sur un océan d’obscénités.

Pour les tenants de la loi et de l’ordre (leur loi et leur ordre) les nuances et les distinctions sont éminemment grossières. Elles sont du domaine du blanc et du noir. Les teintes de gris et de couleurs y sont bannies. Vous remarquerez ici que les homosexuels ont adopté le drapeau arc-en-ciel, pour bien montrer qu’ils ne défendent pas seulement leur cause, mais celle de la diversité sexuelle prise au sens le plus large qui soit. 

Il n’y a pas plus borné, plus vicieux (c’est le cas de le dire), qu’un individu qui s’arroge le pouvoir exorbitant de juger ses semblables, puis ensuite de les condamner. Ce pourquoi il existe des tribunaux où les causes contre les citoyens sont instruites par d’autres citoyens qui ne sont pas nécessairement des juges. Peu importe ce que peuvent en dire des tribunaux légalement constitués, leurs jugements ne sont plus considérés comme valeur indiscutable. Au-delà de tous les appels, demeure toujours la pression civique, qui peut à tout moment descendre dans la rue et remettre en question des dogmes absolutistes.

Je ne parle pas seulement des causes devant jury. Il y a toutes celles qui sont traitées quotidiennement par les médias, la littérature, les arts. Lesquels forment des forums, instruisent des recherches, interrogent des spécialistes et des non spécialistes, et entretiennent un débat qui se situe bien au-dessus des lois.

Edward Snowden, poursuivi par les autorités de son pays comme traître, voleur, délinquant de la sécurité nationale, passible de la peine de mort, est proposé ailleurs comme candidat au Prix Nobel de la Paix. Il est vilipendé par les autorités de son pays pour avoir dénoncé les abus policiers, les atteintes aux libertés protégées par la constitution de son pays. Ceux-là mêmes qui devraient le remercier, le décorer pour ses efforts envers la promotion de cette liberté chérie, veulent au contraire le faire taire et le tuer.

Il est obligé (un comble) de se réfugier sous la protection d’un État notoirement reconnu depuis des décennies, comme champion des attaques contre les libertés individuelles, et parfaitement corrompu. On nage en plein délire.

Il y a d’autres exemples d’abus légaux contre des expérimentateurs impliqués dans des causes humanitaires, qui ont été tout au long de leurs existences trainés dans la boue par des bien-pensants, furieux que l’on remettre en question des façons d’être qui pour eux sont sacrées. Le cas le plus célèbre étant celui d'Oscar Wilde.

On pense tout de suite ici aux combats pour le vote des femmes, les droits des homosexuels, le droit à l’avortement et ses empoignades homériques, entre tenants de toute gestation qui ne doit jamais être interrompue (pro-vie) et tous les autres qui clament haut et fort que la gestation est d’abord et avant tout une affaire de droit personnel et de contrôle de son propre corps ( pro-choix).

Entre aussi ici en considération le droit de mourir dans la dignité, les combats contre l’acharnement thérapeutique, ceux du suicide assisté, celui qui touche le domaine éternellement controversé de la prostitution, ou encore d’autres polémiques contre des pratiques magiques ritualisées, comme la circoncision, l’infibulation, l’excision, encore pratiquées de nos jours.

Le prétexte le plus fréquent pour intervenir contre des personnes qui regardent des sites à connotation sexuelle, étant celui de la pédophilie ou de la présomption pédophilique, qui mélange sans discernement la sexualité des enfants pré-pubères, celle des adolescents qui pourtant ont des droits reconnus. Comme par exemple l’âge du consentement sexuel (qui se situe aux alentours de 14 ans).

Quant aux motivations de tous ceux et celles qui s’exhibent sur la Toile pour autant de raisons qu’il y a d’individus, elles relèvent le plus souvent d’une éducation peut-être maladroite, ou d’une fantasmagorie expérimentale, peu importe. Il n’y a pas lieu de criminaliser tant et tant d’individus qui pratiquent avec plus ou moins de bonheur, une sexualité toujours changeante du moment que l’on grandit.

Il faut tout de même constater qu’il en va de la pornographie comme du sport, de la religion, des jeux de hasard, de la gastronomie et de l’alimentation. Des effets néfastes du sucre, du café et du tabac. Ou encore de la consommation des drogues douces. Ce sont des activités qui provoquent des accoutumances. Quelques-unes semblent incontrôlables, ou bien finissent par s’estomper faute d’intérêt. 
Dans le cas du tabac par exemple, au-delà de toutes les analyses culturelles d'époques qui en expliquent la consommation permanente, on voit bien que les fabricants de tabac sont exactement dans la même situation que les pushers de drogues. Le tabac a tué des masses considérables d'adeptes, de consommateurs. Depuis plus de 100 ans on criminalise les vendeurs de drogues, souvent sous d'excellentes raisons, mais on a laissé faire l'industrie du tabac qui jouit d'une tolérance étatique, du fait que le tabac est un formidable moyen d'engranger des taxes. Toute l'industrie du tabac a comploté pendant des décennies, afin de faire de leur produit, un moyen sur d'en rendre les usagers dépendants. Tous les moyens ont été utilisés.  

Cependant au-delà d’un certain seuil, lorsque l’habitude s’en mêle au point que l’on ne peut plus s’en passer et que cela crée des angoisses, de la culpabilité, qu’il faut se trouver de l’aide. À moins que l’on ne soit doté d’une force de caractère conventionnelle, qui nous fait prendre conscience de notre dépendance temporaire, et que l’on prenne les moyens pour se désaliéner. La majorité des humains ne se situe pas dans cette frange. Ceux et celles qui n'arrivent pas à se désaliéner d'une dépendance, sont des malades, pas des criminels.

Tous les fumeurs ayant réussis à se désintoxiquer du tabac et des drogues douces, de même que les buveurs d’alcool qui un jour ont cessé de boire, vous diront qu’il n’y a pas vraiment de thérapie magique pour soigner une dépendance. Il faut forcément y mettre du sien, faire intervenir sa volonté. ceux qui y parviennent sont rares et sont l'objet d'une sorte d'admiration, presque de la vénération.

C’est beaucoup plus difficile dans d'autres domaines intrinsèquement liés à la condition humaine. On peut cesser de manger de façon boulimique, et ainsi arriver à maigrir. Les gros, les obèses, vous diront à quel point c’est difficile. Parce que cela tient surtout au fait que quoiqu’on fasse, on ne peut pas renoncer à manger sous peine de mort. Il faut dans de pareils cas trouver la voie médiane entre l’abus et le contrôle.

Par contre les drogues comme le tabac, qui ne sont pas indispensables à la vie, sont des éléments parasitaires de l’existence. Ils dérèglent des mécanismes naturels de protection de l’organisme. Ces dépendances-là sont des maladies comme l’alcoolisme. Elles exigent des soins. C’est pareil pour l’anorexie et la boulimie.

Cela va plus loin que le simple effort de volonté. Il y a des gens qui sont accros aux sports, aux dépenses comme le magasinage outrancier, les jeux de hasards, les jeux vidéos. Ou bien qui se défoncent dans l’exercice afin d’acquérir un corps de rêve. Ces pathologies-là ne sont graves que si la personne impliquée est en quelque sorte complice de sa dépendance, et ne voit pas qu’elle court à sa perte prématurée. 
C'est un problème psychologique. Il leur faut généralement un accident grave (une crise cardiaque, un AVC ou quelque chose du genre) pour allumer.

Quant à ceux qui sont accros aux sites pornos, ils ressemblent ni plus ni moins à ceux qui sont accros au cinéma, aux rencontres dans des bars sportifs ou des clubs de danseuses. Enfin des choses socialisantes qui remplissent des vides, comblent des besoins existentiels. Dans ces cas-là, qui sont probablement les plus fréquents et les plus anodins, le moyen de se détourner de ces pratiques lorsqu’elles deviennent malsaines sur le plan de l’épanouissement personnel, consiste à diversifier ses intérêts. À multiplier ses sorties en les variant, et en se liant avec un entourage dont les divertissements sont à des lieues de ceux qui vous aliènent passagèrement.

Cela ne représente pas vraiment de difficulté. C’est une affaire d’approche volontaire où il est toutefois recommandé de se faire aider. Des amis, des connaissances, des lieux de partages sociaux suffiront dans la plupart des cas. Se faire une maladie d’une manie passagère plus ou moins envoutante, qui dure quelques années ou même toute une vie, est la pire façon d’appréhender une situation devenue problématique. Encore ici d’autant plus, qu’il en va de la sexualité comme le fait de boire, de dormir, de manger, de respirer… on ne peut pas s’en passer sous peine de mourir.

Entre aussi dans ce domaine de la tolérance éclairée, les cas de tous ces adultes qui ont eu ou pas une éducation sexuelle performante et saine. On sait bien qu’en matière de sexualité où les interdits sont innombrables, qu’il est impossible de faire la part des choses, quant aux motifs qui poussent tel ou tel individu à regarder des sites sexuels, qu’ils soient pornographiques ou pas. L’éducation sexuelle partout en Occident est un échec patent depuis des siècles. Quant au reste du Monde cela dépasse le cadre de mon propos. 
Le seul fait qu'il existe un milliard de sites pornos, et qu'il soit impensable de mettre tous ses adeptes en prison, prouve que la pornographie remplit un besoin qui correspond à une normalité qui tarde toujours à s'établir. Que dire alors des ces autres milliards d'individus qui regardent de la pornographie ? Si on écoutait les moralisateurs on flanquerait au violon la moitié de l'humanité, et l'autre moitié en deviendrait les gardiens. Toute une société!

De façon générale les législateurs et éducateurs s’entendent pour baliser non pas le voyeurisme, mais surtout la possibilité de contacts entre adultes malintentionnés qui s’attaquent physiquement à des jeunes, plus ou moins innocents des conséquences de leurs actes. Tout le monde sait ici qu’il y a également des adultes qui sont susceptibles d’être eux aussi piégés par des prédateurs sexuels.

On fait la chasse aux prédateurs réels certes, mais dans un domaine aussi complexe que celui de la sexualité, il faut nécessairement que tout ce qui s’y rattache soit traité avec un sens de la nuance qui doit être exempt de parti-pris moraux, puisés à même les réservoirs antiques des interdits, dont la plupart sont carrément dépassés. 

J’ai connu une personne qui est morte d’avoir pratiqué des rituels sadomasochistes, sans savoir qu’elle mettait sa vie en danger. Alors qu’il y en a quantité qui pratiquent des exercices sadomasochistes, et qui ma foi ne s’en portent pas plus mal. En sexualité comme en tout il y a des risques (dont les maladies vénériennes ou le SIDA) et beaucoup d’expérimentateurs maladroits. Ce ne sont pas nécessairement des délinquants ou des criminels. 

Pour ce qui est de la qualité visuelle, donc artistique si on veut, des représentations pornographiques, il y en a qui sont d’une laideur repoussante. La plupart sont d’une maladresse naïve. Beaucoup sont grotesques, et une petite part puise ses expressions et représentations dans la beauté des intervenants, la compétence des acteurs. Mais que ce soit laid ou beau, il n’y a pas de crime dans l’affaire pornographique d’une façon générale. Seuls les abus, les actes de violence, les exploitations, méritent après examen sévère d’être sanctionnés. 

Au XXIe Siècle la notion d’interdiction ne peut plus se conjuguer aux syntaxes religieuses, aux tabous antiques, aux discriminations raciales, aux limitations ethniques qui empoissonnent l’existence de millions de citoyens, qui veulent se situer dans une mouvance progressiste et moderne.

La notion de bien et de mal au XXIe Siècle, surtout dans les pays les plus avancés, ne peut absolument pas être traitée à partir de conceptions archaïques intransigeantes. Dont les présupposés reposent sur une vision de la vie en société qui n’a plus sa place dans un Monde qui comportera bientôt plus de 8 milliards d’individus et quelques millions de cités, villes et villages. 

Aux premiers temps de la conquête du Nouveau Monde, les européens ont colporté avec eux des maladies comme la vérole, ou le simple rhume, qui ont décimé les populations indigènes des Amériques. Cependant ces européens ont hérité de ces mêmes indigènes d’un fléau, la syphilis, qui les a eux aussi décimé, et leur a empoisonné l’existence jusqu’aux débuts du XXe Siècle.

L’organisation du droit de l’Antiquité reposait sur un monde essentiellement rural, où les plus grandes cités ne comportaient en moyenne que quelques milliers d’individus. Sur une population mondiale de quelques dizaines de millions d’individus, n’ayant que peu ou pas de contacts entre eux.

Au XXIe Siècle, certaines grandes agglomérations modernes ont plus de citoyens que n’en comptaient autrefois des empires maintenant disparus. Les antiques codes de bienséance établis afin de favoriser la vie publique pour des populations citadines ou rurales de quelques milliers d’individus, sont totalement ineptes dans des lieux, villes ou pays actuels, qui abritent des centaines de millions d’individus. 

Alors que la planète toute entière se cherche maintenant des façons de vivre, qui doivent accommoder des masses incommensurables en termes mathématiques. Où l’individu a plus de privilèges, de droits et de devoirs, que les rois et les empereurs les plus opulents des temps anciens.

Vouloir continuer à traiter les citoyens actuels, dans un cadre mondialiste, avec des préceptes dont l’élaboration remonte à des millénaires, est de la pure sottise, une approche criminelle.

Avec la prolifération des voyages en avion, les risques attachés à des contaminations épidémiques sont énormes. On craint ici et là avec raison la propagation de grippes meurtrières, qui pourraient provoquer des hécatombes dans les populations. Va-t-on pour autant interdire les voyages ?



En matière de sexualité, le brassage des cultures offre au citoyen moderne, des modèles expérimentaux qui ne peuvent absolument pas être jugés aux seuls mérites d’une quelconque moralité aux incidences locales.

Les croisements culturels forcent les individus à se remettre en question. Les voyages, s’ils posent des risques à la santé planétaire, comportent aussi des avantages certains, en ce qu’ils font baisser les tensions internationales. Grâce aux brassages des cultures et des gènes.

Cette ouverture planétaire à l’Autre ne fait bien évidemment pas l’affaire de groupes plus frileux quant à l’avenir de leur culture (voir surtout les religieux radicaux, sectaires, exclusifs) et la mondialisation paye un lourd tribut aux refus traditionalistes qui s’expriment dans une fureur incontrôlable.

On remarquera ainsi que sur le web, il y a une quantité astronomique de sites pornographiques qui traitent précisément des rencontres entre gens qui viennent d’horizon culturels pour le moins exotiques. C’est sans parler de ces millions d’autres sites qui n’ont rien de pornographiques mais qui proposent des destinations enchanteresses dans lesquelles percent à l’évidence des propositions de tourisme sexuel.

La résurgence actuelle (passagère) de vieilles religions qui s’affrontent au finish dans l’arène de l’actualité mondiale, prouve largement qu’il faut en finir avec ces vieilles peurs, ces vieilles conceptions, devenues au fil des siècles, autant d’outrages envers la dignité humaine. 
Ce ne sont que massacres, pogroms, nettoyages ethniques, racismes hallucinés qui étalent au grand jour une violence d’autant plus absurde, que ces vieilles conceptions sont vouées à la disparition la plus prochaine qui soit.

Ces attaques contre la modernité émanent de groupes arriérés qui s’attardent dans un monde qui n’est plus le leur. Malheureusement ils entrainent dans leurs dérives abominables, des milliers d’innocents qu’ils fanatisent, et qui à leur tour font des victimes parmi des populations qui ne sont même pas concernées par leurs aprioris imbéciles.
Ce qui a pour conséquence de provoquer chez les autorités modernes une réaction de sécurité exacerbée qui met tout le monde en danger.

Julien Maréchal

La Vie Privée dans tous ses états. 3e partie.



Troisième partie

La liberté n’est pas négociable[1]

Du moment que l’on s’interroge sur la sexualité, on met en cause des comportements contradictoires dépendant que l’on est d’une ethnie ou d’une autre. Que l’on pratique une religion, que l’on soit agnostique, athée, ou indifférent.

Depuis des millénaires l'approche en matière de sexualité, celle qui a fait le droit dans le passé, relevait pour beaucoup des diktats de la religion. Il ne semble pas qu'il est été question aux origines, dans cette approche ritualisée d'une fonction si naturelle, intrinsèque à la nature chez l'humain comme chez les animaux, de lui conférer un statut exemplaire de plaisir.  Dans les pays à connotation judéo-chrétienne ou mahométane, c’est la Bible dont sont issus l’Ancien et le Nouveau testament, et le Coran, qui ont depuis des siècles présidés aux coutumes, évoqués les interdits, balisés les responsabilités et devoirs des individus. Le tout à grands renforts de magie incantatoire. Quant à savoir si avant les civilisations et les religions, il y avait ou non des conceptions ludiques attachées à la sexualité, ma foi je n'en sais rien et vous non plus. Avant que le primate humain ne deviennent homme, il devait se conduire comme toutes les autres espèces. Sa sexualité relevait de la pulsion, pas de l'organisation sociale comme telle.

Il est probable qu'aux tous premiers temps de l'apparition de la conscience les humains en s'identifiant à l'ensemble des manifestations les plus spectaculaires de la Nature, leur ont conféré une sorte de statut qui n'était pas encore de la religion, mais qui suscitait chez eux des interrogations hallucinées. Pourquoi l'eau, le vent, la terre, la végétation et les animaux?  Puis d'où vient le feu ?  Qu'est-ce que la Vie? Qu'est-ce que la mort ? 

La variété des animaux leur a probablement inspiré des réflexions audacieuses, comme l'illustre les quantités phénoménales d'espèces imaginaires et déifiées, que représentent dans la pierre et la poterie, ces humains à tête d'animaux, et ces animaux à tête humaines. À quelles expériences pleine de curiosité se sont-ils livrés par ailleurs? D'autant plus qu'en se mêlant de croiser des espèces qui ne se croisaient pas naturellement, ils ont fabriqué de nouvelles espèces qui durent toujours. Mules, bardots, chiens, chevaux, bovidés, par exemple.
À force de s'interroger sur la multitude des phénomènes qui les entouraient de toutes parts, ils en sont venus à s'interroger sur eux-mêmes. Je parle ici d'une recherche qui s'étale sur des millénaires. On soupçonne là les premiers rudiments de religions qui se sont élaborées dans des tentatives souvent maladroites parfois spectaculaires, d'avoir une prise sur leur destin. Mystère encore plus grand qui les aura subjugué pendant ces millénaires. Puis les religions en s'élaborant et se cristallisant en rituels compliqués, ont provoqué des essors architecturaux à la fois utilitaires et symboliques, dont subsistent aujourd'hui des vestiges fabuleux. 

Des ruines extraordinaires, lesquelles prouvent que lorsque les religions s'élaborent en complexes architecturaux, en temples, en églises, elles ont déjà perdu l'essentiel de leur raison d'être.

Toute civilisation qui s'ingénie à durer en contraignant la Nature, accouche pendant un certain temps de réalisations remarquables, tout en préparant son déclin. Rien ne dure, tout passe tout lasse. La Nature donne aux hommes l'exemple de la véritable durée, en favorisant le changement (l'évolution). Plutôt que cette sorte de stagnation narcissique, comme on le voit partout chez chez certains humains,  dont la vanité a modifié leur environnement. 

Avec le temps et la transformation des interrogations spirituelles (intellectuelles c'est la même chose) en maniérismes religieux, les humains marquent des poses, deviennent les esclaves de leurs constats d'abord relatifs, qui se sont changés en dogmes. Puis des groupes contraints finissent par se révolter devant ce qu'ils perçoivent comme des abus de castes. Ils en  viennent enfin à abandonner collectivement ce qui hier encore faisait leur fierté.  On le constate dans les innombrables vestiges d'anciennes civilisations très puissantes tombées en décadences, puis disparues avec leurs habitants. Si l'humanité doit durer, elle devra abandonner toutes les religions traditionnelles sans renoncer à la quête nécessaire du savoir.
Les sociétés laïques sont éminemment jeunes. Le droit en matière sexuel est encore largement connoté de préjugés raciaux plus ou moins issus des pensées religieuses. Certes en Occident il semble qu’il y ait une fraction importante des populations (probablement la majorité) qui ne veut plus se référer aux croyances religieuses afin de discipliner ses comportements sexuels ou autres. Mais il y a, et il y aura encore, des recrudescences religieuses pour s’opposer à l’évolution des mœurs vers une plus grande liberté, et surtout vers une plus grande acceptation des différences. 

Il y a aussi le volet santé publique qui intervient afin de prévenir la propagation de maladies (tel le SIDA cité précédemment). Encore convient-il de souligner ici que l’approche favorisée aujourd’hui, celle qui tend à s’imposer en matière de prévention des désordres, en est une de préférence du contrôle des maladies grâce aux avancées médicales. 

Comme les vaccins ou des médicaments très performants. Ou encore l’usage de préservatifs, l’éducation et ses campagnes de sensibilisation, plutôt que d’investir massivement dans la répression policière. Là où on sait, expérience millénaire à l’appui que ça ne fonctionnera pas. Qu’au contraire cela ne fera qu’aggraver la situation. Mais ici, prudence, il faut compter avec les propagandistes et adeptes des répressions toujours très nombreux. Ils sont loin d’être désintéressés. Il semblerait depuis quelques décennies, une fois purgés les codes légaux des extravagances qu'on y trouvait afin d'en réglementer les mœurs, que tout ce travail doit être refait maintenant sur la Toile.


On voit bien aussi qu’une fois les religions évacuées des pratiques sociales, lorsqu’elles sont discréditées au point qu’on les méprise ouvertement, qu'elles demeurent sous formes de réflexes, conditionnés par un usage séculaire, millénaire. 
Lesquels prendront du temps avant de complètement disparaitre, pour n’être plus éventuellement que des réminiscences abstraites, des résidus fabuleux de pratiques anciennes, comme le sont devenues les religions passées de l’Égypte, de la Grèce et de Rome. 
Là où les dieux de ces époques, adorés dans des pratiques rituelles agissant à la fois sur la vie individuelle et la politique (l’organisation de la cité) ne sont plus que des personnages de bandes dessinées ou de dessins animés, qui amusent les enfants.

Cependant, certains réflexes ont la couenne plus dure que d’autres. On l’a vu ces derniers jours (cette partie de mon texte date du 6 février 2014) en France, où se tiennent des manifestations importantes contre les lois votées en faveur du mariage gay. Où des milliers de personnes, la plupart étant des tenants religieux de la bienséance traditionnelle, descendent dans la rue pour dénoncer les lois émancipatrices envers des comportements toujours considérés comme pervers.

Il y a et il y aura longtemps encore des irréductibles de la pensée religieuse intransigeante. Dans quelle mesure ces boursoufflures et ces épanchements d’âges révolus, ont-ils quelque importance sur la vie publique ? Il n’est pas dit que ces manifestations d’intolérance soient significatives, au point de remettre en question des droits fondamentaux, des acquis sociaux maintenant bien implantés. On s’entend pour déplorer qu’il y en ait encore. C’est comme un feu qui couve et peut parfois reprendre en provoquer de nouvelles conflagrations.

Le volet le plus difficile à cerner et à circonscrire dans des lois acceptables, concerne la sexualité chez les enfants et les adolescents qui, du fait de leur immaturité donc de leur vulnérabilité, ont besoin de protections éclairées, et bienveillantes. 
Ils ont surtout besoin d’une véritable éducation. 

Cela veut dire qu’il ne faudra pas être si intransigeant, que l’on aboutira à force d’interdits, à fabriquer en série des générations d’adultes frustrés, qui auront été privés au moment venu (éveil à la sexualité chez l’enfant et puberté chez l’adolescent) d’une éducation sexuelle audacieuse. Il est bien plus facile d’interdire que de comprendre. Les interdictions ont leurs inconvénients. Elles repoussent constamment en avant des interrogations qui reviennent toujours, ne sont jamais résolues ni même examinées. Après quoi on se retrouve sempiternellement avec des problèmes récurrents jamais compris.[2]

Dans certains pays comme le Japon par exemple, on donne des cours de sexualité avancée à des couples qui reçoivent cette éducation par groupes de quelques centaines, et qui font collectivement l’expérience sexuelle complète.

Je regrette de ne pouvoir dire dans quelle mesure ces pratiques sont répandues. S’il s’agit d’expériences limitées à de très petits nombres? De quelle reconnaissance sociale ces expériences jouissent-elles ?  Quelles peuvent bien être sur la société japonaise dans son ensemble, les conséquences de tels enseignements ?

Parce qu’en effet, puisque sexualité il y a, pourquoi ne pas l’enseigner correctement comme matière à inscrire au programme scolaire, puisque cette pratique est incontournable de l’expérience humaine ? En matière de sexualité, l’abondance même des sites pornos, démontre que dans ce domaine existe un manque flagrant d’éducation, dont la pornographie n’est en somme qu’un symptôme, un avatar, qui trahit un besoin évident.

Les personnes plus âgées aujourd’hui, je dirais celles qui ont entre 50 et 90 ans, ne recevaient pas d’éducation sexuelle. Sauf exceptions pratiquées dans des milieux plus ouverts, plus éduqués, elles faisaient leurs apprentissages dans la clandestinité. Les plus délurés des adolescents se chargeant d’initier les plus jeunes dans la grange, le hangar ou le garage. Et souvent on trouvait dans l’entourage des familles, des oncles, des cousins, des cousines, des tantes, des amis de la famille, des voisins, voire des sœurs et des frères complaisants, qui se chargeaient de déniaiser les ignorants.

Je souligne également ici l’apport remarquable à ces mœurs d’un autre âge, des frères enseignants, de prêtres tripoteurs, tous gens de bonne éducation, qui s’en donnaient du mal pour éclairer la lanterne de tous ces malheureux (surtout des garçons) qui gémissaient dans les affres d'un bouillonnement hormonal naissant, incompréhensible pour ces âmes innocentes. Le coté obscur dans ces initiations perverses, vient surtout du fait que les adultes (prêtres, frères) qui se chargeaient d'initier leurs potaches aux extravagances sexuelles, étaient pour la plupart des ignorants, des frustrés de cette sexualité réprimée qui les étouffait. On ne comptabilise plus les dégâts de telles pratiques.

La religion catholique en particulier, avec ses interdits et ses tabous absurdes, imbéciles, a engendré des cohortes d’agresseurs sexuels, et fabriqué en série des générations de frustrés de la petite culotte. Quant aux victimes de ces invraisemblables agissements contre nature, où l’hypocrisie le dispute à la bêtise la plus féroce qui soit, elles sont encore à ce jour, innombrables.

Dans un Monde où une institution aussi criminelle que l’Église Catholique dont les abominations défient l’entendement, et ce sur deux millénaires, n’est pas poursuivie et mise à l’index de la Justice, on se demande quel traitement attend les supposés délinquants de la Toile ? Toutes ces opérations d’espionnage de millions de citoyens, ressemblent à s’y méprendre à ces pires époques, où l’Inquisition étendait sa puissance sur des peuples entiers, et faisait peser sur les consciences un règne de terreur parmi les plus cruels qui furent.

De même qu’autrefois on a décriminalisé les comportements homosexuels, qu’on a fait de même avec la prostitution dans certains pays, qu’on en a fait autant en matière d’infidélité conjugale, d’avortement, et qu’on se prépare maintenant à décriminaliser le suicide assisté, et éventuellement l’usage des drogues, il faudra bien en venir à considérer la sexualité comme étant une composante du comportement humain. Lequel exige lui aussi d’être balisé autrement qu’à partir du code criminel.



L’affaire Alfred Kinsey.

L’époque ou un certain Dr. Alfred Kinsey (1948-53) faisait le relevé des pratiques sexuelles humaines, est maintenant loin derrière nous. Pourtant ses recherches, de même que ses constats, sont toujours d’actualité, et mériteraient qu’on s’y attarde, et qu’on en complète certains aspects avec beaucoup d’ouverture d’esprit. 
D’autant plus que le bon Dr. après avoir été encensé pour l’audace de ses recherches, a été ensuite cloué au pilori de la malséance. On en a dit tant de bien et tant de mal, qu’il n’est plus possible de distinguer le vrai du faux dans cette saga. 
Ce qui demeure de pertinent de cette aventure-mésaventure, est le coté délinquant de la sexualité exposé en plein public comme étant si répandu, qu’il doit être autre chose que l’expression de simples perversions. Quelque soit la controverse qui entoure la personnalité du Dr. Kinsey, sa prestation, scientifiquement pertinente ou pas, a mis en évidence la trame du très grand malaise qui sous-tend l’affaire sexuelle en Occident.

On entre ici de plein pied dans l’acceptation des autres. Dans l’éducation au sens le plus large qui soit. On en viendra à admettre que la tolérance a ses vertus, que la permission n’est pas la permissivité. Il y aura toujours des comportements sexuels qui tomberont sous le coup du code criminel comme le viol, les meurtres associés à la sexualité, et tous ces abus, mettant en cause des enfants et des adultes. 

Pour éviter que des populations entières ne soit menacées et tenues en otages par des pouvoirs malsains, il faut à partir de législations éclairées, contrecarrer la volonté de groupes politiques malfaisants, désireux de s’attaquer à la réputation citoyenne en brandissant des chantages honteux. Basés pour des motifs intéressés, sur des lectures approximatives de comportements, disons délicats, en matière de sexualité.

Faire un crime non pas de la fréquentation de sites Internet pornographiques, mais bel et bien interdire qu’on se serve de ces même sites pour ennuyer et déshonorer des citoyens qui s’adonnent en toute légalité à des expériences sexuelles qui ne regardent personne, surtout pas la police.

On se souvient des empoignades vertueuses et indignées au sujet des clubs échangistes. Ils ont vu se lever contre eux des moralisateurs outrés, et maintenant ils opèrent en toute légalité sous la protection de lois, qui considèrent le citoyen adulte capable de faire ses propres choix. Dernièrement la Cour Suprême du Canada a invalidé tout un tas de lois contre la prostitution, obligeant ainsi les législateurs à refaire leurs devoirs, en matière de protections contre les ingérences dans la vie privée des citoyens.

Le Bill Omnibus au Canada

Lorsque Pierre Elliot Trudeau  alors Ministre de la Justice au Canada, a fait voter son bill Omnibus (S.C.1968-69,c.38) en 1969, lequel décriminalisait les pratiques sexuelles, dont l’homosexualité, au motif que l’État  n’avait rien à faire dans les chambres à coucher, et que des adultes consentants devaient être respectés dans leurs choix de vie, il s’est fait traiter de tapette. 
Il s’est fait insulter par tous ces bien-pensants. Finalement c’est lui qui a eu raison de ces excités. Il est particulièrement intéressant de l’entendre, dans les documents vidéo de l’époque, faire la distinction entre crime et péché.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bill_omnibus_%28Trudeau%29

Que l’on aime ou pas Pierre Eliot Trudeau, cette loi-là représentait un immense progrès en matière de libertés individuelles et de respect de la personne. Cette loi légalisait aussi l’encadrement de l’avortement, les loteries, et bien d’autres sujets alors tabous et interdits.

Y a-t-il de graves inconvénients à tolérer (je n’ai pas dit encourager) ainsi massivement tant et tant de sites web pornographiques ? La réponse doit être mitigée au risque de se faire accuser de complaisance envers des comportements, qui par certains aspects sont carrément indéfendables. À la fois sur le plan social et sur celui des lois.

L’Internet est un phénomène Mondial. Il est nouveaux à l’échelle des sociétés actuelles. Il représente un immense défi d’adaptation pour chacun. On va forcément y retrouver (exacerbés par la multitude des participants qui englobent des populations continentales entières) des comportements agressifs, criminels,  côtoyant des progrès humains incontestables et de grande valeur. La Toile porte en essence les promesses fragiles de solutions originales au mieux vivre ensemble planétaire.

Il ne faut pas que cette Toile, parce qu’elle véhicule aussi des comportements discutables voir répréhensibles, serve maintenant de prétexte à l’établissement d’une sorte de dictature électronique, informatisée à l’extrême, où chaque individu se verra amputé de son libre arbitre. Pas seulement dans certains pays troubles, mais à la grandeur de la planète.

Ce danger-là est immense, et autrement plus néfaste pour cette humanité nouvelle qui s’élabore sous nos yeux, que ne le seront jamais les opérations de magouillages, fomentées par toutes les crapules qui infestent la Terre. Il y aura toujours de la canaille, ce n’est pas une raison pour menacer et terroriser l’ensemble de l’humanité. Laquelle pour l’essentiel aspire à plus de paix et plus de tranquillité. En matière de surveillance des débordements susceptibles de se produire sur le web, la répression est un remède infiniment plus nocif que les maux qu’elle prétend conjurer.

Il faut considérer le web comme un corps vivant, dont chaque individu participant est une cellule. Il faut en aborder les configurations avec l’intelligence éclairée du pédagogue, celle du médecin, du psychologue, de l’anatomiste, du travailleur social, du législateur, de l'éducateur, du juriste, tous gens conscients que les gestes qu’ils vont poser, les décisions qu’ils vont prendre, sont autant de questions de vie et de mort. 

Non seulement pour les individus et citoyens, mais pour l’ensemble des sociétés qui forment cette humanité si complexe et si riche au XXIe Siècle. Ce rôle ne peut en aucun cas être dévolu aux forces policières, si bien intentionnées et si bien formées soient-elles.

J’insiste ici sur le fait incontournable que la Toile est une affaire mondiale. Elle opère sur des dizaines de pays ayant tous des réglementations locales, parfaitement originales, singulières. Les lois y sont différentes d’un État à l’autre, de même que les mœurs qui inspirent les législateurs. On ne peut absolument pas concevoir qu’il y ait, surtout en matière de sexualité, un cadre législatif mondial à prétention universelle, qui ferait la police des goûts et des couleurs dans ce domaine.

Il y a au-delà des aspects évidemment ludiques de la pornographie, toute une frange beaucoup plus sombre, comportant des aspects criminels. Où des exhibitions qui ont l’air parfaitement anodines, sont le fait d’exploitations éhontées. Mais ces débordements ne sont pas évidents, et on ne saurait en tenir rigueur au simple passant qui s’y attarde, alors qu’il ignore les circonstances qui ont présidé à l’élaboration du spectacle mis en ligne. Ce serait comme de faire un crime à tout citoyen qui salue un autre citoyen qu’il rencontre, alors qu’un des deux est une canaille, un terroriste, un pervers, un fou, sauf que ça ne se voit pas. À ce compte-là nous mériterions tous la prison, le fouet ou l’amende.

Je ne parle pas ici uniquement de tous ces sites thaïlandais ou philippins, ou d’ailleurs sur la planète, surtout dans des pays sous-développés, où on se sert de participants payés à vil prix, qui n’ont d’autre choix pour survivre, que de se livrer ainsi à des exploiteurs, des touristes du sexe, qui sont prêts à payer pour assouvir leurs instincts. 

Le problème étant d’abord les conditions d’existences locales. Celles qui poussent ainsi une part importante de la population à se prostituer, avec tous les risques que cela comporte. Problème aggravé, du fait qu’il y a chez les autorités concernées, une forme aigüe de complicité, de corruption endémique. Où non seulement la police ferme les yeux sur les dépravations, mais en plus s’en rend complice en rançonnant les délinquants, qu’ils soient des consommateurs de sexe ou des pourvoyeurs de chair fraîche.

Vous pensez bien qu'un policier de quartier dans un pays du Tiers-Monde, a la possibilité, chaque fois qu'il interpelle un touriste pris en flagrante copulation avec des mineurs, de l'envoyer en prison à la charge de son État, ou bien de le relaxer en l'expulsant contre une somme plus ou moins considérable. J'imagine mal le Ministre de la Justice d'un tel pays, faire preuve de sévérité exemplaire, en emprisonnant massivement tous les touristes qui viennent s'encanailler sur son territoire où ils dépensent des fortunes.

Quant à distinguer dans le commerce du sexe ce qui relève de la pure perversion, de ce qui peut y être considéré comme acceptable, afin d’y établir des normes raisonnables, alors là bonne chance !

On a bonne conscience de se tourner ainsi vers des destinations exotiques, où on s’attarde à déplorer à quel point certains pays sont dégradés, questions mœurs sexuels. 

Ce genre de constat est tout aussi valable pour les pays développés. La différence étant sans doute, que mis à part le prix de l’avion et celui de l’hôtel, la sexualité coûte moins cher dans les pays sous-développés. Le risque d’y attraper des maladies plus ou moins dangereuses y est peut-être plus élevé je n’en sais rien. Mais ceux et celles qui recherchent des frissons, ne s’arrêtent pas tous à ce genre de considération. Encore moins si c’est le touriste consommateur qui est porteur de germes maléfiques, et qu’il les distribue largement sans se soucier le moins du monde des conséquences.

S’il fallait mettre en comparaison pour leur nocivité les risques attachés au commerce de l’automobile, vs ceux attachés au commerce des pratiques sexuelles, les fabricants et vendeurs d’automobiles, seraient tous considérés comme des criminels, et les conducteurs comme des fous furieux à enfermer au cabanon le plus proche. 

Ajoutez à cela qu’il n’y a pas de prostitution sans drogues, et vous avez-là le parfait cocktail susceptible de nourrir le propos moral autour de l’équation : Sexe X drogue X prostitution = argent X criminalité X répression = gros budgets publics.



Bref tout en ayant l’air de dénoncer les abus sur la Toile, et donner l’impression contradictoire que je favorise aussi une certaine forme de répression, j’affirme ici au contraire que c’est cette répression qui fait les abus. Pas tous, mais la répression joue un rôle important dans le commerce illicite du sexe sous toutes ses formes. La répression est le catalyseur du crime.

Parce que ne vous y trompez pas, la criminalité, qui est le revers de la Loi et de l’Ordre, a aussi ses défenseurs, ses propagandistes. Il y a des conceptions de la Loi et de l’Ordre qui bien que légales, ne sont absolument pas légitimes, et sont elles aussi criminelles. Il y a donc crime et crime, le tout est affaire de pouvoir.

Il y a des gens pour qui la criminalité est une culture, une forme d’emprise existentielle. Du genre de celle qui donne un sens à sa vie, lorsqu'elle se situe au-delà des contingences qui définissent les existences tranquilles, conformistes. 
Puis vous savez tout autant que moi que ce qui est interdit comme crime chez vous, est parfaitement normal et moral ailleurs. Il y a tout de même une différence entre ce qui est péché et crime. L’un est affaire de conscience individuelle, l’autre est une question de gestion de l’ordre public.

Il y a en effet pas mal de gens qui pensent que la vie de famille ou la vie sociale conforme aux lois, n’est pas pour eux. Leur conception ludique du réel les portent à préférer les sentiers souvent mal famés sans doute, mais si exotiques et si satisfaisants, des lieux maudits. De ceux où ils trouvent amplement de quoi satisfaire leurs appétits de jouisseurs. Il se trouve aussi que dans ces ruelles troubles et louches à souhait de tous les interdits, on y rencontre quantité de promoteurs habiles, capables de satisfaire les clientèles à la recherche d’extases, des plus conformistes aux plus coupables si je puis dire.

Pas besoin d’aller à Bangkok, Hong-Kong, ou Sao Paulo. On trouve de tout à Montréal. Dont on dit à l’étranger qu’elle jouit d’une réputation de Red Light, qui n’a rien à envier aux destinations les plus sulfureuses. Ce n’est sans doute comme je le disais plus haut, qu’une question de prix. Mais ne venez surtout pas me dire que Montréal est la ville la plus putassière de l’Amérique. Chaque agglomération a son bordel, et celui qui pointe l’Autre devrait se regarder dans son miroir.

Enfin il y a ces chevaliers de toutes les vertus (encore eux), qui trouvent dans la répression, des manières, des façons elles aussi très satisfaisantes, de donner du sens à leurs sinistres existences. Pensez à tous les policiers, juges, avocats, législateurs comptables de la criminalité, et autres acteurs du débat moral, prêtres pourfendeurs, égéries de la bienséance, qui font leur beurre des interdictions.

Juristes dévoyés, donneurs d’amendes, réformateurs empesés, gardiens de prisons plus ou moins sadiques. Ils étaient là du temps de la Prohibition, elles étaient là à vociférer vertueusement contre les jeux de hasards, les loteries, les bingos, le cinéma, le théâtre, les maisons closes. On les a vu autour de tous les bûchers de l’Inquisition, et jamais au grand jamais est-on arrivé à leur faire entendre que les interdits légaux ou pas, pavent la voie aux criminels exploiteurs. Quant aux chercheurs véritables qui veulent comprendre ce qui se passe dans cette pétaudière, on ne les distingue plus des malfrats.

Les interdits font l’affaire de bien des lobbys du sexe. Lesquels sont satisfaits qu’il y en ait tant à contourner. Toute prohibition entraine son lot de dérives sociales, et provoque dans les sociétés plus de mal que la tolérance encadrée et réglementée. C’était vrai pour l’alcool au temps de la Prohibition, ce l’était à l’époque des anathèmes contre les jeux de hasard, dont les loteries les casinos et les bingos. Ce l’est toujours dans le domaine de la contrebande du tabac, des armes à feu, de la prostitution, du commerce des drogues, de celui plus épouvantable encore des organes, de l’exploitation sexuelle et ainsi de suite. La pornographie à coté de ça c’est de la petite bière ! Mais c’est un domaine facile à parcourir. 

Pour le simple utilisateur, qui ne recherche en somme que du gadget pour stimuler ses sens, et qui ne participe aucunement à la promotion de cet étalage, il est probable qu’il ne fréquentera pas la grande messe sexuelle s’il se sent épié, traqué comme un malfaiteur, alors qu’il ne fait que satisfaire une curiosité qui n’a rien de malsaine. Il est probable aussi que cette prolifération des sites pornos offre à bien des malheureux des exutoires à leurs frustration. qui sait ce qu'ils pourraient faire s'ils n'avaient pas la possibilité de se soulager, en regardant des sites de cul?

On ne se rend pas vraiment compte dans les cénacles autoritaires, que si la pornographie véhicule des abus, elle apporte à beaucoup de ses utilisateurs et adeptes (certainement l’écrasante majorité) des soulagements à leurs limites en matière de sexualité.  Encore qu’il convient de répéter ici que quiconque pratique une forme ‘’spéciale’’ de sexualité, n’est pas forcément un frustré, un pervers, ou un salaud quelconque. Il y a des gens qui aiment vraiment la sexualité et qui s’y adonnent par pur plaisir.

Quant à l'expression souvent brandie comme panacée réformatrice contre tous les désordres réels ou appréhendés, la fameuse ‘’Tolérance Zéro’’, répétée ad nauseam par des politiciens en mal de notoriété facile, je ne crois pas avoir entendu depuis 50 ans proférée pire ânerie par autant d’imbéciles malfaisants. La Tolérance Zéro, comme son nom l’indique, c’est l’Intolérance absolue. Plus bête que ça tu meurs !

Il suffit qu'un quelconque sot, tracassé par un souci de notoriété, brandisse l'étendard de cette Tolérance Zéro, pour qu'il soit immédiatement louangé comme réformateur ayant du cran. Puis porté aux nues de la respectabilité par autant d'autres jobards, qui se sentent instruits de je ne sais trop quelle croisade. Les honnêtes gens devant de telles sorties, aussi emphatiques que niaises, ne savent trop quoi dire, et préfèrent le plus souvent se taire, sachant à quel point de telles poussées de fièvres moralisatrices sont dangereuses. Ce qui n'empêche pas d'autres imbéciles d'applaudir de si méchantes performances.


Interdire la pornographie et en criminaliser les adeptes, revient à laisser se fermenter des frustrations toxiques, lesquelles conduisent à d'atroces débordements parfois. D’autant plus impossibles à contrôler que tout cela se passerait alors dans la plus critique clandestinité. La sexualité sur Internet, qu’on la nomme pornographie ou délassement pour adultes consentants, rend d’immenses services à la communauté. 

La police n’a donc rien à y faire sauf s’il y a dénonciation d’un abus, suivie d'une enquête prudente, qualifiée, discrète. Rien à dire, du moment que tout s’y passe entre adultes consentants. La loi canadienne y introduit quand même la notion d’obscénité, mais là on nage en pleine subjectivité. Qu’est-ce que l’obscénité ?

Pour ce qui est de la pornographie juvénile, c’est un domaine qui doit tenir compte que les adolescents aussi en ont une sexualité. Ils ont souvent tendance à s’en servir par fanfaronnade, par défis aux adultes, et par jeux entre eux. Les ados sont portés sur l’exhibitionnisme, et s’amusent énormément seuls ou entre eux avec leur sexualité. Ils sont à l’âge des découvertes, et j’attire ici votre attention qu’il y a comme je l’ai déjà dit, un âge du consentement sexuel légalement reconnu dont il faut tenir compte.

Dans plusieurs pays il s’établit plus ou moins autour de 14 ans. Il y a donc une forme de ''pornographie'' qui s’adresse aux ados, et qui a elle aussi sa raison d’être. Devrait-on la nommer autrement que pornographie cette sexualité spectaculaire chez les jeunes ? Le débat dans ce domaine reste à faire.

Lorsque l’on blâme, parfois avec raison,  la pornographie d’être responsable de plusieurs désordres affectifs chez les jeunes, ceux qui ont entre 11 et 16 ans et qui en consomment sur le web, on doit tout de même constater qu’il n’y a pas d’éducation sexuelle efficace, pour y faire contrepoids.

 

Les autorités, à commencer par les gouvernements et les parents, ne font pas leur job d’éducateurs. Ils sont souvent (je parle surtout des parents) si ignorants, qu’ils ne sont pas qualifiés pour instruire les jeunes sur ce qu’est la sexualité. Encore moins sur ce qu’elle représente et va représenter tout au long de leur existence. Des cours de sexualité à l’école, du primaire à l’université, on n’en veut pas. Or le besoin, que dis-je la nécessité de cours de sexualité est criante.

Comme il y a partout en Occident un refus systémique d’en fabriquer de ces cours et de les dispenser libéralement, alors les jeunes se tournent vers la pornographie. Ils y trouvent des modélisations très souvent trompeuses il est vrai, parce qu’elles sont construites avec des acteurs qui poussent le réalisme dans ses ultimes retranchements. Mais il n’y a pas autre chose à se mettre sous les yeux.

Il n’y a qu’a constater les millions de caméras web avec lesquels des ados (des mineurs quoi) s’amusent, s’exhibent et mettent en ligne leurs frasques, sans se soucier le moins du monde des conséquences. Ils le font d’ailleurs avec une ingénuité, une candeur désarmante, dans laquelle n’entre aucune gêne. Il ne s’agit nullement ici d’approuver ou de condamner de tels comportements. Mais puisque cela existe il faut en comprendre les mécanismes.

Le seul fait d’espionner sournoisement des citoyens qui aiment cette forme de sexualité qu’est la pornographie sous toutes ses déclinaisons, et qui la consomment sans léser quiconque, devrait être sévèrement interdit. On entre là de plein pied dans l’atteinte aux droits de la personne. Ce n’est plus la morale qui est en jeu, c’est la liberté d’être, de penser et d’exister. Ce n’est pas vraiment la pornographie qui fait problème. Celle-ci je le répète est un symptôme d’une manque généralisé beaucoup plus profond. Alors non à la répression et oui à l’éducation. Il n’y a pas à en sortir.

Et ça c’est un droit (l’éducation) coulé dans les constitutions de tous les pays démocratiques. Quant à la sexualité c’est du domaine de l’intime, et chacun est libre (du moment qu’il ne fait sciemment de tort à personne) d’exprimer la sienne selon son bon plaisir. Encore faut-il qu’il soit informé de quoi il s’agit. La vie en société comporte des risques que chacun de nous doit apprendre à gérer.

Julien Maréchal

Compléments d’Informations

Sites Internet à consulter

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bill_omnibus_%28Trudeau%29

http://www.ciao.ch/f/sexualite/infos/c2949e1def14010c8dc414b752d69565/10-le_porno/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pornographie_infantile

http://french.ruvr.ru/2013_12_28/La-pornographie-une-corruption-sexuelle-2220/

http://agora.qc.ca/dossiers/Pornographie

http://www.canalvie.com/couple/sexualite/articles-sexualite/les-hommes-et-la-pornographie-1.630140

http://sisyphe.org/spip.php?rubrique12

http://pilule.telequebec.tv/occurrence.aspx?id=1170

http://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/I-20.7/TexteComplet.html

http://votresexologue.com/data/documents/La=20consommation=20de=20la=20pornographie.pdf

http://www.lepoint.fr/societe/la-pornographie-du-plaisir-a-la-souffrance-08-01-2014-1778169_23.php

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Kinsey

http://www.parl.gc.ca/content/lop/researchpublications/843-f.htm

 La loi canadienne sur la pornographie

Introduction
Il est difficile de définir en quoi consiste la pornographie. C’est une notion qui varie selon la personne, la culture et au fil du temps. Lors de débats, on peut utiliser le terme pornographie pour désigner globalement du matériel sexuellement explicite, ou, plus précisément, du matériel sexuellement explicite conçu dans le but premier de stimuler le désir sexuel chez la personne qui le regarde, ou du matériel sexuellement explicite qui vise à exploiter les femmes ou à nuire aux femmes et aux enfants, entre autres définitions.
En droit criminel canadien, le terme « pornographie » ne figure qu’au paragraphe 163.1 du Code criminel, qui définit la « pornographie juvénile ». Le matériel pornographique représentant des adultes consentants tombe sous la disposition du Code criminel relative à l’« obscénité » (article 163).
‘’En d’autres termes, contrairement à la pornographie juvénile, le matériel pornographique représentant des adultes consentants est légal au Canada s’il n’est pas jugé obscène.’’
Par conséquent, la pornographie juvénile est en général beaucoup plus clandestine et difficile à déceler, que la pornographie représentant des adultes, facilement accessible dans des magasins, par la vente et l’échange de DVD, de vidéos, de films, de livres et de magazines ainsi qu’au théâtre, à la télévision et dans Internet.

Le présent document porte sur l’évolution de la législation relative à la pornographie au Canada et énonce les faits et les arguments qui ont alimenté le débat entourant la censure et la réglementation de matériel pornographique représentant des adultes et des enfants au Canada. Tout d’abord, explorons les définitions de la pornographie et les difficultés que posent les divergences d’opinion quant à sa définition.
Lire la suite en consultant la loi.




[1] Bien évidemment, elle n’est pas absolue. C’est de son principe ici dont il est question. Pas de ses modalités.


[2] Il y a eu au Québec il y plusieurs années, un événement qui a mis en évidence l’intolérance d’une journaliste très connue, face à un psychiatre moins connu, qui voulait qu’on se penche sur la situation des pédophiles afin de comprendre les mécanismes de ces déviances. La sortie de cette journaliste, extrêmement brutale, a très probablement ruinée la carrière de ce chercheur, alors que cette même journaliste a vue la sienne atteindre des sommets de popularité. Le problème de la pédophilie, celui des victimes face à leurs agresseurs demeure entier.