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vendredi 10 octobre 2014

Pierre Karl Péladeau et l'Indépendance du Québec.

Montréal le vendredi 10 octobre 2014

C'est une histoire fascinante que celle de la saga PKP, pour utiliser ici les initiales du principal intéressé, qu'on identifie immédiatement grâce à ces trois lettres. Il est le fils d'un magna de la presse québécoise ... et canadienne. 
Pierre Péladeau, avant de léguer son empire à son fils, s'était affiché ouvertement en faveur de l'indépendance du Québec. En 1995 il avait ouvertement et grossièrement remis à sa place le président de Bombardier Laurent Baudoin, qui avait menacé de déménager le constructeur avionique en Irlande, si le Québec votait OUI à l'indépendance. Pierre Péladeau lui avait dit carrément de fermer sa gueule. L'autre n'avait pas insisté, mais le mal était fait.

Quoiqu'il en soit, on sait dans les principaux quotidiens et hebdomadaires du groupe Québécor qu'on doit y afficher une préférence critique pour un Québec indépendant. Cela n'empêche nullement qu'il y ait des journalistes de Québécor qui soient fédéralistes. On ne leur met pas le couteau sous la gorge s'ils s'avisent de critiquer la démarche indépendantiste. 

Ce n'est pas du tout la même chose chez le groupe Gesca, autre entreprise médiatique, propriété de la famille Desmarais, dont Gesca est une filiale de son empire financier '' Power Corporation ''. Là on est totalement fédéraliste. Non seulement on fait la promotion sans nuance du fédéralisme canadien, peu importe ses dérapages, mais on y vilipende la souveraineté du Québec. 
On y salit à pleines pages mensongères, tout ce qui touche de près ou de loin à la cause indépendantistes. Mis à part Pierre Foglia notoirement indépendantiste, qui à La Presse de Montréal sert de bonne conscience alors qu'il n'a aucun pouvoir, les analystes et commentateurs des quotidiens de Gesca font le Canada au Québec. Il y a bien évidemment quelques exceptions qui se donnent la peine d'évaluer la controverse indépendantiste versus le maintien du Québec dans le Canada, mais pour l'essentiel la ligne éditoriale au groupe Gesca en est une de soutien au fédéralisme canadien.

C'est vrai pour La Presse de Montréal, Le Soleil de Québec, La Tribune de Sherbrooke, et Le Nouvelliste de Trois Rivières entres autres. Même chose pour tous ces hebdos et revues qui font toujours une critique totalement biaisée et totalement malveillante, dirigée sciemment contre l'indépendance du Québec. Ils le font sans trop de nuance.

C'est Jean René Dufort, le bouffon de Radio Canada dit Infoman, qui a le mieux résumé la problématique PKP,  alors que depuis des mois la classe politique toute entière, députés, journalistes et lignes ouvertes, répètent que Pierre Karl Péladeau en tant que magna des médias, ne peut être ni chef d'un parti indépendantiste, encore moins ministre ou Premier Ministre du Québec. À moins qu'il ne se départisse de ses parts dans Quebecor. 

Or PKP ne va pas faire ça. Rien à faire, il ne va pas se ruiner parce qu'il fait de la politique, et qu'on le soupçonne de vouloir se faire aider par son empire médiatique. Le problème vient de ce que ses adversaires, se servent sans vergogne de leurs journaux à eux, pour faire valoir leur cause, qui est de pervertir le débat politique au Québec, en salissant par pantins interposés la cause souverainiste. J'utilise ici un langage sévère j'en suis conscient, mais il faut bien appeler un chat...un chat.

Jean René Dufort a mis dans le mille en signalant que Pierre Karl Péladeau aurait dû, puisqu'on le soupçonne de vouloir mettre son empire médiatique au service de la cause souverainiste, ne pas se lancer lui-même en politique, et manœuvrer comme ses adversaires. Par hommes ou femmes de pailles interposés. 
PKP répète Urbi et Orbi qu'il va se distancer de son empire, advenant qu'il occupe une place prépondérante dans la problématique politique québécoise. Ses adversaires ne veulent pas se contenter de ces engagements, et ils poussent dans la direction qui les avantage, i.d. celle qui le verra se suicider financièrement. D'autant plus que PKP n'est pas en odeur de sainteté auprès des syndicats, qui le perçoivent eux aussi comme un tycoon de droite, un capitaliste enragé, qu'ils refusent de considérer comme un interlocuteur valable.

Mais Pierre Karl Péladeau qui décidément est un loose canon au sein de la classe financière canadienne (qu'il terrifie par ses actions atypiques) ne l'entend pas de cette oreille. C'est réellement un franc-tireur, peu importe ses motivations secrètes, et il en a.
Cependant, au lieu de se cacher hypocritement derrière des marionnettes, il se lance lui-même en politique, et entend faire l'indépendance à tout prix. J'ai comme le sentiment qu'il se voit lui PKP, comme le fils prodique de cette indépendance. Il veut la faire, et il veut entrer dans l'histoire comme étant celui qui en aura le crédit après René Lévesque, Jacques Parizeau et quelque autres. C'est probablement un récupérateur, mais il se trouve qu'il est du bon bord au dire des indépendantistes. Je parle ici des indépendantistes du Parti Québécois.
Le syndrome PKP
Personne n'ignore que feu Pierre Péladeau, fondateur et propriétaire  de Québécor était indépendantiste. Dans ses journaux (Journal de Montréal et Journal de Québec entre autres) il ne se gênait probablement pas pour faire savoir à ses journalistes, qu’au-delà de l’indépendance des salles des nouvelles, la ligne éditoriale en était une de soutien à la cause indépendantiste.
Tout comme les salles de nouvelles du Groupe Gesca (La Presse et Le Soleil entre autres) militent pour le fédéralisme, et combattent ouvertement l’idée d’indépendance du Québec.
Avec l’arrivée de Pierre Karl Péladeau, la donne ne change pas vraiment en ce qui concerne la préférence du groupe Québécor acquis à la cause souverainiste.
Bien évidemment ni PKP principal actionnaire de Québécor, ni non plus André Desmarais président proprio de Gesca, ne téléphonent directement aux journalistes pour imposer leurs vues. Du moins je ne le pense pas.

On connait leur affection. Cela suffit pour que les principaux intéressés ne perdent pas le Nord et marchent les fesses serrées. Il y a des moyens plus subtils et indirects quand on est milliardaire, pour se faire comprendre, et surtout pour se faire obéir.
Bien évidemment il n’y a pas de scandale à ce que les journaux du Groupe Gesca s’affichent ouvertement en faveur du fédéralisme. Sauf lorsqu’ils poussent le bouchon de la peur et de l'intimidation trop loin, et propagent des calomnies, de la médisance et des mensonges à saveur économique, pour épouvanter l’électeur.
En 1995 leurs mensonges salissaient toute la classe économique, médiatique, et politique du Québec. Autrefois Olivar Asselin qualifiait le journal La Presse de ''Putain de la rue Saint Jacques'', le titre lui va toujours comme un bas.

Dans le cas de Quebecor, on ne s’offusquait pas que ses journaux affiliés prennent fait et cause pour l’indépendance. D’ailleurs ce groupe a toujours été bien plus discret dans ses appuis à l’indépendance, que ne l’ont été les journaux de Gesca, puissant groupe financier qui n’a jamais fait dans la dentelle lorsqu’il s’agissait de vilipender la cause souverainiste. 

Vous voulez savoir ce qui fait la différence profonde entre Gesca et Quebecor ? Je vais vous la dire, sans m'enfarger dans les fleurs du tapis de la rhétorique.
Le groupe Gesca appartient à une famille de canadiens français d'origine ontarienne, établit au Québec. Ce sont des colonisés dans l'âme, et comme tous les colonisés, ils défendent avec plus d'ardeur que n'importe quel colonisateur, la position de ceux qui les dominent ou les ont dominés. À savoir la classe politique, financière et économique canadienne anglaise. Là sont leurs vraies affections, là sont leurs maîtres.
A contrario, Quebecor est une entreprise Québécoise comme son nom l'indique. La famille Péladeau est tissée serrée dans la culture du Québec. Pas dans celle du Canada Français. Et pourtant Quebecor a beaucoup d'intérêts au Canada et ailleurs dans le Monde. Tout comme Gesca et Power Corporation. 

L'un défend le Canada l'autre prend fait en cause pour le Québec d'abord. Quebecor n'est pas une entreprise qui doit sa réussite au Canada. c'est une réussite Québécoise. Là est la profonde nuance entre ces deux géants qui s'affrontent au finish. Depuis plus de 50 ans la cause indépendantistes, avec ses avancées et ses reculs, n'a jamais cessée de grandir, dans  la mesure même où le fait fédéraliste recule partout, y compris au Canada Anglais. 
Il se trouve qu'en ce moment la mouvance indépendantiste du Québec, est tiraillée par des déchirements internes, et ses affidés sont éparpillés en plus de quatre partis politiques, ce qui profite provisoirement aux fédéralistes. 
Avec l'arrivée de Pierre Karl Péladeau à la tête du Parti Québécois, et éventuellement à la tête du Québec, le Canada tremble sur son socle.
D'autant plus que PKP lui ne va pas tirer les ficelles en coulisses. Il s’affiche à visière ouverte, et prétend sauter en politique pour faire l’indépendance. Carrément, et sans états d’âme particuliers.

C’est là que ça coince. Quand je dis que ça coince je dis cela pour tous ces hypocrites qui parlent de conflits d’intérêts scandaleux. Bref lorsqu’il s’agit de monopoliser en coulisses toute une armée de journalistes et d’analystes, pour combattre la tendance indépendantiste cela est correct. Parce que les fomentateurs de ces manigances de coulisses, ne se présentent pas aux élections. En fait ils faussent le jeu démocratique, et pèsent de tout leur poids financier sur les causes et les effets politiques.

Pierre Karl Péladeau a le mérite de s’avancer en pleine lumière, et il annonce clairement ses couleurs. Il se trouve qu’en effet il est à la tête d’un conglomérat, un empire médiatique, qui pourrait l’aider considérablement à faire avancer et même à faire aboutir, la cause indépendantiste. Et ça les comploteurs adversaires qui magouillent dans l’ombre, ne le prennent tout simplement pas.
Il est possible que PKP, à titre de grand bourgeois, ne soit pas l’homme de la situation, capable de solutionner quelques-uns des problèmes qui affligent le commun des mortels, avec qui il a peu d’affinités, financièrement parlant s’entend.
Mais il pourrait cependant redonner de l’élan à une cause toujours d’actualité, embourbée dans ses contradictions, tiraillée entre sa droite et sa gauche. D’aucuns voient avec épouvante ce sniper de droite au discours de gauche faire irruption dans un débat fascinant, là où sa présence, puissante et bien pourvue de moyens, pourrait contrebalancer ces adversaires de la liberté qui, année après année, mettent des bâtons dans les roues de la marche d’un peuple vers une émancipation devenue nécessaire.


Je souhaite vivement que PKP trouve un moyen de se démarquer de son empire médiatique afin d’éviter l’apparence de conflit d’intérêt. Mais au fond où y-a-t-il conflit ? Il est indépendantiste et a les moyens de l’être. Il est pas mal moins en conflit que les gens de Gesca qui eux, disent qu’ils ne font pas de politique, alors qu’en fait ils ne font que cela. Infoman a parfaitement raison de le signaler.

Ils le font sournoisement, là ou Pierre Karl Péladeau veut le faire au vu et au su de tout le monde. Je souhaite qu’il trouve un moyen de se mettre à l’abri des accusations qui ne vont pas manquer de pleuvoir sur lui, peu importe comment il s’y prendra.

Les sparages d’un François Legault qui fait le vertueux, et qui met PKP en demeure de se ruiner, et avec lui l’empire québécois de Québécor, ne m’impressionnent pas, si ce n’est que très défavorablement.

D’autant plus que François Legault est toujours indépendantiste, mais il ne veut l’être que pour dans dix ans. Pourquoi dans dix ans et pourquoi pas maintenant ? Alors là….

Julien Maréchal


mercredi 16 juillet 2014

Le débat autour de la constitution du Québec.



Montréal le mercredi 16 juillet 2014

Le débat autour de la Constitution du Québec.


Si vous le voulez bien, nous allons faire un peu d’éducation à double sens. De la pédagogie réciproque. On peut aussi appeler cela du dialogue, de la concertation, l’essentiel étant d’éviter autant que possible, cette cacophonie où chacun expose son point de vue (toujours changeant) et ne participe que s’il est d’abord écouté… autrement rien à faire. Pour être écouté il faut donner l’exemple !


Tout le monde n’est pas également doué pour énoncer des idées, proposer des avenues de croissance démocratique. Nous nous entendons presque tous pour écrire et dire qu’au fond, la vraie démocratie n’existe pas.  Dans les faits il n’y a de vraie démocratie que relative. Elle dépend de ceux et celles qui s’impliquent. Ceux-là sont toujours minoritaires.


Cependant dites-vous bien que les groupes de citoyens participants, éclairés, représentent très certainement ici au Québec une foule capable d’agir, beaucoup plus grande que tous les politiciens et les arrivistes ou les affairistes existants mis ensemble. Quant aux citoyens politisés, ils forment des groupes considérables, qui s’évaluent au fil des élections, en pourcentages de votants autrement plus conséquents. En tout état de cause, les gens politisés à des degrés variables, constituent quand même quelque 50 à 70% des votants, même si on peut raisonnablement s'interroger sur la valeur de leur implication politique. Mais il en va de même de tous ceux et celles qui militent dans des partis. 
Eux aussi sont minoritaires et pas à peu près. En somme ce sont des individus, vraisemblablement quelques milliers, qui assument la marche, bonne ou mauvaise d'un état, et le Québec ne fait pas exception. Si ce n'est qu'ici, malgré les magouilles, les choses se passent paisiblement. 
C'est déjà énorme! Pour une démocratie, plus ou moins participante c'est exceptionnel. Puis ensuite, que ce soit dans les partis politiques ou ailleurs, la ‘’classe dirigeante’’ est souvent évaluée à quelque chose comme 1% de la population, et son pouvoir lui vient de plusieurs sources. Comparée à la classe des votants c'est si peu, et cela nous amène à nous interroger sur l'énorme pouvoir qu'ils arrivent à occuper. Grande leçon. D'où leur vient donc ce pouvoir?

La première source étant que cette classe dirigeante est organisée. Elle est structurée. Elle est agissante. C’est une armée disciplinée qui agit en vue d’un but, celui-ci étant de diriger le pays ou la nation, selon ses intérêts.

La deuxième cause est celle de la piètre organisation des classes et des groupes de citoyens aptes à voter, qui se subdivisent en sous-groupes :

a) Ceux qui votent ;

b) Ceux qui ne votent pas même s’ils en ont le droit et le pouvoir. Et parmi ceux-ci il y a les abstentionnistes et autres objecteurs de conscience, pour qui tout ce qui touche de près ou de loin à la politique a des relents de fosse d’aisance ; puis

c) Les indifférents qui s’en sacrent totalement. Quant à ceux qui votent, ils dilapident leur énergie dans d’innombrables entités, qui souvent ne se distinguent les unes des autres que par des détails sémantiques.

La troisième cause tient à l’éparpillement des forces progressistes nationales, qui non seulement ne travaillent pas ensemble, mais insistent pour que ce soit ‘’leur vision’’ d’un monde meilleur qui s’élabore, et pas celle de ‘’l’Autre’’.  Dans le fond, ces groupes ne se contentent pas de s’opposer au pouvoir organisé en place, ils font invariablement les procès de tous ces autres qui ne sont pas au pouvoir, qui y aspirent, et sont déconsidérés comme autant de scélérats potentiels. En définitive, ils font le travail du pouvoir, qui pendant ce temps-là fait ses petites affaires.


C’est beaucoup plus répandu qu’on ne le pense, et la dernière élection, celle du 7 avril au Québec, en est la démonstration la plus navrante et la plus percutante. On entre ici dans le trouble domaine des certitudes louches, des prises de positions fermes et irascibles, susceptibles à la limite du supportable. Les buts sont rarement nobles, et la manière d’agir est d’un égoïsme que je qualifierais de féroce.

Cela n’existe pas dans la classe dirigeante (enfin oui ça existe, mais l’esprit de parti qui récompense l’obéissance, freine ces velléités disparates) dont les buts sont terre à terre, peu importe les croyances individualisées. Dans les classes dirigeantes on recherche l’argent, le pouvoir pour le pouvoir, et s’il en reste, le bien commun. Si c’est payant en retour. Chez la classe dirigeante il y a aussi des égoïsmes, lesquels sont noyés par l’appât du gain, qui fait taire les plus voraces appétits à l’aide de prébendes, de postes prestigieux, et ainsi de suite.


Il y a une quatrième cause qui est la plus répandue, la plus écrasante par son inertie, et c’est l’ignorance généralisée de ce qu’est la Chose Publique. Il n’y a pas dans les écoles dès le plus jeune âge, d’éducation civique. Certes on y donne des cours de morale, mais ce n’est pas la même chose. L’immense majorité des gens ignore comment fonctionne leur État. Ne savent que peu de choses sur le Droit, mais sont soucieux de ‘’leurs’’ droits, sans trop savoir de quoi il retourne. Devenus adultes et conscients, ils doivent apprendre à la dure à décoder les arcanes complexes des lois, et des mécanismes qui font ces lois. C’est long et lourd.


Une cinquième cause, et celle-ci est assez cocasse, est cette quantité effarante de gens de tous âges, qui se sont inventés dans leur psyché, une société de droit dans laquelle ils sont juge et partie. Ils ne connaissent pas le Droit, le vrai Droit inscrit dans les lois et la jurisprudence, mais ils se sont inventés des droits sortis de leur imaginaire, dont ils appliquent les règles absolues et brouillonnes, au petit bonheur de leur intérêt personnel. Le plus loufoque dans cette affaire de droits, est le cas de ceux (assez nombreux ma foi) qui prennent les lois au pied de la lettre. Ils en connaissent quelque-unes qu'ils citent à tort et à travers, en hurlant de préférence, histoire d'écraser leurs contradicteurs. Ce sont les pathétiques de la politique. Arrogants, confiants, sur d'eux ils sont d'une ignorance sidérale, quant à l'historicité des lois. Ils s'en tiennent à la lettre, et l'esprit leur échappe complètement.


On peut ergoter interminablement sur des concepts tels que le citoyen, le peuple, la classe. Ces débats durent depuis des siècles. Avec des nuances locales on sait à peu près ce que ces mot-là signifient. Il y a beaucoup d’écoles de pensée dont le rôle est de tenter depuis des millénaires, d’éclairer à la fois les individus et les peuples.

Ce que je dis ici représente mon opinion, ma culture, mon point de vue. Ce point de vue a considérablement évolué depuis le temps, mais y persiste, un fonds d’intentions et de connaissances qui, bien que changeantes, adaptables, demeurent comme chez tous les hommes de bonne volonté, la recherche du bien commun, l’amélioration de la condition humaine. Vaste projet !


D’après les commentaires que je lis sur le forum dédié à la constitution, il m’apparait que les participants pour la majorité ne sont pas des arrivistes, ne sont pas assoiffés de pouvoir malsain. Ils  cherchent tous, et souvent ça grince, à accoucher d’une méthode d’organisation sociale qui fasse consensus. Et bien évidemment ils n’y arriveront pas, parce que c’est impossible. C’est la quadrature du cercle.

Cependant il faut quand même qu’un pays, cet espace commun à tous les citoyens qui veulent vivre paisiblement ensemble, ait des institutions qui représentent un immense compromis positif.

Attention ici…il m’arrive souvent de dénoncer les compromis, et je me compromets en en faisant presque l’apologie. Il y a donc compromis et compromission. Faire un compromis c’est mettre de l’eau dans son vin. C’est reconnaître que nous sommes d’abord des individus, tous typés, qui veulent toutefois tous la même chose, mais pas de la même manière. Une compromission vient de la part d’un individu ou d’un groupe ayant des principes, qui décide de les abandonner (temporairement disent-ils) pour des raisons stratégiques ou opportunes. Au fond ces gens remplis de principes, font assaut de vertu, et pèchent continuellement contre cette vertu.


D’où l’intérêt d’une constitution. Des constitutions il y en a des dizaines de milliers (privées et publiques) et seules fonctionnent efficacement (+-) celles qui, quoique souvent boiteuses, sont acceptées par l’ensemble majoritaire des participants. Vous n’écrirez pas de constitution parfaite. Elle devra donc comporter des mécanismes très souples de mise à jour continus. Commençons par en écrire quelques-unes, comparons-les, puis condensons-les en un agglomérat acceptable par une majorité. En invitant tous les dissidents à s’y rallier, parce que cette constitution-là, quoique imparfaite, devra comporter des articles qui permettront aux dissidents d’aujourd’hui et de demain de s’exprimer, d’être écoutés, qu’ils aient l’assurance que cette écoute ne sera pas seulement formaliste.

Dans un tel esprit de conciliation, mot que je préfère au compromis, c’est jouable.



Bien sur que cela ressemble aux propositions partisanes où, lors de congrès, des groupes proposent des articles, suivis d’amendements. Après quoi les élites du partis fourguent tout cela au grenier des discussions, et les partisans se retrouvent comme avant, Gros Jean comme Devant.

Mais les partis politiques ont dans leurs rangs eux aussi des dissidents, susceptibles parfois de foutre la pagaille dans les actions des dirigeants. Ça s’est vu souvent. Surtout au P.Q., qui dans ce domaine est probablement le parti le plus démocratique que nous ayons jamais eu. Or et c’est curieux, le P.Q. lui aussi a ses élites dirigeantes, mais sa base militante est plus puissante que sa tête dirigeante. Curieusement ce parti qui a tout pour plaire à un électorat éclairé, politisé, a toujours tiré le diable par la queue avec ses interminables empoignades de clans et d’antagonismes. À force de discussions politiques démocratiques, il a finit par lasser tout le monde, et son père. Paradoxe, c’est la démocratie participative qui assassine le P.Q.


Qu’est-ce à dire ?

C’est que le peuple comme vous dites, est une entité autrement plus éthérée qu’il n’y parait. En fait le peuple n’est jamais autre chose que le reflet étudié, par ceux qui savent écrire et parler, d’un dénominateur commun culturel dans tous les domaines, et qui représente une nation. Le peuple s’explique par de grands thèmes généraux, à commencer par la langue. Alors que l’individu existe par d’innombrables travers, tics, manies, habitudes qui sont toutes singulières et jamais collectives. Certes en tant qu’individus membres d’un peuple, nous nous identifions à des valeurs collectives, mais elles sont quasiment impossibles à définir de manière à englober tous les individus qui font partie d’un peuple. Les discussions autour de la Charte de la Laïcité sont le reflet du caractère flou des valeurs communes.


Voulez-vous savoir pourquoi ?

Parce que les peuples n’existent pas. Exister c’est naitre, c’est grandir, c’est concret, palpable. Un être qui existe est en quelque sorte sortit du vide si on veut, et est vivant de chair et de sang. Le mot exister le dit, c’est une sortie du néant pour faire son entrée dans le monde des vivants…c’est vraiment très mystérieux et fascinant non ?

Les individus qui forment les peuples sont seuls à pouvoir évoluer parce qu’ils sont seuls à exister. Bien évidemment il y a des peuples quand même. Ils représentent un conglomérat de citoyens individuels qui s’identifient collectivement à des valeurs communes. Cela ne confère aucune sagesse à quelque peuple que ce soit, mais permet à de nombreux individus de parler et de former cette entité abstraite qu’on nomme peuple. Et que le peuple soit une abstraction ne lui enlève rien de sa valeur, bien au contraire. L’Art aussi est abstrait en tant que concept, mais les artistes et artisans sont réels, et ce sont eux qui font l’Art.


Une fois qu’on a compris cela, on admet qu’une constitution populaire ne pourra être qu’un morceau de papier plus ou moins précieux, qui s’adresse à tous en général, et à personne en particulier. Sauf que tous ceux qui sont pour, les contre et les indifférents (qui forment la majorité) accepteront de s’y rallier, du moment que cette constitution accouchera d’institutions qui garantiront la liberté, les droits et tout ce qui va avec. 


Il restera toujours des tas d’individus, ignorants, incapables de comprendre les grands enjeux politiques et sociaux, qui grogneront dans leur coin, refuseront de participer, et parfois aussi se livreront à des violences, inexplicables autrement que par le caractère quelque peu animal, qui persiste encore dans certaines consciences restées à l’état de brute.  Un de mes amis me fait parfois remarquer avec humour qu’il y a beaucoup de citoyens qui pensent avec leur cerveau reptilien, plutôt qu’avec leurs modernes encéphales. On fera avec.

Dites-vous bien que ces discussions autour d’une constitution ont une grande importance, quelle qu’en soit le résultat s’il y en a un, un jour. Ces discussions-là forment l’esprit civique, l’esprit citoyen. C’est civilisé, c’est grand. J’aime.


Mais je vous pose quand même ces questions : 
‘’ Pourquoi voulez-vous absolument une constitution ?’’

-Est-ce qu’une Assemblée Nationale, un Parlement, ne serait pas suffisant avec ses fonctions bien définies, pour assurer que les droits communs et privés seront respectés ? Le Québec a déjà de nombreuses chartes ayant force de lois, qui définissent les droits et devoirs de chacun. 
Alors encore une fois, pourquoi une constitution ?
Julien Maréchal

vendredi 6 juin 2014

Le rapport Serge Ménard sur les événements du Printemps Érable (2012) !

Montréal le 6 juin 2014

Le rapport de Serge Ménard et de Claudette Carbonneau dit:

'' Commission  Spéciale d'Examen des Événements du Printemps 2012 ''

Ce rapport ayant été mis au rancart sans même avoir été examiné par le Gouvernement Libéral de M. Philippe Couillard, il n'a pas reçu non plus de commentaires positifs de la part de l'Opposition Officielle actuelle du Parti Québécois, qui pourtant était au pouvoir lorsqu'il a été commandé par le gouvernement de Mme Pauline Marois. Il mérite un bien meilleur sort, et comprend des recommandations avant-gardistes, en ce qui à trait au contrôle des foules, et à la libre expression des idées, de même qu'au droit de manifester. Il porte sur les pratiques policières un regard courageux et propose des correctifs absolument nécessaires.

Il est regrettable que les corps policiers visés par cette enquête n'aient pas jugé bon de participer à cette commission, de même que plusieurs associations étudiantes. Il n'empêche que ce faisant, ceux qui ont refusé de participer ont démontré ainsi au public, qu'ils faisaient fi de l'exercice démocratique, et ne respectaient pas les institutions dont ils se réclament, quand vient le temps de manifester, ou encore plus quand vient le temps de les faire respecter.

M. Serge Ménard a raison de s'insurger contre le sort qui est fait à ce rapport. La question ne se pose pas de savoir s'il était le mieux placé pour présider cette commission. Son expérience d'avocat, de Député, de Ministre de la Sécurité Publique, lui conférait toute l'aura et la latitude nécessaire à l'exercice rigoureux de cette enquête.

Je vous en donne ici le lien.
 http://www.securitepublique.gouv.qc.ca/fileadmin/Documents/police/publications/rapport_CSEEP2012/rapport_CSEP2012.pdf

Il reviendra à l'avant scène de l'actualité, aussitôt que les prochaines manifestations (qui s'en viennent) feront la démonstration de sa pertinence.

Lisez ce rapport, il en vaut la peine.
Julien Maréchal




vendredi 9 mai 2014

Comment expliquer le retour des Libéraux au Québec depuis le 7 avril 2014.

Montréal le vendredi 9 mai 2014

Lisez cette remarquable poésie de Jean Richepin (1849-1926) et méditez-en l'essence, le message, le contenu... bref... lisez-la avec les yeux du cœur et de l'esprit.



  • Jean RICHEPIN   (1849-1926)


Les oiseaux de passage


C'est une cour carrée et qui n'a rien d'étrange :
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;
Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange
Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.

Le bac, où les chevaux au retour viendront boire,
Dans sa berge de bois est immobile et dort.
Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire
Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.

Loin de l'endroit humide où gît la couche grasse,
Au milieu de la cour, où le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse,
La poule l'éparpille à coups d'ongle et de bec.

Plus haut, entre les deux brancards d'une charrette,
Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi,
Hérissé, l'œil mi-clos recouvert par la crête,
Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.

Des canards hébétés voguent, l'oeil en extase.
On dirait des rêveurs, quand, soudain s'arrêtant,
Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase
Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.

Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises
Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent,
Des pigeons violets aux reflets de turquoises
De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.

Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre,
Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail,
Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre,
Semblent sur du velours des branches de corail.

Au bout du clos, bien loin, on voit paître les oies,
Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers.
Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies,
Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ?

Oh ! vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ;
Ca lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.

Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : " C'est là que je suis née ;
Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir. "

Elle a fait son devoir ! C'est à dire que oncque
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.

Elle ne sentit pas lui courir sous la plume
De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,
pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume
Et mourir au matin sur le coeur du soleil.

Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie
Toujours pour ces gens-là cela n'est point hideux
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.

Aussi, comme leur vie est douce, bonne et grasse !
Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés,
Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse,
De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !

N'avoir aucun besoin de baiser sur les lèvres,
Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Posséder pour tout cœur un viscère sans fièvres,
Un coucou régulier et garanti dix ans !

Oh ! les gens bienheureux !... Tout à coup, dans l'espace,
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !

Les pigeons, le bec droit, poussent un cri de flûte
Qui brise les soupirs de leur col redressé,
Et sautent dans le vide avec une culbute.
Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.

Les poules picorant ont relevé la tête.
Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant,
Clignant de l'œil en l'air et secouant la crête,
Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.

Qu'est-ce que vous avez, bourgeois ? soyez donc calmes.
Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas.
Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes,
Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ?

Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages.
Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts,
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons.

Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimère,
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
Ils pouvaient devenir volaille comme vous.
Mais ils sont avant tout les fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.

Ils sont maigres, meurtris, las, harassés. Qu'importe !
Là-haut chante pour eux un mystère profond.
A l'haleine du vent inconnu qui les porte
Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.

La bise contre leur poitrail siffle avec rage.
L'averse les inonde et pèse sur leur dos.
Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.
Ils vont, loin de la terre, au dessus des badauds.

Ils vont, par l'étendue ample, rois de l'espace.
Là-bas, ils trouveront de l'amour, du nouveau.
Là-bas, un bon soleil chauffera leur carcasse
Et fera se gonfler leur cœur et leur cerveau.

Là-bas, c'est le pays de l'étrange et du rêve,
C'est l'horizon perdu par delà les sommets,
C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grève
Où votre espoir banal n'abordera jamais.

Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.

Et écoutez Georges Brassens qui en a fait une magnifique chanson à partir d'extraits choisis.

Merci à ces  deux grands poètes.

Julien Maréchal
Saisissez le lien et ouvrez-le pour écouter Georges:

https://www.youtube.com/watch?v=wRdXZRZ5lkE&feature=kp

mardi 15 avril 2014

Un Québec moderne libre de ses choix. Première partie: ''La fameuse dette du Canada''

Montréal le 15 avril 2014


Un Québec moderne libre de ses choix

La fameuse dette du Canada.

(Première partie)

Nota Bene : Extrait du Livre ‘’Québec Troisième Round’’, (chapitre 4) par Julien Maréchal. Mis à date à partir des sites Internet du Canada, ce chapitre traite de la dette du Canada au mois de novembre 2012, dernière année où les statistiques semblent complètes. La dette du Québec sera l’objet d’une autre étude.

Temps de lecture (approximativement… 13 minutes)

-Combien ça coûte l’Indépendance ?

                                        Marcel Ticlin

-Ben heuuu…c’est en vente cette semaine.

                                        Mâame Chose

Regardons maintenant le cas de la dette canadienne,

À propos de laquelle depuis trente ans on en brandit les chiffres pour nous faire peur. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit chaque fois qu’il est question des finances ou des dettes du Québec et du Canada, de campagnes de peur, d’intimidation.

D’abord, de quoi est faite cette dette canadienne qui avoisine depuis dix ans les 500 milliards de dollars (plus de 650 milliards de prévus pour 2014-16) ? Chiffre pour le moins considérable.

Il est dit et répété depuis bien trop longtemps (bien imprudemment d’ailleurs) que le Québec devenant indépendant devra obligatoirement en assumer une part, soit plus ou moins 23%, ce qui représente sa population dans le Canada actuel.

Je ne partage absolument pas ce point de vue, et je vais vous expliquer pourquoi.

C’est maintenant, du fait de notre présence dans le Canada que cette dette nous pèse. Elle est payée avec nos impôts. En plus de la dette du Gouvernement du Québec.


Sachez tout d’abord si vous l’ignorez, que le Canada ainsi que le Québec (en somme tous les états et tous les gouvernements de la Terre), contractent des emprunts auprès de toutes les institutions financières internationales. Il y en a partout de ces prêteurs-emprunteurs.

Le Québec a déjà sa propre dette, qui est faite des sommes qu’il emprunte aux institutions bancaires internationales. Tout comme le Canada, les États Unis, la France, le Brésil et ainsi de suite. Dans les faits, les emprunts du Canada et du Québec représentent des investissements, pas des créances. Et ne confondons pas les emprunts actuels de pays en faillites comme la Grèce, l’Irlande, bientôt le Portugal et vraisemblablement aussi l’Espagne. Quant à l’Angleterre son cas n’est pas grave, il est seulement désespéré. Pour ce qui est de celui des USA voyez votre quotidien préféré. Ou préférablement les sites Internet qui traitent spécifiquement de la dette américaine.
Réfléchissez quand même qu’un pays ce n’est pas une quelconque entreprise commerciale, susceptible d’être mise en faillite et d’être saisie par des huissiers. Un peu de bon sens quoi. L'histoire nous enseigne qu'un pays, lorsqu'il est déficitaire sur le plan humain ou sur le plan financier, ne peut être saisi que par la force. Donc par un effet de guerre. Mettons qu'entre le Canada et le Québec, ce genre de rapport est totalement inexistant.

Notre capacité de pouvoir au fil des ans emprunter et payer est tributaire de nos moyens. Il existe des agences qui cotent et décotent, selon la santé financière des états, les tarifs de ces emprunts.

Il va de soi que le Canada est lui aussi coté et décoté selon ses politiques, ses revenus, ses actifs, ses capacités de remboursement.


D’autre part, tous les états ont des économies, des épargnes, des placements, des investissements, des portefeuilles d’actions et d’obligations, des fonds non moins considérables, des acquis de toute sorte, des caisses de ceci et cela, qui entrent en jeu lorsqu’il s’agit de mesurer la santé financière des états en cause. Le Canada et le Québec ne font pas qu’emprunter, ils sont également des prêteurs, et jouent le jeu de la finance internationale, dont ils sont des participants et non des moindres. Le bas de laine des Québécois est notoirement bien rembourré. Il serait intéressant de comparer les sommes que le Québec engrange chaque année, versus celles qu'il doit payer au chapitre de sa dette. Quelque chose me dit qu’en fin de compte, soit le Québec est avantagé dans ces tractations financières, soit il arrive égal, ses dépenses étant compensées par ses revenus. 
Soit il est déficitaire. Certainement pas autant qu’on veut bien nous le faire croire. Encore que si on prend en compte les actifs privés du Québec, comme les acquis de ses banques et du Mouvement Desjardins, ainsi que de la Caisse de Dépôts et Placements du Québec, notre dette Québécoise, (et ici je ne nomme même pas tous ces actifs privés que tous les québécois ont sous formes de placements dans d'autres portefeuilles) fait figure de montant, qui sans être insignifiant, n'est pas à proprement parler catastrophique bien au contraire. C'est une sorte d’hypothèque bien modeste, étant donnée la valeur de notre économie et de nos richesses.

Il convient donc de relativiser cette dette qui, en chiffres brutaux semble redoutable, mais moins épeurante qu’on ne le dit, lorsqu’on la considère dans l’ensemble des tractations financières.

Face aux institutions financières le Québec n’est responsable que des emprunts qui portent sa signature. C’est pareil pour l’Ontario (beaucoup plus endetté que ne l'est le Québec) et le Canada.

Que ce dernier se retrouve privé des impôts du quart de sa population, n’empêchera nullement les institutions financières du marché des emprunts, de lui présenter les factures pour ‘’ses’’ engagements. Le Canada a l’obligation devant les marchés financiers de respecter sa signature. 

Le Québec devenant indépendant doit lui aussi respecter sa signature, posée au bas de ses emprunts à lui. Sa position une fois l’indépendance faite, bonifiée par le fait même que son budget va vraisemblablement presque doubler, lui conférera une crédibilité accrue.

Quant au Canada, qui sera alors amputé des quelques 50 milliards de dollars qu'il collecte chaque année sur le territoire québécois, devra composer avec le Québec s’il veut que celui-ci, en bon voisin, lui facilite la tâche. Il faut bien admettre ici, les affaires étant les affaires, que le Québec n’a pas d’obligation contractuelle, et surtout pas morale, envers la dette canadienne.

Il n’est pas automatiquement vrai qu’advenant son indépendance, il doit prendre en charge le quart de la dette canadienne. Ce n’est pas comme cela que les choses vont se passer. Cette dette, aujourd’hui épouvantail à nonos, va devenir au lendemain de l’indépendance, un puissant outil de négociation pour le Québec. Dans la situation qui s’en suivra c’est bel et bien le Canada qui sera le demandeur, pas le Québec.

La dette canadienne est avant toute une affaire canadienne. Certes le Québec dans le Canada a son mot à dire (si peu) sur la manière dont le gouvernement central endette la fédération dont il fait partie, (malgré lui depuis le rapatriement de la constitution au lendemain du référendum de 1980). C’est une toute autre paire de manches à partir du moment où le Québec n’en fait plus partie. Tant et aussi longtemps que le Québec a une représentation à la Chambre des Communes (75 députés actuellement sur 308). Autrement dit le Québec, en tant que membre du Parlement du Canada, a une responsabilité, et surtout un droit de regard dans les affaires canadiennes. Cependant sa puissance au sein de cette assemblée est considérablement limitée du fait de sa représentation.

Comme il ne détient que 25% des sièges il est toujours en minorité, et sa voix ne peut être que celle de la protestation envers des politiques qui le désavantage. Simplement parce que dans le Canada, le Québec est dans l’opposition. Il ne détient jamais le pouvoir. De plus, au fil du temps qui passe, la représentation du Québec dans le Parlement Canadien s’érode du fait que le pourcentage de sa population diminue. Il arrive donc forcément qu’un jour ou l’autre le Québec ayant une population qui grandit moins vite que celle du Canada verra sa députation diminuer, dans une proportion égale, ni plus ni moins que comme une peau de chagrin. 


Pour le moment la loi protège la proportion représentative du Québec au Canada indépendamment des fluctuations de sa population, mais régulièrement, des voix s’élèvent au Canada pour que l’on rogne cette représentation au nom d’un vague principe d’équité. Ainsi le Québec ne peut au fil des années que voir diminuer encore sa représentation déjà fort malmenée à Ottawa depuis 100 ans. Il peut par le jeu des alliances, surtout quand le gouvernement est minoritaire, influer le cours des choses, mais généralement sa force politique se limite à des sparages indignés, des protestations pathétiques, et il doit se contenter de tenir sa place dans d’interminables négociations au sujet de tout, qui n’aboutissent que très rarement, à quoi que ce soit de satisfaisant.
On vogue depuis 100 ans à travers un océan de compromis, de palabres, de réclamations, bref on alimente un contentieux qui n’en finit jamais. Un Québec devenu indépendant n’a plus rien à faire dans ce cirque et n’a d’autres responsabilités que les siennes en tant que pays.

La réorganisation des dettes du Canada ira donc forcément de pair avec le partage de ses actifs.  Il va de soi que si on pose comme postulat que le Québec doit être tenu responsable du quart des engagements du Canada (ce qui reste à démontrer et surtout à négocier) il va sans dire que suivant la même logique, il a d’abord droit au quart de tous ses actifs. Avez-vous seulement une idée de ce que peut représenter la valeur foncière, financière, mobilière et immobilière du Canada ?[1]

Avez-vous la moindre idée de ce que peut être le portefeuille mondial des actifs du Canada ?
Si le Québec acceptait éventuellement de prendre en charge dans un souci de bon voisinage, une partie de la dette canadienne, ce ne sera qu’après que les actifs actuels du Canada auront été mis dans la balance du partage de l’assiette au beurre. Rappelons que le Canada a plus de mille institutions qui brassent de l’argent dans toutes les entreprises et les officines, partout sur la planète où il y a une piastre à faire.


Il est inconcevable qu’un Québec devenu indépendant n’hérite que des passifs du Canada, sans qu’on considère qu’il a également droit à sa part des actifs. C’est là une réalité dont on ne parle pas souvent, mais tout aussi incontournable, et qui pèsera lourd dans les négociations.

Les Canadiens avec la Couronne Canadienne sont les seuls vrais propriétaires du Canada, dont les Québécois font partie. N’en déplaise aux ‘’ceusses’’ qui disent n’importe quoi, rien n’empêchera les Québécois de conserver s’ils le désirent leurs actifs canadiens dans le Canada, et de les gérer au mieux de leurs intérêts. Nous prendrons la dette peut-être, mais dans ce cas nous prendrons aussi les revenus qui vont avec. C’est comme ça et pas autrement. Il est certain que les actifs canadiens qui reviendront de droit aux Québécois après l’indépendance, vont largement dépasser la part de cette dette canadienne qu’on voudrait nous refiler.
D’ailleurs, même si le cas devait se produire, et que le Québec refusait catégoriquement de considérer la dette canadienne, cela ne l’empêcherait pas de continuer d’être le propriétaire légal de tous les actifs canadiens qui lui reviennent. Je le répète ici, c’est le Canada, plus précisément le Gouvernement Fédéral d’Ottawa, qui est signataire de la dette canadienne. Pas le Québec, ni l’Alberta, ni l’Ontario, ni les autres provinces et territoires.

Quant aux Canadiens qui possèdent des actifs au Québec, ils pourront les conserver, les vendre, les échanger que sais-je, selon leurs désirs, comme tous les investisseurs étrangers d’ici et d’ailleurs. Ce sera ‘’bizness as usual’’. Ce sera vrai pour le Gouvernement du Canada, les particuliers et les institutions.

C’est également vrai pour le dollar Canadien…hé oui…c’est comme ça mon bon monsieur ! Une monnaie commune ? Ma foi je n’en sais rien, mais si ça se trouve on l’appellera l’Américo, pour la distinguer de l’Euro. Je n’en ferai pas une jaunisse.[2]

Il n’y a donc pas lieu de brandir ici des menaces, de proférer des inexactitudes sur un ton revendicateur.
Il faut s’entendre, et on va s’entendre. D’autant plus que des dettes si ça coûte des sous, cela en rapporte beaucoup…pour ceux qui les financent.

C’est là une façon de voir plus rassurante parce que plus juste. Je présume que nos gestionnaires financiers qui s’y connaissent en portefeuilles, ici au Québec comme ailleurs, sont et seront en mesure de départager le vrai du faux dans ces poignantes considérations. On demandera aux Fortin, Parizeau et autres Montmarquette ou Lauzon, de nous donner leurs avis sur ces ‘’détails’’. Cependant disons ici qu’il ne faudra pas trop tabler sur ces ‘’spécialistes’’ qui ont tendance à examiner le Monde de la Finance à partir d’une grille et d’un vocabulaire, où le flou le dispute à l’approximation plus ou moins cohérente. Pour le profane ces analyses songées demeurent parfaitement ésotériques (réservées aux initiées).

L’économie du Québec est tissée dans la trame de l’économie mondiale, et notre indépendance aura surtout pour effet de donner à notre voix la place et l’importance qui lui reviennent.
Je pense qu’au-delà des rhétoriques démoralisantes, les voix de la raison sauront se faire entendre. Les milieux financiers internationaux (les premiers intéressés à ce que tout se passe bien) feront comprendre à ceux qui ont la tête trop enflée, qu’ils devront se calmer le poil des jambes.

Quant aux autres avantages de l’indépendance, signalons ici la pleine maîtrise de notre culture, le contrôle sur nos affaires extérieures, dont les pleins pouvoirs sur notre immigration, et la gestion intégrale de nos communications. Fini le CRTC (Conseil de la Radio Télévision Canadienne).

Le quart des investissements canadiens en matière d’ambassades, de consulats, et d’agences à vocation internationales nous reviennent. Ben oui, parce que devenant un pays nous allons bien évidemment nous occuper de nos affaires extérieures. Se pourrait-il qu’après le choc de la séparation le Canada et le Québec acceptent de s’entendre dans ce domaine, et partagent en bons voisins leurs responsabilités ? C’est tout à fait possible. Ce genre d’échanges de bons procédés diplomatiques est largement répandu sur la planète.

Notre langue est notre meilleur atout. Quant à notre capacité de nous débrouiller dans le marché mondial, notre situation me semble bien plus avantageuse que celle du Canada Anglais. Étant donné que depuis toujours les Québécois s’efforcent d’être bilingues (surtout à Montréal) et même de plus en plus trilingues, là où les Anglo-Canadiens ont fait preuve depuis deux siècles, d’une remarquable détermination à ne pas vouloir apprendre au moins le Français, qui est tout de même une des deux langues officielles de leur pays. Mais ça, ce n’est pas notre problème, c’est celui du Canada et des Canadiens.

Devoir se plier aux diktats et aux impératifs du Canada Anglais, sous le prétexte éculé de vieux syndrome de conquête inaboutie. Traîner avec nous un vieux bagage de rancœurs encombrantes dont les composantes ne sont plus de notre époque, tout cela ne représente qu’autant de boulets historiques rouillés, dont nous nous débarrassons maintenant, histoire de progresser. Il y a en effet des chicanes qui ne valent plus la peine d’être faites.

Laissons aux exégètes des temps futurs le soin de démêler l’écheveau compliqué de ces vieilles dérives rancunières, qui n’intéressent plus la jeunesse actuelle, avide de réalisations nouvelles. L’Histoire du passé est utile à la compréhension du présent…à condition d’en sortir.

Je veux bien que nos prédécesseurs aient accomplis des actes, posés des gestes, dont on doit leur être reconnaissants. Avec toutefois une nuance de taille. À savoir que ces gens-là sont morts et enterrés, et que ce qui nous intéresse avant tout, c’est notre situation de vivants actuels.

Ces ancêtres nous ont également légué un héritage défaitiste dont nous n’avons plus à porter le poids. Encore moins de devoir en subir les conséquences néfastes, indéfiniment.
N’en déplaisent aux nationaleux, prompts à monter des barricades sitôt qu’on interroge le passé de façon critique (comme si on profanait un quelconque caractère sacré de la tradition) le passé ne doit pas être sacré. Tous les passés sont douteux, peuvent être remis en question, doivent être démystifiés, sous peine de s’y embourber à mort.

Le passé ne peut pas être notre maître. Il est la somme des essais, des réussites et des erreurs, qui font les pays. On doit constamment en faire le procès. 

Cela étant dit, l’étude du passé est utile pour comprendre le sens de l’évolution de l’humanité, et en tirer des enseignements sans en sanctifier les péripéties.

Considérez la lourde histoire des dieux et demandez-vous si les hommes ont si bien fait d’en traîner les chaînes jusqu’à nos jours ?

L’actualité est remplie des clameurs des suppliciés à ces vieilles traditions, dont il faut se dépêtrer.


Julien Maréchal




[1]  À commencer par la Banque du Canada (ça n'est pas de la p’tite bière): La Banque Fédérale de Développement, la Société Canadienne d’Hypothèques et de Logements, le Fonds du Millénaire, la Caisse de l’Assurance Chômage, les fonds de retraites des associations de fonctionnaires, les fonds de pensions,  dont l'Office d'Investissements de Pensions du Canada, l'O.I.R.P.C. (200 milliards en 2013), et le quart de tous les acquis canadiens ici et à l’étranger. Du gros cash noir à la tonne. Et je ne parle pas des actifs, bâtiments, armée, matériel, investissements, infrastructures, ambassades et placements à l’étranger, ainsi que tous les investissements d’innombrables corporations, la liste exigerait un énorme bottin.


[2] Dollar Québécois versus dollar Canadien ? D’ici vingt ans les deux Amériques auront, à l’instar de l’Europe, une monnaie commune. En attendant on fait des compromis, et on donne de la job aux artisans graveurs.